Troisième rencontre entre Philippe Petit-Roulet et les éditions Cornélius, Spots rassemble des dessins publiés dans le New Yorker, magazine pour lequel il commence à travailler en 1992, suivant les traces de son « maître absolu », Saul Steinberg.Avec ses histoires courtes et sans paroles, qui évoquent parfois James Thurber ou Chas Addams, Petit-Roulet nous emmène dans son univers décalé, absurde et tendre.Derrière la simplicité apparente, se cachent une grande finesse et une inquiétude certaine.Il y suffit d'un miroir, une ombre ou une porte pour révéler ce qui est caché.Son dessin exigeant, dans la lignée d'un Chaval, Bosc ou Sempé, est un miracle de dépouillement et d'équilibre. Funambule sur le fil du rasoir, en quête du trait le plus simple et le plus efficace, Petit-Roulet glisse entre le noir et le blanc, et apprivoise le vide.Rien d'étonnant à ce que cet artiste amoureux du Japon, éternel insatisfait, aime Hokusaï qui, au soir de sa vie, cherchait encore le dessin parfait.
Un dessin répété plus de 150 fois suffit à Lewis Trondheim pour transcrire avec brio les vaines conversations qui font l'intérêt d'une vie de couple ordinaire. Un petit traité métaphysique abordable dès l'adolescence, proposé ici dans une nouvelle édition sur papier bouffant et dans un format grand luxe qui conviendra à toutes les bibliothèques.
Il ne faut pas plus d'une centaine de page au talent de Winshluss pour décortiquer les théories darwiniennes et illustrer par l'exemple la mince paroi séparant le singe primitif de l'homme moderne. Comédie animalière servie par un dessin ébouriffant de classe et d'énergie, Smart Monkey décrit le combat ancestral des plus faibles pour survivre face à la force brute. On connaissait David contre Goliath, on savait que l'intelligence triomphe facilement de la barbarie ; Winshluss vient nous rappeler une autre noble vérité.À savoir qu'une petite tête ne résiste pas longtemps à une enclume...
Quand il ne réinvente pas le New York des années 50 ou le Hollywood des années 70, Harkham situe ses récits dans un territoire vague, à une époque incertaine. Là, il peut animer librement les créatures de son imagination, voire se rêver d'autres vies, dans la peau d'un Napoléon, dessinateur inquiet, ou celle du scribe besogneux d'un shtetl d'Ukraine. Les comics se rapprochent ici du poème ou de la nouvelle. Histoire et dessin reposent sur une économie de moyens volontaire et un sens aigu de l'ellipse. L'apparente facilité ou banalité du trait est délibérée. Harkham utilise les limitations et les codes visuels du genre pour développer un dessin clair, lisible, dépourvu d'artifices et faisant un usage minimaliste de la couleur, mais d'une grande densité. Chaque case, aussi simple qu'elle paraisse, contribue à la subtilité et la charge émotionnelle du récit. Ce contraste entre le dépouillement du trait et la puissance de l'émotion rappelle la manière de Schultz. Mais l'humour et la fantaisie chez Harkham s'accompagnent d'une vision sombre et sans complaisance de l'humanité. L'inassouvissement, la frustration sexuelle, l'inquiétude métaphysique menacent à chaque instant de noyer les dessins sous un flot de sang noir. Et Harkham de citer, parmi les artistes dont il se sent proche, ces autres visionnaires ironiques que sont Knut Hamsun, Charles Willeford, Will Oldham ou Léonard Cohen.
Au début des années 80, faisant écho à l'énergie du punk qui secouait l'époque, la bande dessinée connaissait sa petite révolution. Rochette et Veyron, teigneux comme le sont les inconscients, ne furent pas les derniers à rafraîchir le paysage à grandes giclées de cynisme salvateur. Avec les aventures d'Edmond le cochon, ce verrat prêt à tout pour éviter la lame du boucher, ils réussirent à allier la tradition française du dessin animalier à la fureur de l'underground américain pour inventer ce petit joyau intemporel, dont Cornélius est fier d'offrir cette luxueuse édition, restaurée et retramée à partir des originaux...
Cet ouvrage désopilant, qui allie le bon goût à la fantaisie sans jamais se départir de la rigueur scientifique nécessaire, saura séduire parents et enseignants dans leur quête d'une éducation sexuelle de qualité à l'attention des plus jeunes. Recueil d'histoires courtes sans paroles dans lesquelles la maîtrise narrative de Willem explose à chaque dessin, ces pages triturent et décortiquent le sexe jusqu'à l'absurde pour mieux pouvoir parler d'amour. On en achève la lecture heureux et harassé, avec l'ultime satisfaction de tenir entre ses mains la preuve qu'il est possible de taper en dessous de la ceinture pour mieux toucher la tête.
Fritz the Cat est sans conteste le personnage le plus célèbre de Robert Crumb, mais sa renommée repose sur une équivoque. La plupart des gens ne connaissent en effet Fritz que comme le héros du dessin animé que le réalisateur Ralph Bakshi a sorti en 1972, d'après les bandes dessinées de Crumb publiées quelques années plus tôt. Premier dessin animé classé X, le long-métrage de Bakshi a connu un tel succès commercial qu'il a durablement tordu la perception que l'on peut avoir du matou original, celui que Crumb dessinait depuis l'adolescence pour son propre plaisir.Le présent volume rétablit la véritable identité de Fritz, tel que l'a dessiné Robert Crumb : de sa première apparition en 1965 dans le magazine Help ! à sa mort violente en 1972 (en réponse au film de Bakshi), on le découvre étudiant glandeur, obsédé sexuel, révolutionnaire à-la-mie-de-pain, simili James Bond outrancièrement macho, héroïnomane en pleine déchéance, star vieillissante et cynique, c'est-à-dire l'antithèse des beautiful people du mouvement hippie d'alors... Faussement cool et vaguement ringard, Fritz synthétise la vision acérée que Crumb avait à l'époque des gens de sa génération.Inspiré, dans son graphisme contrasté et son découpage fluide, par les strips des classiques de la bande dessinée d'humour américaine des années 1920 et 30, Crumb, quand il dessine Fritz, se fait chroniqueur acerbe, à la manière de ses maîtres en satire Harvey Kurtzman et Jules Feiffer.
Tous les amateurs le savent, Robert Crumb n'aime rien tant que chevaucher les croupes bien rebondies des jeunes fans qui viennent le solliciter pour un dessin. Cette manie trouve son origine dans une adolescence pétrie de puritanisme et de rêve américain. Car si les « Happy Days » étaient pleins de promesses pour les jeunes premiers de la société de consommation, ils savaient se montrer sans pitié avec les faibles, les binoclards et les puceaux boutonneux. Frustré toute son adolescence, l'insignifiant « Quatre-Yeux » de l'époque a compensé son insuccès en développant les talents de dessinateur et les fantasmes pervers qui l'ont rendu célèbre dans le monde entier.
Déposées sur une plage par un train qui se désagrège à leur arrivée, deux détectives (auxquelles les autrices prêtent leurs traits) débarquent à l'Hôtel du Petit boudin des dunes. Dans ce refuge de bord de mer, le temps s'écoule différemment. La mer monte quand elle en a envie et les méduses volent dans le ciel. Les habitués vaquent à leurs occupations au son du pianiste d'automne, jusqu'au jour où l'Homme triste disparaît mystérieusement...Dans cette oeuvre initialement parue en 1979 aux Humanoïdes Associés, Nicole Claveloux et Édith Zha nous entraînent dans un univers onirique et décalé où la magie s'engouffre à la moindre occasion. Sous la plume surréaliste d'Edith Zha, le dessin finement ciselé de Nicole Claveloux laisse libre cours à toute sa fantaisie.Ici, les couleurs pop de La Main verte laissent place à un dessin au trait d'une grande délicatesse, qui plonge le lecteur dans un mirage balnéaire.Le livre est complété par une introduction riche en documents inédits ainsi que par la série Louise XIV (entièrement en couleurs) qui débuta sa carrière dans Métal Hurlant avant de basculer vers Okapi, un transfuge qui laisse rêveur à une époque où les oeuvres destinées à la jeunesse ont abdiqué toute forme de subversion.De Moebius à Gustave Doré en passant par Lewis Caroll, l'oeuvre de Nicole Claveloux s'affranchit des limites avec gourmandise, enfourchant le plaisir d'imaginer avec une énergie unique qu'il est urgent de redécouvrir - ne serait-ce que pour se souvenir que la bande dessinée n'est pas condamnée à la fade représentation du réel.
Les fleurs rouges (1967-1968) et La vis (1968-1972) nous montraient Yoshiharu Tsuge atteindre la pleine puis- sance de son art et fonder le watakushi manga (la bande dessinée du moi). Cette troisième parution (chronologi- quement le premier volume de l'anthologie consacrée à Tsuge) propose de retrouver l'auteur alors qu'il vient d'inté- grer la revue Garo. Il n'en est pas à ses débuts - il a déjà presque dix ans de carrière derrière lui - mais il trouve dans l'opportunité que lui offre le magazine la possibilité de franchir une étape et de devenir un auteur à part entière.Plus classiques et plus faciles à lire, les nouvelles réunies dans Le marais sont encore marquées par les histoires qu'il dessinait pour les librairies de prêt. On retrouve dans ces premières oeuvresle vocabulaire du gekiga, appli- qué à des récits d'aventures situés à l'époque Edo. Mais le dessin et la narration témoignent encore de l'influence de Shirato Senpei, l'auteur phare de Garo, et de la figure tutélaire d'Osamu Tezuka.Pourtant, le ton se démarque du reste du magazine. Ce qui vaut à Tsuge des réactions négatives des lecteurs, qui ne comprennent pas le caractère novateur du Marais et de Tchiko, nouvelles tournant le dos à l'innocence et pré- figurant L'Homme sans talent (Atrabile), le livre avec le- quel Tsuge concluera sa carrière vingt ans plus tard. Déçu par ce manque d'enthousiasme, Tsuge cesse d'écrire pendant un an et devient l'un des assistants de Shigeru Mizuki, auprès duquel son dessin gagnera en maturité.Les lecteurs ne redécouvriront les onze joyaux qui composent ce volume que quelques années plus tard, lorsque le talent de Yoshiharu Tsuge les aura définitive- ment irradiés.
Il ne faut pas plus de 50 dessins au talent et à l'imagination de Singeon pour faire le tour de nos passions, de nos peurs et de nos idéaux les plus ancestraux. Un petit singe albinos qui s'était perdu dans un port militaire entouré de bateaux à la taille aléatoire parfois très grands, parfois en modèle réduit - lui donnant alors des allures King Kong - a retrouvé son chemin dans les méandres de l'inconscient de Singeon. À travers 50 sauvetages, l'auteur met en scène une série de variations, de constructions autour d'un petit singe(on) malicieux délivrant une princesse de son donjon ou plutôt de sa cale ou de sa cabine.Les mauvaises routes, chagrins et râteaux ne sont pas épargnés, pas plus que cette vilaine ignorance qui est le pire des maux. Mais la victoire totale, l'ennemi vaincu et la fin sur fond de soleil couchant s'y trouvent aussi, y'en a pour tout le monde.Le dessin à l'encre de chine, initialement composé sur de grands calques souligne élégamment l'atmosphère aquatique du livre.
Il faut moins de cent pages au talent et à l'intelligence de Winshluss pour décortiquer les théories darwiniennes et illustrer par l'exemple le passage du singe à l'homme moderne.Ballet animalier au dessin ébouriffant de grâce et d'énergie, décrit le combat ancestral des plus faibles pour survivre face à la force brute. Dans le cas présent, il s'agit d'un petit singe aux manières espiègles, quotidienne- ment confronté aux pièges de la jungle et à ses nombreux prédateurs.Bien sûr, il est le plus astucieux d'entre tous et il n'y a pas un mauvais pas dont il ne sache se tirer avec panache. Il incarne la supériorité du cer- veau sur le muscle, du raffinement sur la brutalité, de la culture sur l'instinct...Jusqu'à ce qu'un épilogue se déroulant 2 000 ans plus tard vienne nous rap- peler que la civilisation ne s'est pas construite sur les bons sentiments et que les plus faibles finissent toujours par crever un jour ou l'autre...Réédité dans un tout nouvel écrin, Smart monkey est pour le première fois présenté en grand format avec une couverture cartonnée. Une bonne façon de découvrir ou redécouvrir ce chef-d'oeuvre luxuriant de Winshluss !
Le lait noir explore la trajectoire de Peter, un jeune homme jeté sur la route de l'exode, contraint à la fuite en temps de guerre. Inspiré par l'histoire de son grand-père - né au milieu des années 20 dans une famille juive de Berlin - Fanny Michaëlis trouve dans la bande dessinée un médium pour sonder la construction de son identité. Fortement marquée par les bribes de souvenirs que lui racontent ses proches, l'auteure découvre à travers les anecdotes sur son aïeul, le passé d'un jeune homme de 17 ans contraint à quitter son foyer et son pays, pour échapper au nazisme.Pour autant, Le Lait noir ne se contente pas de nous conter un récit familial, Fanny Michaëlis trouve dans la fiction une libération esthétique qui laisse s'exprimer la tension entre cette douceur apparente du dessin au crayon et la représentation continue et exacerbée de la violence.Avec subtilité, elle questionne ainsi des problématiques d'actualité tels que la question de la persécution ou de la terreur au pouvoir. Cette interprétation des faits lui permets de renouer avec sa propre histoire tout en livrant une oeuvre puissante, dans un style délicat et implacable dont elle seule a le secret.
Dissimulé derrière les bandelettes qui ont fait de lui une momie, Emet s'anime peu à peu. Ses mains agrippent lentement les lambeaux de tissus autour de son visage, libérant progressivement sa vision. Sur la table devant lui, il découvre un miroir, dans lequel se reflète l'image de quelqu'un qu'il ne connaît pas. Au même instant, dans une des salles de l'hôpital où elle exerce, le Professeur Loew apprend son licenciement et quitte son laboratoire sans un dernier regard.Au croisement de Mary Shelley et Gustav Meyrink, Tes yeux ont vu s'inspire de la figure du Golem pour mieux interroger la fugacité des choses. Fini le savant fou à l'ego surdimensionné qui rit comme un damné en levant les mains au ciel. Fini aussi l'image de la créature brutale au front bas qui ne sait pas articuler deux mots. Ici, la relation complexe qui unit les deux personnages réveille notre rapport à l'autre en appréhendant des sentiments profonds de réciprocité, de dépendance et de solitude.Dans cette lutte pour l'apprentissage de tous les instants, où l'obsolescence du corps semble irrémédiable, la science suscite de nouvelles questions sans en fournir les solutions. La réponse est peut-être là, entrelacée dans une succession de cases, cachée entre les lignes du dessin, au carrefour d'une histoire qui nous rappelle que rien n'est éternel.
Né en 1932, Jacques Lob se lance dans une carrière de dessinateur en 1956, sans avoir fait d'études. Il vivote de petits boulots alimentaires et vend dessins d'humour ou de science-fiction.En 1960, il est de la première équipe de HaraKiri. Sur les conseils de Remo Forlani il va voir Jean-Michel Charlier, de Pilote, qui le pousse à se consacrer au scénario. Lob collabore à Pilote jusqu'en 1988, mais aussi à Vaillant, Tintinet Spirou, où il scénarise deux aventures de Jerry Spring pour Jijé.C'est en travaillant pour Chouchou de Daniel Filipacchi, qu'il rencontre Georges Pichard, avec qui il réalise, de 1969 à )985, un pastiche de roman populaire, Blanche Epiphanie. Son nom figure au sommaire de toutes I~s revues dites adultes, de Charlie Mensuel à L'Echo des Savanes, en passant par Métal Hurlant, Circus ou Fluide Glacial. Il y scénarise pour Mandryka, Daniel Goossens, Ted Benoît, Jean-Claude Forest et bien d'autres.En 1972, il crée, avec Marcel Gotlib, le personnage de Superdupont. Puis il écrit, pour Alexis, Le Transperceneige, histoire d'un « train perpétuel» traversant un monde figé sous une carapace de glace. Lob revient au dessin, parodiant science-fiction et super-héros avec L'Homme au landau (197), Roger Fringant (1976) et Batmax (1981). En 1986, le Grand Prix de la ville d'Angoulême salue ce scénariste polyvalent et prolifique.Jacques Lob meurt en 1990. Depuis 2004, un prix portant son nom récompense un scénariste de bande dessinée pour l'ensemble de son oeuvre.
Providence regroupe une cinquantaine de planches, autour d'une certaine idée de l'Amérique, chaque planche ayant pour titre le nom d'une petite ville perdue au fin fond des États-Unis et dont le nom, par ce qu'il évoque ou simplement par sa sonorité, a su inspirer l'auteur. Conçue comme un exercice de style et débutée il y a plus de dix ans, cette série de dessins est faite de variations à partir d'un scénario très simple : un bandit, un policier, de la nourriture.Des saynètes, toujours composées en intérieur, dans le salon d'un appartement, un bar ou encore une chambre d'hôtel, qui donnent à voir une série de personnages parfois mafieux, parfois décadents, toujours hauts en couleurs. Symbole d'une Amérique moderne et métissée, on retrouve une boîte de pizza ou un flingue, émaillés ici et là, au fil des pages. Le dessin d'Hugues Micol, mélange d'aquarelle et de gouache, fait figure de palimpseste, les couches légères ou opaques se superposant au fil de la construction de ces scènes lumineuses.Page après page, ces scènes s'assemblent et prennent vie, les personnages s'animent sous nos yeux, nous bousculant et nous éclaboussant au passage.
Nadja adore les polars. En regardant de plus près la collection Paul, elle s'est aperçue que celle-ci était dédiée aux bandes dessinées de genre (porno-horreur, manga, comics). Paul n'avait pas encore de polar à son actif, Nadja lui en a offert un très réussi.Dans ce polar très noir, elle raconte l'histoire de Kate, une jeune femme qui tombe dans le piège d'un tortionnaire psychologique et fait d'elle une marionnette. De l'artiste indépendante ne reste plus qu'une ombre sans orgueil ni confiance en sa personne comme en son art. Dans cette lutte pour la survie de son âme, Kate trouve refuge de l'autre côté du miroir, un village loin du tumulte parisien dans lequel elle tentera de se reconstruire.Le dessin en bichromie évoque à la fois l'univers du polar caractérisé par le noir et blanc et celui des pulps avec les touches de rouge des talons hauts ou du rouge à lèvres de Kate.Avec 'L'Homme de mes rêve', Nadja signe une histoire d'aliénation poignante et envoûtante.
Dieu vivant et icône underground au Japon, Toshio Seki est l'inventeur d'un style unique, dans un domaine qu'il a totalement transformé, l'ero-guro (littéralement : scènes érotico-grotesques). Ce genre remonte aux origines du dessin japonais classique et a donné de nombreuses estampes à travers les siècles. Mais Saeki, en déclinant les motifs traditionnels, les a mêlés des angoisses propres à sa génération, qui a connu les espoirs et les désillusions des années 1970.Le monde moderne, sa violence et ses tares s'immiscent dans des scènes intemporelles, produisant des monstres inédits et des fantasmes qu'on n'était parvenu à imaginer auparavant. Stimulé par la censure qui sévit au Japon - il est prohibé de montrer les sexes - Saeki fait de l'interdit une contrainte artistique et déporte vers l'absurde et l'onirisme le plus vieux sujet du monde.Son style unique, qui rappelle à beaucoup d'européen la fameuse « ligne claire » d'Hergé et Joost Swarte, est étrange tant pour le lecteur japonais que pour le lecteur occidental, chacun trouvant dans ce trait à la simplicité parfaite une forme d'exotisme inédit. Cette perception ne s'explique que par l'originalité absolue d'une oeuvre extravagante, sortie tout droit de la plume d'un artiste qui a consacré sa vie à tracer au plus prêt « ce qui se déroule dans sa tête lorsqu'il ferme les yeux ».
Objet d’un ve?ritable culte, Toshio Saeki est l’inventeur d’un style unique, dans un domaine qu’il a totalement transforme?, l’ero-guro (litte?ralement : sce?nes e?rotico-grotesques). Ce genre , dont on attribue la paternite? a? l’e?crivain Edogawa Ranpo, remonte aux origines du dessin japonais classique et a donne? de nombreuses estampes a? travers les sie?cles. Saeki en a de?cline? les the?mes en les me?lant aux angoisses propres a? sa ge?ne?ration, qui a connu les espoirs et les de?sillusions des anne?es 1970.La socie?te? humaine, sa violence et ses tares, inspirent des sce?nes dont la cruaute? provoque l’effroi ou le rire, poussant dans ses retranchements la me?canique du fan- tasme. le sado-masochisme ne recouvre ici aucune re?alite?, puisant dans l’onirisme une forme de poe?sie macabre.Stimule? par la censure qui se?vit au Japon – il est prohibe? de montrer les sexes – Saeki fait de l’interdit une contrainte artistique et de?porte vers l’absurde et l’onirisme le plus vieux sujet du monde.Son style unique, qui rappelle a? beaucoup d’europe?ens la fameuse «ligne claire» d’Herge? et Joost Swarte, est e?trange tant pour le lecteur japonais que pour le lecteur occidental, chacun trouvant dans ce trait a? la simplicite? parfaite une forme d’exotisme ine?dit.Cette perception ne s’explique que par l’originalite? absolue d’un imagier extravagant, sorti tout droit de la plume d’un artiste qui a consacre? sa vie a? tracer au plus pre?s «ce qui se de?roule dans sa te?te lorsqu’il ferme les yeux».
Né en 1883, mort en 1968, Gus Bofa a traversé deux siècles, vécu deux guerres mondiales et vu les débuts de l'automobile, de l'aviation et de la conquête spatiale. Revenu infirme de la Grande Guerre, il voue sa vie, non à la poursuite de la gloire et de la fortune, mais à la pratique de vices délicieux et antisociaux : le dessin, l'écriture et la lecture. Timide, il donne son amitié aux bêtes et contemple de ses yeux bleus d'enfance la faillite d'une humanité qui fuit la peur du néant de désastres intimes en catastrophes bruyantes.Au fil de cinquante ans de carrière, et au gré de sa fantaisie, cet artiste autodidacte dessine pour la presse, réalise des affiches publicitaires, écrit des articles et des contes, des revues et des pièces de théâtre, se fait critique dramatique et littéraire, fonde un Salon artistique, et illustre plus d'une cinquantaine de livres. Après avoir mis en images le fantastique social de Pierre Mac Orlan et donné sa vision personnelle, parfois acide, des grands classiques, il associe ses propres textes et ses dessins dans une suite d'albums souvent introspectifs, toujours désillusionnés.Respecté de ses contemporains pour son talent et son intransigeance, Gus Bofa, qui a influencé nombre d'auteurs de bande dessinée, n'en est pas moins aujourd'hui oublié et du public et de la critique. Cette biographie, la première qui lui soit consacrée, tente de percer le mystère de l'homme et de l'artiste, en le mettant en scène dans sa vie, son métier et son époque.
Le livre par lequel hugues micol avait fait son apprentissage de la bande dessinée, s'ouvrait sur un homme avalant un poisson et s'achevait, au bout d'une poursuite insensée, devant l'encombrant cadavre de poséidon.Depuis, les initiés attendaient, le coeur battant et les mains moites, la suite de cet ovni du 9e art, beau comme la rencontre de ganesh et d'un yakuza sur un étal de poissonnier.Séquelles nous entraîne encore plus loin dans la folie d'un tôkyô factice et décalé, où les monstres se multiplient à la façon des poupées russes. poissons volants, sirènes nymphomanes, lascars et merlans humains, la marée hésite entre burlesque et hallucination.Un homme découvre qu'un sixième doigt lui a poussé pendant la nuit. c'est un piège mortel que le karabouchi tend à l'espèce humaine. savants chauves et flics stoïques n'ont plus qu'une heure pour sauver la civilisation...Tel un torrent déchaîné, séquelles bouscule les mythologies, son dessin illuminé convoquant, entre divinitéset gangsters, les ombres de jack kirby et akira kurosawa. puisant sa verve hilarante dans des délires coupables et empoignant sa création à bras le corps, micol vocifère, s'esclaffe, et éclabousse le lecteur de son talent jubilatoire.
Bob & Harv signe la rencontre légendaire de deux titans de la bande dessinée, Harvey Pekar au scénario et Robert Crumb au dessin, unis dans le désir commun de nous conter les merveilleuses aventures d'Harvey Pekar.Enfin, comme le dit Crumb, ces 'aventures', ce sont surtout des gens qui causent ou un Pekar qui harangue son lecteur impuissant case après case après case.Allongé sur le divan qu'il s'est fait livrer à domicile, Pekar nous parle de ses problèmes dans des saynètes autobiographiques ce que l'on appelle communément 'tranches de vie'. Ces journées qui défilent les unes après les autres avec pour unique décorum Cleveland, cette ville industrielle qui ne s'est jamais vraiment remise de sa grande dépression. Une ville où l'on se pèle le cul en attendant le bus qui n'arrive pas.Exit le glamour, le piment, l'héroïsme ! Dès la fin des années 70, Pekar invite la vraie vie à la table de la bande dessinée, sans emphase, avec juste ce qu'il faut d'humour, d'absurdité et d'ironie. Scénariste hors pair, Harvey Pekar influencera toute une génération d'auteurs américains qui se tournèrent vers l'autobiographie.Bienheureux furent ceux qui témoignèrent des obsessions maniaco-dépressives d'Harvey Pekar !
Absorbé par l'image déformée que lui renvoie le grille pain en face de lui, Brian Milner s'aperçoit qu'il est en train de dessiner un auto-portait. Dans la pièce derrière lui, à des années lumières de sa propre pensée, ses amis font la fête. L'esprit de Brian a déjà traversé l'espace pour se perdre dans un autre monde où tout est plus vivant, plusétincelant, lorsqu'une ombre se glisse derrière lui. Cette première rencontre avec Laurie marque le début d'une nouvelle histoire dont elle jouera le rôle principal.Enchevêtrant subtilement le cinéma et la vraie vie, Dédales est le premier tome d'une série qui construit sa narration autour du rapport entre l'inconscient et sa représentation. Ce thème, qui puise ses sources dans les fondements de la psychanalyse, est ici décliné par Charles Burns à travers d'incroyables séquences où le rêve devient source d'inspiration de la fiction. Pour l'auteur, comme pour Brian, le personnage central de la série, la caméra et le crayon deviennent alors des outils introspectifs qui créent un pont entre l'imagination et la réalité. Burns s'amuse ainsi à nous semer dans différents niveaux de lecture pour mieux renforcer le sentiment d'étrangeté qui se dégage de ses illustrations. Il livre au passage un brillant hommage au cinéma fantastique et à sa capacité d'agir comme un miroir déformant de l'existence. Le premier tome de cette nouvelle série, publié en exclusivité mondiale, prouve une nouvelle fois le génie de Charles Burns à travers son aptitude à s'emparer de sujets toujours plus complexes tout en créant des liens délicats entre les disciplines artistiques, le tout, servi par un dessin époustouflant.
3, le livre par lequel Hugues Micol avait fait son apprentissage de la bande dessinée, s'ouvrait sur un homme avalant un poisson et s'achevait, au bout de 160 pages d'une poursuite insensée, devant l'encombrant cadavre de Poséidon.La suite, Séquelles, nous entraînait encore plus loin dans la folie d'un Tokyo factice et décalé, où les monstres se multiplaient à la façon de poupées russes.Avec Tumultes, les sirènes nymphomanes et les divinités hostiles viennent ravager un monde hésitant entre burlesque et hallucination, pour nous donner l'un des plus beaux ovnis du 9e art.Hugues Micol bouscule les mythologies et les codes graphiques, son dessin illuminé convoquant, entre divinités et gangsters, les ombres de Jack Kirby et Akira Kurosawa. Puisant sa verve hilarante dans des délires coupables et empoignant sa création à bras le corps, Micol vocifère, s'esclaffe, et éclabousse le lecteur de son talent jubilatoire.3 était une performance graphique, superbe chorégraphie muette et improvisée.Séquelles reprenait le même motif en dotant les personnages de la parole et en offrant du sens et de l'humour à cet univers sous acide. Tumultes va plus loin et réussit la prouesse d'emboîter a posteriori chaquedétail, transformant ce qui ressemblait à un délire en un récit à la logique implacable. Un coup de maître.
Le marais (1965-1966), Les fleurs rouges (1967-1968) et La vis (1968-1972) nous montraient Yoshiharu Tsuge atteindre progressivement la pleine puissance de son art et fonder le watakushi manga (la bande dessinée du moi).Après la publication de Neiji Shiki (La vis) en 1968, Tsuge poursuit son exploration de l'autofiction, incluant désormais une part autobiographique et onirique dans son travail.Après son passage dans la revue Garo, Tsuge ne cesse de se réinventer et commence à tisser la suite de sa carrière bien que ses publications se fassent de plus en plus rares.Plus sombres qu'à ses débuts, les récits qui composent ce quatrième volume marquent ainsi l'apparition de thèmes inédits, caractéristiques de sa nouvelle orientation, et qui reviendront comme des motifs récurrents. Le quotidien en couple, la vacuité des voyages, le désir de changement de carrière ou encore les souvenirs de jeunesse deviennent des sources d'inspiration pour Tsuge, qui extériorise grâce au dessin une forme de mal-être social. Ce besoin de revenir sur les expériences marquantes de sa vie atteint son apogée avec l'histoire L'usine d'électroplastie d'Ôba, où l'auteur revient pour la première fois sur son enfance et plus particulièrement sur son travail dans un atelier d'électroplastie dans la province d'Ôba. Une période décisive sur laquelle il reviendra régulièrement jusqu'à la fin de sa carrière et qui délivre un témoignage précieux sur le mode de vie des oubliés du succès économique.Ce nouveau volume inédit de l'anthologie que nous consacrons à Yoshiharu Tsuge, présente ainsi un auteur au sommet de son art, en perpétuelle remise en question des codes de narration de la bande dessinée, de ses thèmes et de son propre passé.
En 1917, Mac Orlan imagine qu'un sous-marin, le U-713, chef d'oeuvre de technologie militaire allemande, devient fou et échappe au contrôle de son commandant, le Capitaine Karl. Lointain ancêtre de l'ordinateur de 2001 L'Odyssée de l'espace, cet « hyper-poisson créé par la science allemande et dont l'existence sera niée par les générations futures, les extraordinaires et merveilleuses générations futures », tue son équipage et disparaît dans les profondeurs du golfe du Mexique pour s'y reproduire. La guerre est devenue un affrontement d'usines et n'admet, selon Mac Orlan, que trois types de combattants : ceux qui fabriquent les obus, ceux qui les envoient et ceux qui les reçoivent. Le progrès, tant vanté au début du siècle, aboutit à ce désastre que l'humanité crée les machines qui la détruise. Ramenés au rang de simple matière première, comme l'acier ou le charbon, les hommes alimentent l'absurde machine guerrière avec leur sang. La science se révèle homicide. Roman fantastique, ironique et inquiétant, U-713, ou les gentilshommes d'infortune affirme la mort de l'Aventure. Le dessin de Bofa n'a plus l'insouciance de l'avant-guerre. Il se fait plus mélancolique et plus complexe. U-713 marque le glissement de l'imaginaire de l'artiste vers le fantastique et l'inquiétude. Quand il ne dessine pas des corps difformes ou mutilés, Bofa montre des équipages de squelettes ou des noyés tenant commerce au fond de l'océan.
Les bébés ne naissent pas dans les choux ; les grands-mères vont les voler dans la forêt.Mais pas n'importe laquelle ! Une forêt fertile, où animal et végétal fusionnent en créatures incertaines ; une forêt magique, où les fleuves fécondent les fillettes et où Karl Jung donne sa langue au chat du Cheshire. Nous sommes au pays des fées, avec ses sorcières et ses cabanes mystérieuses, au pays des poupées, avec ses petites maisons et ses homuncules. L'âge, le sexe, rien n'est fixé. Nous sommes dans l'imaginaire d'une enfant qui tente, avec ses livres et ses jouets, de s'expliquer le monde incompréhensible des adultes.Libérée des codes de la bande dessinée, Fanny Michaëlis réinvente les images délicieusement inquiétantes de Dulacou Rackman, qui illustraient jadis les Contes de Perrault ou Les aventures d'Alice au Pays des Merveilles. Son histoire déroule ses épisodes oniriques dans une ambiance feutrée, douce et mystérieuse. Peu de textes, car le dessin dit tout, odeurs, sons et couleurs. Sortis de la forêt, les bébés se reposent un peu, sur un petit lit de fer, dans le confort rassurant du ventre maternel.Vient le moment de naître et de perdre sa barbe, de vieillir et de perdre ses cheveux. Le père se métamorphose en son fils. LE fils se métamorphose en son père. Et déjà il faut retourner dans la forêt pour y mourir ou y renaître. Ainsi va la vie, en un cycle sans fin.
Alors qu'il n'est encore qu'un jeune garçon plein d'espoir, Adrian Tomine se fait une promesse : il deviendra un jour un grand auteur de bande dessinée, aussi talentueux que John Romita. Mais voilà, comment transforme-t-on un rêve d'enfant en une longue carrière de dessinateur ?Avec beaucoup d'humour et d'autodérision, Adrian Tomine revient sur son parcours, un marathon solitaire semé de déceptions, de gaffes et d'humiliations. De la mauvaise critique à la dédicace foireuse, il livre sans fard les moments les plus embarrassants de sa carrière, explorant au passage sa relation conflictuelle avec la bande dessinée et son industrie.Pensé comme un carnet de croquis qui prend la forme d'un journal intime, l'ouvrage se fragmente en plusieurs chapitres chronologiques où chaque page utilise le même découpage. Usant d'un dessin épuré et sans couleur, Adrian Tomine bouscule son propre style en supprimant tout enjolivement pour mieux souligner l'honnêteté autobiographique de son propos. Pourtant, on rit volontiers du malaise et de la gêne qui se dégage de chaque situation Cinq ans après la publication de son dernier livre, Lesintrus, Adrian Tomine prouve sa capacité à se réinventer en proposant un ouvrage à la première personne, qui témoigne des difficultés et des désillusions rencontrées par les auteurs de bande dessinée. En exposant ainsi sa propre vulnérabilité, il délivre un portrait sincère et parfois douloureux d'une profession en manque de reconnaissance.
Après Le garçon qui cherchait la peur, Giacomo Nanni chronique une histoire de famille, entre inconscient et réalité, bercée par la voix du King.16 août 1977 : Elvis Presley est retrouvé mort dans sa somptueuse villa de Graceland.Pourtant, un homme lui ressemblant à s'y méprendre a été aperçu le même jour achetant un billet pour Buenos Aires, sous l'un des pseudonymes de la star :John Burrows. Trente ans plus tard, au matin de l'anniversaire de la disparition du King, Lara Canepa reçoit un mystérieux paquet contenant un vieux 45 tours : une version italienne de la célèbre chanson That's someone you never forget de l'icône du rock'n roll. Un cadeau qui risque de faire remonter à la surface bien des non-dits, car l'histoire d'Elvis semble intimement liée à des secrets inavoués de la famille.Prisonniers d'une vie qui s'enfonce avec lenteur dans la monotonie, les personnages sont incapables de communiquer. Dans leur existence circulaire, comme fermée sur elle-même, ils se heurtent sans cesse aux souvenirs qu'ils ont tenté d'oublier.Leur histoire se dévoile alors par petites touches, dans un enchevêtrement lent matérialisé par le dessin même, entre rêve et réalité, à la frontière ténue entre l'inconscient et le conscient. Un récit profondément onirique, aux accents surréalistes, qui aborde avec poésie les relations amoureuses, la quête d'identité et, au-delà, l'impossibilité empirique de raconter une histoire « vraie ».
Après Destination Abécédéria, Blexbolex revient avec un polar futuriste qui entraîne le lecteur à travers une réflexion psychologique ante-mortem.Complété par Crime Chien, prequel relatant comment notre protagoniste s'est retrouvé du côté obscur, Hors Zone nous plonge dans les tréfonds de la conscience d'unindividu sans nom (sans identité?) parcourant son possible destin s'il avait réussi à échapper à une exécution sommaire.Hors Zone est un environnement hostile, un no man's land imaginaire dans lequel la réalité et les êtres sont mis à mal, un univers chaotique qui se reflète dans un rapport au langage déstructuré.Blexbolex impose l'utilisation de l'argot au-delà de la simple recherche du bon mot et l'utilisation de tournures ordurières sont autant de symptômes de la violence de ce monde malade, où l'homme se trouve en constante opposition avec l'ordre établi. Les mots se bousculent dans un flot continu, sans répit, dans une course poursuite où il est impossible de reprendre son souffle si l'on ne veut succomber à une mort certaine.Ces mots mis bout à bout renvoient rageusement aux superpositions de motifs et de couleurs dans le dessin, à la manière des collages de William Burroughs.Blexbolex manie avec virtuosité superpositions fourmillantes et visions dérangeantes et nous livre deux récits explosifs qui réclament la plus grande attention.
Une plongée sombre et déroutante dans une société espagnole marquée par le franquisme et la morale chrétienne !Dans son appartement, finement décoré à la mode des années 80, Alicia dépé- rit. Son mariage ne lui apporte plus la satisfaction des premiers jours et son iso- lement semble affecter de plus en plus sa santé mentale. Son mari Luciano, brille par son absence quotidienne et l'éducation catholique qu'à reçu Alicia ne fait que renforcer sa propre culpabilité. Lorsqu'elle se décide enfin à consulter le professeur Trauman, Alicia ne se doute pas de la longue descente aux enfers qui l'attend.Véritable plaidoirie en faveur de la condition féminine, Docteur Vertigo naît entre les pages de la revue d'avant-garde El Vibora, dont le premier numéro pa- raît en 1979. En Espagne, la mort récente de Franco marque le début de la Mo- vida, mouvement culturel de libération artistique qui accompagne la transition démocratique espagnole. La psychanalyse, incarnée par le Docteur Vertigo, se révèle alors comme un outil puissant dans l'affranchissement de carcans conser- vateurs qui marquent encore la société espagnole.Marti signe avec Docteur Vertigo, un pamphlet sincère contre l'endoctrinement et la déshumanisation. Le livre se révèle d'une noirceur à couper le souffle où la violence des relations est renforcée par un dessin contrasté et une composition ingénieuse. Une oeuvre intense et tragique qui se révèle, quarante plus tard, tou- jours aussi pertinente.
les histoires de shin'ichi abe sont faites de presque rien.une phrase, un départ, un silence. attentives aux détails et aux non-dits qui font les relations humaines, elles semblent vouloir ramasser et fixer en quelques cases l'essence même des instants qu'elles décrivent : les retrouvailles de deux amis à l'occasion du nouvel an,les derniers moments d'un couple qui n'arrive pas à se séparer, l'oisiveté d'une jeune femme attendant le retour de son amant, les errances de deux vauriens gaspillant et buvant l'argent de leurs parents...le dessin, tout en contrastes et en fulgurances, fait jaillir du blanc de la page des corps dont la pâleur exacerbe la nudité, et de l'encre de chine des nuits sans fin où les mots sont plus précieux que les promesses. on croise dans cette obscurité des visages rendus plus graves par la fatigue et par l'alcool, étudiants égarés, amoureux à la dérive, marginaux transfigurés par un trait minéral qui donne à de banals commerces humains une intensité dramatique fascinante.le lecteur est comme un clandestin devant ces fragments de vie en creux, ni glorieux ni pathétiques, où se jouent de petites joies et de grands drames, et où éclosent les vérités de ces vies apparemment insignifiantes. comme ozu, abe parvient à force de patience et de lenteur à capturer l'indicible et à en restituer les éclats fugitifs. la beauté de ses histoires est fragile, mouvante et ne résiste pas plus aux tentatives d'explication que les fleurs ne supportent qu'on les coupe.
Shigeru Mizuki est né en mars 1922 à Sakai-minato, petite ville côtière du sud-ouest du Japon. Il connaît dans cette province tranquille une enfance libre et heureuse, période faste dont il s'inspirera à de nombreuses reprisesdans ses mangas. Très tôt, il montre des aptitudes étonnantes pour le dessin, talent encouragé sans réserve par ses parents. Il a à peine vingt ans lorsque la guerre du Pacifique vient interrompre ses espoirs de carrière.Enrôlé dans l'armée impériale japonaise, il est envoyé dans la jungle de Nouvelle-Guinée, où il va vivre un véritable cauchemar: il contracte rapidement la malaria, assiste à la mort de ses camarades et perd le bras gauche dans un bombardement... Détenu sur place à la fin de la guerre, il se lie avec les membres d'une tribu locale, amitié qui le sauvera de la famine, de la maladie et de la folie. Ce n'est finalement qu'en 1957, après une vie déjà trop riche de souvenirs et de blessures, qu'il entame la carrière de mangaka qui a fait de lui l'un des plus grands raconteurs d'histoires de son pays.Auteur singulier et généreux, il ne cesse d'explorer tout au long de son oeuvre les univers qui se cachent derrière notre monde pour mieux dire sa profonde compréhension de l'âme humaine, et communiquer à ses lecteurs l'empathie qu'il éprouve pour toutes les formes de vie. Après NonNonBâ et Opération Mort (Fauves du Meilleur Album et du Patrimoine en 2007 et 2009 au festival d'Angoulême), les éditions Cornélius présentent avec Vie de Mizuki un autre chef-d'oeuvre et une nouvelle facette de ce géant du manga.Le succès sans commune mesure de la bande dessinée au Japon, son ancrage dans la société, sa forme unique et ses thèmes de prédilection, s'expliquent une fois placés en regard de l'Ere Showa (1926-1989). Les biographies des pionniers du manga, de Vie et Mizuki de Shigeru Mizuki à Une vie dans les marges de Yoshihiro Tatsumi, témoignent autant de l'explosion d'un art populaire que de cette période parmi les plus complexes de l'histoire du Japon.La Vie de Mizuki rappelle qu'en un peu plus d'un siècle, cet archipel presque exclusivement constitué de villages de pêcheurs s'est mué en l'une des plus grandes puissances industrielles mondiales. Entre-temps, un élan de modernité et de nationalisme a emporté ses hommes vers la guerre, avant de rapatrier les survivants sur une terre occupée, en perte d'identité, en marche d'industrialisation forcée, démunie de son armée et de son besoin de produire de l'énergie.Cette société qui n'aurait plus besoin de se défendre ni de se nourrir allait accoucher d'une forme d'expression naturellement enfantine, mais d'une richesse indéniable: le manga. Shigeru Mizuki, cet artiste qui a ressuscité le goût du folklore au Japon, incarne plus que quiconque cette édifiante réaction artistique face au poids de l'Histoire: celle d'un homme qui a perdu un bras au combat et rentre dans son pays pour donner vie à un courageux fantôme à qui l'on a volé un oeil.Récit d'un destin hors du commun, témoignage unique sur la mutation d'un monde, Vie de Mizuki est une extraordinaire fresque romanesque qui embrasse un siècle de chaos et d'inventions.
Parti pour le Japon, où il devait faire un voyage d'études, J. Dubois se retrouve finalement en Corée, pays dont il ignore tout. La découverte de ce pays de contrastes où tout lui semble hostile est une mauvaise expérience pour lui. Rentré en France, il réalise que ce voyage n'a fait que révéler la peur et la solitude qu'il avait en lui.
Comment ça 304 pages pour 14,50 euros ? Sans rire, c'est 304 pages pour 14,50 euros ? Parce que si c'est 304 pages pour 14,50 euros, c'est gros de chez gros !Y a des jeunes, y a des vieux, y a de l'inédit à gogo, y a des choses introuvables, et puis aussi des textes théoriques poilants comme tout, et des interviews et même des chroniques d'albums qui n'existent pas ! C'est NICOLE 2, la suite et le complément de l'indispensable FRANKY 1, paru chez Les Requins Marteaux à l'été 2014 !Au programme, nous aurons du Crumb & Kominsky inédit, du Petit-Roulet, du Chris Ware, du Daniel Clowes, du Hugues Micol, du Delphine Panique, du Benoît Preteseille, du Charles Burns, du Giacomo Nanni, du Blexbolex, du Sammy Harkham, du Jérôme Dubois, du Simon Roussin, du Olivier Texier, du Jean-Louis Capron, du Willem, du Jake Raynal, du Blanquet, du Gus Bofa, du Bottaro, du Winshluss, du Blutch, du Berberian, du Chester Brown, du Killoffer, du Moolinex, etc, etc, etc, n'en jetez plus ça va déborder !Bref, ce qui était la bonne affaire pour aller à la plage promet d'être la bonne affaire pour rester coincé sous la couverture.
A défaut de pétrole, le cupide Ratichon a toujours des idées ! Une fois de plus, il a posé son dévolu sur un business florissant : l'édition de bandes dessinées ! Ils s'improvise agent littéraire pour yokaï mangaka, ces êtres extraordinaires un peu étranges, profitant ainsi de la crédulité de naïfs éditeurs... Ben oui, tiens, pourquoi ne pas utiliser de vrais yokaï pour écrire des mangas sur les yokaï, justement ?
Jack et Patience filent le parfait amour, malgré quelques problèmes d'argent ils forment un couple harmonieux et comblé par l'arrivée futur de leur premier enfant. Un jour, ce bonheur vole en éclats. Jack rentre du travail et découvre qu'un étranger lui a arraché son fragile équilibre familial. Pour empêcher l'irréparable, Jack fera tout ce qui est en son pouvoir même si pour cela il doit courber l'espace et le temps.Daniel Clowes signe ici l'une des oeuvres les plus abouties et des plus accessibles de sa carrière. Avec subtilité, il joue avec les codes de la science-fiction pour mieux exprimer les sentiments complexes de ces protagonistes. Fluide et addictive, la lecture de Patience transporte le lecteur dans un tourbillon d'émotions jusqu'au dénouement final, proche du «happy end». Avec une virtuosité incomparable, l'auteur utilise la fiction et les voyages temporels pour mieux aborder des problématiques multiples, la construction de l'identité, la part du secret dans le couple, le deuil, la vengeance et bien sûr, l'amour. Sorte de Retour vers le futur pour adulte, Patience mélange rêves d'enfance et questionnement matures dans un enchevêtrement de rebondissements et une intrigue à couper le souffle.
Accroché au volant de son destrier mécanique équipé pour l'autodéfense, le vertueux taxista cuatroplazas fonce dans la jungle misérable des banlieues ouvrières de barcelone, roulant sans fin dans une zone percée d'égouts et de bidonvilles.Sans pitié, épaulé par un instinct de survie hors du commun, il réclame vengeance et justice pour sa mère violée et assassinée. pour le cadavre déshonoré de son père. pour sa soeur prostituée. et pour l'héritage dont il a été dépossédé par une famille de dégénérés. comme travis bickle, le personnage joué par robert de niro dans taxi driver, taxista est un ange expiatoire arpentant le labyrinthe chaotique des vices humains et, frappant de sa foudre rédemptrice des crapules auxquelles il n'est jamais très loin de ressembler.Avec lui, les nuits sont courtes et les fossoyeurs ne chôment jamais. plus sombre et plus poisseux que du pétrole brut, le noir et blanc violemment contrasté de marti reflète son amour pour le génial dick tracy de chester gould, ainsi que la camaraderie faite d'émulation réciproque qu'il partagea avec charles burns au milieu des années 1980. artiste rare et injustement oublié, marti est de ces auteurs qui ont donné à la bande dessinée quelques-unes de ses pages les plus insolites et ténébreuses, témoignant avec une force intemporelle de l'obstination avec laquelle l'espèce humaine choisit de se développer dans la fange.
Près de vingt ans après la publication du premier tome du Tribut chez Casterman et la parution d'un tome 2 en épisodes dans feu la revue (À suivre), les éditions Cornélius présentent aujourd'hui l'intégrale de l'oeuvre de Jean-Marc Rochette et Benjamin Legrand.Pour cette nouvelle édition, minutieusement travaillée à partir des originaux et remise en couleur par nos soins, Rochette et Legrand se sont replongés dans l'uni- vers glaçant du Tribut, afin de clore la série. Ils livrent spécialement pour cette intégrale un épilogue de 16 pages qui vient conclure une histoire interrompue brutalement par l'éditeur de l'époque, laissant les fans dans l'expectative et la frustration. Benjamin Legrand a repris les pistes envisagées pour le tome 3 et les a synthétisées pour un dénouement parfait.Cette plongée dans un univers de science-fiction où une guerre de civilisations fait rage, une troupe de soldats et de scientifiques débarque sur une planète hos- tile, dans l'espoir d'y trouver une source d'énergie miraculeuse. Ce sujet, exploré ici 20 ans avant Avatar (et de manière bien plus originale), prend une dimension mystique et tragiquement prémonitoire. Cette bande dessinée haletante, qui fait se rejoindre classicisme et expérimentation, est restée pour tous ceux qui l'ont lue une référence de SF française, un livre culte.
Le lien qui unit un chat et son maître a quelque chose d'indicible.Giacomo hanni s'est astreint à une forme d'ascétisme artistique durant une année pour en rendre compte : dessiner de manière quotidienne la vie de sa chatte, esterina, pour mieux en percer les secrets. à travers ses chroniquettes, c'est plus de dix ans de vie commune qu'il se remémore et nous confie, avec une simplicité narrative et graphique raffinée. ces micro récits journaliers scandent la merveilleuse aptitude des chats à vivre dans un temps qui leur est propre : siestes et phases contemplatives interrompues par de mystérieuses accélérations.S'inspirant de ce rythme imprévisible, giacomo rianni joue à son tour de l'espace temps, l'étirant et le comprimant à sa guise pour épouser au plus près ce qu'il imagine être la vie intérieure de l'animal.Le trait est limpide, élégant, retenu, multipliant les variations au gré des facéties d'esterina, qui n'hésite pas à intervenir dans le récit ou à se frotter contre les cases pour en faire plier les contours.En substituant la poésie au réalisme, giacomo marini réussit à évoquer ce qu'on devinait des chats et nous rend leurs miaulements plus énigmatiques que jamais.
Vous ne vous en doutez peut-être pas, mais les sorcières vivent parmi nous.Pour ne pas qu'on les remarque, elles dissimulent leurs écailles sous de longues robes et s'amusent à regarder à travers les maillots de bain des gens lorsqu'elles vont à la plage. Rogée et Martine sont deux d'entres elles. Malicieuses et farfe- lues, elles multiplient les frasques comme pour se défendre d'un monde qui rejette systématiquement la marginalité.Inspirée par la période historique des chasses aux sorcières - dont les condam- nées étaient majoritairement des femmes célibataires isolées - Delphine Panique joue avec le fantasme des rituels qu'on leur attribuait pour construire un univers fantastique qui ne cesse de basculer dans le réel. On voyage ainsi dans une forme narrative ou l'espace et le temps se mélangent pour offrir une multitude de réalités. Sous son rotring délicat et sa plume fleurie, les sorcières prennent vie, finement ciselées en monochrome. Derrière ce trait fin et presque enfantin, se cachent pourtant des thématiques plus sombres comme la cruauté, la solitude ou la différence.Mélangeant dans sa marmite la légèreté, avec un soupçon de grinçant, la naï- veté avec une pointe d'absurde, la poésie avec un zeste d'humour, l'auteure joue avec les codes et les registres pour mieux nous perdre dans sa forêt magique.
Tous les ours ne s'appellent pas Martin. Paul, Fafa, Bart, Mona et les autres ont quitté les forêts pour des appartements entre Bastille et Marais, appris à monter les escaliers et à se brosser les crocs. Encore un peu lourds, les aimables plantigrades ne semblent pas tout à fait revenus de marcher sur deux pattes. Ces ours bohèmes et bien léchés se rencontrent à l'heure où vont boire les fauves qu'ils ne sont plus. Tapas ou italien ? Vin blanc ou vin rouge ? On parle de ciné et d'expos, de Cézanne et de Simenon, des goûts et des couleurs, des hommes et des femmes. Et s'il y avait là le sujet d'une histoire ? Après la manière de faire des livres pour les enfants, Nadja se penche, avec autant de poésie et d'humour, sur la mécanique de la création. Si l'art naît de la vie, c'est lui qui la féconde. Livres, films, tableaux n'existent que pour provoquer le dialogue, alimenter la conversation et déclencher quelque chose qui deviendra peut-être un film, un livre, un tableau. La boucle est bouclée...
Après avoir mené l'assaut des cadavres vivants sur ceux qui la retenaient prisonnière, la nécrophile Frieda et son servile Necron s'enfoncent dans la jungle. Dans leur périple, ils croisent un couple d'aventuriers en quête d'or ; la doctoresse Boher subtilise à coup de scalpel la carte tatouée sur le sexe de l'un pour trouver le maillon et se l'approprier. Le soir venu, elle ordonne à Necron de faire la garde, malheureusement pour elle, il faillit à sa mission pour partir s'envoyer en l'air avec des Pygmées. Bien décidée à récupérer son dû, elle accepte de faire combattre son esclave ultra-membré avec Kring Krong, gigantesque gorille qui sert Dom Joao le chef de la tribu. Vainqueurs de ce combat des monstres, le duo part en piètre état se réfugier loin d'eux, mais c'est sans compter sur leur rencontre avec le Pr. von Drak et son énigmatique (et poilue) assistante Virginia. il y a du vampire dans l'air !
dicté par l'urgence et la nécessité d'écrire, hanté mêle rêve et réalité pour mieux évoquer l'indiscible.dix ans après le journal d'un album (l'association), philippe dupuy, créateur avec charles berberian du personnage de monsieur jean, tente à nouveau l'expérience de l'écriture en solo, s'appuyant sur une construction narrative inattendue pour mieux ausculter les pulsations intérieures qui l'animent.alternant récits courts, notes dessinées à la volée et mises en scène distanciées, hanté tient moins du journal intime que du compte-rendu émotionnel. philippe dupuy y explore avec un mélange de violence et de retenue les thèmes du manque et de la solitude, puisant au coeur de ses émotions les plus personnelles pour construire des anecdotes, des fables et des promenades dont la mélodie et la sensibilité touchent la part la plus intime de chacun de nous.d'une élégance acide, hanté est un portrait en creux qui laissera le lecteur engourdi et chaviré.
Al'Institut de Recherches Histologiques, où l'on poursuit des études pour tenter de conserver les tissus humains après la mort, des cadavres disparaissent... La distante et très désirée Doctoresse Frieda Boher n'attire pas les soupçons. Pourtant chez elle, dans le plus grand secret, vêtue d'une combinaison outrageusement sexy, elle s'affaire à créer Necron, à l'aide des organes dérobés. Elle donne vie à cet esclave sexuel (et ménager) à l'appareil génital hypertrophié pour assouvir ses perversions macabres. Mais la créature s'avère moins contrôlable que prévu. Son penchant pour le cannibalisme, sa jalousie et sa petite cervelle provoque des dérapages qui obligent le duo à fuir... Sans passer par quatre chemins, Necron chatouille nos péchés mignons : violence et lubricité. C'est d'autant plus ironique que tout est gratuit.Repères : Ce premier tome, sur une série de 7, réunit, dans leur format original, les deux volets : La faiseuse de monstres et La nef des lépreux.
Partout fait écho à Ailleurs, carnet de voyage paru en 2002 chez Cornélius qui reprenaient des pages parues pendant vingt ans de pérégrinations à travers le monde pour différents magazines. Willem y montrait l'étendue de son talent pour croquer les personnes et les situations. Ici, le texte est absent. Ne subsiste que le plus important, le plus « parlant » : les gens qu'il a croisés à travers le monde, au cours de ses reportages, de Ouaga Dougou à La Haye, en passant par Hanoï, Pekin, Dublin, Belfast, Rome, Madrid, Oslo, Helsinki, Tallinn...Un tour du monde en 80 pages.
Comment devient-on écrivain ? Le croirez-vous mais tout est là, à portée de main, devant vous, exposé dans les pages de ce livre à votre attention.Plongez dans le quotidien d'un créateur, véritable pétrisseur de matière littéraire, capable de donner vie à une oeuvre à la fois singulière et universelle. Dans un portrait sans fard ni concession, s'approchant au plus près des préoccupations du métier, Kierzkowski et Ephrem dévoilent ici pour la première fois dans toute sa complexité la réalité du travail d'auteur. Déjà unanimement considéré par la critique parisienne comme un ouvrage de référence, En route pour le Goncourt est au futur écrivain ce que fut autrefois le J'attends un enfant de Laurence Pernoud aux futurs parents ; le Guide du Routard de l'Ardèche aux vacanciers ayant réservé au camping de Vals-les-Bains la première quinzaine d'août ; ou encore Maman, j'arrive à dessiner avec les pieds et la bouche aux jeunes accidentés de la route.
Il fallait tout le talent et toute l'obstination de Pierre La Police pour parvenir à lever le voile sur le monde fascinant qui se cache derrière le petit écran, et c'est d'une main gantée de fer que notre observateur de choc a mené cette opération salutaire. Ne reculant devant aucune méthode pour mieux informer ses lecteurs sur les méandres occultes du 8e Art, Pierre La Police a mis à contribution son carnet d'adresses et ses archives personnelles pour dénicher les gros dossiers qui ont échappé aux autres. Les révélations pleuvent comme les beignes dans une manifestation d'agriculteurs, et aucune icône ni aucune vedette n'est épargnée par cette déferlante de vérités absolument ahurissantes, que le lecteur aura le plaisir de déguster dans une nouvelle édition augmentée et considérablement remaniée. Édition revue et considérablement augmentée de ces chroniques acidulées, qui sont devenues avec le temps le manuel de référence de tous les aspirants vedettes de la nuit parisienne.
Charley Patton, tel que le dessine Robert Crumb, a les yeux brûlés de l'homme qui regarde la mort et la vie en face. Sa voix hurle les joies et les peurs d'une Amérique rurale, écartelée entre sexe et religion, blues et gospel, Dieu et Satan. Cette musique des années 20, qu'on la nomme jazz, blues ou country était trop singulière et trop spontanée, pour survivre aux médias modernes. Volume d'introduction idéal pour qui souhaiterait aborder l'oeuvre foisonnante de ce génie de la bande dessinée, Mister Nostalgia, célèbre entre ferveur et colère, la beauté d'un art populaire.
Au même titre que les yokaï, ces êtres surnaturels qui peuplent l'univers fantastique de Shigeru Mizuki, le kappa est un personnage issu de la mythologie japonaise. Diablotin anthropomorphe vivant dans les rivières et les étangs japonais, la légende dit qu'il attirait les jeunes filles au fond de l'eau afin de leur prendre leur vertu. Devenu populaire dans la littérature, les mangas et l'animation, son image a évolué au cours du XXèmesiècle pour finalement incarner un personnage malicieux, sympathique voire bienveillant.Dans Mon copain le kappa, premier volume de cette trilogie, on rencontre Sampei, un jeune garçon qui ressemble étrangement à un kappa, au point que deux de ces créatures s'y méprennent et l'entraînent avec elles dans leur monde. Sampei en reviendra accompagné d'un espion de son âge, point de départ d'une série d'aventures hilarantes.Dans ce nouveau volume, Sampei et son ami rejoignent le pays des kappas afin d'accomplir une mission bien particulière. Pour célébrer les 100 000 ans de la race kappa, le roi suprême doit être intronisé parmi ses semblables. Mais pour ce faire, un membre de la communauté doit descendre dans le pays souterrain, combattre 7 monstres et rapporter les 7 joyaux cachés. Depuis toujours, tous les 500 ans, un kappa est désigné pour remplir cette mission dont le succès est seul garant de la survie de la race.Sampei et Kappa sont les heureux élus et d'incroyables aventures attendent les deux compères !
Acteur incontournable d'une époque fondatrice du manga, Yoshihiro Tatsumi offre, avec Une vie dans /es marges, un témoignage exceptionnel sur les milieux éditoriaux et le Japon de l'immédiate après-guerre.Fresque autobiographique, roman social et document historique, ce livre-somme est un chef-d'oeuvre capable de toucher le passionné comme le néophyte. Pour l'amateur de bande dessinée, il donne à voir de l'intérieur la manière dont le manga s'est construit dans ces années-là, passant en peu de temps de l'âge d'or à l'âge industriel. Il invite dans cette évocation lesfigures mythiques de ce domaine et nous les montre telles qu'elles étaient avant que l'histoire ne les statufient.Pour le profane, Une vie dans les marges dresse un tableau unique du Japon des années d'après-guerre et de ses classes populaires luttants pour la survie quotidienne. De l'essor économique des années 1950 jusqu'aux crises des années 1960, Tatsumi dépeint avec force un pays et une société en pleine mutation. OEuvre de longue haleine dont la réalisation s'est étalée sur plus de dix ans, Une vie dans les marges est d'ores et déjà un ouvrage de référence récompensé au Japon et aux Etats-Unis par les prix les plus prestigieux.
Après cette ville te tuera, voici le deuxie?me volume d’une copieuse anthologie consacre?e a? l’œuvre de Yoshihiro Tatsumi !Yoshihiro Tatsumi se de?tache, a? la fin des anne?es 1950, des re?cits d’aventures utopistes pour enfants et invente un genre uniquement destine? aux adultes: le gekiga («images dramatiques ou the?a?trales»). Forme d’e?criture nouvelle, autant sur le plan the?matique que graphique, le gekiga apparai?t, re?trospectivement, comme la premie?re tentative de the?orisation de la bande dessine?e japonaise.A? cette e?poque, Yoshihiro Tatsumi cherche une grammaire pour de?noncer, nouvelle apre?s nouvelle, l’envers de la modernite? japonaise.Il pre?fe?re aux se?quences dynamiques les images sombres, cruelles et urbaines ; aux longs dialogues, le mutisme des hommes et le bruit des machines.Sous l’occupation ame?ricaine, l’archipel connai?t de grandes transformations sociales, a? commencer par un exode rural massif et une explosion des me?galopoles. Et face a? l’euphorie et a? l’e?loge de la modernite? ve?hicule?es par le manga pour la jeunesse, Tatsumi oppose les exclus et les victimes de cette transformation sociale.Pe?re de la bande dessine?e adulte et d’une nouvelle manie?re de raconter en images, Yoshihiro Tatsumi se fait e?galement le portraitiste terriblement juste d’un monde bouleverse?.
Tous deux à nouveau sur la même planète, Kaos et son ancien ami, devenu son pire ennemi, Jo Daigo, ne peuvent que s'affronter. Alors que Kaos semble à deux doigt de sauver la princesse et par la même, de délivrer la planète de son ami le général-clochard de la perdition, son destin est à nouveau contrarié par la réussite de Daigo. Celui-ci s'empare de l'arme ultime et l'envoie avec son compère sur une étoile pour les y faire exécuter. Heureusement, ils sont sauvés par l'intervention des hommes du général Zidal qui les ramènent sains et saufs sur la planète natale de ce dernier. Là-bas, ils découvrent avec stupeur que la Reine a repris le contrôle et qu'une étrange maladie transforme les humanoïdes en chevaux. De son côté, Jo Daigo a doublé ses alliés en gardant l'arme de destruction pour lui. Tout cela ne présage rien de bon...
À l'occasion de la sortie de Tumultes, Cornélius propose aux lecteurs une nouvelle édition des deux volumes précédents de la trilogie.3, le premier volume, a été rebaptisé pour l'occasion Romanji. C'est avec ce manuscrit reçu par la Poste que Cornélius avait découvert Hugues Micol. Initialement publié en 2001 et épuisé depuis quelque temps, le livre fait peau neuve avec une nouvelle couverture (visuel à venir, la couverture ci-dessus étant provisoire).Séquelles, sa suite parue sept ans plus tard, démontrait la maturité d'Hugues Micol et lui permettait de s'affirmer comme un brillant dialoguiste.Pour accompagner Tumultes, les deux titres seront réédités avec la même fabrication que la nouveauté : couverture cartonnée avec jaquette américaine, format 17 x 24 cm. Attention, tirage limité à 600 exemplaires !
À l'occasion de la sortie de Tumultes, Cornélius propose aux lecteurs une nouvelle édition des deux volumes précédents de la trilogie.3, le premier volume, a été rebaptisé pour l'occasion Romanji. C'est avec ce manuscrit reçu par la Poste que Cornélius avait découvert Hugues Micol. Initialement publié en 2001 et épuisé depuis quelque temps, le livre fait peau neuve avec une nouvelle couverture (visuel à venir, la couverture ci-dessus étant provisoire).Séquelles, sa suite parue sept ans plus tard, démontrait la maturité d'Hugues Micol et lui permettait de s'affirmer comme un brillant dialoguiste.Pour accompagner Tumultes, les deux titres seront réédités avec la même fabrication que la nouveauté : couverture cartonnée avec jaquette américaine, format 17 x 24 cm. Attention, tirage limité à 600 exemplaires !
Nicole est de retour pour crâner sur les plages cet été !Pas folle la Nicole, elle prévoit déjà ses vacances sous le signe de l'amour saisonnier... Pour nos lecteurs, l'affaire est toujours aussi juteuse, plus de 300 pages de lecture à moins de 15 euros ! Y a des jeunes, y a des vieux, y a de l'inédit à gogo, et y a des choses introuvables. Mais y a pas que de la bédé ! Y a aussi une trentaine de pages de textes poilants comme tout : un retour sur l'année bédé 2018, des chroniques, des articles et même une inter- view exclusive de Nicole Claveloux ! Des heures de lecture en perspective...Au programme, nous aurons du Blutch, du Nicole cla- veloux, du ludovic Debeurme, du Olivier Texier, du Wil- lem, du Shigeru Mizuki, du Jérôme Dubois, du charles Berberian, du Blutch, du Jean-louis capron, du Fanny Michaëlis, du charles Burns, du Hugues Micol, du Blex- bolex, du Delphine Panique, du François Ayroles, du Philippe Petit-roulet, du Sébastien lumineau, du Adrien Demont, du Anouk ricard, du l.l de Mars, du crumb & Kominski, du Sammy Harkham, et, et, n'en jetez plus ça va déborder !Pour ce 8 e numéro, c'est l'artiste Blutch qui réalisera une couverture inédite. Ça tombe bien puisque Blutch sera le parrain des rencontres de l'illustration à Strasbourg en mars prochain. Au total, pas moins de cinq expositions lui seront consacrée pendant l'année 2019 !
Après Partout et Ailleurs (2008 et 2002 chez Cornélius), après un tour du monde de La Haye à Dublin en passant par Hanoï, Oslo, Ouagadougou, Rome, Talli et Pékin, Willem nous invite au coeur du Vaucluse, dans cette charmante cité médiévale qu'est Avignon. Qui l'aime le suive !Cela fait une décennie que Willem s'en va chaque printemps, croquer pour Libération des scènes du festival d'Avignon. Recueil de ces dix années de dessins, Avignon abandonne décors et commentaires pour se concentrer sur les acteurs et leur public, sur cette foule qui parcourt les ruelles de la vieille ville le temps d'un festival. Reprenant avec de nouvelles couleurs des pages initialement parues dans Libération, Willem nous invite à partager sa version à la fois acide, drôle et profondément humaine du festival.
Les collages et photomontages de J. Lecointre, représentant des créatures oniriques et satiriques, revisitent l'imagerie homosexuelle, avec pour thème central le sexe masculin.
Qu'est-ce que l'Art, en vérité ? On en parle à toutes les sauces, on discute de sa santé dans les cocktails mondains, on le dissèque en ville pour séduire la belle ou pour rabattre le caquet d'un rival trop arrogant... On l'étudie parfois, comme on ausculte un animal. On l'envisage aussi comme un placement, plus fructueux que la pierre.Parfois même, on espère devenir l'un de ces artistes qui défraient la chronique des décennies durant. Mais en dehors de ça, entre nous, honnêtement... à quoi sert l'Art, au bout du compte ?Willem, avec sa mæstria habituelle, fait table rase des académismes et refuse de se laisser entraîner dans d'aussi futiles considérations, préférant endosser le costume qu'il affectionne le plus, celui du gentleman dynamiteur.Dans cette nouvelle édition copieusement augmentée, Willem esquisse un portrait de l'Art lui-même, hilarant et décapant, au travers d'une centaine d'instantanés d'artistes du XX e et XXI e siècle. Et la désacralisation n'empêche en rien la révélation d'informations capitales !Toujours replacées dans leur contexte par la verve malicieux et encyclopédique de Willem, les anecdotes de ces Nouvelles aventures de L'Art constituent la tentative la plus sérieuse pour dresser un état des lieux acide et réaliste de la création artistique depuis la fin de l'impressionnisme jusqu'à nos jours.De ce panorama surgit, entre deux éclats de rire, la réponse à notre question initiale. À quoi sert l'Art ? À garder les yeux ouverts, tout simplement !
Frieda Boher et sa créature, Necron, accostent sur une île perdue peuplée de mystérieux robots lubriques obéissant à une intelligence humaine. Ces Monstres mécaniques capturent notre héroïne et l'emmènent dans leur QG, où elle fait la connaissance de leur chef, Galina, alter ego lesbien de Frieda. Les deux dominatrices se jaugent et s'affrontent : Frieda subit le joug de la tortionnaire, convaincue que Necron viendra renverser la situation... Elle sera bientôt la maîtresse de l'île. En complément de programme, quelques aviatrices un peu trop imprudentes finiront copieusement violées et transformées en Femmes araignées, pour legrand plaisir des lecteurs politiquement incorrects. Conçu au départ comme un porno-horreur Necron va vite être transfiguré par la ligne claire de Magnus, son outrance et son art de bouleverser les lois du genre, pour devenir ce chef-d'oeuvre irréductible que nous publions aujourd'hui, et qui comprendra sept volumes dans sa totalité.