Un employé rêve d'une fiancée, une femme cherche un travail. L'homme est directeur des ressources humaines. Il ressemble à l'écrivain Fernando Pessoa. D'ailleurs il répond au CV d'une certaine Ophélie en recopiant le livre Lettres à la fiancée de Pessoa. Une étrange errance commence dans une Bruxelles épurée. Une balade au fil des signes et des formes où le dessin dit la quête amoureuse de l'âme soeur mais aussi la quête douloureuse de l'emploi.
Ce livre est une oeuvre entièrement à part, à part dans le domaine de la Bande Dessinée, et au sein même du travail d'Alex Barbier. Un récit halluciné, un foisonnement visuel composant un univers de Science-Fiction que l'on pourrait de bonne foi attribuer à Philip K. Dick, si celui-ci s'était un jour emparé de pinceaux pour donner forme à ses visions.Une BD de genre en somme, mais bien plus largement, comme quand le Genre, trop rarement, se réalise en refuge de la pensée dissidente, en l'expression parfaite du malaise, de la solitude et de la démence moderne.Nous y croisons entre autres un Dieu, dont les pensées se matérialisent dans la réalité hors de tout contrôle et qui, retranché à Perpignan, dernière zone libre hors de l'influence des Couics, évolue dans un monde que les machines ont reconstruit en se basant sur la lecture. des Garçons sauvages, de William S Burroughs. oubliant d'ailleurs d'y intégrer des femmes.La beauté indéniable des planches d'Alex Barbier, la crudité de certaines évocations et l'amère mélancolie des personnages y sont restituées comme nulle part ailleurs, donnant dans le même temps à la Bande Dessinée ses lettres de noblesse.
« À un moment, tout est calme, tes yeux voient...Tu es à la base. Tu sais que tu es à la base.Discrètement le flou apparaît, les choses...Leur sens disparaît. Il faut tout recommencer, errer. Je ne sais pas comment font les autres.Certains ont des objets, des danses ou des chorégraphies.Des souvenirs aussi. Mais ils disparaissent, on les oublie. » C'est décidé. Vous partez en mission. Dans la zone. Mais n'ayez crainte. Vous serez en contact avec la base.Vous trouverez un chemin. Intérieur et animal.Magique et lumineux.Guide de survie et encyclopédie hantée, manuel de bricolage et récit d'aventure, Base- Zone se situe à la croisée de la bande dessinée, du dessin contemporain et de la poésie. Au fil de presque 300 pages tracées au crayon sur du papier carbone, DoubleBob compose un ouvrage-monde, un grimoire intime qui mêle questions, inventaires et solutions. Si vous voulez survivre à la vie plus encore qu'à la mort, si vous voulez sauver l'enfant meurtri qui sommeille en vous, si vous voulez libérer votre âme prisonnière, ce livre est pour vous.
En réalité, ce ne sont pas deux personnages qui communiquent. Le petit bonhomme en bas à droite dans les cases et celui, en haut à gauche, qui apparaît et se transforme à volonté, ne sont que deux des multiples facettes de l'artiste. Silvestre fait parler les vides. A nouveau, il utilise les modèles de la bande dessinée pour les détourner et les remodeler à sa façon. Comme les conventions le veulent, tout se passe dans des cadres. Il y en a quatre. Comme pour singer ce genre auquel il se rattache sans vraiment en faire partie. Silvestre joue aussi avec les genres et les graphismes. Le policier, le fantastique, le film noir, le conte s'invitent. Le cubisme devient d'une précision géométrique, la caricature est plus vraie que nature, l'art abstrait devient concret. Silvestre joue aussi avec les effets de surprise, faisant apparaître et disparaître des créatures d'un autre univers. C'est ainsi que s'exerce sa toute-puissance. Finalement, Silvestre joue à nous déconcerter en jonglant tour à tour avec le texte et le dessin. Jusqu'à ce que les cadres s'effacent, que les monstres s'évanouissent pour laisser le champ libre à la parole écrite. L'auteur tombe le masque et se confie à coeur ouvert pour expliquer les raisons qui le poussent à créer : faire quelque chose de neuf en s'éloignant du consensus. Le dessinateur transmué en écrivain essaie d'être clair mais tout ce qui paraît simple est bien compliqué en vérité.
Stefan Van Dinther explore les mythes fondateurs de l'humour en bande dessinée, en laissant ses deux personnages espiègles improviser, dans deux dimensions où chaque trait peut provoquer un glissement de sens graphique. Ligne claire et phylactères, deux images par page ou quatre cases autorisent toutes les bévues savantes à Gars & Gus, silencieux duo burlesque devant qui chaque forme ou référence prend un sens, poétique ou comique, inattendu. Stefan Van Dinther est né en 1969 à Hertogenbosch aux Pays-Bas. Il suit des études d'informatique avant d'entrer aux Beaux-arts St-Joost de Breda en 1991, puis en 1993 à l'université de Nijmegen où il étudie le cinéma et le théâtre. Depuis 1995, Stefan Van Dinther est graphiste web. Parallèlement, il enseigne l'informatique et le dessin à l'école des Beaux-arts d'Utrecht. Il est à l'origine, avec Tobias Schalken, de la revue Eiland, dont quatre numéros sont parus à ce jour. Il a également réalisé une dizaine de courts-métrages d'animation. Depuis ses débuts, Stefan Van Dinther participe à de nombreux festivals et expositions, de bande dessinée, d'art ou d'animation à travers le monde.
Le dessin de couverture et le titre aussi sont assez obscurs pour inciter le lecteur à ouvrir l'album, pour découvrir ce qui se cache derrière tant de mystères. Il manquait sûrement au volume précédent des mémoires d'Amoros un peu de sentiment. Une lacune que ce deuxième volet réussit à combler.Oui, car il est bien question d'amour ou plutôt de fascination, comme la femme ténébreuse de la couverture nous le promettait. A tout roman historique sa bataille glorieuse, à tout polar sa femme fatale. Cava ne fait que respecter les règles du genre. Le scénario mise particulièrement sur le couple Amoros-Négri. Les années ont passé, le jeune journaliste travaille toujours à La Voz. En volant au secours d'une femme brutalisée dans un bar, notre héros reçoit en récompense des mains de l'amant de celle-ci un tableau. L'homme, aujourd'hui baron de Carvia, était autrefois entraîneur de boxe et trafiquant d'armes pour les troupes d'Abd-el-Krim à ses heures perdues. Devenu riche, le baron s'essaye à présent au trafic d'oeuvres d'art. Mais lorsque les sentiments se mêlent au banditisme, les pistes se brouillent et l'on ne sait si le devoir du journaliste est de dénoncer les contrebandiers ou de convaincre Lola de rester près de lui. Cava a mis en scène une seconde fois ce personnage irréprochable qu'un certain Eduardo de G uzman, bien réel, lui a inspiré. Rédacteur en chef du journal anarchiste La Tierra jusqu'en 1935, il a collaboré par la suite à plusieurs journaux de la même mouvance. Lorsque Franco arrivera au pouvoir, Guzman sera arrêté, emprisonné et condamné à mort avant que sa peine ne soit allégée. Il finira par être libéré mais ne pourra exercer son ancien métier. Alors, il se tournera vers la littérature. Les romans policiers auront sa préférence. C'est surtout le courage et la détermination de Guzman qui ont donné l'idée au scénariste de créer le personnage d'Amoros.
« Souvenir d ' une journée parfaite explore les frontières ténues entre autobio- graphie et fiction et capture avec grâce la fragilité d'un souvenir lumineux.Longtemps épuisé, Souvenir d'une jour- née parfaite dévoile l'ampleur du travail de Dominique Goblet : intime, puissant. » Tout commence par une visite au cimetière.L'auteure tente de retrouver le nom de son père parmi une forêt de vies disparues, sans y parve- nir. Frappée par cette disparition, elle s'attache alors aux traces qui subsistent et à un nom en particulier : Mathias Khan (1945-1988).Mathias Khan, Memento Mori : Souviens-toi que tu vas mourir. Conscient de sa mort imminente, Mathias Khan retient le présent : il rejoint celle qu'il aime, profite d'une balade en forêt, essaie en quelques mots d'immortaliser la perfection d'un voyage vers la mer. Des souvenirs gravés dans un petit agenda, a present time book.« Chaque déchirure est une histoire. » Faute de pouvoir saisir la dernière présence tangible d'un père, le récit s'engouffre dans l'existence d'un autre. Passé, présent, la vie, la mort : le dessin même explore ce mouvement que nul ne peut interrompre, imitant sa fugacité, ou déployant sa densité. Pour vaincre la disparition, Dominique Goblet fixe mille sensations qui donnent corps au souvenir : un ciel tumultueux, une pluie fine, la beauté d'une lumière automnale, la quiétude de la forêt, la rondeur et l'éclat réconfortant des châtaignes - le fruit des défunts -, l'harmonie d'un moteur et de deux êtres à l'unisson.Publié initialement en 2001 dans le cadre du projet Récit de ville, Souvenir d'une journée parfaite rappelle qu'une cité se construit par strates : on y détruit, on y jette, on y brûle, on y meurt ; on y construit aussi. On y vit, on y aime.Édité à l'époque à 3000 exemplaires, le livre révéla une artiste majeure, consacrée par la suite avec Faire semblant c'est mentir. Depuis, Souvenir d'une journée parfaite Dominique Goblet a multiplié expositions per- sonnelles, collaborations et résidences, tant en Belgique qu'à l'étranger. Pour appréhender l'oeuvre de cette auteure de renommée interna- tionale, la réédition de Souvenir d'une journée parfaite était donc essentielle.
Il aura fallu dix ans à Kamel Khélif pour se défaire de cette histoire. Dix ans pour raconter son arrestation, sa garde-à-vue et son procès pour tentative de viol qu'il n'avait pas commise. Dix ans surtout pour trouver ses propres mots, pour dire, avec toute la splendeur d'un graphisme parvenu à maturité, l'Algérie, la France, Marseille, le bidonville et la cité. Dire aussi l'enfance enfuie et les amis disparus. Ce Pays Qui Est le Vôtre n'a rien du témoignage ou du document. C'est par sa charge poétique autant que politiquequ'il interpelle le présent le plus immédiat du pays qui est le nôtre. Après Les Exilées, Ce Pays Qui Est le Vôtre marque un nouveau sommet dans une oeuvre exigeante et personnelle autant que forte et nécessaire. Un livre à découvrir, à défendre, à faire découvrir.
R-raparegar, une femme dotée de super-pouvoirs découvre dans une baignoire un jeune Intrus blessé par deux cow-boys de l'ouest sauvage. Parodie des séries B ou des bandes dessinées de série Z ? Bien entendu. Mais Marko Turunen n'est pas là pour railler avec complaisance les clichés de la culture populaire. Au contraire, profondément imprégné de ces références multiples, il en fait émerger un récit déroutant, rien moins qu'une émouvante histoire d'amour, où s'efface la frontière entre fantastique surréaliste et chronique intimiste.R-raparegar et Intrus vivent le temps en sens inverse, ce qui est pour l'unleur première rencontre, est pour l'autre la dernière. C'est dans l'espace-tempsinterdit qui les sépare que va se nouer leur étrange romance.
Coloriage, vie sexuelle des bêtes, plaisir sans risque, jeux des 9 erreurs, le tout rythmé par les meilleurs moments de la Vie d’Albert...On ne va pas s’ennuyer cette année sur les plages, dans les transports, au bureau ou entre amis : Steve Michiels est là. Avec cet ouvrage, vous serez en mesure de faire face aux temps morts de votre existence, mieux, vous ne cesserez d’y retourner à tout moment pour vous amuser et stimuler votre esprit. Si malgré tout, on vous trouvait en train de vous interroger sur le sens de la vie ou la société de consommation, vous ne pourrez vous en prendre qu’à vous même.Avouez-le, vous avez besoin de temps en temps d’un moment de détente. Pour cela, rien de tel qu’un professionnel. Steve Michiels a une solide expérience d’amuseur public dans les journaux belges, connus pour être parmi les plus joviaux au Monde. Son esthétique ronde et bonhomme sait à merveille nous parler de la face obscure de l’humanité, non pour nous tirer des larmes, mais pour nous arracher des sourires doux amers. Observateur bienveillant mais sans illusion, voilà un pédagogue qui a le courage et le mérite de nous ramener à notre condition : un animal aux moeurs bien étranges. Cahier de vacances pour la plage, la révolution et les dîners mondains est le partenaire idéal de l’homme moderne, l’amant caché de la femme au foyer, le compagnon de jeux de l’adolescent solitaire. Indispensable quand la température monte, quand l’ennui guette ou quand partent en fumée les faux semblants.
Eiland est une plateforme d'expérimentation.Crée par les deux auteurs Tobias Schalken et Stefan Van Dinther en 1997, celle-ci leur permet, lorsqu'il « y a assez de matière à lire », de publier leurs récits.Représentants de la nouvelle vague de la Bande Dessinée hollandaise, leurs expériences graphiques impressionnantes et leurs peintures poétiques dépassent les enjeux traditionnellement associés à la Bande Dessinée, travaillant à redéfinir ses limites de forme et de contenu.Pour la première fois traduit en langue francophone, il s'agit ici pour le Frémok, comme pour les auteurs, de sortir de la forme de la revue, pour bel et bien développer une réflexion sur « l'objet-livre ». Pensé comme un livre à tiroirs, Eiland est un véritable labyrinthe dont les jeux de miroirs et détournements d'images se retrouvent savamment agencés pour (r) éveiller notre réflexion de lecteur tranquille. Travail de penseur autant que de dessinateur, de plasticien autant que d'éditeur, Tobias Schalken et Stefan Van Dinther nous proposent un cheminement à travers rébus graphiques et mise en abîme du répertoire iconographique contemporain.Un discours sur l'utilisation de l'image dans nos sociétés contemporaines, c'est-à-dire supérieurement marchandes, leur prostitution au profit d'un utilitarisme forcené, épuisant leur vertu comme leur beauté, les transformant en figures vides et exsangues. Eiland est un livre à lire comme on dégusterait un mille-feuille de possibles.
Touché par la fin brutale des philosophes du courant post-structuraliste (Barthes est mort, renversé par une voiture en sortant du Collège de France, Deleuze s'est suicidé pour abréger ses souffrance), Martin tom Dieck a eu l'idée de rendre hommage à Deleuze et ceci, à sa manière. Parce que ses connaissances en philosophie étaient limitées, le dessinateur a fait appel à Jens Balzer qui s'est occupé d'une grande partie du scénario et des dialogues. D'ailleurs, l'idée de la répétition vient de lui. Salut Deleuze ! a d'abord été publié sous la forme de strips dans le Frankfurter Algemeine Zeitung. Il paraît maintenant dans son intégralité aux éditions Fréon. Très loin de l'exposé théorique rébarbatif, Dieck et Balzer réussissent à mettre de la philosophie dans la bande dessinée. Ce récit en forme de fable est l'occasion, pour les auteurs, de faire revivre Deleuze en le confrontant aux théories élaborées avant sa mort. C'est aussi l'occasion pour le lecteur actif de participer à la réflexion.
Auréolés d'une couronne de laurier fraichement cueillie au dernier Festival d'Angoulême, Herr Seele et Kamagurka, patrimoines vivants de la bande dessinée, sont de retour pour de nouvelles aventures surréalistes et hilarantes!A l'occasion de ceHe année électorale capitale pour la Belgique, il devenait en effet urgent de se pencher sur ce pays encore trop peu connu, carrefour des cultures, berceau des civilisations, coeur battant de l'Europe.Accompagné du professeur Henk, embarquez pour un voyage merveilleux dans le temps iusqu'aux origines du marasme politique actuel, en découvrant avec stupéfaction la fabuleuse (et véridique) Histoire du plat pays.A la faveur d'un récit savoureux et chatoyant, Cowboy Henk, modèle de l'Homme moderne et troubadour détonnant, vous fera revivre les plus chaudes heures des annales belges.Alors n'hésitez plus, en famille ou au bureau, parcourez 10 000 ans d'Histoire, des hommes des cavernes aux peintres flamands, de la guerre des Gaules à l'invention de la frite, pénétrez les coulisses de l'autre pays de l'humour.Cowboy Henk, 80% cowboy, 40 % historien, 100% belge!
Le premier volume des aventures de Cowboy Henk a remporté le Prix du Patrimoine au Festival International de Bande Dessinée d'Angoulême en 2014.Le célèbre héros à la houpette blonde venu de Belgique est enfin de retour ! Désormais inscrit officiellement au patrimoine mondial (prix du Patrimoine à Angoulême en 2014) et après avoir revêtu ses plus beaux habits de professeur d'histoire avec Histoire de la Belgique pour tous, il nous revient pour de nouvelles aventures toujours plus surréalistes !Ce second volume, sous-titré L'Art actuel, ravira les fans et poursuivra sa conquête des territoires francophones et belgophiles. C'est dans un fonds de plus de 1500 planches existantes, réalisées pendant 30 ans chaque semaine pour l'hebdomadaire flamand Humo que les meilleures pages ont été sélectionnées et remises en couleur.Le premier volume tel que le Frémok l'a édité a déjà été publié en Espagne, en Finlande, en Norvège, en Suède, et le sera prochainement aux Etats-Unis par la légendaire maison Fantagraphics. L'icône pop et absurde part à la conquête du monde !Cowboy Henk a été publié dans la cultissime revue RAW d'Art Spiegelman, avant de faire des apparitions en France dans Psikopat, L'écho des savanes ou HARA KIRI dans les années 80 et 90.
Après avoir exécuté un honnête dictateur, les amants *Démoniak partagent un moment d'amour dans la plus secrète de leurs caches. Ils s'adonnent ensuite aux joies de la lecture sans se douter que des soldats américains font route vers leur repaire...Le livre qui tue est le premier volume des aventures de *Démoniak qui paraîtront tous les deux mois dans la collection Flore. Selon ses détracteurs, *Démoniak n'est qu'un vulgaire avatar des pires visages de la culture populaire. Pour les critiques, c'est un «absurde fatras mythologique, politique et pornographique». Pour les croyants, c'est le Livre impie par excellence. Le pire sans doute est que l'on en ignore à ce jour la fin... mais aussi le début ! En effet, la parution du Livre qui tue sera suivie en mars de l'épisode précédent, Mort à Babylone, et la série continuera sa course en alternant numéros en aval et en amont.
Claire, une jeune fille en marge de sa famille, épouse Alain, un immigré sans papiers dont elle attend un enfant. A la mort de ses grands-parents, elle revit les moment clés de sa relation avec eux, avec son père, sa mère ou son beau-père. Les images déferlent par vagues et disent les ruptures, les rancoeurs ou les espoirs qui constituent le chemin d'une vie. Ecole de la misère jette une nouvelle lumière sur certains personnages déjà aperçus dans Nègres jaunes.Débuté il y a plus de quinze ans, ce livre permet à Yvan Alagbé d'aborder à nouveau des thématiques qui lui sont chères tout en ouvrant des pistes formelles radicalement différentes. En gommant les frontières entre passé et présent, en mêlant les points de vues des protagonistes, sa narration fait jaillir toutes les teintes de l'intime. A la fois sensuelle et grave, cette oeuvre longtemps attendue bouleverse nos habitudes de lecture pour nous émouvoir au plus profond.Ecole de la misère est une expérience unique tant pour l'auteur que le lecteur.
Et si Marko Turunen était tous les Marko Turunen de Finlande ? S'il était navigateur, aviateur, explorateur, chauffagiste, commis de cuisine, vendeur de voiture ? Marko Turunen a recensé bon nombre de ses homonymes et a enquêté pour savoir qui ils sont. Malgré tous ces autres, ce sont bien ses propres expériences qu'il nous raconte. Il explore autant l'autobiographie que ce qu'on a appris à connaître comme l'autofiction.Après avoir trouvé l'amour dans les bras d'Amaï, Marko Turunen devra la perdre, mis à l'épreuve comme le Job biblique. Le professeur A, décidé à découvrir les preuves de l'existence historique de Tarzan, l'accompagne dans sa quête au bout de lui-même. Plus qu'un homme ordinaire, Marko Turunen se révèle un grand enfant blessé, un personnage légendaire qui découvre au fin fond de la jungle sa véritable vocation : lutter contre le mal et l'injustice.Après Ovnis à Lahti, le Frémok retrouve avec joie un de ses auteurs phares, nominé à Angoulême en 2012, pour une oeuvre somme, à la fois survoltée et ludique, dense et profonde.
Après 36 ans de déloyaux services au profit de la bande dessinée, Alex Barbier remet son tablier avant un arrêt définitit. Il n'a plus rien à dire. Il a tout dit. Il est vidé.Et pour cause, cette « Dernière Bande », plus hard, poétique et vénéneuse que tout ce qu'il a fait jusqu'à présent.Célébrons cet adieu à la scène et accueillons avec perte et fracas cette oeuvre ultime.Voici ce qu'en dit l'artiste sur le départ:« Après, terminé! Plus personne n'entendra parler de moi. Cette chose, est en effet venue comme une conclusion.Je désire brasser tous mes thèmes, toutes mes ambiances, tous mes paysages, tous mes personnages, et ainsi récapituler, résumer, pour moi-même, une histoire, celle de MES B.D., celles qui m'ont fait, triste chose que je suis ... » Inventeur de la couleur directe, Alex Barbier a infusé le trouble littéraire et pictural de la contre-culture dans le champs de la bande dessinée. Peintre de la chaire désirante, il revient pour un ultime tour de piste, son adieu à la bande dessinée.Héritier de William Burroughs et Céline autant que de Francis Bacon, il livre ici son oeuvre la plus violente et incarnée, la plus charnelle et incendiaire.Après la réédition de ses livres historiques Lycaons et Le Dieu du 12, après sa trilogie Lettres au maire de V, il ramasse et remet sur le tapis le théâtre de ses obsessions : Le casino de V. et son dernier habitant confronté à ses ruines d'humanité. Reclus dans ce lieu improbable, livré aux sarcasmes de politiciens extraterrestres, dans un dernier geste avant la dislocation, il convoque la cuisine italienne, ses jeunes amants pasoliniens, autant que des figures de la bande franco-belge dans un ballet séminal de fureur et de désir.
De la viande de chien au kilo raconte l'histoire des parents de Marko Turunen. Violences conjugales, alcoolisme, précarité... tous les ingrédients se trouvent théoriquement réunis pour un puissant avatar du réalisme social en bande dessinée.
Conteur turbulent, Marko Turunen sort tous les personnages de son coffre à jouets pour évoquer sous les airs du pur divertissement le tragique de l'existence. Guerriers surarmés, poneys à coiffer et barbies policières donnent la réplique au Sheikh Hyperactif, sujet à l'impulsivité et l'amnésie.Sa science du rythme situe cette action dans une version spectaculaire du monde, faite de drames intimes, de fantasmes et de références au cinéma de série Z. S'y déploie patiemment un héros à première vue viriliste et brutal, qui s'avère mentalement fragile, proche de nous.Le Sheikh Hyperactif est un personnage réel, romancé par Turunen : il n'est pas sans foi ni loi, mais un produit de son environnement, irrationnel, capable des pires méfaits comme d'une soudaine fragilité. Et, trame de fond du récit mais non objet d'étude, il souffre a minima de troubles du déficit de l'attention avec hyperactivité. Ce trouble et le goût de Turunen pour les combats et les scènes explicites l'engagent dans une lutte permanente, fuite en avant pour la jouissance et la survie.La violence qui hante le monde de Turunen est une mise en relief de nos fantasmes, eux-mêmes hérités des produits de l'industrie du divertissement, dont il remanie les codes pour en montrer la face cachée. De mignons animaux, jouets et blondes à fortes poitrines rejouent des faits divers et des destins tragiques. Turunen développe sous ces traits gourmands et ces clins d'oeil à la pop culture des personnalités brutes, complexes. Il ne juge pas leurs vices et illusions mais les montre comme conséquences d'un réel qui les dépasse - machisme et violence gratuite inclus - à la manière de Frank Miller, une influence majeure.Le contraste opère radicalement, respirations et cascades alternent, mouvements chorégraphiés et dialogues épicés assurent le spectacle dans ce road movie dessiné. Le réel est ainsi mis à distance, montré au plus proche de ce que nous en connaissons : notre subjectivité, nos fantasmes standardisés, la lutte pour l'existence au quotidien.Le livre ne révèle son propos qu'après une lecture patiente, qui comme leur créateur observe les protagonistes sans les ramener à des stéréotypes.De ce sheikh machiste, addict et violent, le lecteur ne percevra donc toute la personnalité que dans les dernières pages, qui invitent à relire l'oeuvre d'un point de vue plus avisé sur les troubles du comportement. Aucune vérité n'est livrée, la subjectivité du lecteur devra se confronter aux faits et aux paroles. Bienvenue dans la réalité augmentée de Marko Turunen.
Angel Amoros n'a jamais oublié le mois de décembre 1929.C'est à cette date que le chroniqueur de faits divers du journal La Voz découvrit que Madrid avait ses enfers, même si certains les appelaient paradis. Pour retrouver son ami disparu, il va devoir plonger dans les abîmes de la drogue et faire face aux sombres blessures de l'Histoire.
Hambourg est l'une des nombreuses Venise du Nord. Le dessinateur hambourgeois Martin Tom Dieck rend hommage à sa ville en créant un livrefascinant. Par un usage virtuose du noir et blanc, sans texte, il créé une plongée hallucinée dans le port de Hambourg. Une succession d'images pleine page nous emmènent du fond des entrepôts, au fond de l'eau, en passant par le fond des cales de bateau. L'eau est l'élément qu'utilise l'auteur pour faire évoluer le livre. La ville émerge de l'eau, s'y mire, s'y perd. Un paquebot est coincé dans un canal à sec, des lieux étranges parsèment l'errance à travers les quais. On est ici au coeur d'un voyage mental.
Il était une fois un livre précieux, épuisé depuis maintes années. Par la grâce d'un magicien de la technique, le Frémok ressuscite Hortus Sanitatis et ses splendides eaux-fortes.Frédéric Coché convie à une étonnante découverte de Bruxelles, cité où le moderne le dispute au monde ancien, les buildings européens y avalant les maisons biscornues. Peut-être est-ce pour cela que dans Hortus Sanitatis, c'est la Mort qui mène la danse. L'ambiance est à la liesse populaire : on célèbre le carnaval. Tout est sans dessus-dessous, on porte des masques et les puissants sont moqués. Dans ce chaos, il pleut des moules, que l'on retrouve dans une casserole, évocation de l'oeuvre du plasticien et poète belge Marcel Broodthaers. Au fil de son errance dans les ruelles, la Mort perd son combat contre la vierge Marie, incarnation de la fécondité, qui donnera naissance à un majestueux arbre de vie.
Dans un pays saturé de lumières et de couleurs, quelque part du côté de Perpignan, une épidémie aiguë de dénonciations encombrent la boîte aux lettres du maire de V. Les lettres dénoncent le laxisme des uns, la perversité des autres. Tout cela fait l'affaire d'un individu peu recommandable qui se présente sous le pseudonyme de L.G., coloriste. L.G. pour Loup Garou, évidemment.Des attouchements inadmissibles, des cadavres exsangues, des lieux abandonnés, un voyage assez bref dans les rues d'un ghetto new-yorkais, tels, parmi d'autres, les éléments du récit d'Alex Barbier : l'auteur qui aime à disparaître derrière l'anonymat de lettres inavouables, ici décadence du geste mallarméen, disparition élocutoire dans les bas-fonds de l'âme humaine.Barbier a décidé de montrer la Bête plutôt que l'Ange, à la fin, et ce n'est pas ôter l'envie de lire le livre que de le dire, c'est le monstre qui gagne. La boucle est bouclée et qui croyait prendre est pris. Lecteurs de tous les pays unissez-vous et lisez, le soir, dans vos chaumières, les récits terrifiants d'un coloriste psychopathe.