La politique ne se résume pas à des débats à l'Assemblée et à des petites phrases disséquées dans la presse. C'est dans la vie quotidienne qu'elle prend tout son sens. Puis-je aimer qui je veux? Aller où je veux? Dois-je accepter tous les ordres qu'on me donne, même injustes? Donner sa voix par le vote est important, mais la faire entendre l'est tout autant. Dans ce livre, de jeunes lycéens sont confrontés à des situations fictives qui pourraient être les vôtres; en cherchant des réponses à leurs questions, ils réalisent à quel point le cadre politique est déterminant puisqu'il oriente les lois et régule l'organisation de la société. Chaque récit est ainsi accompagné de documents et d'informations destinés à aider la réflexion. Dans une seconde partie, le livre analyse le fonctionnement de la démocratie et évoque les formes d'action possibles.
VU DEPUIS LE NOMBRIL LIBANAIS. Guerre, immigration, liberté de la presse, écologie... tout est sujet à palabre pour les personnages du théâtre de Mazen Kerbaj.
Le Journal 2007 - 2010 d'une des valeurs montantes de la jeune génération américaine, proche de Michel Gondry. Un livre tout en humour et sensibilité, à lire d'une traite ou à déguster par petites séquences.
Au coeur de la capitale arménienne et de cette révolution architecturale, Yann Kebbi, et l'énergie monumentale de son trait, associé à l'humour absurde de l'écrivain Viken Berberian, dessine un portrait grotesque et terriblement réaliste de notre monde.«Il faut tout reconstruire, terminés les vieux immeubles historiques, place aurenouveau !»
Comme c'est dur, la rentrée... pour la maîtresse, aussi. A la maison, celle-ci s'agite, gigote, marmonne. C'est à son petit garçon de la rassurer. Un comble ! Mais comment ne pas trembler devant vingt-quatre enfants qu'on ne connaît pas et qui vous dévorent... des yeux ? Allons, courage, maîtresse, tout finira bien par s'arranger...
A l'orée d'un bois, le Petit Chaperon Rouge rencontre Wolf, un loup déguisé en caporal. Il lui apprend la triste vérité : elle est Uf et, comme pour tous les Ufs petits et grands, tout ou presque lui est interdit. Jean-Claude Grumberg revisite avec humour le célèbre conte populaire qui, sous sa plume, devient une parabole douce-amère sur l'intolérance.
Une biographie d'Anna Maron (1923-2014), née allemande, ayant fui le nazisme, enrôlée comme soldat dans l'armée israélienne, devenue après la guerre l'actrice la plus célèbre du pays, victime de l'attentat terroriste commis à l'aéroport de Munich en 1970, militante pacifiste. Une femme au destin hors norme.
Dans un coin perdu dArdoisie, la reine mère d'un vieux cirque s'éclipse en Vespa. Ses deux enfants, Pink et Punk, décident de continuer à faire leur cirque sans elle. Avec deux compagnons d'infortune, Ficelle et Manouche, ils inventent de nouveaux numéros, jonglent avec les mots, font des cabrioles avec la grammaire. Devenus des majeurs, ils partent sur le dos du Gros Madaire à la conquête du public de la vaste Pampa. Mais tout comme la grammaire, la Pampa a ses lois.
J'en ai vraiment assez des yeux bleus de Maman, pas du tout comme les miens. Vous voulez savoir comment je suis, moi ? Je suis plutôt petite pour mon âge, j'ai la peau très brune, je bronze rien qu'à regarder le soleil, j'ai des cheveux très noirs et très bouclés, et j'ai des yeux complètement noirs. Pas marrons, ou bruns, ou ocre : Noirs. Je vais essayer de savoir si vraiment, vraiment, il n'y a rien à faire pour changer leur couleur.
Elle aperçut aussi deux grands yeux qui avaient l'air d'observer dans sa direction. Elle pensa qu'elle n'avait jamais rien vu d'aussi beau et elle eu tout de suite envie de s'approcher. Ce n'était pas une chose ordinaire qu'elle avait devant elle. [...] La petite fille pensa qu'elle en avait peur, c'est vrai, mais que cette chose ne ressemblait en rien à la bête monstrueuse qu'elle s'attendait à rencontrer dans les bois, comme le lui avait prédit sa maman, au contraire. (extrait).
Dans une petite ville de province, trois jeunes luttent contre l'ennui...Alcool, filles, défis automobiles : tout est prétexte à donner un peu de piquant à leur quotidien sinistre et monotone.L'un d'eux, Joey, a un travail qui le mine et cherche l'âme soeur. Un jour, il reçoit de son ami Tonio un objet porte-bonheur : le « gridridédé ». Superstitieux, il se prend à espérer que ce talisman changera sa destinée et celle de son entourage...Récit choral, Grigridédé est un drame social qui n'est pas sans faire songer aux meilleurs films de Pialat.Composé d'une succession de courtes scènes, il est mis en scène avec sobriété, au plus près des personnages et de leurs états d'âme.
Pieterjan, un artiste en manque d'inspiration, accepte l'invitation de la première Biennale d'art de Beerpoele au beau milieu de la campagne flamande. Mais bien vite, il découvre qu'en fait de résidences d'artistes, il s'agit d'une grande kermesse improvisée par Kristof, le gentil organisateuraux mains de géant. Invité d'honneur d'un groupe d'amateurs farfelus, Pieterjan se prend à jouer le guide spirituel et artistique et profite de l'occasion pour convaincre tout ce petit monde de construire ensemble un grand oeuvre au coeur de la lande.Brecht Evens confronte ici à l'art et à la nature, des personnages hésitants, maladroits ou bancals en quête de monumental. Il se pose la question d'une construction utopique.
Foisonnant, dérangeant, provocateur, l'univers de Blanquet ne laisse personne indifférent. Enfant de Crumb, de Topor et des surréalistes, l'auteur (âgé de 31 ans) a derrière lui un déjà long parcours dans l'univers des graphzines, de la presse (il collabore régulièrement à Libération depuis huit ans) et de l'édition internationale. Lui-même éditeur (Chacal puant, La Monstrueuse - primé à Angoulême en 1996), il apparaît comme l'un des créateurs les plus polyvalents de ces dernières années. Son album La Nouvelle aux pis, tout en ombres chinoises, a été salué par la critique, ses films (Mon placard, La Peau de chagrin) ont fait le tourdes festivals, son recueil de peintures érotiques sur corps (Sur l'épiderme) a été une révélation. Pour la première fois, un livre présente Blanquet dans toutes ses incarnations.
1945. Les attentats et assassinats qui secouent Madrid trouvent un écho dans la bande dessinée pourtant très conventionnelle que publie en feuilleton Enrique Montero, un ancien républicain communiste. Ses anciens amis lui demandent de reprendre du service pour aider à piéger l'un des leurs qui enfreint les consignes du parti... Enrique ne veut ni résister, ni survivre en trahissant : il voudrait avant tout oublier.Le Piège combine trois temps différents : celui de la réalité, celui de l'histoire que le « héros » dessine, et celui des souvenirs de la récente guerre civile.Cet album d'une grande force rend hommage aux auteurs de BD de l'après-guerre et ressuscite, dans une ambiance volontairement oppressante, une page noire de l'histoire espagnole.
Anna est une jeune femme qui vit à Prague, et qui s’ennuie dans son couple. Son histoire familiale est compliquée et l’a éloignée de sa sœur jumelle. Sa vie s’emballe brusquement le jour où, confondue avec elle, elle se retrouve à fuir à travers la Bohème en compagnie d’un jeune homme dont elle ignore tout, prise en chasse par des tueurs de la mafia russe.Lucie Lomova, dessinatrice tchèque dont c’est le premier roman graphique pour adultes, signe un scénario digne d’Hitchcock, truffé d’humour, d’émotion et de rebondissements. Son graphisme « ligne claire » en sert parfaitement toutes les nuances.Anna en cavale est de la BD d’aventures à grand spectacle, menée tambour battant et traversée de nombreux personnages secondaires pittoresques. Une révélation !
Héros légendaire qui aurait vécu en Turquie au XIIIe siècle, Nasr Eddin Hodja est célèbre dans tout le monde musulman. Il passe pour l'incarnation du fou sage, au comportement provocant et au raisonnement toujours paradoxal.Ce personnage truculent a fait l'objet de nombreux livres, illustrés ou non, mais ne s'était encore jamais incarné en bandes dessinées. Une jeune dessinatrice française, qui fait ici ses débuts en librairie, s'est pris de passion pour Nasr Eddin. Elle le représente avec légéreté et humour dans une soixantaine d'anecdotes, qui le mettent aux prises, dans des situations souvent très triviales, avec son âne, sa femme, ses voisins, le hammam, les enfants, le seigneur Timour, le Coran... Sa mise en couleurs très chamarrée apporte à l'album un parfum des Milles et une nuits.
Cinq amis perdus de vue depuis longtemps se retrouvent dans une maison isolée à la campagne. Celui qui a pris l’initiative de les réunir se fait attendre. Ils ne savent pas pourquoi ils sont là. Ils tuent le temps en remontant des bouteilles de vin de la cave. Des souvenirs reviennent à la surface. Ils mesurent le temps qui a passé sur leurs vies, leurs rêves, leurs ambitions. Au fil des heures, les âmes se confessent. Et l’on apprend que l’une des deux jeunes femmes attend le retardataire depuis... quinze ans, depuis l’époque où il lui écrivait des lettres enflammées. Ce huis clos psychologique (un genre rarement abordé en bande dessinée), tout en subtilité, sera pour chacun un moment de vérité.Barbara Yelin a été l’élève de l’illustratrice allemande Anke Feuchtenberger (La Putain P., à L’Association) aux Beaux-Arts deHambourg et vit désormais à Berlin. Son premier livre, Le Visiteur, a paru à l’An 2 en novembre 2004 (collection roman visuel).
Un homme revient dans la petite station balnéaire où il passait autrefois ses vacances. Hanté par la magie des étés de son enfance, il revit toutes sortes de détails appartenant à sa mythologie intime. Il a gardé intactes les sensations de son premier amour, qui constituent son trésor le plus précieux. La petite fille d’hier doit être une femme à présent. Toutefois ce n’est pas elle, mais une de ses copines, celle que l’on surnommait « Méduse », que l’homme retrouve et avec qui il entame un pas de deux hésitant.La « Tour Blanche » n’est, après tout, qu’un banal immeuble d’appartements planté face à la plage.Le récit progresse selon deux plan narratifs montés en alternance : le passé est évoqué en couleur, le présent en noir, blanc et gris. Le dessin d’Auladell est aussi délicat que sa peinture des sentiments. Son style d’une grande élégance ressuscite toute la luminosité des étés perdus qui ne reviendront pas...
Tout est affaire de décor... Un désordre indescriptible dans une maison et son jardin, où l'on croise une femme seule, entre deux âges ; une adolescente, nageuse filiforme, promise à des triomphes aquatiques, amie des homards et des grands fonds ; un ex-mari regretté, policier anarchiste et amoureux ; une centaine de candidats, esclaves sexuels corvéables à souhait, issus de la sélection drastique opérée par la femme sur un site de rencontre régional ; enfin un bite-bush, arbuste omniscient qui retranscrit toute l'histoire à sa façon.Celle d'une femme croulant sous l'ennui et les livres qui fait creuser une piscine pour retrouver ce qui est à jamais perdu.Mais, de page en page, on passe derrière le miroir : le jardin extraordinaire est pur fantasme, un moyen de rester à distance du grand vide, ce creux, ce trou béant, ce drame auquel le couple a été incapable de faire face - la perte de leur enfant disparue quelques années plus tôt dans les eaux d'une piscine olympique.
Dans le Moscou des années trente, deux écrivains discutent sur un banc, dans un jardin public. Jésus a-t-il réellement existé ? Tel est le thème de la discussion. Tout à coup, se produit un mouvement de l'air, et un personnage est là, assis sur le banc voisin, qui se mêle bientôt à leur conversation. Étranger ? Espion ? Ou intrus simplement ? L'inconnu montre ses papiers : il est en règle. Il est, dit-il, un professeur venu en consultation. Mais, curieusement, il a un don de vision et lit dans l'avenir. Peu après, l'un des écrivains meurt comme il l'avait prédit ; le second devient fou - c'était aussi prédit. L'inconnu, c'est le Diable, en visite dans le monde socialiste. Tel est le début de cet extraordinaire roman. Mais le début seulement. Car autour de Woland (c'est le nom qu'a pris le Diable), trois récits vont s'organiser et s'entre-tisser : la fantastique sarabande dans laquelle va être entraînée Moscou, et qui déchaînera presque une catastrophe nationale ; la rencontre, par l'écrivain devenu fou, à l'hôpital psychiatrique, du Maître , fou aussi, qui lui racontera son amour pour Marguerite
Derrière l'intrigue, le portrait psychologique de trois solitaires : Vincent qui envisage enfin à trente ans de couper le cordon ombilical, Rosalie Blum qui ne cesse de noyer un passé noir et douloureux dans le whisky, et Aude qui se laisse aller aux hasards de la vie. Cette rencontre les aidera-t-elle à vaincre leurs démons ? Dans cette trilogie, Camille Jourdy suit ses trois héros avec une ironique tendresse.Tome 3Après plusieurs semaines de filature, Aude et Rosalie se sont attachées à Vincent et n'ont plus qu'une envie : le rencontrer. Mais avant, Rosalie décide de le taquiner unpeu : Elle s'immisce dans la vie de Vincent comme par hasard. Vincent panique au grand bonheur des deux femmes.Elles finissent par tout lui révèler. Les trois personnages se revoient et petit à petit, de cette rencontre incongrue naît une forte amitié.Vincent coupera-t-il le cordon ? Quel passé noir et douloureux Rosalie noie-t-elle dans le whisky ? Aude passera-t-elle Noël en familleCes trois personnages se laissont-ils aller aux hasard de la vie.
Le poète Mickhaïl Lermontov (1814-1841) est un jeune homme lorsqu'il est envoyé en exil dans le Caucase pour avoir attaqué le Tsar dans ses textes. C'est isolé dans la montagne qu'il écrit, à l'âge de 22 ans, le roman Un héros de notre temps. Publié en 1840, le livre connaît un succès immédiat et deviendra un classique de la littérature romantique russe. Lermontov est tué dans un duel l'année suivante.Un héros de notre temps se déroule entre 1827 et 1833, au bord de la mer Noire et dans le Caucase. Il est composé de quatre nouvelles , qui ont pour principal protagoniste un jeune homme désabusé, Petchorine - véritable enfant du siècle russe. Celui-ci est présenté successivement de l'extérieur (par un tiers), puis de l'intérieur (par le biais de son journal). Mon âme est pourrie par le monde, j'ai une imagination sans repos, un coeur insatiable. Tout me semble petit, mon existence est plus monotone chaque jour. Bientôt, je prendrai la route. Mais pas en Europe !J'irai en Amérique, en Arabie ou en Inde. Je mourrai en voyage...à moins que ce rêve ne s'éteigne aussi. Céline Wagner signe une adaptation sensible, où l'âme russe s'exprime à travers un clair-obscur raffiné. Elle déploie en particulier un vrai talent de paysagiste.
Le 2 avril 1998, Maurice Papon, ex-secrétaire général de la préfecture de la Gironde, est jugé coupable de complicité de crimes contre l'humanité. Pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, la justice française condamne un ancien haut-fonctionnaire de Vichy.Crimes de papier est un roman graphique qui s'intéresse à l'après. A travers le destin d'un fils de déporté (personnage fictif) consacrant sa vie à la recherche des coupables, ce sont plus de soixante ans d'Histoire française qui sont passés au crible, avec tout ce qu'elle contient de tabous, de non-dits et d'oubli.Le livre s'interroge sur la construction de la mémoire et dévoile les soubresauts d'une longue quête de justice. Il montre comment l'histoire individuelle finit par rejoindre la grande Histoire en dévoilant ses blessures intimes. Le travail de mémoire devient alors une reconstruction permanente.Le jugement de Papon n'a pas seulement permis à la mémoire française de franchir une étape, il a fait émerger la chaîne des responsabilités dans l'acomplissement du crime.En ce sens, Crimes de papier nous plonge dans l'un des vertiges de notre modernité : cette faculté qu'ont les hommes de devenir les rouages d'une machine qui les dépasse. Le passé, comme miroir du temps présent.
Guido Crepax (1933-2003) a été découvert en France, dans les années 1970, par Wolinski, alors rédacteur en chef de Charlie mensuel : « J'ai tout de suite admiré Crepax... Son dessin était unique, ses femmes magnifiques et sa formation d'architecte le faisait presque basculer du côté du design. » Ses adaptations de la littérature érotique l'ont rendu aussitôt célèbre : Justine ou les malheurs de la vertu de Sade, Emmanuelle d'Emmanuelle Arsan, La Vénus à la fourrure de Sacher-Masoch, ou Histoire d'O de Pauline Réage préfacé par Barthes et Robbe-Grillet.Son esthétique, son graphisme, devaient marquer son époque au point que certains critiques ont comparé la mise en scène de ses images aux films de la nouvelle vague des années 1960.Guido Crepax « le Raphaël de la bande dessinée. » l'auteur de la célébrissime série Valentina, s'est intéressé encore à de grands classiques de la littérature mondiale dont l'incontournable Comte Dracula de Bram Stoker ou le Frankenstein de Mary Shelley, qui sera son dernier album édité en 2002.Avec Dracula et Frankenstein, Crépax dessine la figure sensuelle et jamais innocente du monstre, c'est l'onirisme, la science fiction et la fantasy (thèmes omniprésents dans son oeuvre) qui sont au coeur de ces adaptations, deux chef-d'oeuvres présentés en un volume.
« ça, c'est pas une maison, ça c'est une cabane, dans une cabane il pleut, dans une cabane il fait froid ! » à la croisée du documentaire et de la fiction, le destin d'une famille Algérienne, du bidonville de Nanterre à son relogement.1962, alors que la guerre d'Algérie prend fin, Soraya débarque, à Orly, avec ses deux enfants. Ils sont venus rejoindre Kader, le chef de famille, arrivé lui en France quelques années plus tôt pour contribuer par son travail, comme beaucoup d'autres immigrés, au miracle des Trente glorieuses. Car la France des années 1950, en pleine relance économique liée à la reconstruction de l'après-guerre, favorisait à cette époque l'immigration des Portugais, des Espagnols et des Maghrébins pour fournir une main d'oeuvre bon marché aux industries du bâtiment et de l'automobile. Evidemment personne n'avait pensé à loger ces nouveaux prolétaires qui n'avaient d'autre alternative que de s'installer dans des baraquements en périphérie des grandes villes non loin des chantiers et des usines.Ainsi Kader habite le bidonville de La Folie à Nanterre et c'est là que la petite famille regroupée va s'installer.Monique Hervo, militante et témoin de l'époque, a vécu 12 ans à «La Folie», le plus vaste etle plus précaire des bidonvilles de Nanterre. En 1959, elle décrivait dans son journal, son arrivée : «Des milliers de tôles enchevêtrées se mêlent à des briques cassées : La Folie. Des moutons broutent l'herbe alentour. Gravats et vieilles ferrailles traînent aux abords de cette étrange cité, reliquats des déchets déversés ici par des entreprises : une décharge publique ! Je contourne le bidonville. Je n'ose y pénétrer. Je suis une intruse.[...] Situées derrière le palais de La Défense en construction luisant de blancheur, les baraques s'agrippent les unes aux autres dans un décor de débris de matériaux usés. Les chemins sont vides. Tout semble inerte.» Laurent Maffre dans son récit très documenté, nourri de témoignages, va suivre sur quatre ans les tribulations, le quotidien de cette famille, leurs conditions de vie, leurs espoirs et leurs désillusions . Si tous se souviennent encore ici de la manifestation du 17 octobre 1961, la vie continue avec pour priorité la quête d'un logement décent. Mais c'est sans compter sur les obstacles que l'administration française de l'époque lève face à eux.Un album on ne peut plus actuel alors que la xénophobie est devenue, plus que jamais, le fond de commerce de politiciens dévoyés.