Une jeune fille erre dans une cité ravagée par un tremblement de terre où se font face ses habitants insoumis et une mystérieuse armée d'occupation. Sa progression vers le centre ville, dont l'accès est interdit à toute personne, est rythmée par des apparitions, des rencontres inattendues et des incidents curieux. Dans une ambiance qui se fait de plus en plus inquiétante, elle se retrouve enfin face à la devanture de ce qui fut le Cinéma Zénith... Dans cette oeuvre en trois volets, Andrea Bruno revient aux thématiques qu'il avait développé dans Bouillon de Néant : la guerre, ou mieux, les conséquences de la guerre sur les personnes et les choses. Dans Cinéma Zénith, Bruno explore toutes les possibilités offertes par le récit fragmentaire : les images, puissants contrastes de noirs profonds et de blancs purs, se succèdent dans un flux ininterrompu, tels des photogrammes de court-métrages projetés sur l'écran d'un cinéma abandonné ; les textes, qui rythment l'histoire et suspendent ce flux pour un court instant, ne sont à leur tour que des fragments : les souvenirs de la protagoniste, les passages d'une lettre qui lui a été adressée, les courts paragraphes d'un hypothétique guide de la ville. Récit visuel par excellence, Cinéma Zénith dégage une force et une ambiance dignes du cinéma de Tarkowsky ou de Béla Tarr.
Anna poursuit sa marche dans la ville en feu, où la lumière crue des flammes déchire la nuit éternelle qui paraît tout envelopper. Sous ses yeux, des images défilent, des scènes brutales, des découvertes douloureuses et des rencontres révélatrices. Sont-elles des séquences d'un film jamais projeté ou bien des hallucinations provoquées par le « lait noir » ? La quête d' Anna, complètement déboussolée, touche pourtant à sa fin ; il est temps pour le Cinéma Zénith de dévoiler tous ses secrets... Ce troisième et ultime volet de Cinéma Zénith montre Andrea Bruno au sommet de sa recherche visuelle et de son expérimentation narrative. Fragmentaire, faisant continuellement se succéder des images qu'il retient avant d'en déclencher leur pleine puissance, le récit se fait ici choral. Y résonne alors l'écho de tout un imaginaire littéraire, d'angoisses ataviques ainsi que d'allusions politiques.
La toute dernière planche du premier volet de Cinéma Zénith avait laissé Anna, la protagoniste, seule devant l'entrée de la salle décatie du cinéma. Son dangereux périple pour rejoindre le centre de la vieille ville interdite n'avait fait qu'augmenter ses inquiétudes. Etrangère dans un pays hostile, en quête incessante de vérité sur ses origines, Anna errait d'énigmes en énigmes. Désormais prête à franchir le seuil, de nouvelles questions surgissent alors. Qui sont les « dieux » qui hantent ce lieu ? Quel genre de spectacles s'y déroulent ?Ce cinéma est-il le seul véritable endroit qui résiste à l'envahisseur étranger ?Et surtout : Anna parviendra-t-elle à déchirer le voile de ténèbres qui paraît l'envelopper ? Dans le deuxième épisode de son triptyque visionnaire, Andrea Bruno met en scène des personnages semblant issus d'une tragédie antique, qu'il appuie par son trait nerveux caractéristique, ici encore plus sombre et inspiré. Il façonne la matière et la lumière pour offrir de puissants contrastes, oscillant entre la profondeur des noirs et la pureté des blancs, dans la lignée d'univers dignes des oeuvres d'Andreï Tarkovski, Béla Tarr ou encore David Lynch.
« Tu poursuivras la bête et la transperceras de ta flèche. Tu couperas sa tête, mangeras son coeur et boiras son sang. Elle t'apprendra à voir le vrai visage du monde ».Obéissant à l'oracle, l'homme se met à traquer l'animal, gibier capable de sustenter toute sa famille, toute sa tribu. S'enfonçant dans la forêt inhospitalière, nécrosée, le chasseur flaire sa pâture, perd sa trace puis la retrouve. La quête devient alors initiatique : la proie se fait guide, l'homme et l'animal, s'agrègent pour écrire, par-delà l'espace et le temps, leur tragédie commune.Dans ses précédents travaux de bande dessinée (Psychonautes) et de cinéma d'animation (Psiconautas, los niños olvidados et Decorado), Alberto Vázquez dénonçait les ravages de la pollution massive et la déshumanisation croissante de notre modèle social. Autant de métaphores dystopiques qui lui ont permis de mettre en évidence l'échec de la modernité, que la science et le progrès, ces mythes, ne peuvent désormais plus enrayer.Ces thèmes constituent de nouveau le coeur de La chasse, haletant récit de traque et de survie mêlant rites primitifs et initiatiques où Vázquez recompose le couple ancestral homme/ animal, lui seul qui pourrait endiguer la destruction du vivant. Tissées d'échos à l'art pariétal, à la peinture classique chinoise ou encore à l'expressionnisme sombre de Lynd Ward et Frans Maaserel, les pages de La chasse sont de plus émaillées de lavis saisissants. Le tout est mis au service d'une allégorie puissante à la poésie déchirante, qui incite à la réflexion.
Maria est capable de manger comme un ogre, de dresser des listes interminables des noms des personnes qu'elle a rencontre es et de couper une feuille de papier en mille petits carre s parfaitement identiques. Elle passe ses journées a e couter de la musique et tout récemment s'est de couvert une passion pour le dessin. Maria vient d'avoir 20 ans ; Miguel, son père, est fier d'elle tout aussi qu'inquiet a propos de son avenir... comme tous les pères ; sauf que pour Miguel les choses sont un peu différentes, car Maria est autiste.En 2007, Miguel Gallardo réalisait Maria et moi, la bande dessinée ou il décrivait avec tendresse la routine des vacances avec sa fille. Le livre a apporte un nouveau regard sur l'autisme et connu un succès formidable : il a e te traduit en neuf langues et adapté au cinéma dans un documentaire-fiction plusieurs fois prime . « Huit ans se sont écoulés -dit Gallardo- et Maria vit encore aux Canaries, à 3 heures d'avion de Barcelone, où j'habite. On ne part plus en vacances dans un complexe hôtelier parce qu'on en a marre des Allemands. Maintenant on passe nos vacances à Barcelone et sur la Costa Brava... Maria a 20 ans est le journal de ce que nous faisons durant ce mois et demi d'été que nous passons ensemble. On rit encore beaucoup, on fait des listes et on écoute la musique choisie par Maria. Maria a grandi : certaines choses ont changé et d'autres sont restées identiques. Ce livre parle de tout ça... et du futur ». Toujours avec beau-coup de tendresse, une bonne pince e d'humour et un soupçon de tristesse.
Le 26 décembre 2004 un terrifiant tsunami frappa l'Indonésie, le Sri Lanka et l'Inde. Lorsque les eaux se retirèrent, elles firent place à la douleur et à des paysages dévastés. Joydeb et Monyna Chitrakar (chitrakar signifie peintre en bengali), tenants de la tradition des rouleaux patua employèrent leur art pour créer Tsunami, un livre dédié à la mémoire des victimes de cette catastrophe . La langue d'eau du tsunami s'y déverse tout au long du rouleau emportant avec lui victimes innocentes, troupeaux et objets confondus. Les artistes décrivent le déroulement des événements, l'impuissance des hommes face aux éléments et parviennent par leur poésie à rendre toute l'émotion soulevée par cette tragédie.La tradition des rouleaux peints patua est un élément important de la culture bengali. Les conteurs, sorte de menestrels, se déplacent de village en village, réunissent les villageois auteur d'eux et content ou chantent, en déroulant leurs rouleaux, des histoires traditionnelles ou reprennent des événements de l'actualité pour leur donner une dimension universelle. Cette forme d'art, autrefois répandue aussi en Europe (il suffit de penser aux conteurs itinerants siciliens, qui se servaient - eux - de grands tableaux où le récit était découpé en cases comme dans une bande dessinée) et aujourd'hui confinée dans les musées, est encore bien vivante dans les états indiens du West Bengal et du Bihar. Le site de Hervé Perdriolle donne des informations sur cet art et en réproduit plusieurs exemples.Premier rouleau patua publié sous forme de livre, Tsunami a été conçu, imprimé en sérigraphie et relié à la main en Inde par l'atelier des éditions Tara à Chennaï, dans le respect des principes qui sous-tendent le commerce équitable.L'art patua se situe à l'aube du cinéma et de la bande dessinée (Hervé Perdriolle) et Tsunami ouvre une fenêtre sur une forme ancestrale au croisement des littératures graphiques et orales