L'enfant pleurait.Il pleurait tant que c'en était intolérable. Impossible de dormir. Pendant des heures je l'ai laissé hurler à me percer les tympans. D'habitude la patience n'est pas mon fort. Mais là, exceptionnellement, j'ai attendu qu'il ferme sa putain de gueule ! Il ne voulait pas. Alors j'ai pris ce minuscule corps qui ne pesait pas lourd, qui criait plus encore d'être dans mes bras, et je l'ai balancé par la fenêtre, de toutes mes forces.
La Comtesse est une jeune femme ignorante des mystères du sexe. C'est toute fraîche et vierge qu'elle s'apprête à passer sa nuit de noces. Son mari, vieux, moche et rabougri la laisse au matin écoeurée à jamais du plaisir en chambre.À jamais ?C'est sans compter sur la fougue de son personnel de maison ! Dès que son époux quitte le château, le valet, de ses assauts répétés, ramènera bien vite le rouge aux joues de la Comtesse.
Une chaussette est posée là. À même le sol.Entre spleen et hystérie, elle pense à sa vie. Sa vie si dure depuis qu'elle a perdu sa moitié, si seule depuis que les miettes à côté ne veulent même pas lui adresser la parole. Laissant partir son inconscient dans des envolées lyriques et alpaguant le lecteur, elle nous laisse témoin de son désarroi et de sa superbe. Une chaussette sale, ça n'a rien de très attrayant. Mais animée de la voix et de l'esprit dérangé de Salch, cela donne tout de suite une autre dimension à cet insignifiant accessoire du quotidien. L'auteur de Lookbook n'a rien perdu de sa verve énervée pour s'adresser à son lecteur. Oui ! TOI ! Le lecteur !
Dans les épisodes précédents nous avions laissé Bouzard aux prises avec son stupide chien Flopi. Ils nous reviennent tous les deux pour assener un ultime coup de tatane dans le ventre convulsé de rire de fans déjà conquis. Salué par ces pairs, encensé par la critique, Guillaume Bouzard a su s'imposer avec la série des autobiography of me too comme le maître incontesté d'une veine de la bande dessinée autobiographique décomplexée. Grâce à l'alliance d'un talent graphique hors norme et d'un Humour imparable longuement mûri chez les éditeurs indépendants (Les Requins Marteaux, 6 pieds sous terre avec la série Plageman, le Psikopat...), Bouzard développe dans ce nouvel album son goût pour les situations burlesques et improbables. Mettre en scène son quotidien avec autant de verve et de fraîcheur, seul le prince de la bande dessinée underground pouvait renouveler l'exploit dans ce troisième opus !
Dans un mondeoù l'individu construit sa propre prison, un bébé laissé pour mort est jeté en pature aux cochons. Miraculeusement, il survit et devient adulte, mi-humain, mi-porcin, totalement adapté au rythme de vie de la porcherie, où il coule des jours heureux. Un jour, cependant, il s'enfuit après avoir vainementtenté de sauver un des siens d'une saignée ordinaire. Confronté au monde absurde des humains, il est enchaîné, jugé puis condanmé comme forçat dans une abjecte prison-usine, qui deviendra son ultime égoût vers le paradis ? Reconnu pour son exposition de machines, présentée dans différents festivals(Angoulême, Colomiers), Rémi est l'auteur de plusieurs livres parus notamment au Dernier Cri ou en auto-édition. Avec Blasphème au Paradis, il réussi le tour de force de présenter une véritable bande déssinée d'images, sans case, sans texte, et qui, à l'instar des contes, entraîne le lecteur dans une narration aussi simple et fluide que chargée de multiples allégorie.
Marlisou est une belle et courageuse toxicomane. Après s'être injectée sa der-nière dose, elle décide de braquer son dealer, d'empocher le reste de la came et de s'enfuir fissa le plus loin possible. Poursuivie par ses fournisseurs et par la po-lice toujours complice, elle finit par s'envoler dans les airs à bord d'un dirigeable. Jusqu'ici rien de plus banal. Reste que son périple la conduira aux confins troubles de l'espace et du temps ; au crétacé comme sur mars, dans un phare comme dans le cosmos, dans une fuite en avant qui jamais ne se lasse de la voir trépasser.Marilsou de Pierre Ferrero est un livre étrange tenant à la fois du film Un jour sans fin où Bill Murray est condamné à vivre en boucle la même journée que du roman paranoïaque à la William S. Burroughs ! L'auteur nous plonge dans un univers angoissant dont l'héroïne, seul personnage muet de la bd, est la victime d'un narrateur démiurge et sadique, à la fois conscience du héros et conteur de ses supplices. Dans un style mêlant à la fois un dessin naïf conscient à des compo-sitions en cubisme léger, Pierre Ferrero nous livre ici un récit angoissant et drôle, qui lorsque s'efface les sourires des premières pages laisse une curieuse impres-sion de malaise existentiel.