Zerocalcare, la trentaine, passe l'essentiel de ses journées devant son ordinateur, qu'il ne quitte que rarement pour rejoindre un cercle d'amis assez fermé partageant sa passion pourles jeux vidéo et Star Wars. Une existence casanière, à peine troublée par les quelques expériences de travail auxquelles il s'essaie. Tout est bouleversé lorsqu'il apprend la mort de Camille, sa meilleure amie du lycée : non seulement il doit accepter sa disparition, mais aussi l'annoncer à ses proches, ce qu'il envisage difficilement.Accompagné du Tatou, son fidèle ami imaginaire, Zerocalcare entremêle flash-back adolescents permettant de retracer son histoire avec Camille et péripéties de sa vie quotidienne oscillant entre petites galères, embrouilles avec ses voisins, et nostalgie des dinosaures. Une histoire douce-amère tempérée par une incroyable autodérision et un sens de l'humour à toute épreuve, qui nous plonge aux racines du travail de Zerocalcare et révèle en creux les difficultés des trentenaires italiens à se faire une place dans la société.Cette bande dessinée a valu à Zerocalcare sa notoriété. Elle paraît aujourd'hui dans une édition augmentée, servie par une nouvelle traduction.
Lorsque je t'aime / Lorsque tu m'agaces / Lorsque tu me manques / Lorsque tu m'étouffes... Tout le monde a une mère, et si c'est sans doute bien avant tout la sienne dont parle Florence Dupré La Tour, les situations qu'elle évoque trouveront une résonance assez immédiate pour beaucoup d'entre nous ! Un excellent thème, par une auteure talentueuse qui excelle dans le genre humoristique !
Le projet de Zeina Abirached.« En avril dernier, sur le site de l'INA, qui venait de mettre ses archives en ligne, je suis tombée sur un reportage sur Beyrouth en 1984. Les journalistes interviewaient les habitants d'une rue située sur la ligne de démarcation. Bloquée à cause des bombardements dans l'entrée de son appartement - l'entrée était souvent la pièce la plus sûre car la moins exposée -, une femme au regard angoissé dit une phrase qui m'a donné la chair de poule. Cette femme, c'était ma grand-mère. J'étais à Paris et tout d'un coup, sur l'écran de mon ordinateur, ma grand-mère faisait irruption et m'offrait un bout de notre mémoire. Ça m'a bouleversée, je me suis dit que c'était peut-être le moment d'écrire enfin le récit qui me travaillait depuis un moment déjà.-Je pense, qu'on est quand même, peut-être, plus ou moins, en sécurité ici...C'est la phrase qu'a dit ma grand-mère en 1984.C'est une phrase qui s'interroge sur la notion d'espace et de territorialité.C'est une phrase qui résume la raison pour laquelle beaucoup d'habitants sont restés « chez eux » malgré le danger.C'est aussi la première phrase mon futur album.Nous sommes à Beyrouth, dans les années 80, au 38 de la rue Youssef Semaani, et plus précisément, dans l'entrée de l'appartement du premier étage.Comme c'est la pièce la plus sûre de la maison - et donc de l'immeuble, puisque l'appartement est au premier étage - tous les voisins sont là aussi.Dans cette entrée il y a l'histoire de chacun des personnages, l'histoire qu'ils ont en commun, celle du microcosme qu'ils forment et l'histoire de la moitié de ville que Beyrouth était devenue.Dans cette entrée, il y a aussi une tenture.Dans cet intérieur exigu où elle est présente d'abord en toile de fond, elle matérialise petit à petit la guerre qui fait rage à l'extérieur.Cette tenture est le fil conducteur de l'histoire que je raconte. »
S'occuper de son fils n'est pas de tout repos, mais c'est une source de perpétuelles découvertes et réjouissances !Surtout à l'âge des questions, où la taquinerie le dispute sans cesse à la provocation, sans jamais oublier la recherche d'affection.Dans une série de tranches de vie qu'il croque avec humour, Raphaël Fejtö rend compte de ce quotidien où alternent recherche d'autorité et épuisement, tentative d'affirmation du fils et quête de reconnaissance. Le tout empreint d'un humour grinçant provoqué par la lucidité hors-norme du fils qui transparait dans sa répartie, et d'une indéniable tendresse.Père et fils est la première bande dessinée de Raphaël Fejtö et rappelle les dialogues de Calvin et Hobbes ou Charlie Brown.
À l'âge de seize ans, Nicole J. Georges a adopté Beija, une chienne tout aussi attendrissante que farouche, un peu à l'image de Nicole elle-même. Pendant les quinze années qui ont suivi, Beija ne l'a pas quittée. L'animal ingérable tolérant difficilement une présence autre que celle de Nicole, leur compagnonnage n'a pas toujours été de tout repos. Mais à force de consultations vétérinaires, psychologiques et même de voyante animalière, toutes deux ont développé une relation exclusive et passionnelle absolument unique, retranscrite avec empathie et une grande part d'auto-dérision.Après Allô, Dr Laura ?, Nicole Georges poursuit son attachante entreprise autobiographique pour rendre compte de sa chaotique entrée dans le monde adulte jusqu'à une forme d'acceptation d'elle-même. Ceci essentiellement grâce à ce chien qui, s'il a lui-même peu obéi, lui a permis de traverser les embûches et d'aller de l'avant.
Un précieux incunable a disparu de la bibliothèque d'Oakland. L'équipe spéciale de la Police des bibliothèques va tout mettre en oeuvre, de l'expertise scientifique aux méthodes d'intervention musclées, pour le récupérer. Un polar parodique hilarant et ultra efficace. Une réédition luxueuse, cartonnée et dorée pour l'un des plus grandssuccès des éditions Cambourakis.
A quoi ressemble la vie des trentenaires au XXIe siècle ? Bea s'interroge à travers ses propres expériences. Qu'elle évoque ses séances de natation, ses rencontres amicales et amoureuses, son travail ou son adoption d'une hérissonne, elle éclaire avec sensibilité et humour les préoccupations de toute une génération. Le tout servi par un véritable don pour observer et restituer les petits riens du quotidien, les attitudes et les émotions de chacun.
Après le succès du « Repaire » (Lauréat Prix Jansz Korczak 2020), le quatorzième album d'Emma Adbage aux éditions Cambourakis restitue avec tendresse l'ambiance des premiers anniversaires auxquels les tout-petits sont invités et aborde avec réalisme la petite part d'égoïsme qui sommeille en chacun de nous avant l'apprentissage du partage et de la générosité.
Ce roman graphique qui paraîtra au moment du centième anniversaire du Tour de France, rend hommage à l'une des figures les plus mythiques de l'histoire du cyclisme: Fausto Coppi, le campionissimo, qui fut tout au long de sa carrière en compétition avec un autre grand champion italien, Gino Bartali. Cette rivalité a enflammé l'Italie de l'après-guerre et littéralement divisé le pays en deux. Physiquement et politiquement, tout semble les opposer :Bartali, musclé, râblé, bavard, est très croyant et devient le favori du parti catholique; Coppi, élancé, maigre, silencieux, laïque, devient celui des partis de gauche.Davide Pascutti centre son approche sur une année clé dans la carrière de Coppi, l'année 1949, où celui-ci parviendra à accomplir un exploit réputé impossible, remportant successivement le Giro et le Tour de France. Quelques autres personnages hauts en couleurs du cyclisme italien traversent le livre : Biagio Cavanna, le fameux masseur, qui sera l'un des premiers à repérer le talent du jeune Fausto, et Alfredo Binga, directeur technique de l'équipe nationale italienne, qui par sa sagesse savait faire jaillir le meilleur de chaque coureur.Plongeant dans la geste et les pensées de Coppi, la bande dessinée révèle l'homme derrière le champion, montrant ses qualités comme ses contradictions - sa vulnérabilité, ses tiraillements entre sa carrière et sa famille - et nous fait revivre l'excitation de ces années légendaires.
Après le succès de «Kobane Calling», un nouvel album de Zerocalcare, paru en 2014 en Italie.À la mort de sa grand-mère, Zerocalcare découvre tout un pan de son histoire familiale qu'il ignorait. Cet évènement marque pour lui la fin de l'adolescence et l'entrée dans l'âge adulte. Tiraillé entre cette fin de l'innocence et la volonté de résister à l'oppression sociale environnante, il convoque faits réels et souvenirs inventés pour livrer avec son humour, son sens du détail et son décalage habituels l'histoire de trois générations de sa famille: celle de sa grand-mère, celle de sa mère et la sienne.
On nous avait prévenus, et la catastrophe écologique a fini par arriver. Dans un monde où les continents ont disparu, un père et son fils vivent sur l'eau, dans une maison-bateau. Le quotidien n'est pas de tout repos, la vie sur l'océan est tumultueuse. Au milieu des réparations, des explorations et de rencontres aquatiques, le père raconte. Il parle de l'époque où il vivait sur terre, desa femme disparue, des créatures sous-marines, et il raconte à son fils comment les hommes ont formé des villes flottantes pour survivre et s'organiser dans un monde bouleversé par la disparition des terres. Une dystopie écologiste autour de la mer et de ses richesses.
Début du XXe siècle, quelque part en Prusse. Ludwig et Oswald von Schlitt sont deux frères au destin tout tracé. Désormais seuls garants de l'honneur de leur nom - leur père a laissé sa jambe et son prestige au combat lors de la guerre franco-prussienne de 1870 - Ludwig et Oswald sont envoyés à l'école des cadets où ils apprendront à servir leur roi, l'impopulaire Guillaume II, et où Ludwig se prendra de passion pour la fameuse mitrailleuse Maxim, arme diabolique qu'il apprendra à maîtriser parfaitement, jusqu'à succomber à sa fascination et déclencher d'un coup de feu fatal la Première Guerre mondiale.
Un personnage se réveille d'un évanouissement, bloqué dans une cabine téléphonique inexplicablement entourée de béton. Armé de sa seule intelligence - il est visiblement très doué en mathématiques - ainsi que des quelques objets plus ou moins mystérieux présents dans la cabine, il tente d'élaborer un plan pour se sortir de là. Mais tout d'abord, où se trouve-t-il donc ? Quelle étrange langue ses interlocuteurs parlent-ils ? Une fois encore Jason Shiga s'en donne à coeur joie, enchaînant déductions et calculs les plus fous, mariant humour et logique jusqu'à la surprenante conclusion de ce huis-clos. Un retournement de situation inattendu, qui imprime une forme de gravité à cet astucieux exercice de style.
En Corée, le jour anniversaire du décès d'un proche, les familles se réunissent autour d'un dîner rituel pour saluer les disparus et honorer leur mémoire. Choi Juhyun se souvient d'un de ces dîners traditionnels, dédié à sa grand-mère. Une femme née en 1911, qui a vécul'occupation japonaise, la guerre entre le Nord et le Sud, la misère qui en a résulté : malgré la rudesse de ce destin, Choi Juhyun évoque avant tout une figure bienveillante et tendre. Le livre est dessiné à l'encre, quelques pages utilisent la technique du théâtre d'ombre coréen. Ce récit rend compte avec simplicité et émotion de l'intensité du lien entre petits-enfants et grands-parents.
Dans un pays de neige et de glace, les vainqueurs de la guerre civile ont fini par imposer leur ordre. Un petit groupe d'activistes tentede résister à l'oppression, et prépare un attentat.C'est James Hardin, un lapin, qui est le cerveau - et l'agent principal - du complot. Il a dérobé des documents ultra secrets au siège même de l'état major. Le général Hanslowe est furieux, et charge Calvin Engel - un tigre - et Pavel - un corbeau -, de poursuivre le lapin. Mais les coéquipiers ne s'apprécient guère : Engel est convaincu que Pavel est un traitre, il fera tout pour le prouver, quitte à manipuler des témoins.S.M. Vidaurri montre des personnages aux prises avec leur propres démons, déchirés par des cas de conscience, partagés entre fidélité à leurs idéaux et la tentation de l'abandon. La ligne de démarcation entre courage et lâcheté n'est pas toujours très nette dans ce monde où la guerre a laissé bien des séquelles.
Frances est le premier volume d'une série dont l'action se situe en Suède, dans une grande ville, à une époque indéterminée, peut-être les années 30, au vu des costumes et des éléments architecturaux, au vu aussi du contexte psychologique général développé dans l'histoire. Il est question du poids de la famille et des préjugés sur les individus, du statut des femmes, de la difficulté de vivre librement et d'assumer ses choix, de celle aussi de trouver tout simplement sa place dans la succession des générations.Dans ce volume, les deux personnages que sont Frances, la petite fille, et Ada, sa tante, sont traitées avec une égale importance. Deux points de vue, deux questionnements, ceux de l'adulte et ceux de l'enfant, se croisent avec une sensibilité extrême dans cette chronique familiale d'une grande finesse. Le personnage de Louise, femme écrivain, indépendante, un peu extravagante, assumant son homosexualité, incarne la possibilité de la liberté dans une société corsetée.
Dans ce second volume John Pham donne une suite à certaines des histoires amorcées dans Sublife volume1, tout en introduisant de nouvelles pistes, de nouveaux personnages.L'errance d'une petite fille dans un monde post-apocalyptique (on pense à Mad Max, ou à La route, de McCarthy) donne notamment lieu à une impressionnante série de pages muettes, où alternent scènes d'action ultra-violentes et tableaux d'une totale désolation. L'angoissante odyssée spatiale du commandant Wallace et de son subordonné, en compagnie de Deek l'extraterreste, se poursuit, la découverte providentielle d'un cristal suceptible de contracter l'espace donnant lieu à de somptueuses représentations cosmiques. Le jeune Phinéas et ses deux oncles fachos font aussi une courte apparition... Enfin l'auteur lui-même commence à livrer quelques fragments autobiographiques, souvenirs de jeunesse marqués par une profonde mélancolie.Un deuxième opus qui confirme le talent exceptionnel de John Pham, salué par la critique comme le digne successeur de Chris Ware et Dan Clowes.
Il se passe de drôles de choses dans le salon de Gertrude et Leo Stein, tel que Nick Bertozzi nous le présente : une absinthe bleue très particulière permet à ses adeptes de se projeter dans l'univers peint des toiles et d'y vivre des moments extraordinaires.Mais une obscure série de meurtres les menace : une mystérieuse tueuse à la peau bleue sévit dans le milieu artistique parisien de 1907, arrachant littéralement leur tête à ses victimes. Les membres du salon se lancent alors dans une enquête retentissante dans le but d'arrêter la créature meurtrière. Dans la folle équipée des Stein, on retrouve Pablo Picasso, jeune peintre fougueux au vocabulaire grossier, Georges Braque, artiste quasi ascète qui ne vit que pour peindre, Guillaume Apollinaire, poète libertin, ou encore Éric Satie, compositeur aux expérimentations musicales déroutantes.Tout en explorant un événement fondamental de l'histoire de l'art, la naissance du cubisme, Nick Bertozzi embarque le lecteur dans un thriller rocambolesque, entre intrigue policière et épopée fantastique.
Dans ce troisième et dernier volume, Joanna Hellgren approfondit la chronique familiale développée dans les deux épisodes précédents. Elle explore le passé de ses personnages, Frances, August et Ada tout en creusant leurs personnalités. En évoquant l'enfance de Frances, elle montre la difficulté pour August d'élever seul son enfant, allant d'un petit boulot à un autre pour permettre à sa fille de grandir dans de bonnes conditions. À la même époque, Ada, la tante de Frances qui l'a recueillie après la mort de son père, voit sa vie basculer. Elle se retrouve, trop jeune, face à de lourdes responsabilités, submergée par le poids des devoirs familiaux. Parallèlement, la petite Frances grandit dans son nouvel environnement, observe et se révolte contre la méchanceté gratuite des autres enfants, premier aperçu de la cruauté du monde des adultes.De nouveau, Joanna Hellegren mêle avec finesse et sensibilité questions de société et questions familiales dans un dernier volet d'une grande densité, qui vient clore la série dans une apothéose graphique.
Publié selon les voeux de l'auteur à l'exacte réplique de l'édition américaine, un très grand format tout en couleurs, ce quatrième volume de Schizo donne un nouvel aperçu du génie comique et de la profondeur du désespoir d'Ivan Brunetti. Après l'échec de son mariage, il vit seul, avec un chat et un mannequin, Iris, en guise de substitut de présence féminine. En marge des planches autobiographiques, Brunetti cultive sa nostalgie en évoquant des artistes dont le destin funeste ou les tendances mélancoliques le touchent particulièrement tels que Louise Brooks, Françoise Hardy, Mondrian, Satie ou Kierkegaard. Des variations sur l'absurdité de l'activité artistique qui se poursuivent à travers une dernière série de planches, entièrement muettes, dans un style épuré et stylisé. Le livre s'ouvre sur un hommage à Charles Schulz : jamais Brunetti n'aura été aussi proche de l'humour élégant de son maître que dans ce Schizo # 4, moins rageur et violent dans l'expression que ses opus précédents, mais toujours aussi percutant dans sa vision acide de l'existence humaine.
Depuis quelques années, Zerocalcare est débordé par son succès, au point de ne plus avoir le temps de voir ses amis. Contre toute attente, il les retrouve au mariage de Sanglier. Leur situation n'a pas tellement évolué : ses amis rêvent toujours d'une carrière à laquelle ils devront renoncer, d'enfants qu'ils ne pourront pas avoir et, pour ceux qui en ont, l'avenir demeure tout aussi incertain.Zerocalcalre rend compte des problèmes rencontrés par toute une génération, celle des plus de trente ans, qui se trouvent confrontés tous les jours aux nuances les plus diverses de la précarité de l'existence. Des incertitudes qui se manifestent dans le milieu du travail aussi bien que dans les rapports amicaux ou amoureux, et qui s'incarnent ici sous la forme de monstres terriblement familiers : Arnath, le démon du sentiment de l'irréversible, ou encore Grandméchantibuth, le démon de l'attente impuissante pour ne citer qu'eux.Une lueur d'espoir cependant pour le groupe : un appel à projets auquel ils ont participé pour obtenir des subventions. Une réponse qui permettra aux personnalités de chacun d'évoluer. Avec la conviction que, s'il est impossible de contrer les difficultés sociales, la force des liens amicaux et familiaux permet de les affronter.L'intégrale du diptyque Au-delà des décombres paraît en édition collector, en tirage unique.
Demon volume 1 est le premier volume du nouveau projet-fleuve de Jason Shiga.On y retrouve son personnage de prédilection, Jimmy Lee. Mathématicien et père de famille banal, il n'a jamais rien entrepris d'original dans sa vie avant de réserver une chambre dans un motel afin de s'y suicider. Il échoue, multiplie les tentatives de toutes sortes, toujours sans succès... Ressort humoristique grinçant de la narration, cette répétition devient le moteur d'une folle histoire qui va faire de Jimmy et de ses réincarnations à différents moments de sa vie un des hommes les plus recherchés du pays.Composant son intrigue pièce par pièce, tel un puzzle, Jason Shiga ne laisse rien au hasard dans cette web-série qu'il décrit comme son projet le plus ambitieux.Entre thriller et jeu interactif, Demon laisse éclater tout le génie de Shiga qui parvient à croquer dans un style naïf et minimaliste des personnages puissants et toujours surprenants. Dévoilant les indices au compte-gouttes, Shiga distille le suspense tel un poison dans son intrigue farfelue et promène le lecteur d'une piste à une autre. Initialement publié sur le web, le projet Demon contient plus de 720 planches et propose 21 fins possibles aux aventures de Jimmy Yee.Les éditions First Second et les éditions Cambourakis ont décidé conjointement de les publier, de façon simultanée, en quatre volumes, à partir d'octobre 2016.
Tristes Cendres rend hommage au grand reporter et photographe Robert Capa, et retrace son engagement aux cotés des républicains pendant la guerre civile espagnole.L'action se situe de 1932 à 1940, entre Paris, Bilbao et Mexico : des années cruciales dans la vie de Capa, qui va accéder à la reconnaissance internationale au moment où l'Europe sombre dans le chaos. On découvre tout d'abord Capa à Paris, insouciant et amoureux de Gerda Taro, photographe elle aussi : tous deux partagent l'ambition de rendre compte des événements de leur temps au risque de leur vie. Ils fréquentent les milieux artistiques et intellectuels, sensibilisés à la lutte anti-fasciste. En 36, Gerda Taro part seule à Barcelone - elle trouvera la mort aux cours des combats en 1937 -, Capa rejoint lui aussi l'Espagne et couvre la bataille de Bilbao. Après la victoire de Franco, Capa gagnera le Mexique : il est devenu un photographe célèbre, mais son succès a un goût amer.Au fil d'une conversation avec un ami, Capa plonge dans ses souvenirs et évoque de manière très vivante le contexte de l'époque. Le cadrage de certaines cases s'inspire de clichés célèbres du photographe. Le traitement en bichromie donne son dynamisme à ce passionnant roman graphique, qui plonge le lecteur au coeur d'une époque tourmentée et héroïque.
OEuvre hors norme, défiant nos habitudes de lecture, Vanille ou Chocolat ? pousse à l'extrême l'idée du « livre dont vous êtes le héros ». Le lecteur suit les pas - et les choix - du petit Jimmy, confronté à un banal dilemme initial : quel parfum choisir pour sa glace, vanille ou chocolat ? Cette décision précipite un ensemble de conséquences des plus inattendues, qui peuvent aller jusqu'à la pure et simple fin du monde. Jimmy va rencontrer un savant fou, créateur de trois inventions diversement diaboliques - une machine à remonter le temps, un casque permettant de lire dans la mémoire récente de celui qui le porte, un « Killitron » enfin, engin d'anéantissement apocalyptique. Inventions qui permettent de décupler les potentialités narratives en jouant sur les paradoxes temporels, les répétitions, les allers-retours. Au final, Vanille ou Chocolat ? présente 3856 possibilités d'histoires - un record absolu.L'objet est constitué de 80 pages dotées de un à trois onglets, à travers lesquelles on circule en suivant un réseau de « tubes » colorés reliant les cases entre elles : le dispositif interdit tout parcours linéaire. Des codes secrets viennent encore corser l'affaire.Au final, Vanille ou Chocolat ? propose une expérience de lecture pleine de surprises, terriblement excitante, et véritablement plaisante, grâce à l'humour si particulier de Jason Shiga.
Roman graphique choral, Nos guerres fait entendre un ensemble de voix écrasées par la guerre industrielle et moderne, une guerre jamais nommée précisément, mais proche de la Première Guerre Mondiale.Dix récits se succèdent, d'une grande diversité de points de vue, qui tous réduisent à néant les illusions sur l'héroisme guerrier : de l'officier aristocrate contraint à des actes qui lui répugnent au troufion perdu dans le labyrinthe des tranchées en passant par le paysan pris en tenaille par tes champs de bataille, c'est toute l'absurdité cruelle de ta guerre qui s'exprime dans ces courts récits.Chaque histoire est dessinée et mise en page différemment, en adéquation avec le discours, le niveau social, les références picturales que le texte peut évoquer. Le traitement graphique fait référence tantôt aux avant-gardes, tantôt au dessin de presse ou aux débuts de la bande dessinée, mixés parfois avec des éléments beaucoup plus modernes. Cette vision kaléidoscopique évite tout manichéisme, et affronte au contraire la question de l'ambiguité du rapport des hommes (et des femmes) à la guerre.Intelligent, complexe, nuancé, le livre s'ouvre sur un prologue narratif, qui donne ta parole à un vieil homme riche, mutilé, partisan artiste de la guerre. On peut supposer que l'esprit tourmenté de ce personnage désagréable constitue le théâtre où se déroulent les dix récits. Un album très original, d'une grande virtuosité graphique.
Michel Gondry a grandi en France, dans la terreur de devoir un jour accomplir son service militaire : il a finalement réussi à se faire réformer, mais l'angoisse de voir son imposture découverte ne l'a pas quitté. C'est pour lui la source d'affreux cauchemars, dont cette bd totalement loufdingue est l'illustration.La France, au début du XXIème siècle : suite à une guerre civile, le pays est désormais divisé entre la Province et l'Ile de France - dirigée par Johnny Hallyday, qui a pris ses quartiers à l'Elysée. Pour se préparer à la grave menace militaire qui plane sur Paris, le président rappelle quatre ex-étudiants d'art, une bande de copains qui ont échappé au service national en trichant honteusement lors de leurs trois jours. Cette fois, ils ne pourront se soustraire à la conscription sous aucun motif, pas même la mort : les trois garçons doivent d'abord déterrer leur ami, décédé depuis un bon moment -un cadavre plutôt alerte d'ailleurs- et sont enrôlés. L'attaque des ISA - une armée exclusivement féminine, qui ne recule devant aucun moyen pour obtenir la victoire - est irrésistible : la France capitule et est envahie par des hordes d'Isabelles communistes spectaculairement musclées et sexy. Sur nos quatre héros, trois se plient au nouvel ordre et se marient avec une ISA qui les fera trimer à la maison. Le dernier cependant, le narrateur, choisit la fuite avec son jeune fils. Ils parviennent à rejoindre la Suisse, recueillant au passage un drôle de bébé-phallus qu'ils adoptent. Et Johnny dans tout ça ? La bd s'achève sur une vision d'horreur, un Johnny asservi, enchaîné sur scène devant un parterre uniforme d'ISA en délire.
Au fil des pages, le lecteur découvre la vie de quelques habitants d'une cité dont il ignore le nom et la situation géographique exacte (les voitures et les vêtements font penser à une ville américaine des années 50), en particulier celle de Sebastian Zorn, Ignacio Kagel, Idálio Alzheimer et Anatole Kopek, tous membres d'un jazz band (« le plus mauvais groupe du monde, résultat d'un mélange inouï d'ineptie et d'absence totale de sens musical »). On croisera aussi Thomas Flugelhorn, le compilateur de coïncidences, Barbara Zahn, auteur d'un annuaire odontologique, Elvino B. Weiss, l'un des principaux activistes de la Fondation pour le recul de la science, Roberto Rosz, directeur du musée de l'accessoire et de l'insignifiant, Kaspar Grosz, secrétaire général du Parti impopulaire idiosyncrasique, et bien d'autres. Les histoires sont indépendantes les unes des autres mais le plaisir de lecture s'accroît à mesure que l'on retrouve tel ou tel personnage, plongé dans un désarroi qui diminue rarement. Les destins des uns et des autres se croisent, s'entrechoquent parfois, ajoutant ainsi à la confusion ambiante. Alors que tout a l'air normal, l'absurde se répand inexorablement. Badin, opiniâtre, philosophe, méticuleux, obsessionnel, interloqué, sceptique, gauche, scrupuleux : quel que soit le caractère de chacun de ces personnages, tous s'efforcent de trouver leur voie dans le dédale de la ville (et de la vie). Vies brèves d'hypocondriaques, de doux dingues et de monomaniaques, petites chroniques de la folie ordinaire, portraits de neurasthéniques divers et variés, de fêlés du dimanche ou de génies à la petite semaine, instantanés de la vie comme elle ne va pas toujours : José Carlos Fernandes excelle à dépeindre un monde qui ressemble fort au nôtre et des êtres qui sont nos semblables.