« Il faut moderniser la nature. La rendre plus cool. Plus lounge. Plus zap. » Alain Boulanger, patron de la grande entreprise semi-publique VIEA, part à l’assaut de la nature. En route pour la mine d’uranium de Domartin (Dom Tom), un mystérieux accident de voiture vient éparpiller cette grande figure du patronat français sur le bitume d’une départementale traversant la jungle. Un énigmatique petit singe s’empare alors de l’ordinateur (rempli de secrets d’état) de Boulanger, point de départ de ce récit théâtral. En premier rôle : Marion, jeune journaliste idéaliste coincée dans ses peines de cœur et dépêchée sur les lieux du crime ; en seconds rôles : Vadime Boulanger (neveu du premier), guidé par son zob, Papa Mars, rédacteur en chef maoïste exalté, déterminé à faire la lumière sur VIEA, et, bien entendu, notre affectueux primate doué de parole : Cocojumbo, mammifère mythomane, au centre de notre fablabla (fable + blabla = fablabla)... La collision de ces différentes sensibilités, à rebours de l’intrigue politico-financière, mènera les protagonistes à affirmer leur moi profond (si débile soit-il) dans cette jungle hostile. Comme le dit Cocojumbo : « Yes le style ! »
Un petit pas pour l'homme, un grand pas contre la calvitie. Comme l'indique son titre, Sauve les Chauves compile une série de chauves illustres ou anonymes que le lecteur aura pour mission de « sauver ». Armé d'un stylo, il pourra affubler chacun de ces petits crânes d'une digne tignasse. Moins cher qu'un shampoing antiperte de cheveux, et disons-le : tout aussi efficace, ce petit volume ouvre vers des univers alternatifs : Juppé avec des cheveux ? Robocop en afro ? Une bande de skinhead beatnik ? Le lecteur, au gré de son exubérante créativité ou de ses pulsions refoulées (et enfin révélées), pourra créer un Asterix punk ou un Nicolas Sarkozy arborant un resplendissant mulet. Petits et grands de ce monde ont droit à une deuxième chance capillaire, et ce livre est là pour le prouver ! Fantaisie dans la veine de Laisse faire les sphères, du même auteur, Sauve les Chauves est à la fois un livre de coloriage, une satire politique et un recueil de blagues absurdes. Vous êtes moine Chaolin ? Vous vous appelez Bruce Willis ? Vous êtes néo-nazi, ou tout simplement malchanceux ? Ce livre est fait pour vous !
« Tout d'un coup, j'ai réalisé que ce minuscule petit pois, bleu et joli, était la Terre (...) Loin de me croire un géant, je me suis senti petit, tout petit. » Neil Armstrong, 1970. Le policier de la Lune arpente sans relâche la vaste étendue rocailleuse. À bord de sa navette à la pointe de la technologie, il patrouille pour protéger les braves citoyens de la colonie lunaire. Mais les tours à la machine à donuts et les conversations techniques avec son robot-compagnon sont les deux seules occupations qu'un insolent taux de criminalité de 0 % lui impose. Le dernier flic de la lune s'ennuie. Sa solitude témoigne de l'échec de la plus ancienne colonie humaine dans l'espace. Partie à la conquête d'une nouvelle Terre Promise, la société pleine d'espoirs s'est pris les pieds dans le tapis gris à poils ras de la modernité...Avec Police Lunaire, Tom Gauld propose un drame à rebours d'un film d'action qui montre que la conquête spatiale mène successivement à la désillusion, à la solitude et aux donuts. Après son truculent recueil Vous êtes tous jaloux de mon Jetpack et l'excellent Vers la ville, road-movie à la Beckett, Tom Gauld livre un nouveau récit drôle et mélancolique sur l'absurdité de nos civilisations technologiques.
« Une nouvelle vie s’offre a? vous. Installez-vous en ville ! » : Le prospectus en main, les deux héros de Vers la ville décident de tout abandonner. Quelle direction prendre ?Peu importe : les routes sont faites pour relier les villes, il doit donc y avoir une ville a? chaque bout... De cette errance semée de pluie et de petits tracas, Tom Gauld tire le plus tendre des récits initiatiques. Pour pimenter leur quête, aucun bandit ni tornade : aux effets ronflants, Tom préfère un non-sens typiquement anglais mâtiné de romantisme allemand... Le ciel, la brouette, la tente ou la route prennent tour à tour une dimension cosmique ou absurde - en apportant au récit autant de merveilleux que de mélancolie.Démiurge écossais, Maître Zen ou Grand Ordonnateur de l’Archi-Minimal, Tom Gauld est d'abord un prodigieux conteur, et on retrouve avec bonheur l'humour absurde, tout en finesse et en nuances, qui faisait le sel de Vous êtes tous jaloux de mon jetpack, son précédent livre aux éditions 2024.Pré-publié dans un premier temps sous forme de chronique hebdomadaire dans Time Out London, ce récit a fait l'objet d'une première édition chez B.u?.L.b Comix (Suisse) en 2004, sous le titre Move to the city. Indisponible depuis plusieurs années, il était plus qu’urgent de rééditer ce chef-d’oeuvre méconnu.
Poissons, oiseaux, soleil, lianes et vers de terre peuplent une île idyllique. Au coeur de cet Eden, deux êtres s'éveillent à la conscience et s'émerveillent ensemble de la vie qui s'offre à eux. Tout en gambadant, ils apprennent à se construire avec quelqu'un en inventant les prémices du progrès et de la civilisation. Ici, c'est le paradis originel : Bob et Sally sont les deux premiers amis du Monde.Point d'ambiguïté : il s'agit d'un couple de copains. Adam et son pote Adam au pays de l'adorable et de l'insouciance. Mais le soleil a beau sourire et faire des oeillades, un malaise diffus fait doucement son nid : le quotidien pointe le bout de son nez, traînant avec lui l'angoisse du temps qui passe. Quel insoutenable sentiment de vacuité lorsque naît la conscience de l'éphémère !
Canne de fer et Lucifer est l'histoire héroï-comique d'un jeune garçon apprenant la canne de combat durant le XVIIIème siècle. Cet art martial des compagnons du devoir l'emmènera dans des aventures truculentes : il se battra dans des tournois occultes et échappera de peu aux échafauds de la Terreur. Ainsi Gaston Martin, habile canniste et candide vagabond deviendra un prodige de l'escrime au bâton et un héros des institutions révolutionnaires naissantes. Si le ton de l'histoire peut rappeler, par certains côtés, certains mangas (Dragon Ball), c'est aussi et avant tout un feuilleton, au sens où on pouvait l'entendre au XIXème siècle.Léon Maret s'est longuement plongé dans les récits de Rocambole ou des romans d'Alexandre Dumas.S'éloignant d'une narration trop calibrée, Léon Maret nous livre ici un récit épique dont la simplicité et la spontanéité revendiquées font directement écho à l'oeuvre des pionniers de la bande-dessinée, comme Töpffer.
Ce matin, Papa a disparu - en fait c'est sa cafetière qui avait disparue, et en suivant les traces du voleur, qui menaient de la cuisine à la cave, Papa a atterri aux Enfers ! (il nous a laissé une lettre, qui explique tout). Heureusement, une sorte de gros dragon en peluche l'a pris sur son dos pour arpenter les 11 cercles infernaux, toujours à la poursuite d'un bon kawa. En traversant l'Atroce Supermarché, l'Odieuse Bibliothèque, l'Aérogare Répugnant, ou encore L'Hôpital Pervers, Papa va croiser d'innombrables - et sinistres - apparitions telles qu'un trottoir en viande hachée, un générateur de noms de fromage, le Père Noël du Réchauffement Climatique, et même Eric Emmanuel Schmitt.Ce diable de Léon Maret reprend les codes du Cherche et trouve pour laisser libre cours au bouillonnement de ses idées farfelues. Il ressuscite ici l'esprit régressif des Crados et nous emporte dans son temple personnel avec enthousiasme. Liberté, Absurdité et Plaisir : bienvenue dans les Enfers léonmaresques !
Chaque année depuis 2010, Central Vapeur organise à Strasbourg, dans le cadre de son festival, un dialogue de dessins : fruit d'une confrontation de deux univers graphiques, il vise à produire des images étonnantes, poussant chacun dans ses retranchements ou l'amenant vers des rivages inattendus.Après Killoffer et Anouk Ricard, ou encore Jean Lecointre et Icinori, c'est au tour de Blutch et Anne-Margot Ramstein de se prêter à l'exercice. Délaissant chacun une part de sa grammaire, Blutch et Anne-Margot Ramstein composent une suite graphique qui trouve sa logique dans l'enchevêtrement.Au fur et à mesure des pages, les auteurs comme le lecteur progressent à tâtons, s'accrochant aux motifs répétés pour entrevoir une narration. Chacun suit l'autre pas à pas, tout en reprise de motifs, pour décrire des courbes indécises, ou opérer de brusques virages ; la déstabilisation est de mise dans cet univers où une femme nue est entourée d'un bestiaire ambigu, dont ladomesticité n'est jamais assurée.
Un randonneur en survetement jaune laisse échapper un livre de son sac. Aussitôt une étrange créateur, sorte de blob à allure de yéti, s'en saisit. Fantastique, c'est un Guide de Survie dans la jungle ! Aussitôt la créature se met à la lecture : et son habileté couplée à son intelligence se met en marche. Interprétant ce manuel des trucs et astuces pour randonneur en déroute, elle se livre à une série d'inventions poétiques, qui de loin dépassent le modèle.Le pauvre serpent qui piqua l'étrange créature en fit les frais le premier : sa peau ne fait-elle pas un magnifique pansement ? Bientôt, c'est le soleil qui darde ses rayons qui incommode notre blob ; mais comment se procurer des lunettes pour s'en procurer ? Avec de la glace et un poulpe, pardi ! Notre étrange créature n'a pas son pareil pour se saisir de son environnement et le modifier, avec une imagination et une poésie qui n'appartient qu'à lui.Ces petites scènes drolatiques raviront petits et grands et inspireront les enfants à devenir, comme l'étrange créature, un touche-à-tout de génie !
Le Capitaine Mulet a été hautement honoré. Le Roy de France lui a offert un navire, un équipage, et une mission qui doit le mener aux confins du Monde. Exploration ? Rien n'est moins sûr : tout ça pourrait bien n'être qu'un exil déguisé... Bravant la tempête et les océans, Mulet découvre alors une terre inconnue. Faut-il la revendiquer au nom du Roy, ou s'y installer pour créer son propre royaume ? Débute alors pour notre naïf et enthousiaste héros un long périple à travers un Moyen-Âge loufoque, qui le mènera des prisons du Roy au palais du Pacha d'Orient... Tel Don Quichotte, Mulet ne vit cette épopée qu'à travers ses fantasmes : le désert du Sahara devient une mer de roches, les paysans gascons des Atlantes.Cette aventure menée bon train se drape autant d'humour que de poésie et l'on dérive avec plaisir, de personnages attachants en digressions farfelues, au gré de la folie douce de ce bon Mulet. Une préface signée par Danièle Alexandre-Bidon, historienne, spécialiste du Moyen-Âge et des arts graphiques, enrichit cette édition d'un regard érudit sur les sources et les références médiévales dans lesquelles puise Sophie Guerrive.
Tandis que Pulsar détruit des mondes, Quasar peine à gérer ses histoires de coeur. Jeune génie de la Guildes des Plieurs d'Univers, Quasar est pourtant le seul, grâce à sa maîtrise hors du commun du Temps et de l'Espace, à pouvoir s'opposer à cette folie destructrice... Les bouleversements galactiques vont bien vite rattraper Quasar : bientôt, luttant pour sa survie et celle de l'univers tout entier, il lui faudra affronter Pulsar en personne ! Récréation graphique surprenante, futuriste et baroque, Quasar contre Pulsar est le fruit d'un audacieux travail à trois : Mathieu Lefèvre développe ses talents d'écriture, part d'un genre et le détraque pour glisser vers un autre ; Alexis Beauclair signe de son trait sobre et élégant le dessin des planches, qu'Etienne Chaize investit en dernier lieu de son univers débridé fait de couleurs dégradées, halos, néons et autres effets lumineux...Au-delà du choc visuel, cette alchimie fait naître une atmosphère unique et porteuse, finalement, d'une singulière poésie. Quasar contre Pulsar est un vaudeville délirant et survitaminé, que l'on referme sourire aux lèvres, essoufflé, ébahi et comblé.
Le Mirliton merveilleux, album lithographié et mis en couleur à la main, paraît en 1868. Avec ce livre, le Merveilleux, genre en soi - contes de fée, récits surnaturels et mondes magiques - connaît alors l'une de ses toutes premières incursions dans la bande dessinée. La vile fée Grain-de-Tabac, alliée du Soleil en personne, jette un sort au roi Berlingo et à sa bien-aimée Tapioka : leur nourrisson est changé en ours ! Muni du Mirliton, une sorte de flûte aux propriétés magiques, les multiples héros du récit combattront le maléfice, pour que l'ourson - redevenu un fringant jeune homme - puisse épouser la belle Bulbul, fille du Schah...Ce récit se déguste telle une pièce montée, garnie d'éléphants et de chameaux en sucre, dont chaque étage réserverait de nouvelles surprises, miniatures de décors exotiques et farandoles de marionnettes enchantées. Destinée à la jeunesse lors de sa parution, cette bande dessinée s'offre au lecteur comme une généreuse malle de jouets. On y compte de nombreux personnages et péripéties, que les auteurs animent dans une histoire qui évoquera tout autant, au lecteur réjoui, les aventures du Baron de Münchhausen qu'Iznogoud et ses jeux de mots faciles.
Dans un monde absurde dirigé par des hommes violents et fous, Lemon Jefferson est un héros en devenir. Naïf et simple lieutenant, sa vie bascule un jour où la patrouille amène au château une jeune femme et un vieillard : 2 rebelles faits prisonniers et condamnés à morts. Son destin le mènera alors à travers de terribles épreuves, et il découvrira l'amour, l'amitié, mais aussi la trahison et la cruauté... Sur ce chemin semé d'embuches, sa bravoure, sa loyauté et son sens de l'honneur seront mis à rude épreuve !Avec ce récit haletant où se succèdent les péripéties les plus extravagantes, Simon Roussin cherche à retrouver le souffle de ses lectures d'enfance, tout en travaillant sur les récurrences et caractéristiques du récit classique. Toutefois, et sans jamais tomber dans la parodie, il nous livre d'abord une vraie Grande aventure, où se mêlent l'humour, la dérision, la nostalgie et l'hommage ému. Son récit est servi par un travail graphique surprenant, où il s'approprie la ligne claire et la réinvente grâce à une virtuose mise en couleur aux feutres.En assumant l'héritage de ses aînés et en jouant avec les références, Simon Roussin renouvelle la bande-dessinée d'aventure avec une étonnante maturité.
Ce jour-la?, Heartbreak Valley est le théâtre de l’éclipse de soleil la plus longue de l’histoire de l’humanité?. Eliot Parsley est détective ; depuis trop longtemps, il poursuit la mystérieuse Jenny Moore, et son enquête l'a mené jusqu'ici... Il se mêle a? la foule des curieux venus assister a? ce spectacle extraordinaire, mais lorsque l'heure vient de reprendre la route, il se heurte à une obscurité sans fin : seule Heartbreak Valley est revenue a? la lumière ! Les ténèbres règnent partout ailleurs, plongeant les hommes dans la folie. Le détective entreprend alors une traversée de ce monde devenu apocalypse. À ses côtés, un évadé ivre de vengeance sème la mort, croyant reconnaitre en chaque inconnu l’assassin de sa femme et de ses enfants... Tout au long du récit, passé et présent s'entremêlent et nous aveuglent pour mieux nous plonger dans la psychologie d'un narrateur égaré. Les obsessions respectives de chacun des personnages finiront par se rejoindre, dans un scénario rappelant les films noirs de l’âge d’or d’Hollywood.Après Lemon Jefferson et la Grande Aventure, Simon Roussin délaisse un temps ses feutres et assume un récit âpre où les couches de récits se superposent, tissant une réalité étrange où les territoires la bande-dessinée la plus classique sont voilés par la nostalgie, la violence et une troublante poésie.