En terrasse d'un bar au serveur peu amène, habitués, touristes et passants se succèdent et se croisent. Tour de France, élections primaires et présidentielles, rentrée scolaire, sortie d'un nouveau téléphone, festival de Cannes, hygiène de vie, attentats, lutte des classes, expos, mais aussi simples anecdotes du quotidien sont autant de sujets de conversation et de prétextes pour des saynettes absurdes et décalées. Initialement publié dans la matinale du Monde, En terrasse nous invite à observer, à travers le regard ironique et élégant de François Ayroles, un monde dans lequel l'âge n'est plus un gage de sagesse, la fonction n'induit plus la légitimité, où le facultatif devient priorité, et l'évidence incongrue.
Sixième et dernier personnage de la galerie defemmes dépeintes par Anne Baraou et Fanny Dalle-Rive, Isab Abus en est peut-être la plus pathétique et la plus touchante à la fois. Sur fond de crise de la quarantaine et de psychanalyse à haute dose, Isab Abus découvre les tromperies à répétition de son compagnon grâce aux nouvelles technologies : liste de noms découverts sur un téléphone portable, et mails espionnés grâce à l'aide d'un ami informaticien. Fable désabusée bien de notre époque, la série Une Demi-douzaine d'Elles, après avoir abordé l'adolescence, la grossesse et divers caractères contemporains, s'achève sur la note douce-amère de l'entrée dans le grand âge.
C'est seulement la deuxième fois que cela arrive dans l'histoire de L'Association en vingt ans (après L'Aventure des opposants de Boris Bukulin) : recevoir le manuscrit d'un jeune auteur inconnu et le trouver suffisamment singulier pour l'éditer tel quel. Il s'agit cette fois d'une dessinatrice : Claire Braud. Son Mambo est un ovni, un vrai. On le croirait parfois issu du meilleur de l'ancien Charlie-Mensuel, mais la particularité de ce livre est de ne ressembler à aucune époque. Une fiction débridée comme on n'en a pas lu depuis longtemps, entre les tribulations de Pétula, le pas de côté de l'inspecteur des impôts Bilfond et les tigres qui répondent au téléphone : des scènes d'anthologie, avec un style qui ne rappelle personne d'autre. Claire Braud sort de nulle part, mais à la lecture de Mambo, on sait qu'on va devoir compter avec elle.
Sur le bureau de son atelier, Jochen Gerner garde en permanence un carnet. Il n'y dessine qu'en situation de conversations téléphoniques, avec l'outil qu'il avait en main avant que le téléphone ne sonne, ou avec l'outil le plus proche lorsqu'il décidait lui-même de téléphoner. Les dessins réalisés suivant ce protocole sont particuliers car il n'en découvre la forme qu'à l'issue de la conversation : ils sont à la fois complètement personnels et complètement incontrôlés.La main dessine mais l'esprit est ailleurs. Il s'agit donc d'une forme de journal en creux, dans lequel rien ne serait raconté et daté précisément, mais où il compile des listes de choses vues qui dessine son intérêt pour le monde extérieur et contemporain, en complément des dessins téléphoniques témoignant d'un monde intérieur restitué par à-coups. Après En Ligne(s) (L'Ampoule 2003) et Branchages (L'Association 2009), Jochen Gerner, toujours à cheval entre bande dessinée et art contemporain, nous propose un nouveau carnet de dessins téléphoniques réalisés entre 2008 et 2019, soit dix ans de conversations et annotations.Veuillez noter qu'à cette occasion, Branchages, épuisé depuis plusieurs années, sera à nouveau disponible.