La voie de l'éveil intérieur est longue et délicate. Sauf si l'on trouve un raccourci dans son sous-sol, via une machine à laver magique... C'est ce qui arrive à Daisy, une jeune adolescente nouvellement arrivée dans son lycée et qui a du mal à se faire des amis. Une dimension supérieure, pleine de vibrations étranges et de sensations bizarres, habituellement cachée et uniquement accessible aux esprits éclairés, devient son terrain de jeux sacré.Mais la pureté et l'innocence n'ayant qu'un temps, ce jardin d'Eden sera rapidement envahi et profané par d'autres, moins sensibles à sa fragilité. En 96 pages, Jesse Jacobs nous raconte cette fable new age de paradis perdu et d'enfants plus tout à fait innocents avec un dessin faussement naïf et une approche détonante des couleurs, opposant la monochromie de la réalité suburbaine subie par les personnages à la palette acidulée du monde artificiel dans lequel ils se réfugient. Comme dans ses autres ouvrages publiés chez Tanibis, les pages purement narratives sont entrecoupées de séquences fantasmagoriques dans lesquelles Jacobs, mêlant régularité géométrique et imagination psychédélique, donne à voir les créatures et les sensations indicibles qui peuplent cet espace secret. Sous la maison, initialement publié au Canada par Koyama Press, est le troisième roman graphique de Jesse Jacobs.
Après avoir remis le bus de Paul Kirchner en orbite avec deux volumes publiés en 2012 et 2015, Tanibis poursuit son exploration des mondes divergents de l'auteur américain à travers une anthologie rassemblant des récits courts et illustrations réalisés dans les années 70 et 80 pour divers magazines emblématiques de la contre-culture, ainsi que d'autres travaux plus récents, parfois inédits. On y croise Dope Rider, sac d'os défoncé poursuivant des quêtes improbables dans un univers psychédélique que l'on pourrait situer entre les westerns de Sergio Leone et les tableaux de Salvador Dalí. Alternant non sequiturs et logique floue, les aventures de Dope Rider, publiées en leur temps dans le magazine High Times, sont également pour l'auteur une façon de s'essayer à une forme singulière de poésie graphique. Dans une même veine subversive, l'ouvrage reprend également une sélection d'histoires où il est question d'invasion sextraterrestre, de voyages spirituels vers des mondes shamaniques, d'univers totalitaires inspirés de la société des abeilles ou encore, littéralement, de l'Apocalypse biblique. Enfin, En attendant l'Apocalypse rassemble une bonne partie des couvertures réalisées par Kirchner pour le magazine pornographique Screw. On y retrouve son trait précis et son goût pour l'humour et le surréalisme.