Deux récits fantastiques : Ogoniok (un petit bureaucrate arrogant se retrouve confronté à un shamann au fin fond de la taïga...) et Myetzko (durant la première guerre mondiale sur le front de la Galicie un officier autrichien est sauvé par les pouvoirs de son aide de camp...).Myetzko est composé de deux histoires indépendantes liées par un fil rouge :L'introduction du fantastique dans le quotidien. Tout cela est naturellement réjouissant d'intelligence, mais aussi fascinant sur le plan de la réalisation graphique, plus exactement de l'interaction entre le dessin, le découpage et le contenu.On reste une nouvelle fois bouche bée devant la capacité de Toppi à concentrer une action complexe au sein d'une même représentation graphique, d'un dessin - comme s'il parvenait, dans un laboratoire de sorcier, à maîtriser à la fois le temps et l'espace... Quand il évoque le monde des magiciens Toppi, finalement, ne parle que de lui-même... Bo Doï
Gary Gianni, complice de Mike Mignola complétait les comics de Hellboy par des histoires fantastiques plutôt barrées. Elles sont enfin rassemblées et donnent un aperçu de la virtuosité graphique d’un auteur américain qui ne restera pas méconnu.
Louis Le Hir est arrivé, il y a deux ans dans le paysage de la BD avec une histoire particulièrement remarquée : Clown. Ce one shot terminé sur une note assez triste repart cette fois avec plus d'optimisme même si notre clown, arrivé aux Etats-Unis, découvre le monde impitoyable de la crise des années 20. Une rencontre va bouleverser sa triste vie et le conduire vers la rédemption. La palette graphique de Le Hir donne à ce récit une tonalité particulièrement originale.
S'il n'avait tenu qu'à lui, Battaglia l'illustrateur aurait gommé l'auteur de bande dessinée. Les circonstances historiques de la production graphique nous ont heureusement donné l'un et l'autre, commente J.F. Douvry.Les éditions Mosquito se sont associées au musée de la BD et de l'immaginaire de Lucca pour nous offrir ce petit bijou de force et de délicatesse. Nourries de références classiques, les illustrations de Battaglia par leur composition, leur finesse révelent toute l'humanité de leur auteur.
Ce livre se conçoit comme un rêve. Déchirés, fragmentaires, les quatre récits qui le composent se lient pourtant autour d'un thème aussi ancien que l'Homme : l'amour, dans toutes ses finitudes. Dans ses solitudes, son érotisme, ses silences ou ses réconciliations. Max Frezzato, par sa virtuosité graphique, dépasse le champ de la bande dessinée, et nous livre une oeuvre d'un lyrisme touchant à l'extrême... qui se passe de mots.A partir de l'un de ses rêves, l'auteur nous emporte avec lui dans les méandres de l'inconscient, un plongée vertigineuse, c'est tout simplement virtuose...et beau
L'inspecteur Coke, comme son nom l'indique, évolue dans les suies et les scories du Londres de Jack L'Eventreur, supplanté ici par une momie meurtrière.Au récit s'oppose l'éclatement général de la mise en page, vignettes aux contours happés par la brume, mangés par les mystères, images hardiment désemboîtées, bancales et sans fond... Comme pour équilibrer le brio de ce broyage graphique, Battaglia aligne sagement ses textes en lettres régulières, que seuls brisent les cris d'agonie. Le texte ne s'anime que lorsque la mort agit ! Si le criminel est d'emblée connu du lecteur, c'est que l'enjeu est d'ailleurs : dans les ténèbres, le rationaliste Coke restera-t-il aveugle ?
En 2015, les éditions Bonelli laissent carte blanche à Serpieri pour dessiner une aventure de leur personnage fétiche Tex. Serpieri renoue avec sa passion pour la civilisation amérindienne et donne une vision d'un Tex bien moins lisse et consensuel qu'à l'accoutumée.
Il était une fois quatre personnages, appartenant à quatre récits différents imaginés par de grands écrivains du Romantisme allemand.Ils étaient jeunes, imaginatifs, emportés mais fragiles.Mais au fond, ces quatre garçons, créatures de E.T.A. Hoffmann, d'Adalbert de Chamisso, et de Georg Büchner, n'étaient peut-être qu'un seul et même personnage. A eux quatre, ils formaient un unique aventurier du bizarre ou de la démence. C'est aujourd'hui le dessin extraordinaire de Dino Battaglia qui nous révèle cette obscure analogie. Outre le plaisir qu'il nous procure, c'est là le type de révélation graphique que peut nous faire un grand dessinateur comme Battaglia lorsqu'il se laisse imprégner, puis largement inspiré, par destextes dont la puissance a déjà captivé des milliers de lecteurs.Pierre Péju