Des dessins inédits, des bas-reliefs et une interview lèvent le voile sur l'univers graphique de C. Nine et sur les sources de son inspiration : la famille immigrée, le faubourg où il a grandi, la musique, etc.
Soba était en train de devenir une rock star avant que la guerre éclate et l’oblige à partir se battre. Maintenant, la paix en Bosnie est proche, Soba évoque son passé et s’interroge sur son futur. Que va-t-il faire quand la guerre finira ? Va-t-il rester dans la Sarajevo qu’il aime tant et pour laquelle il a risqué sa vie ? Va-t-il partir ailleurs, où la vie sera sans doute plus facile et le succès semble à portée de main ?Héritier du « nouveau journalisme », Joe Sacco raconte en toute subjectivité ses voyages dans un monde en feu. Ici : son séjour à Sarajevo entre 1995 et 1996.Les accords de Dayton viennent alors d'imposer un cessez-le-feu, mais les balles traçantes illuminent encore la nuit bosniaque. Muni d'une carte de presse, le dessinateur hante les décombres. Ainsi, lors d'une messe de Noël, il croise Karadzic qui avait déclaré que « les Sarajéviens ne compteront pas les morts, ils compteront les survivants ».Son portrait de Soba, le sculpteur poseur de mines, restera un modèle de reportage graphique.
Ella, en s'engageant comme ambulancière volontaire de la croix rouge, se transforme peu à peu en agent secret.Mais quelles sont les véritables motivations qui la poussent à agir héroïquement ? roman d'espionnage, couvrant les continents et les siècles, mêlant nazis, résistants, espions et contre-espions, fusées mystérieuses, trésors, trésors et messages cachés, 2 soeurs surprendra-par sa richesse narrative et graphique-les lecteurs les plus exigeants.
Voilà une lecture de la Genèse (pour être plus précis, de l'épisode de l'expulsion d'Adam et Eve de l'Éden) qui va se faire remarquer par son originalité et par un traitement graphique iconoclaste. Structuré en mouvements - comme une suite musicale - le livre de Ville Ranta est parcouru de fond en comble par un humour subtil et espiègle.À première vue, l'Éden de l'auteur finlandais ne ressemble que de loin à celui de la tradition biblique : Dieu est égocentrique et possessif, Adam paresseux, les Anges un peu à côté de la plaque... On pourrait se croire dans une parodie irrespectueuse mais, pourtant La Suite du Paradis n'est rien de tout ça. Tout en s'éloignant de la simple illustration du texte biblique, Ville Ranta y reste étonnamment fidèle en le mêlant avec finesse au langage parlé pour créer des dialogues au ton savoureux abordant des questions telles que l'amour, la peur de la mort... En refermant le livre de Ville Ranta, après s'être régalés de ses reparties décalés et de ses aquarelles flamboyantes, on ne peut pas s'empêcher de réfléchir, un bref instant, au sens profond de la vie.
La vieille ville de Sin City est une forteresse bien gardée dont les belles de nuit ont fait leur quartier général. A la différence de bien des quartiers chauds connus à travers le monde, ici il n'y a pas besoin de souteneurs. Les filles sont armées jusqu'aux dents et ce sont elles qui font régner la loi. Alors quand un flic ripou armé de mauvaises intentions pénètre dans la vieille ville pour malmener l'une d'elles, il ne sait pas qu'il va y perdre la tête et déclencher un grand carnage ! L'épisode permet de retrouver Dwight (J'ai tué pour elle) et surtout la prostituée-acrobate-Ninja, Miho. Ceux qui ne possèdent pas encore la série Sin City en entier vont être ravis : avec la publication du Art Book et cette réédition, la série est maintenant entièrement disponible en version française, aux éditions Rackham, avec une charte graphique identique, approuvée par Frank Miller, pour toute la collection. En attendant un nouvel épisode à paraître prochainement.
Réalisées à différentes périodes, les cinq adaptations de nouvelles d'Edgar Allan Poe par Alberto Breccia, réunies dans Le Coeur révélateur, ne sont pas de simples prétextes à une série de variations stylistiques. Elles fournissent au génie argentin, fermement convaincu que c'est le style qui doit s'adapter à l'atmosphère du récit - et non l'inverse -, une nouvelle occasion de montrer sa maîtrise exceptionnelle du dessin et de la composition. Avec une désinvolture et une facilité étonnantes, il passe d'un minimalisme formel et d'un découpage cinématographique (Le Coeur révélateur) à des teintes grotesques (William Wilson), jusqu'à un style plus expressionniste (La vérité sur le cas de Monsieur Valdemar).Si une distance manifeste sépare la rigueur dépouillée dont il use dans Le Coeur révélateur et le foisonnement de formes et de couleurs qui explose dans Le Masque de la mort rouge, un fil rouge relie pourtant tous ces récits. La constante invention graphique dont fait preuve Breccia a pour unique intention d'éclairer d'une lumière crue la frontière floue entre la vie et la mort. Il capture ainsi ce moment de bascule où, saisi par le néant, l'homme devient son propre bourreau, cette faille insondable que Poe lui-même n'a eu de cesse d'explorer tout au long de son oeuvre.
Emile Delilah serait un célibataire américain ordinaire si au désespoir de ses parents, il n'était pas totalement... xénophile !Amoureux transi des coutumes étrangères, il délaisse les rêveries des brochures touristiques et part visiter les ruines monu-mentales de toilettes publiques dans l'archipel Tensint.Il laisse dans son quartier Boreal Rince, le souverain en exil du Canthus-Extérieur, ainsi qu'Elijah Salamis, un supra nationaliste décidé à faire disparaître les frontières géographiques et cultu-relles qui séparent les humains. À cause d'une accumulation de solvants de pressing à sec dans ses sols, l'île de Tensint s'évapore brutalement et disparaît de la carte. Miraculeusement épargné, Emile Delilah décide de prolonger son périple...
Judas est un personnage muet, inexpressif et mystérieux qui ressemble en tout et pour tout à un écureuil : de lui on sait seulement qu'il aime beaucoup dessiner. Au fil des ses péripéties, on découvre les multiples facettes de sa personnalité, ses dépendances (aux psychotropes etau travail), ses chutes et ses renaissances. Dans son parcours existentiel en zigzag, il rencontre l'ami Vernel, le Gran Maître qui tout connaît, Micael le moineau fantôme, Christian le crapaud, Jésus-Christ l'éditeur, le louveteau. personnages qui accompagnent Judas dans ses déambulations dans des univers imaginaires tels le Labyrinthe du Faux Bonheur, la Montagne du Grand Maître ou Mimolandia. Dans L'évangile selon Judas, Alberto Vazquez (A Coruña, Espagne, 1980) donne une dimension totalement nouvelle à l'autobiographie en l'affranchissant entièrement du registre réaliste et l'ancrer dans l'allégorie et le symbolisme. Qu'ils traitent de doutes existentielles, tracasseries professionnelles, petits ou grands bonheurs de la vie quotidienne, tous les épisodes de L'évangile selon Judas ont, à l'instar des paraboles, un corps et une âme,le récit lui-même dans son sens naturel, auquel se juxtapose un sens parallèle au premier, se déroulant dans un plan supérieur, qui lui confère sa véritable signification. Le riche et original univers graphique imaginé par Vazquez est très proche de celui d'Alice au pays des merveilles mais aussi des codex médiévaux, du symbolisme de l'alchimie et même des tous premiers dessins animés de Walt Disney. Les toutes premières pages de L'évangile selon Judas ont été réalisées en 2004 et publiées dans Fanzine Enfermo et Stripburger
Polly, Moho et Piter, trois amis qui se sont perdus de vue depuis plusieurs années, se retrouvent pour exaucer le voeu de Héctor, leur ami commun décédé peu de temps auparavant. Dans ses dernières volontés, Héctor les a désignés pour disperser ses cendres dans un lieux mystérieux, indiqué par une croix sur une carte. Les trois protagonistes se préparent à ce qui s'annonce comme un long et ennuyeux voyage en voiture sans se douter qu'il va vite être parsemé d'embûches, courses poursuites, équivoques et coups de théâtre. Entre motels miteux, restoroutes et clubs de strip-tease, les trois amis devront faire face à des lutteurs de catch,à des trafiquants de drogue, à un chanteur paranoïaque et à deux hommes de main barbus dans une suite ininterrompue de rebondissements qui vont mettre leurs nerfs à rude épreuve...
Au moment de sa première publication, en 1974, l’adaptation des Mythes de Cthulhu de H.P. Lovecraft par Norberto Buscaglia et Alberto Breccia fit l’effet d’une véritable bombe. Les critiques et la profession saluèrent unanimement le formidable bond en avant accompli par Breccia. Ce qui les étonna et qui étonne encore aujourd’hui, en permettant de classer les Mythes de Cthulhu parmi les chefs-d’œuvre de la bande dessinée, c’est la véritable débauche de solutions graphiques et d’expérimentations mises en œuvre par Breccia : pinceau sec, collages, utilisation de textures imprimées, tous ces moyens sont employés avec une surprenante liberté créative pour construire des nouveaux types de lumières et de matières. Parallèlement, Breccia développe un style différent pour chaque histoire, en passant avec aisance du réalisme à l’abstrait, pour coller le plus possible à l’atmosphère du récit. Son pari, pousser le lecteur à revivre les oppressantes atmosphères de Lovecraft, est pleinement gagné grâce à l’emploi savant de ces artifices, tant qu’aujourd’hui encore ces images dégagent une force inquiétante.Au délà de l’humilité avec laquelle les deux auteurs se rapprochent de l’œuvre de Lovecraft, ne modifiant pratiquement jamais le texte d’origine, le choix de Breccia et Buscaglia de baser tout le récit sur des larges « citations » sans presque jamais utiliser des dialogues, ne fait que centrer encore plus le travail d’adaptation sur le « rendu » graphique des atmosphères suggérées par l’écrivain. Plus de quarante ans plus tard, « Les Mythes de Cthulhu», restent un des plus lumineux exemples d’adaptation en bande dessinée d’un texte littéraire, sans doute la meilleure transposition de l’œuvre de Lovecraft et un des sommets de l’art d’Alberto Breccia.L’édition publiée par Rackham en 2004 (la première qui présente l’intégralité du cycle de Cthulhu) étant épuisée depuis longtemps, nous avons décidé d’en réaliser une nouvelle, dans un format différent et entièrement revue et corrigée, mais toujours imprimée en bichromie et en trame aléatoire pour rendre au mieux le formidable travail du Maître de Haedo.