Stefan Van Dinther explore les mythes fondateurs de l'humour en bande dessinée, en laissant ses deux personnages espiègles improviser, dans deux dimensions où chaque trait peut provoquer un glissement de sens graphique. Ligne claire et phylactères, deux images par page ou quatre cases autorisent toutes les bévues savantes à Gars & Gus, silencieux duo burlesque devant qui chaque forme ou référence prend un sens, poétique ou comique, inattendu. Stefan Van Dinther est né en 1969 à Hertogenbosch aux Pays-Bas. Il suit des études d'informatique avant d'entrer aux Beaux-arts St-Joost de Breda en 1991, puis en 1993 à l'université de Nijmegen où il étudie le cinéma et le théâtre. Depuis 1995, Stefan Van Dinther est graphiste web. Parallèlement, il enseigne l'informatique et le dessin à l'école des Beaux-arts d'Utrecht. Il est à l'origine, avec Tobias Schalken, de la revue Eiland, dont quatre numéros sont parus à ce jour. Il a également réalisé une dizaine de courts-métrages d'animation. Depuis ses débuts, Stefan Van Dinther participe à de nombreux festivals et expositions, de bande dessinée, d'art ou d'animation à travers le monde.
Conteur turbulent, Marko Turunen sort tous les personnages de son coffre à jouets pour évoquer sous les airs du pur divertissement le tragique de l'existence. Guerriers surarmés, poneys à coiffer et barbies policières donnent la réplique au Sheikh Hyperactif, sujet à l'impulsivité et l'amnésie.Sa science du rythme situe cette action dans une version spectaculaire du monde, faite de drames intimes, de fantasmes et de références au cinéma de série Z. S'y déploie patiemment un héros à première vue viriliste et brutal, qui s'avère mentalement fragile, proche de nous.Le Sheikh Hyperactif est un personnage réel, romancé par Turunen : il n'est pas sans foi ni loi, mais un produit de son environnement, irrationnel, capable des pires méfaits comme d'une soudaine fragilité. Et, trame de fond du récit mais non objet d'étude, il souffre a minima de troubles du déficit de l'attention avec hyperactivité. Ce trouble et le goût de Turunen pour les combats et les scènes explicites l'engagent dans une lutte permanente, fuite en avant pour la jouissance et la survie.La violence qui hante le monde de Turunen est une mise en relief de nos fantasmes, eux-mêmes hérités des produits de l'industrie du divertissement, dont il remanie les codes pour en montrer la face cachée. De mignons animaux, jouets et blondes à fortes poitrines rejouent des faits divers et des destins tragiques. Turunen développe sous ces traits gourmands et ces clins d'oeil à la pop culture des personnalités brutes, complexes. Il ne juge pas leurs vices et illusions mais les montre comme conséquences d'un réel qui les dépasse - machisme et violence gratuite inclus - à la manière de Frank Miller, une influence majeure.Le contraste opère radicalement, respirations et cascades alternent, mouvements chorégraphiés et dialogues épicés assurent le spectacle dans ce road movie dessiné. Le réel est ainsi mis à distance, montré au plus proche de ce que nous en connaissons : notre subjectivité, nos fantasmes standardisés, la lutte pour l'existence au quotidien.Le livre ne révèle son propos qu'après une lecture patiente, qui comme leur créateur observe les protagonistes sans les ramener à des stéréotypes.De ce sheikh machiste, addict et violent, le lecteur ne percevra donc toute la personnalité que dans les dernières pages, qui invitent à relire l'oeuvre d'un point de vue plus avisé sur les troubles du comportement. Aucune vérité n'est livrée, la subjectivité du lecteur devra se confronter aux faits et aux paroles. Bienvenue dans la réalité augmentée de Marko Turunen.