Trois hommes costumés et masqués s'aventurent dans une ville inconnue.Formant une sorte de commando en mission, ils sont à la recherche d'un lieu, d'un objectif qu'ils ne connaissent qu'approximativement. Au détour d'architec-tures oppressantes, ils sont vite confrontés à d'inquiétants groupes d'hommes en uniforme. La tension nouée entre les protagonistes, autant que la pesanteur des situations, laisse craindre l'imminence d'un drame. Que font ici ces milices urbaines ? Qu'est-ce qui justifie qu'elles se comportent en maîtres des lieux ? Quelles activités sont réellement les leurs ? Trafic ? Crime à grande échelle ? Déprédation ? Attentat ? Putsch militaire ?.En dépit de ces rencontres, nos trois hommes parviennent à destination. Sans se départir de leur feinte nonchalance, ils se présentent au portail blindé d'une luxueuse villa. Le propriétaire des lieux, un dandy aux airs mystérieux, les laisse pénétrer au coeur de cette forteresse dont il semble avoir l'usage exclusif. Après leur avoir offert quelques verres d'alcool, après les avoir menacés d'une arme à feu, il leur accorde cependant le privilège d'accéder à son très vaste jardin et à une bibliothèque unique en son genre : la salle de la mappemonde.
Dans son précédent opus, Le Programme Immersion, Léo Quievreux avait laissé, en un lieu et un futur indéterminés, une poignée d'espions branchés à l'EP1 (Elephant Program One), machine expérimentale conçue pour fouiller, révéler, augmenter les souvenirs. Suite et fin de ce programme paranoïaque, Immersion s'ouvre sur le procès de Per Esperen, un haut cadre de l'Agence accusé d'avoir manipulé EP1 à ses propres fins.A quoi bon un tel procès cependant, dès lors qu'Esperen, tout comme son adversaire, l'agent Le Chauve, restent hors de portée de la réalité, prisonniers de l'espace mental créé par leur connexion avec la machine ? Faisant le constat de leur impuissance, ayant manifestement perdu le contrôle du programme, les plus hautes autorités de l'Agence tentent de reprendre la main en connectant de nouveaux espions à l'EP1.A charge pour l'agent 39,5 de suivre les traces du Chauve, à charge pour les agents Janet Crispel et Carl Jaeger de remonter jusqu'à Per Esperen.
Avec ce sixième ouvrage, Yûichi Yokoyama frappe haut, frappe fort et frappe où on ne l’attend pas. Délaissant un moment sa manière habituelle – la ligne claire incisive, parfaitement maîtrisée, rehaussée d’aplats noirs et de trames reconnaissable entre toutes –, il offre avec Baby boom sa première bande dessinée en couleurs. Baby boom est un recueil de saynètes ultra-rapides animées par deux personnages récurrents, un « oiseau » (l’animal à tête noire sous le masque duquel l’auteur aime se figurer) et un « poussin », engagés dans toutes sortes de jeux et d’activités propres à l’enfance : cerceau, cubes, baignade, pliages, dessin, goûter, construction, bac à sable, saut dans les flaques… Dessinant vigoureusement à l’aide de deux couleurs de feutres (dont il change à chaque scène ou à chaque page), Yokoyama a laissé à ses dessins leur fraîcheur d’esquisses. Par leur rapidité d’exécution, par leurs contrastes colorés, ses planches sont le prolongement évident et communicatif de la joie frénétique de l’oiseau, du poussin et de leur bande de copains. Nouvelle clé d’accès à une œuvre trop souvent jugée austère, sérieuse et froide, Baby boom – livre de l’enthousiasme – expose ainsi au grand jour pour la première fois l’un des ressorts les plus puissants de l’œuvre de Yûichi Yokoyama : sa part d’enfance.