: Grognements, frottements, mélancolie, fureur et fête, c'est une histoire de voyages et de Rock'n'roll qui nous est racontée sur « Tamboo », le 2ème album des brestois d'Electric Bazar cie. Dans ce disque, le groupe recycle les influences croisées sur les routes (plus de 400 concerts dans toute l'Europe en 5 ans) pour en tirer, en vrac, un Blues balkanique, un Tango rock ou du psycho musette. C'est de ces mélanges que surgit la cohérence de l'album : quand la guitare saturée et la voix rauque nous entraînent du côté des crossroads états-uniens, l'accordéon et le violon galopants viennent nous rappeler qu'à l'est de l'Europe aussi, on sait mêler fête et mélancolie.Que le groupe s'amuse à reprendre un morceau musette enregistré par Jo Privat (Tamboo), il le transforme en rock vaudou et frénétique. Les textes, en français ou anglais, reflètent l'éclectisme du groupe qui revendique autant l'héritage de Tom Waits que du Taraf de Haidouks. Tel un petit cirque, plus proche de la monstrueuse parade des Freaks de Ted Browning que du cirque de Moscou, Electric Bazar cie fonctionne en marge des industries musicales et nous sert sur Tamboo une musique vivante et libre, unique sur la scène rock française.
La fausse d'orchestre fait de la musique avec un violoncelle, une contrebasse, une guitare sèche, une explosion, un banjo, un saxophone baryton, alto et soprano, une clarinette, une clarinette basse, une voiture, un cours de tennis, une timbale symphonique Belge de cavalerie, une sirène de police, des marées noires, des appeaux (de mouettes), une flûte traversière, une trompette, des ballons, un bugle, des percussions, un collier de chien, un sampleur, des appeaux et du chant à texte sans parole mais avec histoires, comme un cinema muet annonçant la venue des cartoons au cinéma. De la musique nourrie des vies de chacun, de la musique comme on veut et surtout comme on l'entend. Les influences sont donc multiples et assumées vu que la moyenne d'âge dépasse largement celle du moindre groupe de rock revendicatif, espèce en voie de disparition. Si nous utilisons parfois des appeaux, notre exigence n'a rien à voir avec celle d'un chasseur. Elle est, je dirai, bien plus élevée puisqu'il s'agit pour nous, non pas d'attraper la mort pour l'assiette, mais plutôt de fédérer un public autour d'une mémoire commune.. Notre but, il est vrai, ressemble à celui du chasseur, puisqu'il est de se retrouver, après le spectacle, à table, avec des convives, histoire de déguster par exemple, un plat de Langoustine voire de lièvre plombé.