Mathilde écrit : C'est en 2008, au Festival d'Avignon, que j'ai vu pour la première fois les dessins de François Olislaeger. J'ai tout de suite été frappée par ce travail qui, mieux que la photo, offrait à mes yeux la possibilité de représenter la danse. Non seulement ces images rendaient aux mouvements et à la scène tout leur espace, mais elles permettaient d'intégrer des textes, pour moi essentiels car liés à l'enjeu de mes spectacles. Il existe peu de livres de dessins sur la danse et encore moins de BD. Pourtant, la plupart des chorégraphes dessinent pour mémoriser leurs idées. J'ai senti qu'il avait là matière à un magnifique projet éditorial, un support d'invention et de créativité susceptible de prolonger et d'élargir mon travail scénique…
Secrets de famille, déchirures cachées, enfance gothique, anxiétés sexuelles et grande littérature... Une autobiographie familiale à l'humour sombre et à la lucidité éblouissante... Bruce Bechdel enseigne l'anglais dans une petite ville de Pennsylvanie tout en dirigeant le Fun Home , le salon funéraire familial. Sa sensibilité, sa passion des livres, son raffinement s'expriment tant dans l'embaumement des corps que dans la restauration obsessionnelle de sa maison et la dictature esthétique à laquelle il soumet sa femme et ses trois enfants. La jeunesse d'Alison, sa fille, est envahie par l'ombre de ce père aux secrets brûlants, ogre des sentiments à la fois distant et infiniment proche. Elle découvre en même temps sa propre homosexualité et celle, soigneusement cachée, de ce tyran charmant, inconséquent et tourmenté, dont la mort brutale à 44, ans a tout d'un suicide. Dépassant de loin sa fonction d'exorcisme personnel, cette plongée vertigineuse dans les non-dits d'une famille américaine est le prétexte à revisiter l'une des plus grandes révolutions du XXe siècle - celle des genres sexuels.
Secrets de famille, déchirures cachées, enfance gothique, anxiétés sexuelles et grande littérature. Une autobiographie familiale à l'humour sombre et à la lucidité éblouissante... Bruce Bechdel enseigne l'anglais dans une petite ville de Pennsylvanie tout en dirigeant le Fun Home, le salon funéraire familial. Sa sensibilité, sa passion des livres, son raffinement s'expriment tant dans l'embaumement des corps que dans la restauration obsessionnelle de sa maison et la dictature esthétique à laquelle il soumet sa femme et ses trois enfants.La jeunesse d'Alison, sa fille, est envahie par l'ombre de ce père aux secrets brûlants, ogre des sentiments à la fois distant et infiniment proche. Elle découvre en même temps sa propre homosexualité et celle, soigneusement cachée, de ce tyran charmant, inconséquent et tourmenté, dont la mort brutale à 44 ans a tout d'un suicide. Dépassant de loin sa fonction d'exorcisme personnel, cette plongée vertigineuse dans les non-dits d'une famille américaine est le prétexte àrevisiter l'une des plus grandes révolutions du XXe siècle, celle des genres sexuels.
yum yum book ou livre miam-miam de l'amour cannibale, est le tout premier ouvrage de robert crumb (fritz the cat, mister natural) le père fondateur de l'undergound américain, l'un des plus grands artistes vivants de notre temps.dessiné en 1963 dans le seul but de séduire la future madame crumb, il constitue un objet mythique pour les fans du maître et un merveilleux grimoire â l'usage des amoureux de tous âges.
popeye et olive récupèrent le jeep, fabuleuse bestiole capable de prédire l'avenir sans jamais se tromper, et voilà des gens (comme le douteux mr chizzleflint) prêts à tuer pour se l'approprier.ensuite, le jeep indique à popeye oú retrouver son popa perdu de vue depuis quarante ans et c'est parti pour une folle odyssée sur le lily mae, le rafiot le plus hanté de ce côté-ci du pacifique. enfin, la sorcière des mers vient régler une vieille peine de coeur avec popa et sa flûte magique rend tout le monde gaga. comme dit popeye, il y a vraiment de quoi être dégoûtationné.
Ce qu'en dit Posy.«Ces chroniques ont paru chaque samedi entre 2002 et 2005 dans The Gardian Review, supplément littéraire du célèbre quotidien britannique. Ma seule consigne était que tout devait tourner autour de la vie des lettres. Je travaillais en flux tendu – recherche d'une idée le lundi, fol espoir de l'avoir trouvée le mardi, et le mercredi, jour de remise, frénésie de travail matinal, en robe de chambre parmi les miettes de toast. Puis à 11h50, course jusqu'aux bureaux du journal, au bout de la rue (mais pas en robe de chambre) pour livrer ma planche. Le reste du mercredi était en général consacré à un lunch bien mérité.»
La date : 2045. Le metteur en scène Charles Bernet travaille au couronnement de trente années d'une carrière glorieuse en préparant son prochain film, basé sur un scénario mûri depuis sa jeunesse. Il mène une vie agréable dans sa merveilleuse villa robotisée, avec son épouse à la jeunesse quasi éternelle, entre haute visibilité médiatique et stratégies fines pour réunir le financement de son nouveau projet.Le tournage commence, mais un brutal accident de train l'interrompt, laissant Charles paralysé sur un lit d'hôpital. Gustave, un tout jeune réalisateur au talent prometteur, est choisi pour prendre sa suite. Son inexpérience va-t-elle détruire ce que Charles considère comme le projet d'une vie ? Et comment un mystérieux professeur de Scrabble rencontré lors de sa rééducation va-t-il lui apprendre à surmonter cette épreuve terrible ?
Tamara Drewe, son nez refait, ses jambes sans fin et ses airs de princesse sexuelle.La chroniqueuse trash revient semer panique et confusion à Ewedown, le village à la Gainsborough où une population rurale rêvant de la ville cohabite avec une colonie d'exilés bobos acharnés à faire revivre une campagne fantasmée.Ben, Andy et Nicholas, le triangle de mâles en chasse se reforme autour de la belle amazone, sous l'oeil toujours concupiscent de Glen, l'universitaire obèse en panne d'inspiration, et celui, douloureusement humain, de Beth, la bonne fée de Stonefield, retraite pour écrivains surmenés.Casey et Jody, les adolescentes locales, abreuvées de presse people, hypnotisées par la foire aux vanités londonienne, sont là aussi. Le tout prend force et vie sous la caméra du maître du cinéma britannique Stephen Frears. L'homme qui nous fit découvrir Hanif Kureishi, relire les Liaisons Dangereuses, regarder the Queen d'un autre oeil, se risque à l'adaptation d'un graphic novel.
Une demoiselle en détresse fuyant les spectres d'un passé déchirant, un riche et séduisant oisif, un gigolo au charme douteux, une foule de vilains petits secrets, un ballet de maîtres-chanteurs, un meurtre bizarre dans un palace de vancouver, un flic dont le flegme britannique cache un coeur de sir galaad.Tout est en place pour une tragédie noire classique signée raymond chandler, qui autopsie à la lumière crue du hard-boiled les grandeurs et bassesses de l'âme humaine et met à nu, la mécanique imparable du destin. raymond chandler (adieu ma jolie, le grand sommeil) écrivit en 1948 pour les studios universal ce scénario, qui ne fut jamais tourné en raison de restrictions budgétaires. adapté pour la bande dessinée par ted benoit (ray banana, blake & mortimer), mis en images par françois ayroles (incertain silence, enfer portatif) playbach restitue aux lecteurs le thriller inconnu de l'immense chandler, maître absolu du noir et du dialogue meurtrier, père de l'inoubliable privé philip marlowe.
Revoilà nos trois héros de L'Étoile Polaire, l'Homme-Arbre, le Golem et le vieux juif Eliaou extraits de la forêt où ils aspirent à vivre en paix. Cette fois, c'est dans une capitale qui n'est pas sans évoquer la Vilnius lituanienne que le trio s'en va exercer ses talents pour la bagarre et la fatalité. À nouveau sollicité pour ses indéniables aptitudes d'ébéniste, l'Homme-Arbre entraîne ses deux copains jusqu'à la Maison Étroite, étrange demeure tout en hauteur, coincée entre une banque et une poste. Quels hold-up bizarres se trament dans la maigre bâtisse ? À quelles malversations s'apprêtent les hommes plats qui l'habitentoe Et que vient faire Liou, la fille-mandragore, l'éternelle fiancé de l'Homme-Arbre, dans cette histoire ? Après un premier tome vert sylvestre, la saga picaresque s'enrichit d'un second, rose comme le tendre. Car, comme souvent chez Sfar, c'est l'Amour qui est l'enjeu de ce roman rocambolesque, écrit et illustré d'un même élan par un auteur à l'imaginaire éruptif !
Après le Krach de 29, l'Amérique plonge dans la Dépression, son peuple dans la misère. Pour casser l'image du gangster opulent héritée de la Prohibition, J. Edgar Hoover, le chef du FBI, invente le concept d'Ennemi Public n°1 : choisir, parmi les desperados que la Crise pousse à des méfaits brutaux, ceux qu'on montera en épingle avant de les arrêter, en général de quelques balles dans la peau, pour se glorifier de victoires sur le crime et tenir le public en haleine. Ainsi s'écrit à la une d'une presse éclaboussée de sang la légende de Bonnie & Clyde, Pretty Boy Floyd, Mitraillette Kelly, Ma Barker...John Dillinger (1903-1934) est le champion de cette Crime Academy. Plus populaire que tous ses confrères en banditisme réunis, il diffère d'eux sur bien des points. L'audace, la classe, le panache de ce fils d'épicier, doué d'un esprit hors du commun, en font le Douglas Fairbanks du hold-up, le Robin des Bois du Midwest. Sa carrière météorique, ses amours turbulentes, ses innovations dans l'art d'attaquer les banques, serviront de modèle à tout le cinéma noir à venir. Il est le chaînon manquant entre les grands outlaws de l'Ouest sauvage et les braqueurs de l'ère moderne. Un mythe américain.
Enrique Rodriguez Ramirez est professeur d'Histoire de l'Art à l'université du Pays Basque (où Altarriba a enseigné la littérature française). A S3 ans, il est à l'apogée de sa carrière.Sur le point de devenir le chef de son champ de recherches, en proie aux rivalités académiques, il dirige un groupe d'étude intitulé: Chair souffrante, la représentation du supplice dans la peinture occidentale. Bruegel, Grünewald, Goya, Rops, Dix, Grosz, Ensor, Munch, Bacon sont ses compagnons de rêverie et la matière de son travail.Mais sa vraie passion, dans laquelle il s'investit à plein, est plus radicale : l'assassinat considéré comme un des Beaux-Arts. Enrique profite des congrès, concours, jurys, pour commettre des meurtres sans mobile, sans autre visée qu'esthétique. Chacun constitue une performance, inspirée d'une technique picturale particulière. Ils jalonnent une impeccable carrière d'artiste-assassin jamais inquiété par les autorités. Or, voici que cet homme au dessus de tout soupçon se trouve impliqué dans le meurtre d'un de ses principaux rivaux, inspiré d'un des Caprichos , la suite de gravures de Goya. Meurtre qu'il n'a bien sûr pas commis. Une partie difficile s'engage pour le serial-killer, dont l'imposant cursus de 34 morts doit impérativement être protégé des curiosités de la loi...
Crumb passe la Genèse au prisme de son art, la BD, plus précisément le comix, qui en est la forme américaine insoumise. Jamais il ne cède à la tentation de se hausser au-dessus de son médium, c'est son médium qu'il élève en y apportant toute la force, la ferveur, la liberté dont son génie est fait. Ce qui singularise sa version de la Genèse, l'affranchit de tout soupçon de blasphème ou, à l'inverse, de conversion tardive, c'est son choix d'une adaptation sans interprétation, sans discours ni «mise à distance» critique. Le texte, composé à partir de différentes traductions (Torah, King James, nouvelle traduction Alter), est donné à voir verbatim, pourrait-on dire, dans une mise en scène simple et ample, avec un souci du détail historique et du geste juste quasi cinématographique. C'est un miroir qu'il tend, dans lequel Adam et Ève, Caïn, Noé, Abraham, Isaac, Sarah et la multitude de leur descendance acquièrent, sous sa plume portée par une énergie primordiale, un visage, un poids, une vérité charnelle qui nous les rendent si familiers qu'ils redeviennent nos parents proches, les modèles sur lesquels s'est calquée toute humanité. Habité, transcendé par son sujet, Crumb produit son Magnum opus, un roman graphique sans équivalent, à la fois intime et universel, grave, beau et jubilatoire, scellant, en quelque sorte, la rencontre de Gustave Doré et Cecil B. DeMille.
Le 4 octobre 1994, radios et télés rapportent un fait divers d'une extrême brutalité.Deux jeunes gens, Florence Rey et Audry Maupin, viennent d'attaquer la préfourrière de Pantin pour voler des armes. Place de la Nation, le taxi à bord duquel ils s'enfuient percute une voiture de police. Fusillade. Course poursuite. Cinq morts et cinq blessés en moins de trente minutes. Coup de folie ou opération terroriste ? Le visage d'ange paumé de Florence Rey devient une icône cathodique instantanée, symbole de la violence et de la confusion idéologique des temps.Les médias invoquent l'influence de films ultraviolents comme le Tueurs nés d'Oliver Stone. On présente Rey et Maupin comme des Bonnie & Clyde de la terreur, des nihilistes délirants, alors qu'en réalité leur parcours épouse celui de tant d'enfants des classes moyenne et ouvrière en rupture avec un modèle de société de plus en plus brutal et matérialiste... Dix ans plus tard,Chantal Montellier rouvre le dossier et suit les pistes négligées à l'époque, y compris celle, évoquée à mi-voix par certains médias, du troisième, voire du quatrième homme.Son travail, vibrant de sincérité, jette une lumière neuve sur une affaire emblématique de notre histoire récente. Et par-dessus tout cela, flotte l'inoubliable visage de Florence Rey, le soleil noir de son regard.
Farid Tawill, Beyrouthin ordinaire, rentre du bureau un soir pour découvrir que l'immeuble où il vit avec sa famille a disparu et que la cité où il est né n'est plus la même. D'étranges créatures hantent ses rues méconnaissables - transsexuel philosophe, propagandiste verbeux et manipulateur, foules hystériques tueuses de chiens, le tout sous l'oeil d'un Batman obèse, figure tutélaire de cette ville avoisinant la Terre, dont le rayonnement si proche teinte d'angoisse sa nuit perpétuelle. Une atmosphère de violence et de sourde sexualité sature ce dédale livré au chaos.Complètement perdu, Farid se réfugie chez son ami Émile, qui vient de quitter femme etenfants pour s'installer avec sa maîtresse, la languide Ani, qui porte le nom d'un village rendu au désert et pose sur le monde un regard fataliste.À mesure que la nuit avance, les fantômes, les remords, les espérances et les échecs du passé assiègent Farid. Ce constat de l'absurdité et de la futilité de nos actes trouve son apogée dans une quadruple mort.OEuvre inaugurale d'un jeune artiste de Beyrouth, cette puissante métaphore de la condition humaine, plongeant ses racines dans l'un des conflits les plus confus et absurdes du XXème siècle, la guerre civile libanaise, signe l'arrivée sur le terrain de plus en plus fécond de la narration graphique de Jorj A. Mhaya, aux accents de Kafka moyen-oriental.
1882. Ilia Brodsky, l'orphelin des shtetls, Juif sans terre chassé de Russie par les pogroms, traverse l'Europe avec sa soeur Olga. A Vienne, il croise le jeune Theodor Herzl, un dandy qui commence à percer dans le monde des lettres. Cette rencontre fugace va changer sa vie. A Londres, où il côtoie les réseaux anarchistes de l'East End, puis à Paris, Ilia se met à enquêter sur Herzl. Pourquoi ce Juif mondain, parfaitement intégré dans la Vienne des Habsbourg, a-t-il soudain pris fait et cause pour des frères sans patrie dont il a honte ? Quels rêves, quelles raisons intimes, l'ont conduit à imaginer et théoriser l'utopie du Pays à venir, une nation où tous seraient enfin protégés des violences de l'Histoire ? A quoi ressemble le rêve sioniste de Herzl dans cette Europe à l'aube du XXe siècle qui se rue tête baissée vers la destruction ? A travers deux destins opposés et étrangement symétriques, ce puissant roman graphique confronte deux versants de la pensée juive : la tradition de l'exil face aux aspirations à la Terre.Au moment où l'Europe du XXIe siècle connaît de nouvelles fièvres nationalistes et identitaires contre ceux qui cherchent un refuge, il s'efforce, par la voix d'Ilia Brodsky, d'imaginer un pays pour ceux qui ont tout perdu...
Au moment où le phénomène Millenium atteint son apogée avec l'arrivée du premier blockbuster de la trilogie signée David Fincher (Daniel Craig est Mikael Blomkvist), voici la première incursion de la BD sur ce territoire de légende.Guillaume Lebeau, auteur d'un essai remarqué sur Stieg Larsson et son univers, scénariste et documentariste ayant longuement rôdé sur les scènes du crime, s'étant frotté de près aux proches de l'auteur, ramène un biopic parfaitement adapté à la narration graphique. En trois instantanés d'une vie trop brève, la genèse d'une oeuvre et d'un auteur qui ont pris le monde par surprise. L'éveil du petit Stieg dans les forêts blanches du haut de la Suède. L'initiation du jeune journaliste dans une Érythrée peuplée d'amazones dogmatiques. Stockholm et la plongée dans le combat antifasciste, avec la création du magazine Expo, qui deviendra Millenium pour la postérité.Tout ce qui a modelé l'énigmatique Stieg Larsson, mort avant d'avoir su qu'il avait réenchanté le crime et ouvert une perspective toujours valide à ce jour sur une Europe du Nord où le ferment des totalitarismes continue de prospérer à bas bruit. Frédéric Rébéna apporte son dessin aux humeurs changeantes, son crayon incisif et laconique, la force de son dépouillement, à ce récit unique de la naissance simultanée d'un héros de papier et d'un héros des lettres. Une chronologie de Larsson, illustrée de photos inédites de l'auteur, complète l'ouvrage.
Depuis toujours, pourtant, ses dessins ne cessent de s'interroger sur ce pacte, souvent implicite, qui lie deux amis. Que l'amitié se nourrisse de connivences secrètes ( Raoul Taburin ), de troubles partagés ( Marcellin Caillou ), ou qu'elle se construise aux dépens d'un autre ( Monsieur Lambert ), elle s'appuie sur des rituels qui fondent la complicité. Ces enfants joyeux qui marchent côte à côte, ces dames qui conversent à vélo, ces hommes qui bavardent au bistrot, disent tout à la fois le bonheur de la connivence et la difficulté de l'harmonie durable.Dans ce nouvel album, SEMPÉ questionne au fil de son trait bienveillant, malicieux et sagace les différentes règles qui fondent le rapport amical. L'humour est là qui dissimule avec légèreté la gravité du propos, mais le constat est lumineux : entre vanité et prétention, l'amitié des adultes est fragile et friable. Et parce que SEMPÉ la place au plus haut des sentiments humains, il montre qu'elle se nourrit surtout d'instants fugaces, rares et précieux.« Rien n'est facile en amitié. Il faut de la discrétion, de la pudeur, de la fidélité », confie Jean- Jacques SEMPÉ dans la longue et délicate interview qui ouvre ce livre. Preuve en est donnée dans les dessins qui suivent (dont de nombreux inédits). Ils offrent le reflet lucide des insondables mystères de nos émotions secrètes.Jean-Jacques SEMPÉ Entretien avec Marc LECARPENTIER Éditions DENOËL / MARTINE GOSSIEAUX
Il n'y a pas de super-héros plus super que Dragman, le héros travesti de Steven Appleby. Appelé aussi Dolly Marie, il mène contre les voleurs d'âmes de Black Mist un combat apocalyptique, névrotique, tendre, drôle - et brillamment dessiné. Posy SimmondsDepuis qu'il a trouvé, adolescent, un bas de sa mère dans le sofa, August Crimp a découvert deux choses. La première est qu'il adore porter des vêtements de femme.La seconde est que lorsqu'il le fait, il devient capable de voler. Oui, comme un super-héros ! Hélas, cette passion un peu obsessionnelle est contrariée par la peur du ridicule et de la réprobation générale. Si sa mère, puis sa femme venaient à l'apprendre, c'en serait fait de lui. Du coup, il range sagement dans des cartons les tenues et souvenirs de Dragman, le nom de guerre qu'il s'était donné.De toute façon, la ville regorge de justiciers masqués. Maisvoici que Cherry Mingle, la petite fille qu'il a sauvée d'une terrible chute du toit du Musée d'Art moderne un jour qu'il s'y était rendu en Dragman, réapparait dans sa vie. Elle a encore besoin de lui, cette fois pour aider ses parents qui ont vendu leurs âmes à la mystérieuse compagnie Black Mist pour lui payer ses études. Dragman reprend donc du service et l'aventure (même si elle finit bien) ne sera pas de tout repos...Comment partager sa vie entre le rôle de bon père de famille et celui de super-héros quand tous vos pouvoirs tiennent au fait de vous travestir en femme ? Telle est la question. Le coming-out et la confession de cette passion très singulière produisent le roman graphique le plus étonnant, détonnant et délirant de l'année...
A l'origine, Sukkwan Island est un court roman paru aux USA dans le premier recueil de nouvelles de David Vann. En publiant une édition séparée de ce texte vibrant, l'éditeur Gallmeister l'a propulsé en France au rang de best-seller avec 200 000 exemplaires vendus et un prix Médicis étranger en 2010.- Le livre :Tim, dentiste divorcé, qui multiplie les liaisons féminines, amène son fils de treize ans, sur un îlot désert des Aléoutiennes, au Sud de l'Alaska, avec l'intention d'y passer une année entière loin de toute civilisation. Le prétexte est de resserrer ses liens avec lui, de le confronter à la beauté et à la sauvagerie du monde, comme pour un rite d'initiation. Mais il se peut que son but inavoué soit tout autre. Retrouver sa dignité de père dans les yeux de son fils, se prouver qu'il est capable d'assurer son métier d'homme. La dureté des conditions de vie et du climat, les pièges cachés de ce théâtre des origines, les manquements et défaillances de Tim, la lucidité du regard que l'adolescent porte sur lui, transforment le rêve de pureté à la Thoreau en confrontation sans pitié, jusqu'à l'épouvantable coup de théâtre qui fait basculer l'histoire dans la folie et l'effroi.Ugo Bienvenu, jeune prodige venu de l'animation, s'empare de ce huis clos en pleine nature. En totale empathie avec les deux protagonistes et la tragédie qui les broie, il en tire un graphic novel hypnotique, où la splendeur glacée du monde sauvage le dispute à la déchirure des sentiments les plus enfouis. Son trait classique allié à une rigueur narrative peu commune produit un objet fascinant, profond et laconique, où les jours et les mots flottent comme la buée d'un souffle dans l'hiver d'Alaska. Une réinterprétation d'une fidélité sans faille au roman d'origine, pourtant complètement neuve et différente. Une réussite impressionnante, s'agissant de la première incursion de ce très jeune artiste dans le domaine de la narration graphique.