Parti pour le Japon, où il devait faire un voyage d'études, J. Dubois se retrouve finalement en Corée, pays dont il ignore tout. La découverte de ce pays de contrastes où tout lui semble hostile est une mauvaise expérience pour lui. Rentré en France, il réalise que ce voyage n'a fait que révéler la peur et la solitude qu'il avait en lui.
Un petit homme rentre chez lui. Traversant une forêt, il se coupe un peu de bois de chauffage. Il semble heureux parce qu'il a tout compris. Mais la suite des évènements lui donnera tort, ainsi peut-être qu'à tous ceux qui pensent qu'il y a tout à comprendre.L'enclos est unehistoire de magie noire, le récit d'une possession, un rêve qui vire au cauchemar, une culbute dans le vide intersidéral...
Les hommes, dit-on, aiment à se vanter de leurs prouesses amoureuses, fournissant ainsi une matière iné- puisable aux brèves de comptoir et autres histoires de vestiaire. Mais que se passe-t-il en réalité, quand ça se passe mal ? Drague lourde, panne, maladresse, râteau, incompatibilité d'humeur, fiasco et embarras en tout genre, tout ce dont on ne parle jamais par crainte du ridicule. Ratages de couples ou de rencontres, la panade n'a pas de fin.Avec humour et précision, Cul nul total enchaîne sans faiblir les scènes d'une comédie dans et autour de nos lits. Véritables contes modernes du sexe ordinaire, ces histoires d'échec et de déconfiture reflètent la frustra- tion d'une époque où l'épanouissement sexuel fait parti intégrante de la réussite sociale. Pourtant, malgré l'abon- dance de conseils délivrés par une foule de spécialistes (de la presse féminine aux sexologues aguerris), force est de constater quela jouissance est une quête semée d'em- bûches. Et si finalement, le « cul nul » n'était qu'un passage inéluctable de cette recherche du bonheur parfait ?À travers cette collecte d'histoires vécues, les autrices livrent une chronique sans concession de la vie sexuelle des français, qui nous débarrasse définitivement de l'em- barras. N'ayez plus honte, vos voisins sont pires que vous, ou en tout cas pas meilleurs. Fanny Dalle-Rive et Anne Baraou ont enquêté pour notre plus grand plaisir, celui d'en rire.
Une bande dessinée produite par des italiens pour le marché français qui fût un tel succès qu'une certaine marque de biscuits usurpa le nom de son personnage éponyme.On déguise Pépito le pirate en indien et il a vite fait de se retrouver dans les rayonnages de tous les supermarchés de France et de Navarre! Tout ça bien sûr, sans demander la permission à son aimable créateur...Pépito entre dans la tradition des bandes dessinées pour enfants en petit format, peu onéreux et vendu dans les kiosques et dans les gares.Parfaitement iconoclaste, gentiment anarchiste, le mot d'ordre de la série est de défier l'autorité, sans relâche et avec un humour décapant! Pépito est un personnage libertaire qui promet à ses jeunes lecteurs une vie bien plus amusante que celle qu'incarne le gouverneur de Las Bananas. Bête, rigide, autocentré, autoritaire, il représente à lui seul tout ce qu'enfants comme adultes peuvent détester chez les détenteurs du pouvoir.Pépito se situe dans la grande tradition de la bande dessinée américaine libertaire dont il était un grand admirateur (on pense notamment à Krazy Kat de Herriman).
En 1917, Mac Orlan imagine qu'un sous-marin, le U-713, chef d'oeuvre de technologie militaire allemande, devient fou et échappe au contrôle de son commandant, le Capitaine Karl. Lointain ancêtre de l'ordinateur de 2001 L'Odyssée de l'espace, cet « hyper-poisson créé par la science allemande et dont l'existence sera niée par les générations futures, les extraordinaires et merveilleuses générations futures », tue son équipage et disparaît dans les profondeurs du golfe du Mexique pour s'y reproduire. La guerre est devenue un affrontement d'usines et n'admet, selon Mac Orlan, que trois types de combattants : ceux qui fabriquent les obus, ceux qui les envoient et ceux qui les reçoivent. Le progrès, tant vanté au début du siècle, aboutit à ce désastre que l'humanité crée les machines qui la détruise. Ramenés au rang de simple matière première, comme l'acier ou le charbon, les hommes alimentent l'absurde machine guerrière avec leur sang. La science se révèle homicide. Roman fantastique, ironique et inquiétant, U-713, ou les gentilshommes d'infortune affirme la mort de l'Aventure. Le dessin de Bofa n'a plus l'insouciance de l'avant-guerre. Il se fait plus mélancolique et plus complexe. U-713 marque le glissement de l'imaginaire de l'artiste vers le fantastique et l'inquiétude. Quand il ne dessine pas des corps difformes ou mutilés, Bofa montre des équipages de squelettes ou des noyés tenant commerce au fond de l'océan.
1969, année érotique...Aux etats-unis, robert crumb poursuit sa croisade contre le bon goût et la décence en couvrant les pages de snatch comics de lolitas grassouillettes et de fermiers zoophiles. la petite revue underground se réclame des célèbres tijuana bibles . surgies en pleine dépression, fabriquées et vendues clandestine ment, ces bédés pornos où le panthéon de la culture populaire, de popeye à garbo, fornique joyeusement tout ce qui bouge, sont les premiers vrais comic books pour adultes et annoncent aussi bien mad que zap.La pornographie est un art difficile, qui demande tout à la fois honnêteté, brutalité et rire. les vigoureux dessins de crumb insultent donc tous les tabous, de l'inceste à la pédophilie, et bafouent allègrement la dignité humaine (et même animale), sans distinction de sexe, d'âge ou de couleur. les pudibonds et les hypocrites y trouveront aujourd'hui comme hier, de quoi alimenter leur indignation, ô combien vertueuse.Les autres se réjouiront de voir crumb ramener la bande dessinée sur le trottoir où elle est née, et retrouver la qualité brute et anarchique des dessinateurs anonymes des tijuana bibles .
Absorbé par l'image déformée que lui renvoie le grille pain en face de lui, Brian Milner s'aperçoit qu'il est en train de dessiner un auto-portait. Dans la pièce derrière lui, à des années lumières de sa propre pensée, ses amis font la fête. L'esprit de Brian a déjà traversé l'espace pour se perdre dans un autre monde où tout est plus vivant, plusétincelant, lorsqu'une ombre se glisse derrière lui. Cette première rencontre avec Laurie marque le début d'une nouvelle histoire dont elle jouera le rôle principal.Enchevêtrant subtilement le cinéma et la vraie vie, Dédales est le premier tome d'une série qui construit sa narration autour du rapport entre l'inconscient et sa représentation. Ce thème, qui puise ses sources dans les fondements de la psychanalyse, est ici décliné par Charles Burns à travers d'incroyables séquences où le rêve devient source d'inspiration de la fiction. Pour l'auteur, comme pour Brian, le personnage central de la série, la caméra et le crayon deviennent alors des outils introspectifs qui créent un pont entre l'imagination et la réalité. Burns s'amuse ainsi à nous semer dans différents niveaux de lecture pour mieux renforcer le sentiment d'étrangeté qui se dégage de ses illustrations. Il livre au passage un brillant hommage au cinéma fantastique et à sa capacité d'agir comme un miroir déformant de l'existence. Le premier tome de cette nouvelle série, publié en exclusivité mondiale, prouve une nouvelle fois le génie de Charles Burns à travers son aptitude à s'emparer de sujets toujours plus complexes tout en créant des liens délicats entre les disciplines artistiques, le tout, servi par un dessin époustouflant.
Les collages et photomontages de J. Lecointre, réalisés à partir de journaux et de revues, représentent des créatures oniriques et satiriques. Assemblages de plumes, de métal et de corps humains, ses femmes-oiseaux explorent un fantasme masculin tout en revisitant la mythologie grecque, l'imaginaire des contes japonais, l'art africain ou encore l'univers des surréalistes.
Le futur. A Roseville, qui vit en totale autarcie, dirigée par le dictateur Rosemou, les habitants se nourrissent exclusivement de pâte à mâcher rose. Roger, un collégien appliqué, met tout son talent au service de Rosemou, jusqu'au jour où il découvre les dessous du pouvoir... Une plongée dans un univers incroyable où la nature n'existe pas et où la mastication est un acte libérateur.
Les nouvelles réunies dans ce volume ont toutes été publiées dans la légendaire revue Garo.Cette publication d'avant-garde, sur les traces du gek'iga, le mouvement fondé en 1957 par Voshihiro Tatsumi pour rompre avec la tradition enfantine du manga, ouvrait le genre à l'âge adulte. Fondée en 1964, elle accompagna tout au long des années 60 et 70 la jeunesse protestataire qui voyait en elle une forme de contestation de l'establishment. Kusunofei avait une vingtaine d'années quand il publia ces histoires, dans un lapon qui se remettait à peine de sa défaite et des conséquences de la seconde guerre mondiale.Ses nouvelles parviennent à créer un lien entre le lapon traditionnel et la société d'après-guerre marquée par la censure, le culte du travail, l'érosion des traditions et un anti-américanisme virulent. Comme Susumu Katsumata (Neige Rouge, Cornélius), il s'attache à décrire la vie quotidienne du peuple, tout en y insufflant une dimension plus épique. A travers des genres aussi variés que le conte japonais traditionnel, la chronique urbaine ou le récit de samouraï il décortique l'ambiguïté des rapports humains.Mettant à nu les sentiments qui unissent les êtres, les raisons pour lesquelles ils s'attirent et les malentendus qui les séparent, Kusunoki parvient, à travers un style limpide, à exprimer ce qui ne l'est pas... Un auteur immense qu'il est urgent de redécouvrir et de célébrer.
Tout homme normalement constitué a rêvé un jour d'entrer dans la police ou dans le contre-espionnage, d'avoir un pistolet et de donner des ordres à un berger allemand... Et puis quand on voit James Bonk se ridiculiser au service de la patrie, on se dit qu'on a finalement eu raison de s'abstenir. Nouvelle édition considérablement augmentée.
Mr. Natural est une des créations les plus connues de Robert Crumb, peut-être la plus sympathique. Il appartient à cette faune d'escrocs, évangélistes, faux prophètes et charlatans de tout poil, qui hante les États-Unis et que décrivent Herman Melville, Sinclair Lewis ou Harry Crews.Né on ne sait où, on ne sait quand, Fred Natural mène une existence picaresque, tour-à-tour guérisseur, magicien, chef d'orchestre, taulard, trimardeur et chauffeur de taxi en Afghanistan, avant de réapparaître en 1967, dans les pages de Yarrowstalk, bien décidé à guider l'Amérique vers son salut. Entre Charles Manson et Aimee Semple McPherson, ce maître zen cynique et roublard arpente les rues de Chicago et de San Francisco, prêchant le renoncement aux biens matériels tout en cherchant un débouché commercial pour ses aphorismes. Traqué par des disciples crétins, qui exigent qu'il leur révèle le sens de l'univers, Mr. Natural les maltraite avec un sadisme bon enfant et, après un « Va te faire foutre ! » définitif, les fuit dans le désert, comme il sied à un véritable prophète.Nous retrouvons donc Mr Natural, et son premier disciple Flakey Foont, pour ce deuxième et dernier opus consacré aux histoires des années 1980 et 1990. Des histoires reprenant les thèmes chers à l'auteur, encore plus déjantées, mêlant diablerie, sexe et. spiritualité ?
Les puissances du mensonge ont tout tenté pour empêcher la parution de cet ultime volume ! Mais auteur et éditeur ont déjoué les pièges qui leur étaient tendus, et après une retraite préventive du côté de Prapoutel, sont revenus à la charge avec ce brûlot qui met le nez dans le caca à tous ceux qui le méritent ! Pierre La Police a depuis rejoint la clandestinité, où il prépare en secret un autre obus pas piqué des vers.
Parfois, le monde qui nous entoure semble insensé, déraisonnable voir irrationnel. Ce sentiment apparaît comme le symptôme chronique d'une société désabu- sée, cherchant à combler par tous les moyens l'absence de but dans son existence.En partant de ce constat terrible, qui ronge autant le cerveau des philosophes que celui des témoins de Jého- vas, Olivier Texier s'est attelé à la lourde tache de nous offrir une solution : puisque que l'évidence n'existe pas, le non-sens serait-il la réponse ultime ?De ce postulat simple mais formidablement efficace, Texier construit un monde où règne en couple souve- rain l'absurde et la contradiction. Un royaume improbable où les banques se cambriolent à coups de bisous et les sirènes se perdent dans les toilettes. Il arrive également que tout le monde s'appelle Jean-Luc mais ça, on ne peut vraiment rien y faire...Pourtant, au milieu de cet océan saugrenu, certains sujets tels que la solitude, la détresse sociale ou le déni refont surface et nous amènent à penser que ce royaume n'est peut être pas si étranger au notre. De ces courtes tranches d'humour noir efficaces surgit le rire, comme un dernier rempart avant le désespoir.Magnifiant le vide existentiel grâce à son trait fougueux et ses idées fertiles, Olivier Texier nous offre avec Le Royaume du vide un petit bijoux de sarcasme qui ne s'es- souffle jamais. Après tout, si le monde est déraisonnable pourquoi ne pas s'en moquer ?
Qu'il soit perdu dans le Middle West américain, au beau milieu de la Baltique ou enAfrique équatoriale, l'oeil de Willem reste à hauteur d'homme. Se défiant des postures et du lyrisme, c'est toujours par les détails du quotidien qu'il rend compte du spectacle et des drames humains qui se jouent devant lui. Bloc-notes, carnet de route, recueil de pensées, d'histoires et de dessins, Ailleurs est tout cela, multiple et passionnant, nous invitant au plus libre des voyages.
Brooklyn Quesadillas Antony Huchette Note moyenne : | 0 note Cornelius EditionsBrochéParu le : 23/05/2013.Dans cette véritable odyssée moderne qu'est Brooklyn Quesadillas, Antony Huchette évoque avec poésie la crise existentielle provoquée par la paternité. C'est d'abord une plongée dans le quotidien de Joseph, récemment débarqué à Brooklyn et réalisateur d'un talk-show animalier. Rythmée par son émission, sa vie se dévoile par petites touches, à travers ses déambulations dans la ville, ses journées de travail au café Madeline, et les moments de bonheur avec son fils.Puis, peu à peu, surgissent les angoisses qui le traversent et qu'il ne sait comment surmonter. Les difficultés financières liées à sa vie d'artiste, la peur de vivre une vie déjà toute tracée. C'est alors que tout bascule. Joseph se retrouve entraîné dans un univers hors du temps, où tout devient possible. Les sirènes de Governors Island, actrices des années 1980-90 tombées dans l'oubli, lui font miroiter l'opportunité de vivre éternellement une jeunesse sans responsabilités.Ce n'est qu'au terme de ce voyage initiatique, parsemé de rencontres toutes plus surréalistes les unes que les autres, qu'il pourra définitive-ment accepter la stabilité du monde adulte, dans un dernier adieu à l'adolescent qu'il a été et qu'il ne pourra plus être. Nourri de références cinématographiques et graphiques, comme autant de clins d'oeil à la nostalgie d'un passé révolu, Brooklyn Quesadillas aborde avec légèreté cette angoisse universelle qui nous saisit face au temps qui passe.
Mr. Natural est une des créations les plus connues de Robert Crumb, peut-être la plus sympathique. Il appartient à cette faune d'escrocs, évangélistes, faux prophètes et charlatans de tout poil, qui hante les Etats-Unis et que décrivent Herman Melville, Sinclair Lewis ou Harry Crews.Né on ne sait où, on ne sait quand, Fred Natural mène une existence picaresque, tour-à-tour guérisseur, magicien, chef d'orchestre, taulard, trimardeur et chauffeur de taxi en Afghanistan, avant réapparaître en 1967, dans les pages de Yarrowstalk, bien décidé à guider l'Amérique vers son salut.Entre Charles Manson et Aimee Semple McPherson, ce maître zen cynique et roublard arpente les rues de Chicago et de San Francisco, prêchant le renoncement aux biens matériels tout en cherchant un débouché commercial pour ses aphorismes.Traqué par des disciples crétins, qui exigent qu'il leur révèle le sens de l'univers, Mr.Natural les maltraite avec un sadisme bon enfant et, après un « Va te faire foutre ! » définitif, les fuit dans le désert, comme il sied à un véritable prophète.Qu'il botte le cul des féministes, se lance dans une diatribe antisémite ou vante les bienfaits du sperme dans l'alimentation des bébés, l'indestructible Mr. Natural offense les bonnes moeurs, outrage les consciences pures et parvient même à se faire expulser du Paradis. Il représente une Amérique plus forte, plus libre, plus anarchique, qui exploite la naïveté égocentrique des baby-boomers, mais en est aussi parfois la victime.
À l'été 1982, se mettant lui-même au défi de produire plus de pages, Chester Brown improvise des histoires. Sa compagne l'encourage à publier ces planches sous forme de fanzine. le premier numéro de Yummy Fur paraît en juillet 1983. C'est dans ces pages que naît Ed, personnage lunaire et naïf, entre Harry langdon et Little Orphan Annie.Ce clown malchanceux subit les pires indignités. Il est enfoui sous une montagne de merde, voit son gland remplacé par la tête d'un Ronald Reagan improbable .. .Ses aventures mêlent macabre et scatologie, horreur et science-fiction, sexe et religion, fiction et autobiographie. Brown fait feu de tout bois, adopte l'imagerie catholique, tout en ridiculisant l'homophobie et mettant en scène vampires et savants fous. Sans surprise, son refus de l'autocensure lui vaut d'être accusé de perpétuer des stéréotypes racistes ou sexistes. Le livre est en réalité un véritable OVNI, burlesque, jouissif et profondément dérangeant.En 1989, Chester retravaille ce seriai déjanté pour le transformer en «roman graphique ». Puis il le modifie à nouveau en 2005 et en 2012 pour aboutir à cette version définitive qui, grâce à ses notes inédites donne un extraordinaire aperçu du processus créatif de l'auteur.Ed the happy clown ne sera pas le Tintin de Chester Brown, qui l'abandonne à son sort et met en avant Josie et Chet, les amants tragiques, dont la fin révèle soudain un univers plus proche des Louvin Brothers que de Charles Schulz.
En compilant en un volume l'ensemble de ses meilleures histoires courtes, toutes inédites en album, Mish Mash retrace le parcours de l'un des auteurs les plus prodigieux de la décennie. Ce panorama permettra de constater l'importance de ce dessinateur qui est déjà l'influence revendiquée d'une génération d'auteurs. L'incroyable cohérence de l'ensemble ainsi que la maîtrise d'un style que la variété des techniques et des références n'aura jamais brouillé, font de ce recueil un premier bilan d'exception. Certains parleront de Don, d'autres d'injustice ; mais c'est ce qui s'appelle la Grâce, tout simplement.
Ce nouveau recueil de l'anthologie que les Éditions Cornélius consacrent à Robert Crumb met en avant la veine pamphlétaire de ce dernier. Le constat lucide et acerbe qu'il dresse de son pays vaut pour tout l'Occident, tant nos modes de vie semblent s'être calqués sur le rêve américain. La soif de destruction, la folie consumériste, la volonté de puissance, les réflexes racistes et communautaristes, tous les instincts primaires qui animent l'homme moderne sont ici taillés en pièces. Un livre noir, à la rage salvatrice, qui redonne un peu de colère à l'heure où semble s'installer la résignation.
Ce volume de l'anthologie Robert Crumb s'attache à répertorier les sentimentsdépressifs engendrés par la société contemporaine. Beaucoup nous ferontamicalement remarquer qu'on trouve sur le marché quantité de thèmes plus porteurs. Ce qui, tout en étant exact, ne tient pas compte de ce que les livres forts sont parfois comme certains dimanches après-midi d'automne, douloureux maisnécessaires. En une vingtaine d'histoires couvrant trente années de création, Crumb décline sa vision d'un monde absurde et prédateur. Dépit,frustrations, aliénation sociale, un cocktail intensément cocasse.
Francis Blaireau Farceur est lassé des obstacles que le long chemin de la vie lui donne à surmonter. Alors il annonce la couleur : faire tout rater, dans les grandes largeurs. Voilà, c'est dit, plus besoin de faire semblant ou d'essayer de rattraper le coup. Qui l'aime le suive. Caricature de la nature humaine, Francis est d'un cynisme hilarant ! Avec ce recueil tant attendu des nouvelles aventures du blaireau préféré des petits et des grands, vaccinez-vous tant qu'il en est encore temps contre l'épidémie de politiquement correct ambiant.
Au début des années 80, faisant écho à l'énergie du punk qui secouait l'époque, la bande dessinée connaissait sa petite révolution. Rochette et Veyron, teigneux comme le sont les inconscients, ne furent pas les derniers à rafraîchir le paysage à grandes giclées de cynisme salvateur. Avec les aventures d'Edmond le cochon, ce verrat prêt à tout pour éviter la lame du boucher, ils réussirent à allier la tradition française du dessin animalier à la fureur de l'underground américain pour inventer ce petit joyau intemporel, dont Cornélius est fier d'offrir cette luxueuse édition, restaurée et retramée à partir des originaux...
Ce n'est pas parce qu'il a le projet de la croquer depuis la nuit des temps que le loup est condamné à être l'ennemi du petit chaperon rouge.Pas plus qu'ils ne sont destinés à rejouer ad vitam aeternam la même sempiternelle conclusion, quand tant d'autres options plus attrayantes s'offrent à eux... amateurs de bibelots exigeants, esthètes pantouflards, ce livre est fait pour vous ! car il se propose de rajeunir vos collections de porcelaines, tout en vous déchargeant de la corvée de poussière et de l'angoisse des maladroits qui rôdent ! mixant deux techniques et deux versants de son inspiration, nadja donne avec ce chaperon rouge (collection privée) une synthèse totalement inattendue de son style, sculpté dans le meilleur humour et décoré des atmosphères les plus fines.
Tous deux à nouveau sur la même planète, Kaos et son ancien ami, devenu son pire ennemi, Jo Daigo, ne peuvent que s'affronter. Alors que Kaos semble à deux doigt de sauver la princesse et par la même, de délivrer la planète de son ami le général-clochard de la perdition, son destin est à nouveau contrarié par la réussite de Daigo. Celui-ci s'empare de l'arme ultime et l'envoie avec son compère sur une étoile pour les y faire exécuter. Heureusement, ils sont sauvés par l'intervention des hommes du général Zidal qui les ramènent sains et saufs sur la planète natale de ce dernier. Là-bas, ils découvrent avec stupeur que la Reine a repris le contrôle et qu'une étrange maladie transforme les humanoïdes en chevaux. De son côté, Jo Daigo a doublé ses alliés en gardant l'arme de destruction pour lui. Tout cela ne présage rien de bon...
Le tout dernier opus des aventures extraordinaires de la charmante doctoresse Frieda Boher et de sa créature hyper-membrée ! Dans ce volume encore jamais traduit en français, Frieda et Nécron font leur grand retour à la civilisation. Lassés de leurs mésaventures dans la jungle du continent noir, ils posent pied en Amérique !Dans la jungle urbaine de New-York, nos deux acolytes se retrouvent en prise avec la mafia chinoise. Et ce n'est pas trahir le suspens du récit que d'indiquer des lors que les Chinois auront du fil à retordre..Véritable feu d'artifice, Magnus met fin à son chef d'oeuvre dans les règles de l'art ! Pour fêter la retraite de la scientifique lubrique et de son monstre phallique, Cornélius aura la joie d'offrir à ses fidèles lecteurs un cahier supplémentaire ! Composé des couvertures de l'édition italienne originale et d'esquisses inédites, 24 pages de plaisir en plus et en couleur !
Tous les ours ne s'appellent pas Martin. Paul, Fafa, Bart, Mona et les autres ont quitté les forêts pour des appartements entre Bastille et Marais, appris à monter les escaliers et à se brosser les crocs. Encore un peu lourds, les aimables plantigrades ne semblent pas tout à fait revenus de marcher sur deux pattes. Ces ours bohèmes et bien léchés se rencontrent à l'heure où vont boire les fauves qu'ils ne sont plus. Tapas ou italien ? Vin blanc ou vin rouge ? On parle de ciné et d'expos, de Cézanne et de Simenon, des goûts et des couleurs, des hommes et des femmes. Et s'il y avait là le sujet d'une histoire ? Après la manière de faire des livres pour les enfants, Nadja se penche, avec autant de poésie et d'humour, sur la mécanique de la création. Si l'art naît de la vie, c'est lui qui la féconde. Livres, films, tableaux n'existent que pour provoquer le dialogue, alimenter la conversation et déclencher quelque chose qui deviendra peut-être un film, un livre, un tableau. La boucle est bouclée...
Cinq ans durant, l'ami des bêtes et mampion de karting Pierre La Police a donné des dessins d'humour au magazine 50 Foot. Se basant sur les travaux de généticiens, paleonutritionnistes, géologues racistes et mimistes mexicains, ils offrent du football une image bien balancée : il y a des avantages et des inconvénients.A l'occasion de l'Euro 2012, les éditions Cornélius en publient opportunément une compilation qui ravira aussi bien le néophyte, pour qui la formule « dribble bordel» est aussi obscure qu'un almanam des marées en araméen, ou l'aficionado qui démiffre couramment le Ribéry.Ils y trouveront tout ce qu'ils doivent savoir sur la cuisse de Ronaldhino, la casquette de Pirès, ou, Dieu leur pardonne, le sperme de Cantona. Pierre La Police n'évite pas les questions qui fôment, violence, dopage, racisme ou cruauté envers les canaris, et leur apporte une réponse définitive: c'est malheureux mais c'est comme ça.Encore une fois Cornélius met au fond du filet ! Goal ! Goal !
M. Barthélemy se meurt. M. Barthélemy est mort. Mais non. Encore raté. M. Barthélemy ne meurt jamais. À chaque fois, il revient à la vie sous la forme d'un petit garçon. Et tout recommence.L'enfant a vu construire les pyramides, combattu avec le Roi Arthur et voyagé avec Hemingway. Le souvenir de ses vies multiples lui pèse. Et puis, combien de bougies mettre sur son gâteau d'anniversaire ?Avec le fidèle Baptiste, un domestique qu'il aime comme un fils et qui le traite comme un père, et le mystérieux Auguste Salomon, un aventurier légendaire qui erre à travers les siècles, l'enfant sans âge se lance dans une quête ultime : comment mourir pour de vrai ?Entre feuilleton d'aventure et conte fantastique, ce récit à la simplicité trompeuse joue avec les ellipses, les ruptures de ton et applique les codes de la bande dessinée classique à une méditation mélancolique sur la destinée humaine. « La désespérance », écrit Kierkegaard, « c'est le manque du dernier espoir, le manque de la mort. »
Il ne faut pas plus de 50 dessins au talent et à l'imagination de Singeon pour faire le tour de nos passions, de nos peurs et de nos idéaux les plus ancestraux. Un petit singe albinos qui s'était perdu dans un port militaire entouré de bateaux à la taille aléatoire parfois très grands, parfois en modèle réduit - lui donnant alors des allures King Kong - a retrouvé son chemin dans les méandres de l'inconscient de Singeon. À travers 50 sauvetages, l'auteur met en scène une série de variations, de constructions autour d'un petit singe(on) malicieux délivrant une princesse de son donjon ou plutôt de sa cale ou de sa cabine.Les mauvaises routes, chagrins et râteaux ne sont pas épargnés, pas plus que cette vilaine ignorance qui est le pire des maux. Mais la victoire totale, l'ennemi vaincu et la fin sur fond de soleil couchant s'y trouvent aussi, y'en a pour tout le monde.Le dessin à l'encre de chine, initialement composé sur de grands calques souligne élégamment l'atmosphère aquatique du livre.
Al'Institut de Recherches Histologiques, où l'on poursuit des études pour tenter de conserver les tissus humains après la mort, des cadavres disparaissent... La distante et très désirée Doctoresse Frieda Boher n'attire pas les soupçons. Pourtant chez elle, dans le plus grand secret, vêtue d'une combinaison outrageusement sexy, elle s'affaire à créer Necron, à l'aide des organes dérobés. Elle donne vie à cet esclave sexuel (et ménager) à l'appareil génital hypertrophié pour assouvir ses perversions macabres. Mais la créature s'avère moins contrôlable que prévu. Son penchant pour le cannibalisme, sa jalousie et sa petite cervelle provoque des dérapages qui obligent le duo à fuir... Sans passer par quatre chemins, Necron chatouille nos péchés mignons : violence et lubricité. C'est d'autant plus ironique que tout est gratuit.Repères : Ce premier tome, sur une série de 7, réunit, dans leur format original, les deux volets : La faiseuse de monstres et La nef des lépreux.
Comment devient-on écrivain ? Le croirez-vous mais tout est là, à portée de main, devant vous, exposé dans les pages de ce livre à votre attention.Plongez dans le quotidien d'un créateur, véritable pétrisseur de matière littéraire, capable de donner vie à une oeuvre à la fois singulière et universelle. Dans un portrait sans fard ni concession, s'approchant au plus près des préoccupations du métier, Kierzkowski et Ephrem dévoilent ici pour la première fois dans toute sa complexité la réalité du travail d'auteur. Déjà unanimement considéré par la critique parisienne comme un ouvrage de référence, En route pour le Goncourt est au futur écrivain ce que fut autrefois le J'attends un enfant de Laurence Pernoud aux futurs parents ; le Guide du Routard de l'Ardèche aux vacanciers ayant réservé au camping de Vals-les-Bains la première quinzaine d'août ; ou encore Maman, j'arrive à dessiner avec les pieds et la bouche aux jeunes accidentés de la route.
Il fallait tout le talent et toute l'obstination de Pierre La Police pour parvenir à lever le voile sur le monde fascinant qui se cache derrière le petit écran, et c'est d'une main gantée de fer que notre observateur de choc a mené cette opération salutaire. Ne reculant devant aucune méthode pour mieux informer ses lecteurs sur les méandres occultes du 8e Art, Pierre La Police a mis à contribution son carnet d'adresses et ses archives personnelles pour dénicher les gros dossiers qui ont échappé aux autres. Les révélations pleuvent comme les beignes dans une manifestation d'agriculteurs, et aucune icône ni aucune vedette n'est épargnée par cette déferlante de vérités absolument ahurissantes, que le lecteur aura le plaisir de déguster dans une nouvelle édition augmentée et considérablement remaniée. Édition revue et considérablement augmentée de ces chroniques acidulées, qui sont devenues avec le temps le manuel de référence de tous les aspirants vedettes de la nuit parisienne.
Moolinex est né en 1966 à Nogent-Sur-Marne. Profondément marqué par le caractère dérisoire de la culture populaire et la médiocrité des paysages urbains modernes, Moolinex a construit son travail sur le rapport de rejet et d'appartenance qu'il entretient avec ces deux matrices.Sans cesse en mouvement, il s'approprie tous les supports possibles pour expérimenter et redéfinir son univers. Bande dessinée, peinture, collages, canevas, broderie, chaque nouvelle technique le voit se réinventer. Véritable « dégueuleur » d'images, il détourne et pulvérise tout ce qui contamine notre vie quotidienne.Publicités, modes, gimmicks, les goûts et la vulgarité de l'époque sont les sparring partners qui lui permettent de construire une oeuvre grinçante et sarcastique, qu'il qualifie lui-même d'Art Pute.Sa pratique du détournement le rattache aux situationnistes et aux acteurs les plus radicaux du mouvement Punk. Il est, de tous les auteurs actuels, celui qui s'embarrasse le moins de mots pour construire le discours le plus critique et le commentaire le plus comique de notre société à bout de souffle.
Nicole est de retour pour crâner sur les plages cet été ! Pas folle la Nicole, elle prévoit déjà ses vacances sous le signe de l'amour saisonnier... Pour nos lecteurs, l'affaire est toujours aussi juteuse, plus de 300 pages de lecture à moins de 15 euros ! Y a des jeunes, y a des vieux, y a de l'inédit à gogo, et y a des choses introuvables. Mais y a pas que de la bédé ! Y a aussi une trentaine de pages de textes poilants comme tout : un retour sur l'année bédé 2017, des chroniques, des articles et même une interview exclusive de Lionel Koechlin !Des heures de lecture en perspective...Au programme, nous aurons du Ludovic Debeurme, du Olivier Texier, du Wil- lem, du Shigeru Mizuki, du Jérôme Dubois, du Charles Berberian, du Blutch, du Jean-Louis Capron, du Charles Burns, du Hugues Micol, du Didier Martiny, du Delphine Panique, du François Ayroles, du Philippe Petit-Roulet, du Sébastien Lumineau, du Adrien Demont, du Giacomo Nanni, du Anouk Ricard, du Ales- sandro Tota, du Crumb & Kominski, du Sammy Harkham, et, et, n'en jetez plus ça va déborder !
Il faut moins de cent pages au talent et à l'intelligence de Winshluss pour décortiquer les théories darwiniennes et illustrer par l'exemple le passage du singe à l'homme moderne.Ballet animalier au dessin ébouriffant de grâce et d'énergie, décrit le combat ancestral des plus faibles pour survivre face à la force brute. Dans le cas présent, il s'agit d'un petit singe aux manières espiègles, quotidienne- ment confronté aux pièges de la jungle et à ses nombreux prédateurs.Bien sûr, il est le plus astucieux d'entre tous et il n'y a pas un mauvais pas dont il ne sache se tirer avec panache. Il incarne la supériorité du cer- veau sur le muscle, du raffinement sur la brutalité, de la culture sur l'instinct...Jusqu'à ce qu'un épilogue se déroulant 2 000 ans plus tard vienne nous rap- peler que la civilisation ne s'est pas construite sur les bons sentiments et que les plus faibles finissent toujours par crever un jour ou l'autre...Réédité dans un tout nouvel écrin, Smart monkey est pour le première fois présenté en grand format avec une couverture cartonnée. Une bonne façon de découvrir ou redécouvrir ce chef-d'oeuvre luxuriant de Winshluss !
Guimauves est une friandise sordide qui se déguste sans faim. Sa recette ?Un bonne dose de cruauté gélatineuse confite à l'angoisse. Tortionnaire de gamins, tueur de petits chiens ou cannibale affamé, les héros de ces courtes histoires cauchemardesques feraient pâlir le plus zélé des dictateurs. Mais rassurez-vous, en cas de malaise, vous pouvez toujours faire appelle à Mario, la mauvaise conscience visqueuse qui vit dans votre sperme ou tout simplement vous remettre moralement avec un bon sandwich.Réédité dix-neuf ans après sa première version (aujourd'hui complètement introuvable), Guimauves change de peau, enfle considérablement mais ne se périme pas. Plus d'une soixantaine de pages sont ajoutées à l'édition d'origine, de quoi régaler les lecteurs gourmands et avides de sucreries sanglantes.Le style de Blanquet, intense et indémodable, grouille de détails fétides et transpire le second degré. Horreur et humour, voici la recette de cet ouvrage. Chaque page est un régal qui vient nous hanter, un songe graphique virant rapidement à l'obsession. Ouvrez Guimauves et vous connaîtrez enfin le plaisir de la caresse d'un moignon...
« Un père avait deux fils. Le premier était réfléchi et intelligent. Le cadet en revanche était soi, incapable de comprendre et d’apprendre ». Ainsi début histoire de celui qui s’en alla chercher la peur ; conte des frères Grimm magistralement réinterprété ici par Giacomo Nanni. C’est en s’engageant sur les chemins de la falaise à la recherche de la peur que l’idiot a rencontré l’amour. Maos en bousculant les conventions, il se heurte aux préjugés des puritains et déclenche la haine d’une communauté prompte à passer de l’enseignement des Évangiles au plaisir du lynchage collectif. Malheur à celui par qui le scandale arrive….Revisitant la grande tradition du mélodrame et des amours impossibles, Giacomo Nanni décortique ce drame familial pour en exposer l’implacable mécanique sociale ; il en tire un manifeste esthétique ébouriffant. Ses constructions géométriques, son utilisation de la répétition et le rythme circulaire qu’il donne à l’histoire transforme ses planches en un théâtre où se révèle tout son art de la mise en scène. Ses personnages rejouent pour nous l’éternelle défaite du fou, le sacrifice des amoureux et la corruption des autorités morales avec un brio qui rend la conclusion plus déchirant que jamais.
Comment ça 304 pages pour 14,50 euros ? Sans rire, c'est 304 pages pour 14,50 euros ? Parce que si c'est 304 pages pour 14,50 euros, c'est gros de chez gros !Y a des jeunes, y a des vieux, y a de l'inédit à gogo, y a des choses introuvables, et puis aussi des textes théoriques poilants comme tout, et des interviews et même des chroniques d'albums qui n'existent pas ! C'est NICOLE 2, la suite et le complément de l'indispensable FRANKY 1, paru chez Les Requins Marteaux à l'été 2014 !Au programme, nous aurons du Crumb & Kominsky inédit, du Petit-Roulet, du Chris Ware, du Daniel Clowes, du Hugues Micol, du Delphine Panique, du Benoît Preteseille, du Charles Burns, du Giacomo Nanni, du Blexbolex, du Sammy Harkham, du Jérôme Dubois, du Simon Roussin, du Olivier Texier, du Jean-Louis Capron, du Willem, du Jake Raynal, du Blanquet, du Gus Bofa, du Bottaro, du Winshluss, du Blutch, du Berberian, du Chester Brown, du Killoffer, du Moolinex, etc, etc, etc, n'en jetez plus ça va déborder !Bref, ce qui était la bonne affaire pour aller à la plage promet d'être la bonne affaire pour rester coincé sous la couverture.
des neiges éternelles du nouveau mexique aux plages paradisiaques du nevada, pierre la police et jean le cointre font de l'ouest américain le décor d'un bouleversant western pharmaceutique.alors qu'entre southfork et durango les vaches se suicident, une souche de fécule infectieuse, venue de la lune, entreprend de coloniser la terre. le chef du monde en appelle à l'equipe sonique de la paz et ses mutants moches, au qi d'huîtres. sans surprise, la taupe de houston, le tarzan de la perception et le monstre mexicain foirent la mission et c'en est fini pour toujours, car tout le monde est tué et le vêtement est déchiré.cette plongée dans l'inconscient collectif du cinéma de série z ramène à la surface de créatures irresponsables, savants fous, algues cannibales ou laborantines à lunettes, qui, avant de monter dans leur chambre regarder la télévision, s'obstinent à traiter avec naturel et sérieux un monde définitivement dérangé. entre roman-photo et serial d'aventure, la balançoire de plasma joue des codes et des conventions du film de monstres jusqu'à ce que mort s'en suive.un livre beau comme la rencontre fortuite d'ed wood et des fantastic four sur la table de dissection du docteur frankenstein.
Jack et Patience filent le parfait amour, malgré quelques problèmes d'argent ils forment un couple harmonieux et comblé par l'arrivée futur de leur premier enfant. Un jour, ce bonheur vole en éclats. Jack rentre du travail et découvre qu'un étranger lui a arraché son fragile équilibre familial. Pour empêcher l'irréparable, Jack fera tout ce qui est en son pouvoir même si pour cela il doit courber l'espace et le temps.Daniel Clowes signe ici l'une des oeuvres les plus abouties et des plus accessibles de sa carrière. Avec subtilité, il joue avec les codes de la science-fiction pour mieux exprimer les sentiments complexes de ces protagonistes. Fluide et addictive, la lecture de Patience transporte le lecteur dans un tourbillon d'émotions jusqu'au dénouement final, proche du «happy end». Avec une virtuosité incomparable, l'auteur utilise la fiction et les voyages temporels pour mieux aborder des problématiques multiples, la construction de l'identité, la part du secret dans le couple, le deuil, la vengeance et bien sûr, l'amour. Sorte de Retour vers le futur pour adulte, Patience mélange rêves d'enfance et questionnement matures dans un enchevêtrement de rebondissements et une intrigue à couper le souffle.
Le lait noir explore la trajectoire de Peter, un jeune homme jeté sur la route de l'exode, contraint à la fuite en temps de guerre. Inspiré par l'histoire de son grand-père - né au milieu des années 20 dans une famille juive de Berlin - Fanny Michaëlis trouve dans la bande dessinée un médium pour sonder la construction de son identité. Fortement marquée par les bribes de souvenirs que lui racontent ses proches, l'auteure découvre à travers les anecdotes sur son aïeul, le passé d'un jeune homme de 17 ans contraint à quitter son foyer et son pays, pour échapper au nazisme.Pour autant, Le Lait noir ne se contente pas de nous conter un récit familial, Fanny Michaëlis trouve dans la fiction une libération esthétique qui laisse s'exprimer la tension entre cette douceur apparente du dessin au crayon et la représentation continue et exacerbée de la violence.Avec subtilité, elle questionne ainsi des problématiques d'actualité tels que la question de la persécution ou de la terreur au pouvoir. Cette interprétation des faits lui permets de renouer avec sa propre histoire tout en livrant une oeuvre puissante, dans un style délicat et implacable dont elle seule a le secret.
Pendant les six années nécessaires à la composition de la trilogie Toxic, Charles Burns développe un incroyable univers de ses trois ouvrages.Planches inédites, couvertures fictives de comics, photographies, pages de mangas imaginaires, ou encore l'invention d'un alphabet insolite viennent accentuer les reliefs de cette histoire sans précédent.Rassemblés en une édition, ces travaux sont autant de clins d'oeil et de références croisées tout au long du parcours de Doug - personnage principal de la trilogie - et qui sont ici donnés à voir dans leur globalité. Last look multiplie ainsi les allers-retours avec Toxic, La Ruche et Calavera, entrelaçant les fines frontières entre l'oeuvre finale et son élaboration. Bien plus qu'un simple renvoi à la genèse d'une histoire, Last look s'envisage comme un prolongement fantasmagorique qui étend la cartographie du monde irréel dans lequel évolue les personnages de la trilogie. Véritable exploration graphique, les illustrations présentées mélangent anglais et langue inventée, renforçant le sentiment d'une excursion dans un pays inconnu.Avec habilité et finesse, Charles Burns nous transporte dans son univers et nous amène à rêver que l'histoire continue après avoir tourner la dernière page.
Jamais, depuis Quichotte et Panza, ou Laurel et Hardy, on ne vit un couple de héros aussi mal assorti. Fuzz est un nounours, battu et jeté à la poubelle par un sale gamin. Coq d'élevage, plumé et promis à l'abattage, Pluck est en cavale. L'un est aussi craintif et passif que l'autre est arrogant et agressif.Après avoir été vendus comme esclaves, après avoir subit la famine et frôlé la mort, après avoir combattu dans un arène d'animaux gladiateurs et fait sauter un pont, nos deux héros se retrouvent pour de nouvelles aventures toujours plus rocambolesques! Dans ce nouvel opus, Fuzz et Pluck découvre l'existence d'un arbre à pèze sur lequel pousse des billets de banque. Cette curieuse plante signifierait-elle la fin de la galère pour nos deux amis?L'ingéniosité stylistique dont fait preuve Ted Stearn, ne cesse de surprendre.Dans ce troisième tome, l'auteur multiplie les découpages audacieux, s'amuse avec le rythme de la narration et développe de nouveaux personnages complètement loufoques. L'ensemble est rehaussé par une qualité graphique indéniable et un humour à tout épreuve. La suite de Fuzz et Pluck promet de ravir ses nombreux fans et d'en conquérir de nouveaux.
En Bretagne, un homme marche sur la grève. Il semble une silhouette crayonnée par Chaval ou Bosc, l'ombre de lui-même. Hier encore, Serge était homme remarquable, un type formidable, le directeur de la filiale Asie- Pacifique de la SEMCO. Aujourd'hui, il ne sait plus faire marcher la machine à café et égare ses lunettes. Lui qui voulait changer le monde découvre que le monde change sans lui.Serge vieillit et n'aime pas ça. D'ailleurs, tout le prouve : c'était mieux avant.Le cimetière des éléphants s'annonce et le vieux mâle blanc freine des quatre pattes. Il échafaude des stratégies dérisoires pour fuir la réalité, prétendre que le temps n'a pas de prise sur lui.Plutôt que de racoler des amis sur Facebook, Serge tente d'oublier sa solitude dans les bras d'une femme. Mais l'élue veut changer sa routine. Et s'il recommençait la même erreur qu'autrefois, avec à l'horizon la même cascade d'emmerdements, une ex-femme autoritaire, un fils absent et une belle-mère flageolante ?Le style dépouillé à l'extrême de Petit-Roulet, à contrepied des modes, expose, avec la froideur du scalpel, les contradictions et les ridicules d'un brave homme qui tente, vaille que vaille, de conserver ses illusions sur les autres et, surtout, sur lui-même. On rit,mais pour ne pas pleurer.
Ce premier volume de l'anthologie que Cornélius va consacrer aux nouvelles de Yoshihiro Tatsumi présente vingt-trois histoires écrites et dessinées au cours des décennies 1960-1970.Fidèle à sa volonté de montrer la réalité du quotidien, si dure soit-elle, selon les principes du gekiga (dessins dramatiques) qu'il développe à la fin des années 1950, Tatsumi décrit dans ses histoires courtes toute une galerie de petites gens :Travailleurs en usine, éboueurs, prostituées, mendiants ou paumés en tout genre, dans un monde en crise encore marqué par les stigmates de la guerre et le fascisme.Fidèle à son maître Honoré de Balzac, Tatsumi décortique impitoyablement ses semblables, dépeignant les passions et les illusions qui font battre les coeurs humains. Ses personnages, auxquels il prête souvent ses propres traits, se heurtent aux murs de leur propre existence, attendant d'être broyé par une société qui a perdu toute forme de mansuétude et n'offre plus aucun salut.Les éditions Cornélius entreprennent avec ce volume de faire paraître la plus grande anthologie jamais réalisée de l'oeuvre de Yoshihiro Tatsumi pour permettre enfin que soit mieux connu le travail de ce géant du manga, trop tardivement honoré dans son pays.
Au terme de sa rupture avec Sook Yin Lee, Chester Brown décide qu'il ne veut plus de petite amie. Trois ans d'abstinence plus tard, il décide de sauter le pas et de fréquenter les prostituées. Cet album évoque chacune des vingt-trois filles avec lesquelles l'auteur a eu des relations sexuelles tarifées entre 1999 et 2010. Souvent drôle, toujours lucide, ce journal debord d'un micheton offre un tableau saisissant de la prostitution contemporaine, que le talent de son auteur exempte de tout voyeurisme ou sensationnalisme. S'il ne montre jamais le visage de ses partenaires, et préserve leur anonymat, Brown s'efforce de rendre aussi fidèlement que possible et leurs corps et leurs conversations. Il décrit le métier de la prostitution et les relations entre les filles et leur client avec une honnêteté et un recul dignes d'éloge. Dessinant crument mais sans misérabilisme les matelas à même le sol et les préservatifs, il alterne les scènes les plus prosaïques, qui posent la question du pourboire ou de la véracité des photos sur les sites d'escort-girls, avec des séquences où il confronte ses vues à celles de ses amis et confrères, Seth et Joe Matt. Le trait est à l'unisson du récit : sec, sobre et ironique. Son expérience et sa réflexion personnelles amènent Brown à conclure par un plaidoyer argumenté pour la disparition de la monogamie possessive et la libéralisation de la prostitution.
L'univers déprimant d'une banlieue ordinaire : des grilles, des barreaux, des dunes de ciment, un Bel Est qui n'est qu'une gare de RER, et pour tout géant, un centre commercial. C'est dans ce décor désolé que des adolescents maladroits, Véra, Agnès et Abel, jouent l'éternel drame du triangle amoureux. Véra voudrait ne plus être une victime. Elle aimerait se raser la tête, exhiber des cicatrices et puis que les gens aient peur d'elle.Mais dès qu'elle ouvre la bouche, elle rougit et son désir, refoulé, reste désespérément muet. Sur le chemin du lycée, elle croise un homme à capuche qui brandit un couteau et exhibe un long sexe blafard, des amazones inquiétantes qui dansent parmi les collines de béton... Ces personnages fantasmés la hantent et la tourmentent. La jeune fille avance à tâtons dans un monde où réalité et rêve se superposent et se confondent.Son imaginaire transforme le métro en un souterrain fantastique et peuple le paysage de vulves et de pénis. Prenant tour à tour des allures de conte pour enfants pas sages et de cauchemar freudien, le récit déploie des images cruelles et mystérieuses, qui évoquent l'esthétique des miniatures orientales ou l'ambiance hypnotique de La Nuit du chasseur. Poursuivant une oeuvre singulière et sensible, Fanny Michaélis signe avec Géante un nouveau conte fantastique inclassable et foisonnant.
Dieu vivant et icône underground au Japon, Toshio Seki est l'inventeur d'un style unique, dans un domaine qu'il a totalement transformé, l'ero-guro (littéralement : scènes érotico-grotesques). Ce genre remonte aux origines du dessin japonais classique et a donné de nombreuses estampes à travers les siècles. Mais Saeki, en déclinant les motifs traditionnels, les a mêlés des angoisses propres à sa génération, qui a connu les espoirs et les désillusions des années 1970.Le monde moderne, sa violence et ses tares s'immiscent dans des scènes intemporelles, produisant des monstres inédits et des fantasmes qu'on n'était parvenu à imaginer auparavant. Stimulé par la censure qui sévit au Japon - il est prohibé de montrer les sexes - Saeki fait de l'interdit une contrainte artistique et déporte vers l'absurde et l'onirisme le plus vieux sujet du monde.Son style unique, qui rappelle à beaucoup d'européen la fameuse « ligne claire » d'Hergé et Joost Swarte, est étrange tant pour le lecteur japonais que pour le lecteur occidental, chacun trouvant dans ce trait à la simplicité parfaite une forme d'exotisme inédit. Cette perception ne s'explique que par l'originalité absolue d'une oeuvre extravagante, sortie tout droit de la plume d'un artiste qui a consacré sa vie à tracer au plus prêt « ce qui se déroule dans sa tête lorsqu'il ferme les yeux ».
Novateur, décadent et sans concession, et si la pensée de Charles Baudelaire était à l'origine du mouvement punk ?À Bari, petite ville du sud de l'Italie, un groupe de jeunes punks tue son ennui dans un parc à coup de Rohypnol et de gin tonic. Au centre de la bande, un curieux personnage semble capter toutes les attentions. Habillé d'une redingote ornée d'un noeud papillon, son style tranche avec les vestes en cuir cloutées et les crêtes colorées. Charles Baudelaire, débarqué tout droit de son 19 e siècle, s'intègre rapidement à la petite troupe jusqu'à en devenir un véritable leader. Son caractère, profondément rebelle et antisocial, trouve une résonance dans l'esprit contestataire des jeunes italiens.Ainsi, l'histoire transpose avec humour la figure du poète - telle qu'on se l'imagine à la lecture de ses journaux intimes - dans une société contemporaine en proie au scepticisme et à la désillusion. La fascination troublante du groupe pour ce person- nage anachronique vient souligner les contradictions d'une génération en manque de repères et d'icônes auxquels s'identifier.Réalisés sur des carnets de croquis, les dessins à l'aquarelle offrent un rendu lé- ger et voluptueux en parfait accord avec le thème. À sa manière, Alessandro Tota livre un touchant hommage à Baudelaire en montrant que sa pensée est toujours aussi vivante et actuelle 150 ans après sa mort.
Nicole est de retour pour crâner sur les plages cet été !Pas folle la Nicole, elle prévoit déjà ses vacances sous le signe de l'amour saisonnier... Pour nos lecteurs, l'affaire est toujours aussi juteuse, plus de 300 pages de lecture à moins de 15 euros ! Y a des jeunes, y a des vieux, y a de l'inédit à gogo, et y a des choses introuvables. Mais y a pas que de la bédé ! Y a aussi une trentaine de pages de textes poilants comme tout : un retour sur l'année bédé 2018, des chroniques, des articles et même une inter- view exclusive de Nicole Claveloux ! Des heures de lecture en perspective...Au programme, nous aurons du Blutch, du Nicole cla- veloux, du ludovic Debeurme, du Olivier Texier, du Wil- lem, du Shigeru Mizuki, du Jérôme Dubois, du charles Berberian, du Blutch, du Jean-louis capron, du Fanny Michaëlis, du charles Burns, du Hugues Micol, du Blex- bolex, du Delphine Panique, du François Ayroles, du Philippe Petit-roulet, du Sébastien lumineau, du Adrien Demont, du Anouk ricard, du l.l de Mars, du crumb & Kominski, du Sammy Harkham, et, et, n'en jetez plus ça va déborder !Pour ce 8 e numéro, c'est l'artiste Blutch qui réalisera une couverture inédite. Ça tombe bien puisque Blutch sera le parrain des rencontres de l'illustration à Strasbourg en mars prochain. Au total, pas moins de cinq expositions lui seront consacrée pendant l'année 2019 !
Le deuxième tome de l'anthologie consacrée à pepito arrive à la rentrée !Hissez les voiles moussaillons et mettez le cap sur l'île des surprises !Le port de Rapallo connaît au 16e siècle les incursions des barbaresques. Il est donc tout naturel que l'univers des marins et des pirates fascine Luciano Bottaro.Son crayon donne vie à Aroldo le Boucanier, au capitaine Bomba, au mousse Tim et à bien d'autres marins funambulesques sillonnant une improbable mer des Caraïbes. Pepito naît en 1952. Il est vite adopté par l'éditeur français Sagédition, qui publie à partir de 1954 une revue éponyme. Combattant pour la justice, le petit corsaire commande le navire La Cacahuète et son équipage de matelots excentriques, amateurs de rhum et de tafia, de ducats et de doublons.Leurs aventures se déroulent dans des Caraïbes imaginaires, quelque part entre l'île de Pâques et Hispaniola, et plus précisé- ment à Las Ananas, possession du roi Alonzo XXXIV. Arborant le Jolly Roger, Pe- pito se montre fidèle à l'idéal libertaire des gentilshommes de fortune et ridiculise les ineptes représentants de l'autorité, qu'ils soient roi, officiers, nobles, fonction- naires, médecins ou scientifiques.Bottaro donne ici une interprétation souvent ironique, toujours joyeuse et bur- lesque, proche de la commedia dell'arte, des récits de Stevenson ou de Salgari, et des grands films qu'ils ont inspirés dans les années 40 et 50, de Capitaine Blood à L'île au trésor.
Objet d’un ve?ritable culte, Toshio Saeki est l’inventeur d’un style unique, dans un domaine qu’il a totalement transforme?, l’ero-guro (litte?ralement : sce?nes e?rotico-grotesques). Ce genre , dont on attribue la paternite? a? l’e?crivain Edogawa Ranpo, remonte aux origines du dessin japonais classique et a donne? de nombreuses estampes a? travers les sie?cles. Saeki en a de?cline? les the?mes en les me?lant aux angoisses propres a? sa ge?ne?ration, qui a connu les espoirs et les de?sillusions des anne?es 1970.La socie?te? humaine, sa violence et ses tares, inspirent des sce?nes dont la cruaute? provoque l’effroi ou le rire, poussant dans ses retranchements la me?canique du fan- tasme. le sado-masochisme ne recouvre ici aucune re?alite?, puisant dans l’onirisme une forme de poe?sie macabre.Stimule? par la censure qui se?vit au Japon – il est prohibe? de montrer les sexes – Saeki fait de l’interdit une contrainte artistique et de?porte vers l’absurde et l’onirisme le plus vieux sujet du monde.Son style unique, qui rappelle a? beaucoup d’europe?ens la fameuse «ligne claire» d’Herge? et Joost Swarte, est e?trange tant pour le lecteur japonais que pour le lecteur occidental, chacun trouvant dans ce trait a? la simplicite? parfaite une forme d’exotisme ine?dit.Cette perception ne s’explique que par l’originalite? absolue d’un imagier extravagant, sorti tout droit de la plume d’un artiste qui a consacre? sa vie a? tracer au plus pre?s «ce qui se de?roule dans sa te?te lorsqu’il ferme les yeux».
Les bébés ne naissent pas dans les choux ; les grands-mères vont les voler dans la forêt.Mais pas n'importe laquelle ! Une forêt fertile, où animal et végétal fusionnent en créatures incertaines ; une forêt magique, où les fleuves fécondent les fillettes et où Karl Jung donne sa langue au chat du Cheshire. Nous sommes au pays des fées, avec ses sorcières et ses cabanes mystérieuses, au pays des poupées, avec ses petites maisons et ses homuncules. L'âge, le sexe, rien n'est fixé. Nous sommes dans l'imaginaire d'une enfant qui tente, avec ses livres et ses jouets, de s'expliquer le monde incompréhensible des adultes.Libérée des codes de la bande dessinée, Fanny Michaëlis réinvente les images délicieusement inquiétantes de Dulacou Rackman, qui illustraient jadis les Contes de Perrault ou Les aventures d'Alice au Pays des Merveilles. Son histoire déroule ses épisodes oniriques dans une ambiance feutrée, douce et mystérieuse. Peu de textes, car le dessin dit tout, odeurs, sons et couleurs. Sortis de la forêt, les bébés se reposent un peu, sur un petit lit de fer, dans le confort rassurant du ventre maternel.Vient le moment de naître et de perdre sa barbe, de vieillir et de perdre ses cheveux. Le père se métamorphose en son fils. LE fils se métamorphose en son père. Et déjà il faut retourner dans la forêt pour y mourir ou y renaître. Ainsi va la vie, en un cycle sans fin.
Les histoires réunies dans ce volume complètent La promesse, achevant de rendre disponible l'intégralité des récits composés par Shohei Kusunoki.Elles ont pour la plupart été publiées dans Garo, la légendaire revue d'avant-garde fondée en 1964 qui a révélé des auteurs aussi incontournables que Yoshiharu Tsuge ou Yoshihiro Tatsumi, accompagnant pendant les décennies 1960 et 1970 une jeunesse réfractaire au conservatisme de la classe dirigeante.Shohei Kusunoki a imaginé ces histoires entre 1968 et 1974 dans un Japon qui cherchait à se réinventer par une course à la modernité peu soucieuse du sort des classes populaires. Comme son ami Susumu Katsumata (Neige rouge, Cornélius), il fut marqué par l'apparition de Yoshiharu Tsuge, qu'il fréquenta à cette époque et dont l'influence se retrouve dans plusieurs des récits regroupés ici.Délaissant le registre contemporain sans renoncer à parler de son époque, Shohei Kusunoki s'attache à décrire avec justesse la vie du peuple, tout en lui insufflant une dimension épique. Au travers de genres aussi codés que le conte traditionnel ou le récit de samouraï, il décortique l'ambiguïté des rapports humains. Mettant à nu les sentiments qui unissent les êtres, les raisons pour lesquelles ils s'attirent et les malentendus qui les séparent, Shohei Kusunoki parvient, à travers un style limpide, à exprimer ce qui ne l'est pas. Un auteur immense qu'ilest urgent de redécouvrir et de célébrer.
les histoires de shin'ichi abe sont faites de presque rien.une phrase, un départ, un silence. attentives aux détails et aux non-dits qui font les relations humaines, elles semblent vouloir ramasser et fixer en quelques cases l'essence même des instants qu'elles décrivent : les retrouvailles de deux amis à l'occasion du nouvel an,les derniers moments d'un couple qui n'arrive pas à se séparer, l'oisiveté d'une jeune femme attendant le retour de son amant, les errances de deux vauriens gaspillant et buvant l'argent de leurs parents...le dessin, tout en contrastes et en fulgurances, fait jaillir du blanc de la page des corps dont la pâleur exacerbe la nudité, et de l'encre de chine des nuits sans fin où les mots sont plus précieux que les promesses. on croise dans cette obscurité des visages rendus plus graves par la fatigue et par l'alcool, étudiants égarés, amoureux à la dérive, marginaux transfigurés par un trait minéral qui donne à de banals commerces humains une intensité dramatique fascinante.le lecteur est comme un clandestin devant ces fragments de vie en creux, ni glorieux ni pathétiques, où se jouent de petites joies et de grands drames, et où éclosent les vérités de ces vies apparemment insignifiantes. comme ozu, abe parvient à force de patience et de lenteur à capturer l'indicible et à en restituer les éclats fugitifs. la beauté de ses histoires est fragile, mouvante et ne résiste pas plus aux tentatives d'explication que les fleurs ne supportent qu'on les coupe.
Un macaque défoncé aux champis qui barbouille sur des rochers des représentations du grand dieu singe : telle est la genèse de cette histoire de l'Art revisitée façon primate, de ses balbutiements à l'ère préhistorique à ses dérives contemporaines. Une fresque cynique, bourrée de références théoriques et de clins d'oeil picturaux, qui analyse avec lucidité une institutionnalisation de la création artistique marquée par ses liens intrinsèques avec le pouvoir et l'argent, où rien ni personne n'est épargné. Englués dans leur vanité et leur ambition, alléchés par le profit, les macaques se déchirent joyeusement dans une recherche constante de nouveauté qui confine parfois à l'absurde. Scandales et provocations finissent par faire de l'Art un vaste champ de spéculation où le public et l'État se félicitent de consommer du culturel - et peu importe s'ils n'y comprennent rien, car ce qui compte, c'est d'être dans le coup.À travers cette relecture iconoclaste autant que décalée, Benoît Preteseille pose la question de la légitimité d'une oeuvre d'Art. Des conventions bourgeoises d'un Art officiel au snobisme d'une élite bien-pensante, l'importance de ceux qui se croient habilités à juger de la valeur artistique d'une oeuvre a pris le dessus sur les qualités esthétiques réelles, vidant de son sens la définition même de l'Art. Et si tout renouveau passe par une rupture, il est peut-être temps de faire du passé table rase, pour redonner enfin à l'Art un nouveau souffle et une vraie liberté.
Persuadé que la prothèse oculaire de son oncle est un objet magique, un gamin crédule se crève un oeil Ainsi débute l'histoire, tragique et dérisoire, de Victor.Elle se déroule sur le rythme décousu et fantasque des romans-feuilletons, avec comme décor le bric-à-brac bourgeois de la Belle Epoque : peintres pompiers, coloniaux courageux, mages mystiques, marquises majestueuses. Une femme avec un trou au ventre, qui voit des choses insensées dans les yeux des animaux, éveille chez l'influençable Victor une vocation de peintre. Le malheureux est sans le sou et pour pouvoir installer son atelier, il va devenir assassin et voleur.Pauvre Victor ! Le voilà riche mais maudit. Car il ne peut plus peindre désormais que des canassons, ce qui handicape sa carrière d'artiste mondain. Tout cela finira très mal, comme il se doit. Benoît Preteseille a de bien mauvaises fréquentations : Fantômas, Elephant Man, Heurtebise, Arthur Cravan, et autres dynamiteurs du conformisme et de la morale. Ennemi de la logique et de la raison, ce pistolero dada affronte notre société déshumanisée avec pour seules armes la dérision et l'humour.Les véritables monstres de Maudit Victor ne sont pas les freaks, magnifiques et grotesques, mais les braves gens, égoïstes et stupides, rouages ordinaires d'une mécanique sociale implacable où cette fable cruelle a puisé son goût acide et enchanteur.
Qu'est-ce que l'Art, en vérité ? On en parle à toutes les sauces, on discute de sa santé dans les cocktails mondains, on le dissèque en ville pour séduire la belle ou pour rabattre le caquet d'un rival trop arrogant... On l'étudie parfois, comme on ausculte un animal. On l'envisage aussi comme un placement, plus fructueux que la pierre.Parfois même, on espère devenir l'un de ces artistes qui défraient la chronique des décennies durant. Mais en dehors de ça, entre nous, honnêtement... à quoi sert l'Art, au bout du compte ?Willem, avec sa mæstria habituelle, fait table rase des académismes et refuse de se laisser entraîner dans d'aussi futiles considérations, préférant endosser le costume qu'il affectionne le plus, celui du gentleman dynamiteur.Dans cette nouvelle édition copieusement augmentée, Willem esquisse un portrait de l'Art lui-même, hilarant et décapant, au travers d'une centaine d'instantanés d'artistes du XX e et XXI e siècle. Et la désacralisation n'empêche en rien la révélation d'informations capitales !Toujours replacées dans leur contexte par la verve malicieux et encyclopédique de Willem, les anecdotes de ces Nouvelles aventures de L'Art constituent la tentative la plus sérieuse pour dresser un état des lieux acide et réaliste de la création artistique depuis la fin de l'impressionnisme jusqu'à nos jours.De ce panorama surgit, entre deux éclats de rire, la réponse à notre question initiale. À quoi sert l'Art ? À garder les yeux ouverts, tout simplement !
Le Rayon de la mort est le dernier opus de la série Eightball, dans laquelle Ghost World et Art School confidential ont vu le jour. On y retrouve les thématiques fétiches de Clowes, à savoir un mélange de parade éloquente et d'aliénation poignante tout en retournant brillamment les codes du superhéros. Selon les codes du genre, Andy, un adolescent orphelin et solitaire, acquiert des super pouvoirs, non pas au cours d'une expérience de chimie mais à force de tirer sur sa cigarette. Armé de sa prouesse dévastatrice et du rayon éponyme, notre héros prépare sa vengeance envers ses ennemis. Tandis que les héros de bandes dessinées ont tendance à habiter les grandes métropoles grouillantes de criminels et de criminologues, le monde où vit Andy est plus proche du nôtre, sans robots ni aliens, mais avec ses rivalités minableset ses arrangements mesquins. Face à une pénurie de vrais méchants mais hanté par un terrible désir de vengeance, Andy fait avec ce qu'il a sous la main : un assortiment de petites brutes, d'ersatz de rebelles et de jeunes losers. « À quoi bon avoir un pote avec des super pouvoirs, si on ne trouve même pas de criminels à buter ? » se plaint Louis, l'acolyte d'Andy.Allusion acide à la politique étrangère américaine doublée d'un sens aigu de l'ennui chez les adolescents, Le Rayon de la mort trahit la profonde affection de Dan Clowes pour les comics doublée d'une vive envie d'en déconstruire les codes.