Sur un agenda ordinaire, tout au long de l'année, l'auteur a réalisé un dessin par jour, au feutre, au lavis, ou au crayon, symbolisant son univers graphique expressionniste.
Duhoo et Killoffer avaient dj ralis deux Pas un seul n 1, respectivement en 1987 et en 1990. Ce troisime n 1 ne propose plus de textes typographis ni mme de bandes dessines proprement parler, mais de grandes compositions o s'articulent textes et dessins avec un subtil art du contrepoint et de l'incongruit. trange mlange d'avant-gardisme graphique, de slogans incongrus et de potacherie sotrique, P.U.S. est jubilatoire et intemporel.
L'Association poursuit ses rééditions de Gébé, un des plus grands auteurs du XXe siècle sur tous les plans : poétique, graphique, politique. Dans L'Âge du Fer, il n'y a plus rien de minéral, de végétal, d'humain : rien que des boulons, des écrous et de la tôle à perte de vue. On est proche du Gébé de la Lettre aux survivants, celui qui tire la sonnette d'alarme en nous montrant ce que pourrait être bientôt le pire, s'il n'est déjà là. Et toujours avec l'esprit et la classe qui font de lui le plus visionnaire de tous.
Cette édition reprend les trois volumes que Fabio Viscogliosi avait publié au Seuil entre 1995 et 1998 : 'L' Oeil du chat', 'Du plomb dans l'aile' et 'Morte saison pour les poissons'. Silhouette filiforme, le chat en perpétuelle dérive, à la recherche d'un repas ou aux prises avec la police, évolue comme un hiéroglyphe dans un univers graphique minimaliste dont Fabio Viscogliosi tire le plus grand parti.
Dans ce quatrième tome deportraits croisés, Anne Baraou et Fanny Dalle-Rive s'attachent à suivre les faits et gestes de Véra Haine, adolescente de son état. Leur inégalable justesse de regard à toutes deux, Baraou dans les dialogues et les situations, Dalle-Rive dans le détail graphique qui dit tout l'air de rien ; fait toute la richesse de cette chronique de moeurs contemporaine.
Après Lars Sjunnesson et Max Andersson, L'Association poursuit dans sa veine scandinave avec la publication de l'anthologie de cet auteur indispensable. Pilier de la revue suédoise Galago, Joakim Pirinen y a développé un univers angoissé, d'une grande richesse graphique, qui a impressionné ses contemporains sans avoir fait l'objet jusqu'ici de traductions à la mesure de son talent. Constamment à la recherche d'une joie de vivre et d'une innocence qui lui font défaut, il soumet la bande dessinée aux plus grandes épreuves, pour donner corps à son mal-être d'humain et de père de famille.
Quand j'ai eu dix-huit ans, Uncle Sam m'a dit qu'il aimerait bien mettre un uniforme sur mon dos pour aller combattre un gars qui s'appelait Adolf. Ce que j'ai fait. Les souvenirs d'Alan Ingram Cope retranscrits en BD nous montrent une guerre à mille lieux des images hollywoodiennes : entre réalisme scrupuleux et abstraction graphique, Emmanuel Guibert dépeint dans toute sa matérialité et sa véracité cette guerre qu'il n'a pas vécu. Dans le second des trois volets qui composeront La Guerre d'Alan, Alan débarque en Normandie le 19 février 1945, le jour de ses vingt ans. Avec son unité de chars, il va traverser l'Allemagne dévastée et ira jusqu'en Tchécoslovaquie en mission semi-secrète d'éclaireur.
Si c'est déjà un événement en soi pour L'Association d'accueillir en son Catalogue un projet majeur de Benoît Jacques, on ne peut que redoubler de bonheur au vu du chef-d'oeuvre que représente L. C'est en effet un Journal Autobiographique en Bande Dessinée que nous offre ce génial touche-à-tout plutôt habitué à auto-produire fabuleusement ses ouvrages. Entièrement muet, noir, métaphorique, d'une facture graphique qui surprendra ses amateurs, ce Journal a aidé Benoît Jacques à traverser une période personnelle particulièrement difficile.L, c'est donc « elle », ou « elles », c'est le chiffre 50 qui correspond à l'âge de l'Auteur lors de cette période, et c'est l'angle droit que sa vie a emprunté. On est loin ici de l'autobiographie light : par pudeur, les événements y sont évoqués par un cryptage qui déjoue tout voyeurisme et débouche sur une symbolique de l'inconscient aussi surréaliste qu'universelle.
Premier volume d'une série de trois Mimolettes, Baku représente la première publication de Grégoire Carlé, jeune auteur de la nouvelle génération qui rejoint depuis quelques temps L'Association. Né en 1984, Grégoire Carlé, diplômé des Arts Décoratifs de Strasbourg, a publié dans le fanzine Ecarquillettes et les productions du collectif Troglodyte. Sa maîtrise graphique et narrative en font d'emblée un des auteurs sur lesquels l'avenir pourra compter. Baku dépeint la rêverie d'Ichô, enfant isolé sur une île avec sa famille dans le Japon du XIXe siècle. Crabes maudits, esprits moqueurs et fantômes ont beau être de la partie, on est ici loin de l'esthétique du manga. S'inspirant partiellement des nouvelles de l'écrivain Lafcadio Hearn (1850-1904), Grégoire Carlé restitue les mythologies japonaises avec un brio évident et une sensibilité toute personnelle.
Démarré il y a quelques années dans l'éphémère revue Black (Coconino), Le Mort détective est un feuilleton composé uniquement des têtes de ses chapitres. Chaque page contient un titre, une (sublime) illustration, et une phrase « extraite » d'un texte auquel nous n'aurons pas accès. C'est tout. Guidés par les indices que David B. nous fournit, c'est à nous, lecteurs, de deviner, d'imaginer ce qu'il se passe entre les moments clefs. Loin de nous perdre, c'est avec ferveur qu'on suit les péripéties du mort détective, de la fille aux 1000 poignards, du poulpe géant et de tous ces personnages étranges, effrayants ou grotesques, qui peuplent l'univers graphique de l'auteur. On retrouve avec bonheur le trait noir précis et puissant de David B, et on partage avec lui le plaisir d'animer ces infatigables gargouilles. Avec Le Mort Détective, David B pousse l'ellipse de l'espace inter-iconique à son paroxysme, mais c'est bien à vivre une incroyable épopée plutôt qu'à un exercice de style qu'il nous convie.
Dans ce nouveau Patte de Mouche, on retrouve Tania, Nestor et Ratiba, déjà mis en scène par Alex Baladi dans Histoire de la balafre et L'Irrationnel et un café.Tania et Ratiba décident d'aller voir une vieille tireuse de cartes à l'accent genevois indéchiffrable. La magie des cartes opère, mais pas comme elles s'y attendaient...
Assis devant son bol de thé, un maître japonais des effets spéciaux fait le bilan de ses échecs et de ses succès. Parmi ces derniers, il a rayé Tokyo plusieurs fois de la carte, fait naître des papillons géants sur des cordes et fait s'affronter des monstres des abysses. Un album librement inspiré de la vie d'Eiji Tsuburaya (1901-1970), créateur, entre autres, des effets spéciaux de Godzilla.
Documentaire de 64 minutes réalisé par Francis Vadillo, qui a suivi Mattt Konture pendant plus de deux ans, chez lui, dans différents festivals, et lui offre enfin le portrait qu'il mérite. C'est l'occasion de le voir au travail, dessinant dans ses car-nets et réalisant des fanzines, ou jouant sur scène avec son groupe Courge. On pénètre dans son quotidien en l'accompagnant dans sa pratique compulsive du dessin, seul ou entouré de ses nombreux amis « fanzineux », mais aussi par l'évo-cation de la maladie qui l'affecte, la sclérose en plaques. C'est enfin un portrait d'une scène underground musicale et graphique vivace et festive, que Mattt Kon-ture n'a de cesse de parcourir pour apporter sa contribution. On y croise JC Menu, Pacôme Thiellement et Killoffer, qui se souviennent de leurs rencontres, au début des années 80, et reviennent sur l'importance de son oeuvre autobiographique.Durant le tournage, Mattt Konture a réalisé une nouvelle « Comixture » qui ac-compagne le DVD. Ce nouveau Comix, sans comparaison possible avec un simple making-of, ouvre un dialogue avec le documentaire, lui offre des prolongements inattendus et donne toute sa cohérence à l'ensemble.
Quel est le point commun entre Galilée, Robert Bresson, Ettore Sottsass, saint François d'Assise et Robert Walser ? Rien a priori, si ce n'est de se retrouver convoqués par Fabio Viscogliosi dans son dernier ouvrage, Cascade. Réflexions métaphysiques, bribes de souvenirs, références au cinéma et à la littérature se trouvent mêlées dans ce livre album haut en couleurs. Les 103 planches du volume constituent autant de tentatives d'arrêter le temps en isolant une idée, un souvenir ou une sensation et fonctionnent comme des variations regroupées sous une même atmosphère colorée. Fabio joueavec des formes aux couleurs franches et aux contours bien délimités pour bâtir des visuels ludiques à la limite de l'abstraction.Un travail qui évoque ses oeuvres à la peinture acrylique. Il met également en scène le fameux âne, alter-ego de papier et personnage récurrent de son univers graphique - figure que l'on retrouve également sur les pochettes de ses albums, car Fabio est également musicien. À la fois livre de notes et de souvenirs, Cascade s'attaque au joyeux chaos de la pensée pour tenter de le mettre en forme(s).Il s'agit de son troisième ouvrage publié par L'Association.
« Nous avons perdu Rosalie il y a quelques jours. » Elle est décédée soudainement une nuit de novembre 2011, sans aucun symptôme avant-coureur. Rosalie avait deux ans, elle était en parfaite santé. Son père, Tom Hart, décide alors de mettre en texte et en image le long processus que lui et sa femme Leela ont éprouvé au lendemain de cet événement tragique. Que fait-on quand on perd un enfant ? – On tombe dans un trou. À travers ce récit poignant de douleur, une quête permanente de sens s’installe. Il faut dès lors trouver les signes qui présageaient ce qui allait arriver. Tom Hart explore les mythes, la philosophie, l’art, la culture et la nature, transformant ainsi son vécu en expérience universel. La vie est faite de symboles qui maintiennent le souvenir des jours heureux. Forcément construit comme une forme de catharsis, Rosalie Lightning représente le deuil, du désespoir à la renaissance. C’est au moyen d’un style graphique expressif et énergique, inscrit dans la tradition des comics indépendants américains, que Tom Hart a choisi de formuler son parcours intime. Cette autobiographie n’est pas de celles qui racontent un quotidien futile, mais bien une œuvre profondément émouvante sur un traumatisme qui ne s’effacera jamais.
Entre 2002 et 2008, Anne Baraou et Fanny Dalle-Rive ont publié six volumes d'Une demi-douzaine d'elles dans la Collection Mimolette, signant ensemble, non seulement un des travaux de bande dessinée les plus manifestes concernant l'émergence d'une bande dessinée féminine, mais bien plus encore, une des chroniques les plus remarquables et les plus sensibles sur nos années 2000.Armelle Naive, Marine Sex, Michèle Roman, Véra Haine, Ugoline Saine et Isab Abus forment une galerie de personnages (dont les chemins s'entrecroisent) qui ne s'oublient pas, grâce au talent d'observation d'Anne Baraou et à la délicatesse graphique de Fanny Dalle-Rive. De l'adolescence à la quarantaine difficile, le tableau de l'époque est complet et parfait. Un Monovolume s'imposait donc pour donner à cette oeuvre sa dimension définitive. Des saynètes intercalaires inédites viendront agrémenter cette Ciboulette, futur classique du catalogue de L'Association. Anne Baraou est membre de l'OuBaPo et scénariste de plusieurs séries chez divers éditeurs (Les Ostings avec Sardon chez Delcourt, etc.), Fanny Dalle-Rive réalise des travaux pour la presse (Causette) et a dessiné les pages de Coucouta (scénarisées par Capron) dans la revue Ferraille.
En 1947, Arsène Schrauwen embarque sur un paquebot à destination d’une mystérieuse colonie. Le grand-père d’Olivier Schrauwen a fait ce long voyage à la demande de son cousin Roger. Ensemble, ils vont créer une cité utopique au coeur du monde sauvage qui répondra au doux nom de « Freedom Town ». Atteindre cet objectif sera une entreprise des plus difficiles. Victime de démence, Roger est interné et Arsène partira alors seul et inexpérimenté à la tête de l’expédition qui doit le mener à la terre promise. Il devra faire face aux dangers de la jungle, s’accommoder de ses sentiments pour Marieke, la femme de son cousin, et faire avec un étrange virus tropical qui menace de décimer ses hommes. Progressivement, il va perdre le contrôle et s’éloigner de la réalité, s’engouffrant dans sa propre paranoïa.Grâce à un dispositif graphique atypique, souligné d’une bichromie rouge et bleu, le lecteur est invité à se perdre au fil des évènements et des digressions oniriques du personnage principal. Biographie fantasmée, parodie de récits d’aventures colonialistes, l’histoire narrée par Olivier Schrauwen est captivante, drôle, et résolument surréaliste. Cette figure montante et immanquable de la nouvelle bande dessinée flamande, à qui l’on doit déjà les remarqués Mon Fiston et L’Homme qui se laissait pousser la barbe (Actes-Sud-L’An 2), livre ici son oeuvre la plus ambitieuse.
Le Mon Lapin de Jérôme Mulot est sans thématique et sans Florent Ruppert !La personnalité de cet auteur que l'on connait peu en solo, est ici éclairée par les contributeurs qu'il a réunis. Jérôme Mulot a réuni des auteurs déjà convoqués dans de précédents Mon Lapin, et d'autres encore novices dans cette nouvelle formule : Benoît Jacques, Tom Gauld (page ci-contre), Olivier Schrauwen, Vincent Sardon, Caroline Sury, José Parrondo, Stanislas et Benjamin Chaumaz.Renouant avec les versions précédentes de Lapin, cet opus 7 de Mon Lapin est placé sous le signe de l'improvisation, et Jérôme Mulot, guidé par ses seules affinités graphiques, est le premier rédacteur en chef à donner carte blanche à ses contributeurs.
Au Travail, second du nom ? Donnant suite au jet d’encre éclairé du volume inaugural, Olivier Josso-Hamel continue son exploration autobiographique. Toujours sur papier radiologique, il inspecte la bande dessinée et les origines de sa propre pratique : après un feu orange haut en symbole et en couleur, l’auteur passe au vert, allégorie végétale pétrie d’espoir salutaire.Dans ce deuxième opus, un trait précis sert une lettre soignée afin de sonder un parcours humain et artistique construit dès l’enfance. À travers les figures de son passé, réelles ou dessinées, Olivier Josso-Hamel questionne ici la mémoire et l’absence : quand la famille devient monde du silence, un père disparu peut en cacher bien d’autres. Pourtant, racines et images subsistent, illustrées par une transmission bibliophile issue du Saint-Nazaire de l’après-guerre. Tel un pudique puzzle se dévoilant par à-coups, l’auteur remonte ses pièces manquantes au fil du temps, sans nostalgie mais en quête de sens et de vie. D’une empreinte singulière, les planches d’Au Travail témoignent au présent des perceptions de l’artiste face à l’existence comme à l’activité de création.La bande dessinée et sa part d’inconscient y sont vivement convoquées : après La Mauvaise Tête de Franquin du tome 1, ce volume 2 rend hommage à L’Île Noire de Hergé pour s’achever en un lieu idoine avec Dubout, Sempé, Reiser et Bretécher. Vaste chantier conceptuel, Au Travail nous transporte au sein de pages à double charge, où l’introspection graphique se teinte d’hypnose sensible.
Parfaitement adapté à la collection Côtelette, Hard West va permettre de découvrir l'autre face du génie finlandais Matti Hagelberg. Pas de carte à gratter ici, mais des pages minimalistes au pinceau, au service de l'un des ouvrages les plus drôles qui a pour sujet la bande dessinée, ou plutôt une forme méconnue de la bande dessinée : le western de gare italien. L'intrigue commence quand un dessinateur finlandais, Mikko Komu, reprend l'un des westerns italiens les plus célèbres, aux aventures duquel se sont succédées des générations de dessinateurs académiques italiens : Calamity Kid. Le livre est presque exclusivement composé des réactions des lecteurs à cet événement souvent jugé comme scandaleux, et le plus souvent en plan fixe. Déjà totalement culte en Finlande, Hard West devrait devenir ici aussi le livre fétiche des amateurs de paraboles insolites liées à la bande dessinée.
De nouveau en coproduction avec les Éditions Moderne de Zürich, ce livre de Thomas Ott compile les meilleurs récits de ses trois premiers albums cartonnés, parus aux Éditions Moderne dans les années 1990 : Tales of error, Greetings from Hellville et Dead End, dans le même petit format cartonné avec dos toilé que les récents Cinéma Panopticum et 73307-23-4153-6-96-8. Les premières histoires de Thomas Ott, parues dans Strapazin puis dans Tales of error, ont marqué toute une génération par leur technique imparable à la carte à gratter, leur science de la lumière expressionniste, la noirceur insondable de leurs histoires, désespérées mais jamais dénuées d'une pointe d'humour. Explorant avec acuité tous les aspects du Mal (sexe, argent, crimes, jeu, etc.), Thomas Ott est une sorte de moraliste Rock'n'Roll : pas la peine de s'adonner au culturisme pour défendre la veuve et l'orphelin si c'est pour se prendre une bastos dans le buffet à la première occasion.
Avec Silvia Regina, Matti Hagelberg dresse un portrait lugubre de la Finlande, le pays qui l’a vu naitre.En employant habilement l’art de la parabole et en mêlant des références culturelles populaires et classiques, il dénonce l’absurdité des sociétés modernes déchirées par le libéralisme, la détresse des classes opprimées et l’avidité des élites. Avec finesse, il détourne les institutions pour mieux les corrompre. C’est ainsi que le drapeau finlandais abandonne son bleu roi et son blanc immaculé au profit d’un marron-caca et d’un jaune-pisse. Ce n’est pas pour rien que le titre du livre est un emprunt au nom d’un bateau de croisière, Le Silvia Régina, qui fut un temps le fleuron de l’industrie nautique scandinave. Tout un symbole qui fait naufrage !Silvia Regina clôt la trilogie entamée par Matti Hagelberg en 2002 avec Holmenkollen, suivi par Kekkonen en 2007. Son oeuvre est indéfinissable, elle associe à la fois réalisme et surréalisme, l’esthétique de la carte à gratter et l’écriture poétique, le cynisme et l’humour. De publication en publication, il affirme un univers singulier, volontairement chaotique et marginal. Près de 20 ans après sa première publication en français dans les pages de La Monstrueuse (Chacal Puant), l’auteur finlandais n’a rien perdu de son inventivité et de sa férocité.
Soirée d'un faune est un ballet dessiné contemporain en un acte sur la musique du Prélude à l'après-midi d'un faune de Claude Debussy, elle-même inspirée du poème de Stéphane Mallarmé L'Après-midi d'un faune. Debussy décrit ainsi son oeuvre : « La musique de ce Prélude est une illustration très libre du beau poème de Stéphane Mallarmé.Elle ne prétend nullement à une synthèse de celui-ci. Ce sont plutôt des décors successifs à travers lesquels se meuvent les désirs et les rêves d'un faune dans la chaleur de cet après-midi. Puis, las de poursuivre la fuite peureuse des nymphes et des naïades, il se laisse aller au soleil enivrant, rempli de songes enfin réalisés, de possession totale dans l'universelle nature. » Le ballet dessiné Soirée d'un faune se propose de dépeindre le moment qui suit cet après-midi, comme si le faune de Mallarmé avait continué sa journée en enjambant le cours des années et s'était retrouvé dans une soirée du XXIe siècle. L'oeuvre symphonique de Debussy compte 110 mesures, le poème de Mallarmé est lui-même composé de 110 alexandrins et le ballet présenté ici est interprété par 110 danseurs et danseuses. Florent Ruppert et Jérôme Mulot innovent une nouvelle fois en concevant ce ballet dessiné dans un format identique à celui d'une carte routière, offrant deux modes de lecture, par séquences au dépliage, en poster narratif le document déplié.