Un voyage ébouriffant dans la littérature chinoise revue et corrigée par Chihoi et Kongkee, deux auteurs de Hong Kong. Dans Détournements, les deux auteurs se sont amusés à adapter leurs ouvrages préférés. Mais pas n'importe comment ! A l'instar de Breccia dans Cauchemars, Chihoi et Kongkee se sont à proprement parlé inspirés de tous ces ouvrages pour en livrer de courts récits, allant chercher ce qui fait à leurs yeux l'essentiel de ces livres de référence.Dans la douzaine d'histoires présentée ici, les styles et les approches se suivent sans se ressembler : crayon, encre, stylo, papier découpé, peinture, informatique, bref, un festival de techniques qui font de Détournements à la fois un voyage d'exploration dans une littérature méconnue, un feu d'artifice visuel et un véritable régal pour les yeux.
Le Char de Fer est l’adaptation d’un classique de la littérature policière norvégienne, écrit par Stein Riverton au début du XXe siècle. Jason s’éloigne pour l’occasion de ses récits muets, et nous propose ici un polar à l’ancienne, avec crimes mystérieux et retournements de situation, mais mâtiné d’une certaine poésie et d’un climat d’étrangeté envoûtant. On pourrait bien sûr évoquer, pour l’ambiance, certains écrits d’Edgar Allan Poe, et également, pourquoi pas, La Règle du Jeu de Jean Renoir, ou encore Le Limier d’Anthony Shaffer…Qui a tué Blinde, le garde forestier ? Que dissimulent M. Gjaernes et son majordome ? Et ce char de fer, dont les grincements nocturnes annoncent le pire, existe-t-il seulement ? Un écrivain à succès et un détective sauront-ils résoudre cette affaire ?
C'est en 2006 que paraît le premier livre de Nicolas Presl, Priape. Onze ans et sept livres plus tard, Nicolas Presl est devenu un des auteurs les plus emblématiques et les plus productifs du catalogue atrabilaire. Atrabile ne pouvait décemment laisser disparaître ce livre et propose donc aujourd'hui une nouvelle édition de Priape avec une nouvelle couverture et une préface de Vivien Bessières, maître de conférences en littérature à l'université de Limoges. Le nom de Priape évoque avant tout le dieu romain de la fécondité et de la virilité physique. Ici, c'est d'un homme dont il s'agit et d'un cadeau empoisonné que la nature lui a offert et qui fera de lui un être à part. Nicolas Presl, dans ce contre cruel et parfois dérangeant, nous emmène dans l'Antiquité, sur les pas d'un jeune homme en quête de sa propre identité...
Tout juste une année après la parution du premier volume (Décrire l'Egypte, ravager la Palestine), voilà le deuxième épisode de cette « série » en tout point unique, épisode sous-titré ce coup-ci Décrire l'Empire ottoman autour de 1830. Pour rappel, Décris-Ravage est une adaptation en bande dessinée de la pièce éponyme d'Adeline Rosenstein, et comme dans le premier épisode, on retrouve ici la même volonté d'explorer les relations complexes qui lient Moyen-Orient et Occident, en allant piocher dans des entrevues et témoignages recueillis par Adeline Rosenstein elle-même, mais aussi dans « l'Histoire » (oui, celle avec une grande hache), ou encore dans le théâtre, la littérature et la poésie, dans le chapitre récurrent appelé chantier de traduction.Un pied dans les événements d'aujourd'hui, un autre dans ceux d'hier, Décris-Ravage est une oeuvre éminemment politique, mais qui ne fait pas l'impasse sur de vraies recherches (et questionnements) historiques - grâce, entre autres choses, au regard de l'historien Henry Laurens sur cette production. Et c'est avec une invention formelle sans cesse renouvelée que Baladi met le propos d'Adeline Rosenstein en images, ce qui termine de rendre ce projet complètement passionnant, dans le fond, comme dans la forme.
On assiste depuis quelques années à un mouvement plutôt intéressant dans la bande dessinée (mais aussi dans la littérature et au cinéma) qui voit des auteurs délaisser les récits réalistes et l'auto-fiction pour se réapproprier certains thèmes et genres qui avaient été comme confisqués par de grosses «machines» commerciales ou des oeuvres formatées et sans imagination. Ainsi, Sascha Hommer, qui après deux récits ouvertement autobiographiques (Quatre Yeux et ... en Chine, tous deux chez Atrabile) nous revient avec La Forêt des araignées, un livre qui baigne ouvertement dans la fantasy et joue avec les codes et poncifs inhérents au genre.C'est bientôt le moment de lachasse pour ceux qui vivent sur les rochers. La chasse les amènera dans la forêt des araignées, à la recherche des Sylvestres, espèce de grosses limaces gluantes qui abritent dans leur mucus les Punkis, principale nourriture du peuple des rochers. Mais la présence des Yeux, démiurges géants et tyranniques, qui ont interdit au petit peuple l'accès à cette réserve de nourriture potentielle, rend la chasse dangereuse. Le seul espoir d'une vie paisible et plus juste serait, comme le prédit la Prophétie, l'avènement du Messager, qui pourrait libérer le peuple des rochers et le porter au-delà de la Grande Muraille, et vers le Royaume des nuages...Univers fantasque et fantastique, dessin tout en rondeur, personnages kawaï et sous-texte politique, La Forêt des araignées est donc une oeuvre hybride, un livre d'auteur mais aussi un récit d'aventure, un ouvrage qui vous transporte ailleurs mais qui refuse également de tout prémâcher et ose faire confiance à l'intelligence, et l'imagination, du lecteur.