Un marcheur somnambule trébuche sur un caillou anodin et c'est alors le début d'une étonnante réaction en chaîne qui va tenir en haleine le lecteur tout le long des 48 pages de cette bande dessinée de l'auteur belge José Parrondo. Cette sarabande graphique menée sur un rythme d'enfer met aux prises une invraisemblable tripotée de personnages plus ou moins «proteïformes». Une colonie de fourmis frondeuses, un promeneur en haut de forme, un couple de poissons belliqueux, etc... se télescopent pèle-mêle et réinventent même à l'occasion quelques-unes des plus belles inventions de l'homme : la roue, le levier... rien que ça... en tout simplicité... ni plus ni moins !!!Dans cette véritable apologie du mouvement perpétuel, l'auteur bringuebale ses personnages sans ménagement au cours d'un palpitant voyage au fil de l'eau... liquide, solide et gazeuse...Un récit tout en rondeur qui tourne en rond, ponctué d'onomatopées et autres bruitages divers et empreint de cet étrange poésie minimaliste et bruitiste si chère à Parrondo.
Dans une conserverie industrielle du Sud-Ouest de la France, dix mille oies destinées à la production de foie gras et de confits sont malencontreusement contaminées par des produits vitaminés bon marché en provenance d'un dépôt de la région de Tchernobyl. Accédant alors à une intelligence similaire à la nôtre, et dotées de petits bras et de la parole, les palmipèdes mutants prennent la direction de l'usine et contraignent son directeur, Monsieur Samotrah, à collaborer pour sauvegarder son entreprise. Ensemble, ils vont produire une effroyable denrée : le foie gras humain ...Après Mister Q vs Djskarstadt et Utopia Porcina, Bathori poursuit l'exploration tant graphique que narrative d'une possible revanchedu monde animal face à l'être humain, conduisant celui-ci vers l'esclavage et l'asservissement. Les différents codes de nos sociétés contemporaines ainsi que nos comportements y apparaissent alors sous un jour nouveau. Et ce maillon supérieur que nous occupons tout en haut de la chaîne alimentaire pourrait bien être beaucoup moins stable qu'il nous paraît.