Bande dessinée de genre fortement influencée par la littérature policière américaine, Castagne prend pourtant pieds de façon décalée dans la campagne française. Du hard-boiled chez les bouseux pour ainsi dire.
Antoine a disparu. Sa mère fait appel à Henri pour tenter de le retrouver. Face à la collection de livres du jeune homme, Henri décide d'enquêter auprès d'un auteur-philosophe post-situ retranché dans le sud de la France. L'intrigue se tisse sur fond de recherches anarcho-spatiales.
Martes Bathori a réalisé entre 2012 et 2014 pour trois revues et fanzines (George, Arbitraire et Turkey Comix) cet ambitieux feuilleton apocalyptico-parodique à la croisée de King Kong, Hulk et Docteur Jekyll et Mister Hyde.Accompagnant son anti-héros déclassé sur fond d'eugénisme et de réveil des nationalismes en Europe occidentale, Martes Bathori s'emploie à fustiger les fascismes en tous genres par un recours à une outrance narrative et visuelle non-dénuée d'un humour proprement dévastateur.
Mortelle Vinasse est le premier projet long de Mai-Li Bernard, achevé avant même Pigmentation d’un discours amoureux (publié chez Dédales en octobre 2014).Ce livre chapitré en 7 parties, vues comme autant d’actes d’une pièce de théâtre muet, associe les systèmes narratifs du vaudeville à ceux du jeu de massacre en faisant montre d’une position toute féminine, si ce n’est féministe.On y assiste à la description clinique de situations de crise au sein de trois couples installés, avant que soit envisagée une solution radicale par chacune des protagonistes à l’encontre de leur compagnon.Alors que Mai-Li Bernard s’est faite spécialiste d’une approche minimaliste de l’illustration, ses recherches formelles provoquent ici un mélange de distanciation et de pertinence clinique. Chaque posture, geste, cadrage, devient ainsi porteur de sens et plonge le lecteur dans un état de concentration particulièrement impliquant, générant une empathie insoupçonnée pour un travail à l’apparente froideur esthétique.
Découvertes à l'occasion de la publication du premier fanzine de leur trilogie (Rockworld - Noizeworld - Boilworld) les histoires de Mosdal et Ørsted ont immédiatement été relayées dans les quatre derniers numéros de Turkey Comix et n'ont pas manqué de marquer les esprits rigolards par leur débauche de potacherie, de mauvais goût bien senti et de clins d'oeils affirmés à divers pans de la sous-culture musicale. Le contraire eut été étonnant, tant l'association des deux auteurs fait mouche, Mosdal s'étant ici dégagé de l'influence de Muñoz pour libérer un trait vif aussi déréglé que précis, Ørsted composant quant à lui ses scénarios et dialogues au scalpel avec une verve et une efficacité relevant du prodige. C'est bien simple, on a le sentiment d'avoir rarement autant ri à la lecture d'une bande dessinée, tant les « aventures » de Charley et Mickey associent à merveille les humours irrésistibles de ses deux auteurs. Lorgnant autant du côté du buddy movie (et surpassant d'ailleurs largement les films de la bande Apatow & Cie) que de l'étude de moeurs (les quarantenaires adolescents, l'univers des concerts underground), Rockworld se pose définitivement comme un livre hilarant, rocambolesque et populaire (dans le meilleur sens du terme), dont les lourdeurs graveleuses dissimulent mal les finesses sociologiques.