Le livre commence par l'apparition d'une créature mystérieuse et taciturne, portant une écharpe et des baskets, à la porte d'un manoir. Les habitants de ce lieu, aristocrates tout droit sortis de l'époque edwardienne, voient cet être à l'allure vague de pingouin s'installer chez eux et ne plus en partir. Ils essaient tant bien que mal de cohabiter avec lui et de faire avec son humeur insaisissable, tour à tour abattue et espiègle. Hélas, dix-sept ans plus tard, l'invité ne montre toujours aucune intention de repartir.L'Invité douteux s'inscrit dans les traditions du surréalisme et de la littérature du non-sens. Il s'agit d'un des livres les plus célèbres et anciens d'Edward Gorey (troisième opus de l'auteur, il fut publié en 1957 par l'éditeur Doubleday). Le chanteur Robert Wyatt en fit dans les années 1970 une adaptation musicale avec le compositeur Michael Mantler. Le lecteur y retrouvera le même sens de l'absurde que dans les ouvrages de cet auteur déjà édités au Tripode (Les Enfants Fichus, La Harpe Hagarde, Le Couple détestable, Total Zoo, etc.).
Dans ce double album, deux des conteurs les plus reconnus d'Amérique latine, Alberto Laiseca et Alberto Chimal, se saisissent avec délicatesse du thème du sacrifice qu'une mère est prête à faire pour s'opposer à un événement tragique et irréversible : la mort d'un enfant. En illustrant et réunissant les deux histoires par un effet de miroir exceptionnel au coeur de l'ouvrage, l'artiste argentin Nicolás Arispe offre une lecture qui va au-delà des mots. Ses illustrations en noir et blanc, symboliques et terribles, sont à la croisée d'Edward Gorey et de José Guadalupe Posada, du baroque et du paganisme, de la Première Guerre mondiale et des danses macabres médiévales.Dans La Mère et la Mort, l'Argentin Alberto Laiseca s'inspire d'un conte de Hans Andersen et nous raconte l'abnégation d'une mère prête à traverser les paysages les plus hostiles et à sacrifier sa chair pour retrouver son petit.Dans Le Départ, le Mexicain Alberto Chimal dépeint le long et douloureux deuil d'une mère qui perd son enfant lors d'un tremblement de terre.Les deux récits, à mi-chemin entre la tragédie classique et la tradition orale, nous confrontent à nos peurs les plus profondes et à la question du deuil le plus douloureux qui soit, qui s'exorcise ici par la littérature et l'art.