Pour sauver sa fille d’un état dépressif permanent, un père a tout tenté. Tout… sauf l’amour ! Il cherche donc à la marier… Avec son rythme enlevé, ses dialogues pleins d’esprit, ses personnages attachants, ses ressorts dramatiques et son dessin élégant, Tout sauf l’amour est une comédie sentimentale qui réjouie et donne le sourire, autant que celles que les Américains savent si bien faire au cinéma.José Alcano, neurologue, la trentaine qui fait tourner la tête aux filles, dirige une agence matrimoniale d’un genre nouveau. Révolutionnaire, même ! Mettant à profit ses connaissances, à l’aide de vidéos et de capteurs sensoriels, il mesure les réactions du système nerveux central des candidats, qu’il complète par des analyses sanguines hormonales. En fait, il dissèque les mécanismes névrotiques et hormonaux de l’amour pour faciliter les rencontres ! Antoine de Beaumont, assureur, très riche et veuf, vit seul avec sa fille Nina, 26 ans, prof de mathématiques, qui souffre de neurasthénie — José la qualifiera d’ « anhédonique » ! — suite au décès tragique de sa mère quand elle était enfant. Antoine, qui adore sa fille, a tout tenté pour la sortir de son état pathologique : 13 psychanalystes ou psychothérapeutes, 4 comportementalistes, 2 magnétiseurs, voyages, cures, stages et sports en tout genre, il a tout tenté, tout… sauf l’amour.
L'Or n'est pas tout à fait une fiction. C'est un récit inspiré de la réalité méconnue et sidérante de Maripasoula, un village de la Guyane française situé au bord du fleuve Maroni, au tout début des années 2000. Lilo, chasseur sexagénaire aux muscles félins, vit à la lisière de la forêt, à l'écart de Maripasoula. C'est un Boni, descendant d'esclaves noirs, et un ancien taulard. Un jaguar tue et tue encore des orpailleurs brésiliens clandestins. Le petit monde de Maripasoula est sur des charbons ardents. Lilo part à sa recherche, dans la forêt. Étienne, gendarme tout frais arrivé de la métropole, tente de mettre ses pas dans les siens. À ses risques et périls...
Comment retrouver sa grande soeur. quand elle a disparu il y a 10 ans ? Quand elle a disparu en Indonésie, juste après le tsunami ? Quand elle a disparu alors qu'elle soignait des populations meurtries et affamées ? Quand elle a disparu parce qu'elle le voulait ? Comment retrouver sa grande soeur. quand on est soi-même un jeune électricien de 26 ans qui n'a jamais mis un pied hors de l'hexagone ? Quand on a un coupable penchant pour toutes sortes de substances hallucinogènes ? Quand on tombe par mégarde amoureux d'une adorable papoue en cavale ? Quand ladite jeune femme connaît le vaudou et les morts qui marchent ? Comment retrouver sa grande soeur quand on découvre qu'elle vit loin, très loin, tout au bout d'une île. tout au bout d'un archipel. tout au bout du monde et peut-être plus loin encore ?
Il fallait le culot des auteurs du Pouvoir des innocents pour s'attaquer à la vie dans une cité de banlieue sans pour autant faire une oeuvre racoleuse ou superficielle. En trois volumes denses, Luc Brunschwig et Laurent Hirn évitent les clichés inhérents à ce type de récit pour nous livrer une histoire forte, palpitante mais surtout touchante, un récit de vie tout simplement. Troisième et dernier volume de la série de Brunschwig et Hirn et certainement le plus surprenant et le plus abouti de la trilogie.Le calme est revenu dans la cité des Hauts-Vents. Mieux que ça, le quartier est en liesse. Mourad El Djaout, le jeune bodybuilder, est devenu champion de l'Est de la France. Un événement inédit pour les Hauts-Vents plus habitués à faire la une des journaux pour ses crimes et ses voitures incendiées. Le quartier décide de fêter l'événement en grande pompe sous le regard bienveillant du père Desternod et les caméras de la télévision régionale, trop heureux de montrer les changements spectaculaires intervenus dans la cité en quelques semaines à peine. Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes. En apparence tout du moins. Car tout le monde ne partage pas le bonheur général. José, le journaliste qui vit aux Hauts-Vents, mène secrètement une enquête sur Emilio, l'homme de confiance du père Desternod. Et Djin, le jeune clown muet, peut enfin s'expliquer avec sa mère, tout juste sortie de prison, sur l'assassinat de Grocko, 10 ans plus tôt.
Déambulant avec sa compagne sur un chemin des douaniers, au bord de la mer, l'auteur s'arrête tout soudain : Ça a commencé par une vague sensation de tristesse, un sentiment diffus d'absence et d'abandon. Rien de très remarquable au fond. Je ne me suis pas méfié du tout. Mais de quoi l'auteur ne s'est-il pas méfié ? De la peur du vide. De la terreur des hauteurs, ce monstre issu de l'imagination qui toujours triomphe de la raison. Autrement dit, le vertige, qui absorbe et retient toute pensée cohérente. Poursuivant, tant bien que mal, sa marche sur le sentier littoral - Enfoirés de douaniers ! -, l'auteur se remémore ces paniques à bord qui ont marqué, ô combien, sa vie.
De mémoire d'amateurs du genre, on avait rarement vu un western aussi loufoque. Ned et Zed sont deux tueurs professionnels du Middle West. Zed adore compter, tout compter. Le nombre de balles tirées, de fois où il a été victime du mal de mer, ou plus sympathique, le temps passé pour arriver à l'orgasme... Son copain Ned est pire. Il a des problèmes existentiels (et sexuels). Résultat des courses, il n'a plus envie de tuer. Sa vie retrouve un sens quand il décroche un vieillard pendu à un arbre. Et Zed, qui n'a jamais connu son paternel, décide d'en faire son père adoptif. Malgré tout, il leur ne sera pas toujours facile de suivre cet « old timer », victime de la terrible malédiction du braquemart...
Les extraordinaires (més)aventures d¹une gaffeuse ! «Je m'appelle Prunelle et je voudrais sauver la planète.» Ce sont les premiers mots de cette comédie magnifique de drôlerie et de tendresse. Si l'on rit beaucoup à la lecture de Ça n'arrive qu¹à moi !, on s'émeut des mésaventures mouvementées de son héroïne... Écologie, médecine parallèle, télévision, voisinage, racisme «ordinaire» : tout passe à la moulinette ravageuse mais tendre de Didier Tronchet. L'auteur de «Jean-Claude Tergal» renouvelle avec brio la comédie sociale ! Prunelle est une charmante jeune femme qui a le souci de la nature. Tri sélectif, vélo plus que 4 X 4, douche plutôt que bain, elle pousse son engagement pour l'écologie jusqu'à ouvrir un cabinet de naturopathie ! Les soins par les plantes ! Tout un programme ! Ajoutez à cela que Prunelle est la reine des gaffeuses, qu'elle mélange dictons et autres proverbes avec une volubilité désarmante : elle voit toujours l'oeil dans la poutre du voisin ! Bref, c'est une... nature ! Tout irait bien dans le meilleur des mondes si la télé ne venait pas bousculer sa vie. En effet, une sitcom au succès grandissant raconte les mésaventures quotidiennes d'une jeune femme, dont les gaffes et les expressions fantaisistes sont les copies conformes de celles que Prunelle renouvelle jour après jour. Quel est ce mystère ? C¹est tout le sel de cette comédie sociale, menée avec maestria par Didier Tronchet.
En 1944, Miriam Katin n'a que 3 ans. L'Allemagne nazi a envahi la Hongrie et comme dans le reste de l'Europe, les Juifs sont traqués. Dénoncées, Esther et Miriam doivent fuir à travers le pays. Elles trouvent refuge dans une ferme accueillante, mais les nazis continuent d'approcher tout comme les troupes soviétiques. Pour écrire ce premier roman graphique, Miriam Katin, trop jeune pour se souvenir de tout cela, s'est appuyé sur les souvenirs de sa mère. Le résultat est l'un des romans graphiques les plus émouvant et juste publié depuis le début du siècle, vu par la mémoire d'une mère et les yeux d'un enfant.
Par une soirée de désoeuvrement, Paul s'arrête au Osgood's bar. Il est abordé par une femme d'une quarantaine d'année, Sarah Cole. Cette mère de famille malheureuse est venue avec des collègues de travail boire un verre avant de retourner dans son triste foyer. Ils se revoient la semaine suivante. Tout sépare ces deux personnes, Paul est un beau gosse, avocat aisé. Sarah est manutentionnaire dans une imprimerie, malheureuse en amour, et franchement laide. Paul est pourtant apparemment séduit par cette femme, la détresse de Sarah le touche, et une relation s'installe. Mais est-ce vraiment de l'amour? Paul acceptera-t-il de sortir publiquement avec Sarah Cole? Où tout cela n'est-il pour lui qu'un petit jeu pervers ?
C'est la rencontre de deux personnages que tout oppose.Lui, timoré et effacé, vit sa vie en pointillé. Dessinateur de bande dessinée, il trimballe sa vie comme il trimballe son obésité. Tout est une charge. Le suicide d'une gamine le hante. Même s'il n'y est pour rien, il se sent coupable. Il aurait dû voir, dire, parler, intervenir... Il supporte docilement sa maîtresse, acariâtre et véritable manipulatrice, qui lui fait espérer une vie qu'il n'aura jamais.Puis il croise le chemin d'Eléonore. Extravertie, délirante et désinhibée, elle est son opposé. Mais derrière cette façade, elle aussi fuit quelque chose : sa jeune vie chaotique, faite d'alcool, de drogue et de prostitution... Aujourd'hui, elle tente de se reconstruire. Mais son sevrage, sa situation familiale et son caractère laissent apparaître des troubles qui vont s'accroître à grande vitesse.
Au terme d'un voyage collectif en Europe, un dessinateur japonais fait étape en solitaire à Paris, dans l'idée de visiter les musées de la capitale. Mais, cloué au lit de sa chambre d'hôtel par une fièvre insidieuse, il se trouve confronté avant tout à une forme de solitude absolue, celle des souffrants en terre étrangère, privés de tout recours immédiat, au coeur de l'inconnu. Alors que le mal lui laisse quelque répit, il met son projet à exécution, et se perd dans les allées bondées du Louvre. Très vite, il va découvrir bien des facettes insoupçonnées de ce musée-monde, à la rencontre d'oeuvres et d'artistes de diverses époques, au cours d'un périple oscillant entre rêve et réalité, qui le mènera pour finir à la croisée des chemins entre tragédie collective et histoire personnelle.
Le Petit bleu de la côte ouest, publié il y a plus de trente ans, nous parlait de la crise profonde d'un homme, reflet de celle du monde qui l'entourait. Le temps d'alors est celui d'aujourd'hui. La crise est toujours là, sans doute encore plus profonde. Tardi a trouvé l'équivalent graphique, réaliste et critique, de ce monde perdu et violent. Il pratique l'arrêt sur image avec une précision clinique, notamment lorsque tout dérape. Fidèle à l'esprit dutexte, il s'est gardé de faire davantage qu'un polar. À l'heure où Manchette accède aux collections littéraires, il s'est fait un point d'honneur d'entrer dans son univers. On peut tout aussi bien dire qu'il a invité Manchette dans le sien.
Si vous étiez au New Morning (à Paris) le 1er juin 1989 au concert des Miracle Workers, groupe grunge de Portland, vous avez pu croiser Joe Sacco, voire même lui acheter un tee-shirt. À défaut, vous pourrez découvrir dans ce livre le reportage de la tournée.Si vous avez vécu en Suisse ou à Berlin la décennie suivante, vous avez certainement vu les affiches de concerts ou pochettes de disques que Joe Sacco a réalisé à cette période. Si ce n'est pas le cas, vous allez pouvoir vous rattraper en lisant But I like it.Vous saurez alors tout sur le monde du rock, les rock stars vieillissantes, les chanteurs engagés, les groupies, les roadies, et bien sûr, le grand amour de Joe Sacco : The Rolling Stones.Divisé en 4 faces, comme un double LP, But I like it alterne reportages, BD humoristiques et illustrations, le tout commenté avec énormément d'humour par l'auteur lui même.
Il y a près de deux siècles, l'aventurier René Caillé décidait d'être le premier Européen à pénétrer dans Tombouctou, au Mali, ville qui à l'époque leur était interdite. L'administration coloniale refusant tout soutien à ce fils de forçat, René Caillé, devient alors Abdallahi.Confronté au choc des cultures, Il se convertit à l'Islam, s'invente un passé de fils d'Egyptien réduit à l'esclavage par les blancs. Il dut lutter contre les maladies et les préjugés pour mener à bien son expédition. Tout en respectant l'esprit du journal qu'a laissé l'aventurier, les auteurs ont, par moments, volontairement romancé sa vie, inventé des situations, de manière à injecter dans le récit leur propre vision du continent africain.Celui qui fût considéré comme le « Marco Polo de l'Afrique » est mort dans l'indifférence générale en 1834..
Il y a Jeremy McPhee, étudiant brillant, dont les parents viennent de partir en vacances à Cuba. Il y a Helen Rosen qui présente une émission très populaire « Ton problème est le nôtre » pour venir en aide aux jeunes. Il y Ann Greene qui adore regarder cette émission, et son mari Peter, inspecteur de police, expert en explosifs, que l'on vient justement d'appeler en urgence car une fourgonnette a explosé en plein centre de Londres. Un attentat terroriste ? À lui de mener l'enquête.Le plus gros problème de toutes ces personnes, le problème que tout le monde en fait a en commun, ce sont les failles ! À Londres et rien qu'à Londres, tous les bâtiments se fissurent, les failles se multiplient, s'agrandissent, certains immeubles se sont même déjà effondrés, sans que personne ne comprenne pourquoi ! Seraient-ce dû aux bombardements de la Seconde Guerre mondiale, ou aux attentats terroristes de 2005, à la sécheresse ? Un mal mystérieux en tout cas, et Londres s'enfonce...
« Emmanuel Guibert, japonais. Le titre est culotté. Si je mets bout à bout mes trois séjours au Japon, j'obtiens à peine quatre malheureux mois. À côté de l'autochtone qui descend de la déesse Amaterasu, à côté de Lafcadio Hearn, de Nicolas Bouvier, des copains et copines qui vivent au Japon depuis des années, je suis la grenouille qui veut se faire plus grosse que le sumotori. Pourtant, pas à tortiller, Emmanuel Guibert est bien japonais.Débarquant à Tokyo la première fois, j'ai essayé de me convaincre que j'étais dépaysé, c'était faux. À part quelques aliments dans mon bol, je reconnaissais tout. Il faut dire que Tokyo n'est pas mon lieu de naissance. Mon lieu de naissance, c'est Kyoto. C'est à Kyoto que j'ai fait les primes expériences du chaud et du froid, du jour et de la nuit, que j'ai dit mon premier mot (« fude »), que je suis allé à l'école, que j'ai perdu ma fleur de cerisier, que je me suis marié, que j'ai engendré, que j'ai frénétiquement bossé, que j'ai été malade, que j'ai pris un coup de vieux, c'est à Kyoto que j'ai été japonais. » C'est ainsi qu'Emmanuel Guibert présente son livre. Et, bien sûr, tout est faux et tout est vrai.Chaque livre d'Emmanuel Guibert est un éblouissement. Guibert, japonais n'échappe pasà cette règle absolue. De son dessin, qu'il plie aux exigences des univers, humoristiques, fantasmatiques ou réalistes, qu'il explore, transpirent l'originalité, l'intelligence et l'émotion, jamais apprêtées car toujours retenues à la juste expression. Son trait glisse directement de son cerveau et de son coeur sur la feuille. Il ne faut pas croire pour autant à la seule facilité d'un dessinateur surdoué, tombé dans la marmite de l'excellence quand il était petit. Oui, l'enfance, le bonheur de l'enfance toujours présent, l'accompagne constamment, mais des heures de dessin, chaque jour ou presque, depuis tant d'années, croquis pris sur le vif, véritable fringale, le maintiennent en éveil et aiguisent sa main-outil.Par son trait même, il dit le goût des autres et le sens de l'amitié. Emmanuel Guibert est un auteur du bonheur. Il faut tout lire d'Emmanuel Guibert, tout regarder. On en garde à jamais le sentiment d'être vivant.
Luc Leroi, un anti-héros ? C'est le mot qui le désigne le plus souvent, en vingt ans d'existence éditoriale (1980-2000). Luc Leroi est un marginal, vivant dans une mansarde, sous les toits de Paris. Lunaire, attachant, pudique, succombant plus souvent qu'à son tour au charme des femmes, il quitte parfois sa mansarde pour vivre, à son corps défendant, des mésaventures où le danger côtoie le burlesque. Bohème, il évolue dans un quotidien contemporain. C'était alors une idée plutôt nouvelle que de raconter des histoires se basant sur la réalité, sans référence ni aux genres traditionnels de la BD, ni au cinéma, ni à la littérature. Jean-C. Denis, avec Luc Leroi, raconte des histoires simples qui reflètent, d'une certaine manière, sa vision personnelle de la vie, s'amusant du pessimisme qui l'habite. Luc Leroi est plus vivant que jamais ! Double de papier de Jean-Claude Denis à bien des égards, il ne peut donc disparaître tout à fait : on le retrouvera prochainement dans un nouveau récit.
Né dans une modeste famille juive de Tunis en 1911, Victor Perez se passionne très tôt pour la boxe. Sa carrière professionnelle démarre à Paris en 1928. Il est très vite remarqué et même s'il ne gagne pas tous ses combats, tout le monde s'accorde à dire que c'est un pugiliste né. Il est sacré champion de France poids plume en 1930, avant de devenir champion du monde en 1931. Après un retour triomphal à Tunis, il devient la coqueluche du tout Paris, multipliant les liaisons avec les stars de l'époque, dont Mireille Balin, l'héroïne de Pépé le Moko. Après avoir cédé son titre de champion du monde le 31 octobre 1932 au profit de Jackie Brown, il entame une période plus difficile. Il accepte pourtant de jouer à Berlin, au lendemain de la Nuit de Cristal, dans un climat politique marqué par un antisémitisme déclaré. Rattrapé par la guerre, il est déporté à Auschwitz, ou il est l'objet d'un traitement particulier, avant d'être abattu en 1945.
Alors qu'il s'apprête à fêter les deux ans de sa fille, Matthieu Blanchin se sent de plus en plus mal : maux de tête, vomissements, aveuglement. Arrivé aux urgences, son calvaire continue durant de nombreuses heures. Atteint d'une tumeur au cerveau, il faudra l'opérer d'urgence et l'auteur restera dix jours dans le coma. Matthieu Blanchin n'était pas du genre à se plaindre, et, discret, se surnommait Monsieur Tout-va-bien. Trépané, il a voulu raconter son expérience de la mort, du coma et de sa vie après. Grace à un docteur qui lui a conseillé d'écrire tout ce dont il se souvenait de cette terrible expérience, il nous offre un récit autobiographique exceptionnel. Comme s'il se voyait d'en haut, multipliant ses propres points de vue, il nous entraine dans un voyage intérieur et sensoriel inédit. Emportés avec lui, nous vivons les douleurs et les tourments de l'auteur, ses rêves, mais aussi sa vie au quotidien, partagé entre sa famille, ses visites aux différents médecins qui le suivent et son incapacité à reprendre le dessin.
Olympia s'ennuie au musée d'Orsay. Bien sûr, elle n'est pas une parfaite inconnue, elle a déjà posé pour Manet, connaît Toulouse Lautrec, et a de nombreux amis sortis de tableaux impressionnistes. Elle a même fait cascadeur pour un tableau de Courbet, L'Origine du monde. Mais ce qui l'intéresse par-dessus tout, c'est la comédie, le cinéma. Elle rêve d'un grand rôle, mais on ne lui propose que des rôles de figurantes. Il faut dire que pour réussir au cinéma, il faut coucher. Et Olympia n'est pas prête à cela. C'est une fille romantique, qui rêve du grand amour. Il fallait tout le talent et l'humour de Catherine Meurisse pour faire se rencontrer le 3e, le 7e et le 9e art au Musée d'Orsay. Sous sa plume, les tableaux impressionnistes du célèbre musée parisien s'animent. Manet, Bouguereau, Bonnard, Lautrec, Cézanne, Renoir croisent le fer avec Ben Hur et Shakespeare. Ce n'est plus un livre, c'est un bouillon de culture dont le savant fou s'appelle Catherine Meurisse.
L’histoire se passe à Cuba au début des années 50. Santiago, un vieux pécheur rentre à nouveau bredouille. Cela fait déjà 84 jours qu’il n’a rien pris. La malchance le poursuit, tout le monde pense qu’il n’est plus bon à rien. Seul un jeune garçon, Manolin, continue de croireen lui, en dépit des commentaires désobligeants de ses parents. Le 85e jour, Santiago décide de pêcher loin dans le golfe pour trouver le poisson qui lui ramènera l’estime de tous. Il rencontre alors un marlin. La lutte entre le vieil homme et le poisson durera trois jours et trois nuits. Des journées épuisantes où le vieil homme et le poisson devront également lutter contre des requins. Quand il rentrera au port, épuisé, Santiago aura également retrouvé sa dignité. En collant au plus près du texte d’Hemingway, Thierry Murat a réussi une des meilleures adaptations littéraires en bande dessinée de ces dernières années. Son graphisme transcende le texte de l’écrivain américain, tout en respectant son style et le rythme du récit.
L'Or n'est pas tout à fait une fiction. C'est un récit inspiré de la réalité méconnue et sidérante de Maripasoula, un village de la Guyane française situé au bord du fleuve Maroni, au tout début des années 2000. L'Or, à la manière d'un western moderne, propose au lecteur d'explorer l'un des confins les plus noirs de la République française et de sonder l'âme humaine dans un milieu extrême. La calamiteuse gestion (ou non-gestion) de l'Amazonie par l'État mêlée aux intérêts violemment divergents d'une poignée de personnages vont faire exploser un village pris dans les soubresauts et les violences de la fièvre de l'or. Six tomes composent le récit. Chacun porte le nom d'un personnage. Chaque personnage offrira un éclairage singulier sur cette région si riche de populations si différentes et souvent antagonistes : se croisent des Bonis Alukus, ces descendants des esclaves marrons échappés des plantations surinamiennes et qui dominent depuis des décennies la région ; des Indiens Wayanas, ces Amérindiens qui sont certainement les plus étranges des citoyens français ; des « métros » venus de France ; des créoles du littoral ou encore des clandestins brésiliens ou surinamiens. Six personnages, six aventuriers, six destins.
Avec sa biographie officielle, Le géant, pilier de l'Amérique, on croyait tout connaître de Craig Pressgang, cet ancien agent de la CIA. L'histoire secrète du géant nous raconte, par le truchement des trois femmes qui l'ont le mieux connu, son authentique histoire, qui il était et le secret de sa disparition.Le malheur s'est rapidement abattu sur Marge. Son mari faisait partie des troupes alliées et il est mort en France durant le débarquement alors qu'elle était enceinte. Leur enfant, Craig Pressgang grandit anormalement. À 10 ans, il a déjà une taille d'adulte. Malgré ce handicap, il semble intégréavec les gens de son âge. C'est même plutôt un atout.Mais plus il grandit, plus les problèmes s'accumulent, car il finit par atteindre la taille d'un immeuble de 3 étages.Les vêtements ne peuvent être que fait sur mesure, tout comme sa maison.Pour financer cela, il réalise des peintures (les plus populaires étant ses empreintes de main), pose pour des publicités, et est recruté par la CIA, qui l'aide également médicalement. Manipulé par l'agence d'espionnage, Craig ne comprend pas qu'on lui ment, il ne voit pas sa vie se détruire, il ignore les dégâts qu'il cause autour de lui. .
L'Or n'est pas tout à fait une fiction. C'est un récit inspiré de la réalité méconnue et sidérante de Maripasoula, un village de la Guyane française situé au bord du fleuve Maroni, au tout début des années 2000. L'Or, à la manière d'un western moderne, propose au lecteur d'explorer l'un des confins les plus noirs de la République française et de sonder l'âme humaine dans un milieu extrême. La calamiteuse gestion (ou non-gestion) de l'Amazonie par l'État mêlée aux intérêts violemment divergents d'une poignée de personnages vont faire exploser un village pris dans les soubresauts et les violences de la fièvre de l'or. Six tomes composent le récit. Chacun porte le nom d'un personnage. Chaque personnage offrira un éclairage singulier sur cette région si riche de populations si différentes et souvent antagonistes : se croisent des Bonis Alukus, ces descendants des esclaves marrons échappés des plantations surinamiennes et qui dominent depuis des décennies la région ; des Indiens Wayanas ; des « métro » venus de France ; des créoles du littoral ou encore des clandestins brésiliens ou surinamiens. Six personnages, six trajectoires de vie se mélangeant intimement pour créer peu à peu le tableau frémissant de ce petit bout d'Amazonie.
Après La Boîte noire transposé en bande dessinée et au cinéma, ce sont trois autres nouvelles de Tonino Benacquista, tirées du recueil Tout à l'ego, qui sont aujourd'hui adaptées par une jeune dessinatrice au talent plus que prometteur.
L'action se passe de nos jours à Dublin.Quotidiennement, un homme à l'allure anodine traverse la ville pour aller toujours au même endroit déjeuner tranquillement au bout d'un quai. Il fait tout pour passer inaperçu. Nul ne sait qui il est, mais pourtant tout le monde l'épie sur son passage.Pour les uns, il est muet, pour d'autres, c'est un professeur qui prépare un ouvrage sur la vie des mouettes... Pour Willie, l'artiste en mal d'amour, c'est son modèle anonyme, qu'elle façonne en oiseau avant de déposer incognito ses sculptures dans la ville.Et pour des dizaines et des dizaines de personnes qui travaillent dans les bureaux alentour, il est celui qui règle leurs vies à l'heure du lunch. Sans le savoir, ils sont très nombreux à s'être attachés à cette figure familière qui leur apporte la paix et la sérénité.Jusqu'au jour où cet homme déroge à ses habitudes en ne venant pas. Jusqu'au jour où il disparaît.Willie décide de partir à la recherche de son modèle.En chemin, elle va croiser M. Desmoulins, simple cadre commercial français de passage qu'elle va entraîner dans sa quête vers l'inconnu...
Trois copains new-yorkais, Billy, Scotty et Brownie : deux vivent en couple tandis que le troisième est un geek célibataire. L’un des couples décide d’avoir un enfant, l’autre attend son second. Aux angoisses de Billy devant l’inconnu d’être parent, répondent les bons conseils de Scottie et les sarcasmes de Brownie. Mais tout cela n’est-il pas que faux-semblant ? Billy n’arrive pas à exprimer réellement la peur qu’il ressent auprès de son amie. Scotty semble assumer la paternité avecphilosophie, mais la vérité est bien différente. Quant à Brownie,le célibat lui pèse. Le jour où l’on découvre la vie adultère de Scotty, les liens entre chaque membre du groupe vont se désagréger. Car si les trois copains semblent rester soudés malgré les petites trahisons rencontrées ça et là, leurs épouses et amies ne l’entendent pas du tout ainsi et des frictions vont apparaître. Trois copains new-yorkais, Billy, Scotty et Brownie : deux vivent en couple tandis que le troisième est un geek célibataire. L’un des couples décide d’avoir un enfant, l’autre attend son second. Aux angoisses de Billy devant l’inconnu d’être parent, répondent les bons conseils de Scottie et les sarcasmes de Brownie. Mais tout cela n’est-il pas que faux-semblant ? Billy n’arrive pas à exprimer réellement la peur qu’il ressent auprès de son amie. Scotty semble assumer la paternité avec philosophie, mais la vérité est bien différente. Quant à Brownie,le célibat lui pèse. Le jour où l’on découvre la vie adultère de Scotty, les liens entre chaque membre du groupe vont se désagréger. Car si les trois copains semblent rester soudés malgré les petites trahisons rencontrées ça et là, leurs épouses et amies ne l’entendent pas du tout ainsi et des frictions vont apparaître.
Il commençait à sérieusement nous manquer !!Après Les petits ruisseaux et La Marie en plastique, Pascal Rabaté revient à ses chroniques provinciales, observant avec malice, mais sans moquerie, les gens ordinaires. «J'aime les petites gens. Ils sont à ma hauteur, je suis issu d'un milieu campagnard, je raconte le milieu dans lequel j'ai grandi, les gens que j'ai croisés, qui vivent et pensent au premier degré, comme moi.» À l'instar de Charles Trenet, qui sur l'air de Je Chante, fit fredonner joyeusement la France entière avec l'histoire d'un artiste qui finit par se pendre, Pascal Rabaté nous raconte avec jubilation les faits et gestes d'un garçon triste à mourir, dans une province cafardeuse, sur fond de suicide, de conflit social et de délocalisation. Y'a de la joie!Patrick possède une boutique de farces et attrapes en province, «Le petit rien tout neuf avec un ventre jaune». Ici tout est rigolade, poilade, farce... Mieux vaut faire abstraction du bon goût, les étrons en plastiques côtoient les tabliers de cuisines assortis de faux seins, sous le regard jubilatoire des masques de Johnny ou Sarkozy. La boutique est tenue par Patrick, clown devenu triste sire depuis le départ de son épouse (« Ma femme m'a quitté parce que je suis une vraie m***e qui vend des fausses en m***** en plastique »). La vie de Patrick va basculer au cours d'une soirée entre amis. Notre petit commerçant va faire connaissance d'une artiste, une acrobate travaillant pour le cirque Nuage, de passage en ville... Une étoile brillante dans la nuit sombre qui va de nouveau éclairer le chemin de sa vie.
Fin des années trente. À Barcelone, un anarchiste est enlevé en pleine rue. Les ravisseurs sont des membres de la police politique de Staline. À leur tête, une certaine Caridad.Plus tard, à Paris, Sylvia fait la connaissance de Jacques Mornard. La soeur de Sylvia est la secrétaire de Trotsky, exilé au Mexique. Sylvia tombe amoureuse de Jacques, beau jeune homme, journaliste sportif se désintéressant complètement de la politique... Plus tard encore, Sylvia, militante convaincue et active, remplace sa soeur malade auprès de Trotsky. À Mexico où il l'a suivie, Jacques Mornard est désormais Frank Jacson, et il travaille dans l'import-export...Caridad, Sylvia, Jacson, Trotsky : les personnages principaux de la tragédie sont en place.Tout est vrai dans ce récit, et tout est faux. Les personnages ont existé, les faits sont établis. Dans le contexte exacerbé de la fin des années trente en Europe, entre la montée du nazisme et le pouvoir totalitaire de Staline, seule la mise en perspective de l'Histoire et le dialogue entre les protagonistes relèvent de l'interprétation de l'auteur. Une interprétation d'une force et d'une acuité inouïes.
Dans le Paris des années cinquante, où règnent Sartre et l'existentialisme, nous faisons la connaissance de Daniel Brodin. Daniel aime les livres, au point de les voler. C'est un poète.Du moins le prétend-il. Au café Serbier, fréquenté par la fine fleur de la littérature parisienne, il est prié de déclamer un poème de sa composition.Il choisit un poème italien, pensant qu'il est inconnu de tous. C'est un plagiat, mais c'est un triomphe.Acclamations du public subjugué. C'est tout soudain la gloire pour Brodin !Et cette imposture, considérée comme une véritable oeuvre d'art, va le faire accepter d'une bande de « débauchés », artistes libertaires, volontairement désoeuvrés, délinquants, voleurs, alcooliques, d'où émergent Gilles, la tête pensante, Jean-Michel, la tête de brute, Ed, la tête en l'air, et d'autres encore, tous plus singuliers les uns que les autres. Et puis il y a Colette, jolie tête bien pleine, dont Daniel tombe amoureux.La gloire de Daniel durera le temps des roses, jusqu'à ce que Jean-Michel le détrône, devenant à son tour la coqueluche du Tout-Paris littéraire.Et quand l'étoile de celui-ci ne brillera plus, il faudra bien se résoudre à vivre d'expédients, et les choses iront en se gâtant.
Deux histoires s'entrecroisent : d'une part, la chasse à la baleine blanche menée par le capitaine Achab et l'équipage du PEQUOD au milieu du XIXe siècle ; d'autre part, une discussion conduite aujourd'hui, à Paris, sur la signification du roman de Melville. Les deux protagonistes principaux de cette discussion sont : d'une part, un vieil homme, qui vient juste de prendre la décision de ne pas transposer MOBY DICK au théâtre ; d'autre part, un jeune homme, qui veut réaliser une émission de radio sur le sens actuel de l'oeuvre de Melville. Tout au long de l'album, alternent ainsi des scènes situées à Paris aujourd'hui et au XIXe siècle sur le PEQUOD. Ces scènes correspondent entre elles. Elles permettent de délivrer le sens de la quête d'Achab, en explicitant l'univers symbolique de Melville. Elles ont également pour but d'adapter tous les passages de MOBY DICK, dans lesquels Melville lui-même disserte abondamment sur le cachalot et sa signification existentielle (passages qui représentent tout de même presque la moitié du livre - et qui, ànotre connaissance, n'ont jusque-là jamais fait l'objet d'aucune adaptation).
4 mai 1891 : Sherlock Holmes disparaît en Suisse aux Chutes de Reichenbach, entraînant avec lui dans la mort son plus grand ennemi, le professeur Moriarty. Pour Mycroft, son frère, la mort de Holmes est le suicide déguisé d’un homme qui ne pouvait se résoudre à voir son cerveau détruit par la drogue. Malgré les preuves apportées, le docteur Watson se refuse à croire cette version des faits. Il se lance à travers toute l’Europe dans une incroyable enquête qui va tout lui révéler de l’histoire de Sherlock Holmes et de sa famille.Dans ce tome 4: Alors que Wiggins suit la plaidoirie du docteur Parks au procès de Judith Brown, sous l’oeil attentif de Mycroft, dont l’issue va provoquer l’émoi dans le pays tout entier, Mary et John Watson sont au chevet de la nourrice de Sherlock, blessée par balles. Et les révélations de celle-ci vont les mettre sur la piste d’une femme dont le nom fut aussi au coeur du procès : Florence Nightingale, infirmière célèbre et pionnière des soins infirmiers modernes, qui mit en pratique ses théories lors de la guerre de Crimée à l’hôpital de Scutari où officièrent le jeune docteur Parks et une certaine… Violet Holmes.
Réédition (donc sans le DVD documentaire avec Emmanuel Lepage : Les Gardiens de Nos Côtes ! Au loin, au large de l'île de Sein, Ar-Men émerge des flots). Il est le phare le plus exposé et le plus difficile d'accès de Bretagne, c'est-à-dire du monde. On le surnomme « l'Enfer des enfers ».Germain en est l'un des gardiens. Il y a trouvé sa place exacte, emportant avec lui sa solitude et ses blessures.La porte du phare cède sous les coups de butoir de la mer en furie, et l'eau vient griffer le crépi de l'escalier. Sous le crépi, médusé, Germain découvre des mots, des phrases, une histoire. Un trésor. Le récit de Moïzez.Fortune de mer trouvée parmi les débris d'un bateau fracassé, Moïzez grandit à l'écart des autres sur l'île de Sein. Merlin, natif de l'île, est son compagnon d'aventure, Ys la magnifique son royaume perdu. Sur la Chaussée de Sein glisse le Bag Noz, le bateau fantôme, piloté par l'Ankou, le valet de la mort, et Moïzez est aux premières loges.Plus tard il participera à la folle entreprise de la construction d'Ar-Men, quatorze ans durant, de 1867 à 1881.Fébrilement, Germain note tout sur un carnet.Après le travail quotidien, une fois répété les gestes précis et nécessaires à l'entretien du phare et de son feu, Germain raconte encore et encore.Blottie au fond de la salle de veille, une silhouette est tout ouïe...
4 mars 1891. Sherlock Holmes disparaît aux chutes de Reichenbach, entraînant avec lui dans la mort son plus grand ennemi, le professeur Moriarty. Effondré, le docteur Watson ignore alors qu'il va se lancer dans une incroyable enquête, qui va tout lui révéler de son ami le détective et de sa famille.
4 mars 1891. Sherlock Holmes disparaît aux chutes de Reichenbach, entraînant avec lui dans la mort son plus grand ennemi, le professeur Moriarty. Effondré, le docteur Watson ignore alors qu'il va se lancer dans une incroyable enquête, qui va tout lui révéler de son ami le détective et de sa famille.
Au lendemain de la guerre 14-18, un ancien soldat allemand, Werner, erre quelque part en Indochine. De la guerre il garde une blessure à l’endroit du coeur. Un ami, Georg, l’a sauvé d’un tir ennemi mourant à sa place. Werner se sent coupable de cet épisode. Georg avait femme et enfants. Werner pense qu’il ne pourra racheter ce sacrifice que s’il parvient à trouver l’amour et fonder une famille à son tour. Dans l’Indochine française, il est surtout un paria rejeté des colons. Il vit de menus travaux, et échoue dans une petite ville du Laos, Savannakhet. Il trouve refuge dans une énorme manufacture pareille à une forteresse de style chinois. Son activité est obscure : des matériaux entrent dans l’enceinte, une armée d’employés s’active. Ils sont étranges, vieux, gris, mutiques, éteints. Dans la ville, tout le monde craint la famille chinoise qui possède la manufacture. Des histoires courent à son propos. On dit qu’elle est maudite, prisonnière d’un mal tout-puissant. Les maîtres auraient une fille unique, atteinte d’une maladie rare qui lui interdit de s’exposer à la lumière du jour. La jeune fille ne sortirait de sa chambre qu’à la nuit tombée pour se promener au bord de l’étang, dans la cour intérieure. Pour vérifier ces rumeurs, Werner se cache dans le jardin et attend la nuit...
La banlieue, les copains, les bandes, les bagarres, les fous rires, la musique, les filles, c¹est tout ça, Tous à Matha.C¹est un hymne à la jeunesse et aux premières amours si fragiles, que Jean-C. Denis joue avec son sens inégalé du récit intimiste.1967. Antoine, seize ans, vit avec ses parents en banlieue de Paris. Il est guitariste dans un groupe de rock amateur. Et il est amoureux de la belle Christelle. La bande de copains a décidé de passer l¹été à Matha, une petite plage de l¹île d¹Oléron, où les parents d¹Élisa ont une maison. Et contre toute attente, même Christelle en sera. C¹est vrai qu¹il a fallu une invitation très officielle faite par les parents d¹Élisa pour que son père la laisse y aller. Pour Antoine, l¹enjeu est d¹importance : c¹est une chance unique de passer tout l¹été avec elle, et de « conclure » enfin, lui qui n¹a même pas encore osé l¹embrasser !Son père n¹étant guère plus commode que celui de Christelle, il va devoir manoeuvrer malin.Dans Tous à Matha, dont les couleurs et le décor évoquent irrésistiblement l¹ambiance de Quelques mois à l¹Amélie, Jean-Claude Denis met en scène cette période de la vie si particulière qu¹est l¹adolescence. L¹âge des premiers émois et des virées avec les copains, de ce désir fou de liberté qui vous prend au corps et ne vous lâche plus. Mais aussi l¹âge de la frustration. Frustration amoureuse, car rien n¹est jamais simple avec les filles pour un garçon de seize ans. Frustration familiale quand on ne cesse de se heurter aux parents¦Tous à Matha se déroule dans la France d¹avant Mai-68. En ce temps-là, la majorité est encore à 21 ans. Pour un ado, rien n¹est permis, tout est interdit. Mais les premiers échos de la révolution des murs, en marche de l¹autre côté de l¹Atlantique, commencent à se faire timidement entendre. Un certain Bob Dylan chante que les temps sont en train de changer. Bientôt, c¹est toute une jeunesse qui décidera de s¹affranchir du carcan étouffant d¹une société bloquée pour réinventer le bonheur.
Cette histoire d'amitié virile, au temps de Louis XIII, entre d'Artagnan, Athos, Porthos et Aramis, racontée par Alexandre Dumas, est depuis longtemps entrée dans la légende de la littérature.Tout le monde connaît ces aventures : d'Artagnan quittant son Béarn natal pour d'entrer dans le régiment des mousquetaires du roi ; son amitié avec Athos, Porthos et Aramis ; sa participation, ainsi que celle de ses amis, à l'affaire des ferrets, par laquelle Richelieu espérait dévoiler la passion inavouable de la reine de France, Anne d'Autriche, pour le ministre d'Angleterre, le duc de Buckingham ; sa tentative d'empêcher l'assassinat de Buckingham par le principal agent de Richelieu, Milady.Pourtant, ces événements ont-ils bien le sens que Dumas semble vouloir leur donner ? Tout en dissimulant son message, il laisse de nombreux signes à l'intention de ses lecteurs, que personne à ce jour ne semble avoir vus : le véritable héros des Trois Mousquetaires est une femme, Milady !Et si le véritable héros des Trois Mousquetaires était une femme ?Sylvain Venayre et Frédéric Bihel proposent une lecture révolutionnaire, en bande dessinée, du roman d'Alexandre Dumas : raconter l'histoire des Mousquetaires du point de vue de Milady.Un message qu'Alexandre Dumas aurait dissimulé dans son roman, et que personne à ce jour ne semble avoir vu.
Quand une jeune et séduisante journaliste britannique rencontre un aventurier qui répond au nom typiquement français de Julien Verdier, on peut croire au coup de foudre.Peut-être, mais avant tout il y a un rapt, un Chinois empoisonneur, des Irlandais bagarreurs, des espions allemands, des étincelles et des carambolages pour un seul et même objectif : le FOGLIGHT II, zeppelin majestueux. Mais pourquoi lui donner tant d'importance... ?
Bella ciao, c'est un chant de révolte, devenu un hymne à la résistance dans le monde entier... En s'appropriant le titre de ce chant pour en faire celui de son récit, en mêlant saga familiale et fiction, réalité factuelle et historique, tragédie et comédie, Baru nous raconte une histoire populaire de l'immigration italienne. Bella ciao, c'est pour lui une tentative de répondre à la question brûlante de notre temps : celle du prix que doit payer un étranger pour cesser de l'être, et devenir transparent dans la société française.L'étranger, ici, est italien. Mais peut-on douter de l'universalité de la question ? Teodoro Martini, le narrateur, reconstruit son histoire familiale, au gré des fluctuations de sa mémoire, en convoquant le souvenir de la trentaine de personnes qui se trouvaient, quarante ans plus tôt, au repas de sa communion. Le récit se développe comme la mémoire deTeodoro, tout en discontinuité chronologique.Il y est question d'un massacre à Aigues-Mortes en 1893, de la résistance aux nazis, du retour au pays, de Mussolini, de Claudio Villa, des Chaussettes noires, et de Maurice Thorez... Des soupes populaires et de la mort des hauts-fourneaux... En tout, du prix à payer pour devenir transparent. Avec Quéquette Blues, publié dans les années 80, et les Années Spoutnik, publié au tournant du siècle, Bella ciao peut être vu comme le dernier volet d'une trilogie, pensée comme la colonne vertébrale de l'univers narratif de Baru.
De 13 à 87 ans, âge de sa mort, le narrateur a tenu le journal de son corps. Nous qui nous sentons parfois si seuls dans le nôtre nous découvrons peu à peu que ce jardin secret est un territoire commun. Tout ce que nous taisions est là, noir sur blanc, et ce qui nous faisait si peur devient souvent matière à rire.Attention, ceci n'est pas une bande dessinée, mais le roman de Daniel Pennac richement illustré par Manu Larcenet, dans une prestigieuse édition.
Luc Brunschwig signe avec Urban une grande série d'anticipation. Dans un futur pas si lointain, il nous convie à Monplaisir, le plus grand parc d'attraction de la galaxie où tout fait l'objet d'un jeu... même la mort. Avec Urban, comme dans Les Enfants de Jessica, il pointe du doigt les dérives de notre société. Roberto Ricci donne corps et vie au monde d'Urban dans un style qui rappelle le meilleur Gimenez !
C'est le récit d'un tournant de la vie de Jean-Sébastien Bérubé : en 2007, il entame une carrière de dessinateur de bande dessinée tout en continuant à un niveau professionnel un sport de combat : le karaté kyokushin, une pratique radicale et controversée, dans laquelle les combats se font à mains nues, où les coups sont portés à pleine puissance et les victoires se font par K.O. Mal dans sa peau, il doit affronter sa famille qui refuse ses choix de vie. Une réflexion profonde sur le sens que l'on donne à sa vie : avec une grande honnêteté, l'auteur raconte ses espoirs, ses désillusions, sadifficulté à trouver sa place dans la société.En 2007, Jean-Sébastien Bérubé retourne à Rimouski afin de passer sa ceinture noire de karaté kyokushin. Il retrouve son professeur d'antan, le shihan (maître) Sylvain Lessard, atteint d'un cancer et se sachant condamné. Jean-Sébastien décide alors de tout donner dans son entrainement afin d'honorer les derniers jours de son professeur. Sa famille s'est toujours opposée à sa pratique du karaté, en particulier son grand-père qui méprise profondément ce sport violent. Jean-Sébastien doit également combattre en dehors du tatami pour apprendre à se faire respecter et suit une psychothérapie pour l'aider à s'affirmer. Mais cette pratique l'éloigne encore plus de sa famille, son père et son grand-père considérant la psychothérapie comme une arnaque pour les faibles d'esprit. Jean-Sébastien ne se décourage pas pour autant et poursuit son chemin, en dépit de ces drames familiaux et de ses problèmes sentimentaux.
En créant Luc Leroi en 1980, il y a trente-six ans donc, Jean-C. Denis donnait vie, du même coup, à son double de papier, s'affirmant ainsi comme un des précurseurs de la bande dessinée à base autobiographique. Après Tout d'abord, 2016 est une nouvelle année « Luc Leroi » : voici le premier volume de la réédition de l'intégrale, qui en comptera trois. Le premier volume comprend les histoires courtes de Luc Leroi déménage un peu, Luc Leroi contre les forces du mal et Luc Leroi remonte la pente.
Nathalie et François sont heureux, ils s'aiment et semblent avoir la vie devant eux... Mais, un jour, la belle mécanique s'enraye. François décède brutalement. Le coeur de Nathalie, veuve éplorée, devient une forteresse où même les plus grands séducteurs vont se heurter. Sauf un : Markus, un collègue terne et maladroit, sans séduction apparente. Sur un malentendu, il obtient de la belle un baiser volé. Pour cet outsider de l'amour, c'est un signe du destin : il se lance à sa conquête... tout en délicatesse.
1970. Une jeune femme accouche d'une petite fille. Fille mère de 18 ans, elle abandonne son bébé aux bons soins de sa mère et de sa grand-mère.Loin des yeux du monde, du regard des autres.La petite fille grandit dans cette maison loin de tout, et mène une vie clandestine.« Dans ma maison, il y a des choses cachées. Je suis une chose cachée. Je suis un secret. »
Martin Terrier était pauvre, esseulé, bête et méchant, mais pour changer tout ça, il avait un plan de vie beau comme une ligne droite.Après avoir pratiqué dix ans le métier d'assassin, fait sa pelote et appris les bonnes manières, il allait rentrer au pays retrouver sa promise et faire des ronds dans l'eau...Mais pour se baigner deux fois dans le même fleuve, il faut que beaucoup de sang passe sous les ponts..
Sidoine et Rosalie Letignal et leur fils Laurent forment ce trio ordinaire. Des gens comme tant d'autres, se débattant au quotidien dans une société à laquelle ils essayent d'apporter un peu d'humanité, un peu de leur chaleur, modestement. Or, c'est précisément aux limites et aux contractions de leur humanité qu'ils vont tous les trois se retrouver confrontés. Absolument rien ni personne ne pourra empêcher l'implosion totale de leur cellule familiale que tout le monde s'imaginait pourtant Indestructible.
Simon Breuil est un jeune écrivain ambitieux. Même si son dernier roman est un très grand succès, il a du mal à retrouver son souffle. Son éditrice provoque une entrevue avec un écrivain qu'il admire plus que tout, James Whales, maître du roman noir qui a vécu une vie terrible et souvent violente. Cette rencontre et les relations pitoyables qu'il entretient avec les femmes de sa vie, vont être au coeur de son combat pour renouer avec l'écriture. Mais à quel prix ?
Rites ancestraux et soirées karaoké rythment la vie des autochtones. « Troub's a eu la bonne idée, ou la chance, de pousser jusqu'à Long Apari et de s'y poser quelque temps, d'y vivre, d'y respirer l'air du temps qui passe, un peu de l'air d'antan. » Explique Bernard Sellato ethnologue et spécialiste de Bornéo, dans sa préface. « .Long Apari est resté un havre de paix relative, où la vie coule encore au rythme des travaux agricoles, comme le fleuve à celui des crues et étiages. Des chiens, des chats, des poules, mais pas de « hello mister ». Bien sûr, la télé est là, incontournable, se substituant aux veillées de contes à la torche de résine, elle-même remplacée par le néon. Mais au-delà de Long Apari, il n'y a plus rien, on ne peut pas aller plus loin. On croit, en remontant aux sources du fleuve, pouvoir remonter le temps. Mais ce temps n'est plus. Voici donc une savoureuse chronique d'un fleuve et du temps qui coule. » Grand bourlingueur, Troub's ne part jamais sans son matériel de dessin : « En voyage, j'ai toujours sur moi des carnets de tailles différentes pour dessiner, et un petit pour écrire. Tout commence là, je note assidûment, obsessionnellement peut être, tout ce qui me fait réagir, sans aucune censure. J'accumule et c'est un vrai plaisir. Ensuite, de retour dans mon atelier, j'essaye d'y mettre de l'ordre. Pour ce livre, j'ai commencé par reprendre mes écrits pour en faire un texte cohérent et lisible par n'importe qui, un journal de bord. Ensuite, j'ai placé les croquis fait sur place, un peu comme des illustrations du texte. Et pour finir, j'y ai inclus des pages de bd, des strips, aux endroits où cela me paraissait importun. »
Nous sommes dans un royaume moyen-âgeux où le roi fait régner l'ordre d'une main de fer. Les exécutions sont légions et se déroulent en place publique. Benoît, jeune garçon de 13 ans qui vit avec sa mère, est fasciné par le bourreau chargé de les exécuter. Las, sa curiosité va entraîner la condamnation de sa propre mère et décider de son exil. Miné par cette tragédie, Benoît ne souhaite plus que combattre et vivre sur les champs de bataille, l'épée à la main. Il se met au service de soldats mercenaires et commence alors pour lui une vie d'errance, de combats et de rapines qui vont le transformer à tout jamais.
Décédé en février 2017, Jirô Taniguchi, le plus francophile des mangakas japonais, laisse une oeuvre immense.En mai 2013, il avait passé un mois à arpenter le musée du Louvre. Il était retourné au Japon avec l'idée d'un récit tout en délicatesse et en couleur.Pour lui rendre hommage et à l'occasion des 15 ans de la collection musée du Louvre/Futuropolis, voici l'édition originale en couleur, telle qu'elle a été publiée initialement au Japon, avec 8 pages supplémentaires, parues seulement dans l'édition noir & blanc.
Le 30 octobre 1938, Orson Welles met en ondes, sur CBS, la Guerre des mondes de H. G. Wells, racontant l'attaque de la Terre par des extra-terrestres. C'est la panique ! « Une fausse guerre terrifie tout le pays », titrent les quotidiens du lendemain.Dans le récit de Laurent Galandon, afin « d'échapper au massacre des Martiens », un homme tue sa femme et tire sur son fils avant de se suicider. Un ancien journaliste vedette de CBS, Douglas Burroughs, va mener l'enquête. Il en fera un livre. A Fake Story pose la question du vrai et du faux avec un art consommé, dans une enquête policière réjouissante.
4 mai 1891, Sherlock Holmes disparaît aux Chutes de Reichenbach. Pour son frère, Mycroft Holmes, sa mort est le suicide déguisé d'un homme qui ne pouvait se résoudre à voir son cerveau détruit par la drogue. Mycroft tente de détruire toutes les preuves de la folie de son frère, pour cela, il envoi des hommes de main au 221 b BakerStreet... Malgré les preuves apportées par Mycroft, Watson se refuse de croire à cette version des faits. Il se lance à travers l'Europe entière dans une incroyable enquête qui va tout lui révéler de l'histoire de Sherlock Holmes et de sa famille.
Renouant avec la veine acide qu’on lui connaît, Pascal Rabaté s’associe à Simon Hureau pour une comédie noire, grinçante et jubilatoire.Didier est boucher, amateur de bande dessinée et… cocu ! Cela lui bousille la vie. Sandrine, son épouse, le trompe avec leur meilleur ami, Éric. Cela fait au moins un an que cela dure, depuis les vacances passées. Il aime sa femme plus que tout, il est patient, mais il ne supporte plus ses mensonges et ne peut définitivement plus encadrer son ancien copain. Il décide donc de se venger. Et son idée, il va la trouver dans un classique de la bande dessinée…
Peu de livres ont une aussi grande puissance de vision que Voyage au bout de la nuit. Vision intense : celle de la révélation de la misère, de la guerre, de la maladie sans fin, de la mort. La phrase se concentre, repère tout, ne pardonne rien. Vision itinérante et prodigieusement variée ensuite : on part de la place de Clichy, on se retrouve dans divers massacres à cheval, puis dans une Afrique écrasante, puis noyé à New York, à Détroit, puis de nouveau dans la banlieue de Paris (la banlieue de Céline, cercle minutieux de l'enfer !), puis dans les environs de Toulouse, et enfin dans un asile psychiatrique pas comme les autres. La mort au épart et à l'arrivée. La symphonie agitée de la nuit infinie pour rien. Le héros métaphysique de Céline est ce petit homme toujours en route, entre Chaplin et Kafka, mais plus coriace qu'eux, vous le redécouvrez ici, perplexe, rusé, perdu, ahuri, agressé de partout, bien réveillé quand même, vérifiant sans cesse l'absurdité, la bêtise, la méchanceté universelles dans un monde de cauchemar terrible et drôle. Céline lui-même a comparé son style aux bandes dessinées, aux comics . C'était pour dire qu'il allait toujours au vif du sujet, au nerf de la moindre aventure. Ce Tardi-Céline l'aurait ravi. L'oeil traverse le récit comme une plume hallucinée, on voit le déplacement sans espoir mais plus fort, dans son rythme de mots et d'images, que tout désespoir. Il faut relire Céline en le voyant. Tardi lui rouvre l'espace. Le grouillement et la simplicité des épisodes et du jugement qu'il porte se redéploient. Céline a dit la vérité du siècle : ce qui est là est là, irréfutable, débile, monstrueux, rarement dansant ou vivable. Le Voyage recommence. Les éclairs dans la nuit aussi.
De nos jours, dans un quartier banlieue. À peine un quartier, plutôt une sorte d'enclave : un entrepôt vide, une usine déglinguée, un bar rabougri et un bordel. Et au milieu, la rue. À l'étage de l'entrepôt vide, Séva, le gardien, lit en fumant. Fausse quiétude. De l'autre côté de la rue, en face, le bar. Mona, la patronne, y joue aux cartes avec quelques habitués. Séva traverse la rue pour rejoindre Mona, la femme qu'il aime. C'est l'après-midi. Séva glisse une pièce dans le juke-box : « Moon River Wider Than a Smile. ». Tout est tranquille. En apparence. En apparence seulement.
D'après le roman de Thomas Gunzig, Manuel de survie à l'usage des incapables.Martine Laverdure, caissière, était trop lente. L'entreprise l'a liquidée. Elle est morte. Ses fils lui rendront justice, même si la vie les avait distanciés d'elle. Blanc, Brun, Gris et Noir, quatre jeunes loups d'une extrême sauvagerie, surentraînés et prêts à tout pour se faire une place au soleil, se mettent en quête de punir le ou les responsables de sa mort. L'affrontement entre la grande distribution et les loups solitaires est inévitable. Le monde est violent. L'espérance de vie en banlieue est fragile. C'est le temps des sauvages.
Peu de livres ont une aussi grande puissance de vision que Voyage au bout de la nuit. Vision intense : celle de la révélation de la misère, de la guerre, de la maladie sans fin, de la mort. La phrase se concentre, repère tout, ne pardonne rien. Vision itinérante et prodigieusement variée ensuite : on part de la place Clichy, on se retrouve dans divers massacres à cheval, puis dans une Afrique écrasante, puis noyé à New York, à Détroit, puis de nouveau dans la banlieue de Paris (la banlieue de Céline, cercle minutieux de l'enfer !), puis dans les environs de Toulouse, et enfin dans un asile psychiatrique pas comme les autres. La mort au départ et à l'arrivée. La symphonie agitée de la nuit infinie pour rien. Le héros métaphysique de Céline est ce petit homme toujours en route, entre Chaplin et Kafka mais plus coriace qu'eux, vous le redécouvrez ici, perplexe, rusé, perdu, ahuri, agressé de partout, bien réveillé quand même, vérifiant sans cesse l'absurdité, la bêtise, la méchanceté universelles dans un monde de cauchemar terrible et drôle. Céline lui-même a comparé son style aux bandes dessinées,aux comics . C'était pour dire qu'il allait toujours au vif du sujet, au nerf de la moindre aventure. Ce Tardi-Céline l'aurait ravi. L'oeil traverse le récit comme une plume hallucinée, on voit le déplacement sans espoir mais plus fort, dans son rythme de mots et d'images, que tout désespoir. Il faut relire Céline en le voyant. Tardi lui rouvre l'espace. Le grouillement et la simplicité des épisodes et du jugement qu'il porte se redéploient. Céline a dit la vérité du siècle : ci qui est là est là, irréfutable, débile, monstrueux, rarement dansant ou vivable. Le Voyage recommence. Les éclairs dans la nuit aussi. , Philippe Sollers.