De l'Odyssée à Taken, d'Andromaque au Comte de Monte-Cristo, de La Bête humaine à Un justicier dans la ville, nombreux sont les récits dont les héros font payer à l'offenseur le prix de son offense, et font justice eux-mêmes, selon l'implacable loi du talion : oeil pour oeil, dent pour dent. Peut-on pour autant parler de justice ? La violence meurtrière de la vengeance sévit surtout au cinéma, au théâtre ou dans les romans; mais combien de fois n'avons-nous pas supprimé, en pensée ou en paroles, ceux qui nous ont fait du mal ? Le plus souvent, nos vengeances sont anodines ou restent symboliques, or toute vengeance n'est-elle pas excessive par nature ? Ressentiment, rancune, hostilité, colère, fureur... si les passions qui animent le vengeur sont en général condamnées par les philosophes, elles nous apprennent quelque chose sur nous-même. Que se cache-t-il alors derrière le désir de se venger ?
Robin des Bois, Jacques Mesrine, Arsène Lupin, Jean Valjean, Jean Genet... Il y a les voleurs réels et les voleurs mythiques, les voleurs solitaires et les voleurs organisés, les voleurs malades et les voleurs revendiqués... Héros, esthètes, nécessiteux ou justiciers, tous semblent faire l'objet à la fois d'une peur et d'une fascination populaire. Pourtant, le vol suscite le plus souvent l'indignation ou l'effroi - ce dont pourrait témoigner la lourdeur de nos sanctions pénales. De fait, la violation de la propriété nous apparaît comme une atteinte profonde à ce que nous sommes. Mais alors, d'où vient que le voleur puisse nous fasciner ? À quoi les voleurs font-il écho en nous ? En partant de l'examen des grandes légendes du vol telles qu'elles apparaissent en particulier dans le cinéma et la littérature policière, et en nous appuyant sur les analyses du vol par la philosophie politique, ce sont finalement toutes les ambiguïtés de notre rapport à la propriété que nous serons amenés à interroger. Communisme, capitalisme, anarchisme : si chaque courant de pensée politique se définit par un certain rapport à la propriété, c'est par le biais du traitement réservé au vol par chacun que nous tenterons de comprendre pourquoi le vol peut nous apparaître en même temps comme un acte d'héroïsme et comme une menace.