Plume et Taciturne, assis devant leurs deux maisons, racontent leur rencontre. Plume est ouvert, vif, un peu envahissant. Taciturne est plus secret, préférant s'exprimer par la musique. Comme les tout-petits, ils découvrent le temps, celui qui passe du jour à la nuit et qui transforme tout. Ils se découvrent l'un l'autre, dans leurs peurs les plus intimes. Des peurs existentielles qui prennent la forme du vent, des bruits inquiétants de la nuit, du loup qu'on ne sait pas apprivoiser. Ils découvrent enfin qu'ils sont deux pour jouer, pour la musique plus belle quand on peut la partager, pour la peur moins terrible quand on trouve les mots pour en parler. Un texte empreint de poésie qui guide les petits dans leur apprentissage du monde et des autres.
Ces trois nouvelles pièces courtes à lire et à jouer par les jeunes ont été commandées par la Compagnie du Réfectoire pour le projet Si j'étais grand. Trois auteurs phares du théâtre jeunesse ont creusé la question des rêves et des utopies d'une enfance d'aujourd'hui. Dans L'Enfant de par là-bas, Jean-Pierre Cannet raconte l'histoire de Polin qui, après la perte de ses parents dans l'incendie de leur caravane, vit avec ses deux grands-mères; l'une lit l'avenir, l'autre est funambule. Cet enfant du voyage ne veut ni être placé en famille d'accueil, ni aller à l'école. Il s'enfuit. Cannet livre un texte puissant qui transporte au-delà des apparences et des préjugés. Chez Bruno Castan, un petit groupe de jeunes gens piopiotent tranquillement, adossés à un muret. Un village ? Une rue ? En tout cas, il ne se passe pas grand-chose, c'est La Glume. On parle de tout, de rien. De la façon dont on voudrait mourir. Comme l'utopie majeure ? Ça pourrait être sombre, mais la verve désespérément optimiste de Castan emporte le morceau. Dans Deux Citrons, Philippe Dorin crée, comme souvent et pour notre plaisir, des situations presque immobiles dans lesquelles il instille un mouvement quasi imperceptible et pourtant inexorable. À la manière d'une ritournelle, ses personnages sont des enfants qui jouent, des enfants qui jouent des rôles, des rôles de théâtre, un théâtre dans le théâtre. En pointilliste, Dorin propose une partition douce-amère, pleine de charme et de tendresse.
Tous les garçons et les filles de leur âge (celui de Pierre et Léa) ne vivent pas ça. Et pour cause. Connaître en une seule journée, comme dans un souffle, une rencontre, une phase de séduction, une cérémonie de mariage, un premier enfant, une tentative de suicide et un divorce à seulement dix ans ! Excusez du peu, mais ce n'est pas commun. Et comme dans le cycle de la vie, l'homme paraît moins constant que la romantique demoiselle. A moins que tout cela ne soit qu'un rêve ou un jeu - cruel - d'enfants ? Qui sait ? Avec Ouasmok ?, Sylvain Levey révèle une écriture fine, enjouée et émouvante pour entraîner le lecteur dans une ronde époustouflante. Comme dans la vie !
Chloé, 15 ans, vient de perdre son frère Luke, 18 ans, dans un accident de voiture. La communauté du lycée et de la petite ville où ils vivent s'empare du tragique événement en créant un site Internet en souvenir du défunt. Tout à son chagrin, Chloé est confrontée à ces amitiés autant virtuelles que fugaces, jusqu'à une rencontre plus tangible... mais toujours sur le net et ses réseaux sociaux. Le jeune auteur anglais Matt Hartley traite du thème très contemporain des échanges adolescents sur Internet, mais grâce à une langue poétique et une structure en flash-back et en fondus enchaînés, il décolle de ce réel virtuel pour tendre vers l'universel de la perte d'un être cher.
Sous une lumière capricieuse, on observe comme des arrêts sur image entre une fille et un garçon. Ils engagent la conversation sur ce qu'on croit savoir de l'autre, de sa vie, de ses manies, comment on fait pour être une fille, et un garçon aussi... Alors bien sûr ça parle des soucis, des conseils des adultes qu'on doit bien prendre en compte, mais ça rêve, et ça parle d'espoir, et d'amour aussi. Sébastien Joanniez écrit tout en humour et en finesse sur les adolescents dans un rythme élevé, comme les tchac-tchac-tchac d'un stroboscope. Il offre un texte matériau pour autant de filles et de garçons que l'on voudra, visages multiples d'un portrait d'aujourd'hui.
Livère porte bien son nom : c'est une jeune fille rude qui glace son entourage par son effronterie et son désir d'indépendance. Mais quand son père l'embarque dans sa nouvelle histoire d'amour, elle se voit imposer une belle-mère méfiante et un nouveau frère temporaire. Ce dernier est tout autant effrayé par l'adolescente qui l'entraîne dans ses jeux dangereux qu'attiré par la droiture de cette soeur lumineuse. Stéphane Jaubertie, en observateur tendre et piquant de la famille, s'attache dans ce texte aux allures de conte fantastique et intimiste à creuser cet amour complexe qu'est la fratrie, qu'elle soit de sang ou d'occasion. Son théâtre poétique et plein d'images bouscule et fascine comme à son habitude.
Voici vingt-quatre courtes histoires pour petits hommes... ou petites femmes comme autant de vignettes savoureuses, de petits moments de rien du tout d'où le théâtre naît. Gérald Chevrolet imagine Miche et Drate, deux personnages sans âge, sans sexe, avec des mots tendres, poétiques et oniriques, comme deux parties du cerveau qui dialoguent au bord du monde . Ils se heurtent avec naïveté et humanité à un monde trop grand pour eux, sauf à se construire leur univers. Ces deux protagonistes fort attachants deviendront les compagnons de lecture des petits et des grands, mais aussi les camarades de jeu de comédiens en herbe ou confirmés.
D'ordinaire, on dit aux enfants de ne pas rester dans leur bulle. Tyrse, Ezir et Azou, petits bébés espiègles, n'ont pas le choix. Coupés du monde extérieur par des parois de verre, ils ne peuvent que se voir et s'entendre. Mais la tentation du dehors est trop forte : ils désirent rencontrer les enfants qui chantent sous leur fenêtre et jouer dans la neige avec eux. A peine sortis de leurs prisons toutes rondes, ils partent à la découverte de continents jusqu'alors interdits, territoires immenses qui s'ouvrent désormais l'amour, l'amitié, la peau et le corps des autres qui exacerbent leurs sensations. Avec Son parfum d'avalanche, Dominique Paquet propose un texte poétique et philosophique s'adressant aussi aux tout-petits.
Que se passe-t-il quand une enfant de dix ans, contrainte de vivre serrée dans un corset de bois devenu trop étroit, rencontre un bûcheron un peu sauvage qui a coupé tous les arbres ? Tous, pas tout à fait : à côté de son cabanon subsiste le dernier arbre du pays. Pour que l'enfant vive, il faut tailler dans son cœur un corset neuf qui lui permettra de grandir. Mais cet arbre, le bûcheron l'a promis, il ne l'abattra jamais. Pourtant l'enfant compte sur lui. Ils se racontent alors des histoires de loups, d'amour et de mères parties trop tôt. Ils se titillent, s'émeuvent et s'apprivoisent. Se mêle au dialogue la voix de la Présence, à la fois conteuse et figure maternelle. En décollant du réel, Stéphane Jaubertie tisse une fable tendre et cocasse, qui parle d'amour, de filiation et d'altérité.
Au cœur de l'Amérique du Sud, une montagne, aussi belle dans la clarté du matin que cruelle dans l'obscurité des mines qui la sillonnent de toute part. Salvador, un enfant de la montagne devenu écrivain, se rappelle... le départ sans retour de son père et de son frère, les crayons de couleur d'Ana et les rêveries de Teresa, ses sœurs, les cireurs de chaussures dont il aurait dû partager le destin, si sa mère n'avait pas cru aussi fort que tout manguier peut produire des mangues. En se remémorant son passé, Salvador renoue avec des valeurs qui touchent à l'essentiel et qui rejoignent l'universel. Suzanne Lebeau nous raconte le quotidien des enfants du sud. Elle rend un magnifique hommage à la mère et à la vie qui distribue les bonheurs et les malheurs. Elle nous apprend qu'il faut encore et toujours espérer.
Qui est Michelle ? Ou plutôt : qui est uneviedechat ? Une adolescente insouciante ou mal élevée ? On assiste ici à la confrontation de deux mondes : celui des vieux, qui regardent défiler le paysage, et celui des jeunes, prompts à le mettre en boîte, ce beau décor, avec leurs smartphones tout équipés et ultraconnectés. C'est à ce nouveau monde qu'appartiennent Kim, Angèle, Michelle, Sélim et Abel. Et c'est l'ancien monde qu'ils viennent visiter en allant découvrir à Auschwitz l'horreur des camps de concentration, ce souvenir dur et froid, qui ne résistera pas, cependant, au sourire de Michelle et au déclenchement de son appareil photo... A-t-elle accompli son devoir de mémoire en prenant ce selfie ? A-t-elle sali le passé en posant devant les vestiges de la Shoah ? Les avis divergent sur les réseaux sociaux, les commentaires fusent, et la Toile se referme sur Michelle, prisonnière virtuelle d'un harcèlement numérique cruel. L'écran devient le point de confluence entre le réel et l'image, et redessine nos espaces de parole et de liberté.
Voici cinq nouvelles courtes pièces à lire et à jouer, pour et par les jeunes lecteurs et comédiens, cinq nouvelles occasions de découvrir, rêver et vivre un théâtre d'aujourd'hui. L'Ogre d'Aloïs de Marine Auriol : une fable sur le temps qui passe et la mémoire qui fuit en racontant des histoires. Tout droit la sortie d'Yves Borrini : ces courtes pastilles théâtrales dédiées à l'école permettent de plonger dans la relation entre parents et enfants. L'Endroit jamais de Jean Cagnard : une petite touche poétique pour parler de trois fois rien, mais finalement d'une grande chose : la vie ! se que je ne feut pas vair : laferselle de Suzanne Lebeau : un Conte d'enfant réel où le petit caractère s'affirme très tôt. Blondie de Karin Serres : à la campagne, chez son oncle inventeur, Pierre s'ennuie. Minette le nourrit sans arrêt. mais où est Blondie, sa sœur de lait ?
Ces trois pièces courtes à lire et à jouer par les enfants et les adolescents ont été commandées par la Compagnie du Réfectoire dans le cadre de son projet Si j'étais grand. Trois auteurs européens sont interrogés sur les rêves et les utopies d'une enfance d'aujourd'hui. Ils répondent avec des univers personnels très différents. Dans L'Oubliance (traduite par Séverine Magois), Mike Kenny cherche à savoir ce qu'il se passe quand les enfants d'aujourd'hui deviennent les vieillards de demain et que la retombée en enfance guette. Les ados de Presque stars de Jean-Marie Piemme mettent en scène leur première montée des marches au Festival de Cannes. Mais tout ce cinéma cache parfois leurs fêlures et leurs craintes. Un passage vers un nouvel âge. Cinq ans plus tard, Le Terrain synthétique a recouvert Le Jardin de personne (Théâtre en court 3). Un nouveau mercredi, de l'aube jusqu'à la nuit, Karin Serres retrouve ses personnages. Que sont-ils devenus? Qu'ont-ils fait de leurs espoirs?
Ces six nouvelles pièces courtes répondront aux envies et aux questionnements des adolescents lecteurs ou acteurs par leurs formes diverses et leurs thématiques fortes, propices à l'identification. Pour un théâtre d'aujourd'hui, qui parle d'aujourd'hui. En blanc de Cécile Cozzolino : une fable grinçante et rythmée où il est question de mariage et de conventions. Les Oiseaux maladroits de Françoise du Chaxel : l'appel du père absent fait remonter les souvenirs à la surface de la mémoire d'un jeune homme perdu. Il était de mai de Federica Iacobelli : cette partition sensible est une déclaration d'amour maternel sur fond d'odeurs, de mafia et de soleil siciliens. Ramassage polaire de Françoise Pillet : ce huis clos à dix-sept personnages dans un bus scolaire est explosif... à bien des égards. Rendez-vous de Marc-Emmanuel Soriano : deux ados découvrent les fourmillements amoureux, mais tentent de s'en détourner. Le tout flanqué d'une petite sœur bavarde. Un monde (qui) s'efface de Naomi Wallace : dans ce monologue, Ali, jeune irakien, est amoureux des colombes et des livres de poésie. En creux, la guerre d'Irak et une culture effacée.
On a toujours besoin d'un plus petit que soi, dit la fable de La Fontaine. Mais que se passe-t-il lorsque ce plus petit grandit ? Dans ce premier chapitre de sa saga théâtrale d'anticipation des Chroniques du Grand Mouvement, Marine Auriol met en scène Zig, un enfant orphelin, membre des cadrieux, et More, un jeune soldat travaillant pour le Pouvoir, les deux camps issus du Grand Mouvement. Le premier traîne dans les champs de mines, le second préfère dessiner des bâtons sur son carnet - ces petits bâtons tout droits qui représentent tous ces corps allongés... A force de battre la campagne, Zig finit par se planter sur une mine qui, au moindre mouvement, menace d'exploser. Il est aussi dans la ligne de mire de More, bien décidé à ajouter un nouveau bâton à son carnet. Dans ce théâtre de l'attente, des liens se nouent au fil des jours, puis des années, entre le petit et le grand. Mais la guerre n'est pas toujours là où on l'attend et se loge parfois si profondément dans le coeur des hommes qu'il leur est alors difficile de rendre les armes. Une pièce intimiste pour un duo d'acteurs (et quatre rôles plus secondaires), où les notions d'humanité et d'identité sont soumises à l'épreuve du feu et où l'inanité des conflits menés au nom d'un idéal oublié est flagrante.
Libellules de Marie Bernanoce. Parce que l'ombre de sa mère la hante, Lucile se réfugie dans des histoires qu'elle raconte à son compagnon imaginaire, Léonard. En s'inspirant du mythe d'Arachné, Marie Bernanoce se rapproche de l'esthétique du théâtre symboliste pour décrire la quête intérieure d'une jeune fille rongée par le souvenir de sa mère. Petite Colère devant la mer d'Yves Lebeau. Rencontre cocasse entre un petit garçon timide et la mer. Nous sommes le 1er janvier, il gèle. Ce jour sera un grand jour pour Fernand rebaptisé Jimmy par la mer. Un grand jour car le petit garçon timide se met en colère, comme seuls peuvent le faire les timides, devant cette mer d'hiver démontée, et lui qui ne sait pas nager va se jeter à l'eau sans ses vêtements, découvrir qu'il sait nager et oser sortir de l'eau tout nu devant une fille. Une belle journée froide pour un petit garçon qui devient grand. Timide de Catherine Verlaguet. Lucas quatre ans, très timide, passe toutes ses récréations, assis sur un banc à regarder les autres jouer de peur qu'on se moque de lui. Un jour, il entend son père dire à sa mère qu'elle a de la chance de ne pas être timide, qu'elle possède un bijou incroyable ! Alors, Lucas va se mettre en quête de ce bijou magique qui mange la peur et lui permettra enfin de grandir pour devenir accrocheur d'étoiles !