Un abécédaire illustré consacré au scénariste et dessinateur de bandes dessinées humoristiques Marcel Gottlieb dit Gotlib (1934-2016). L'historien du neuvième art y décrit son oeuvre, en retrace la généalogie, en présente les personnages emblématiques et l'interroge dans ses dimensions narrative, graphique, autobiographique, psychanalytique, sociologique et politique.
À travers quatre visites rendues à une amie atteinte d'une tumeur, qui voit sa vie se transformer radicalement, l'auteur s'attache à décrire les changements opérés dans le paysage, au fi l des années et de l'histoire d'un canton suisse qu'il a quitté il y a une décennie, mais auquel il reste fortement attaché. Il se questionne sur le devenir de cet environnement, et analyse avec ironie la vision idéaliste que certains visiteurs passés ont pu donner de leur séjour dans ces lieux. Sur un ton poétique, le sujet du changement et de l'impermanence des choses est traité à travers l'histoire, la culture, la maladie et l'amitié. Les quatre saisons constituent les chapitres de ce roman graphique.
Je suis mon rêve est une bande dessinée historique qui aborde un sujet et une période mal connus du XXe siècle : la Seconde Guerre mondiale en Crimée et les souffrances d’une population exposée aux avancées et reculs des armées allemande et soviétique. Racontée du point d’un aviateur, l’histoire innove par sa densité thématique. L’anecdote historique, le récit familial, la longue durée des nations et le temps du mythe se relaient et se croisent sans arrêt. Œuvre d’une grande beauté formelle, Je suis mon rêve est aussi un témoignage indirect sur la guerre civile, en Espagne et ailleurs en Europe, et une réflexion très profonde sur la rencontre d’une destinée individuelle et des grands mouvements de la culture. Le roman graphique de Felipe Hernández Cava, l’un des scénaristes majeurs de la BD européenne, et Pablo Auladell est également une tentative superbe et poignante de donner forme à l’expérience de ceux qui font et subissent la guerre.
« Dans cet hôtel, il doit y avoir plusieurs centaines de chambres. Entre le hall et celle que j'occupe, j'ai compté pas moins de vingt-cinq portes. Mais ce nombre est variable, tantôt supérieur, tantôt inférieur. Sans parler de tous ces escaliers et de tous ces couloirs dont on ne voit jamais le bout. Qu'importe, une vingtaine de chambres noires suffisent amplement à les noyer dans le doute et à m'accorder un sursis, une chance de plonger à terre et d'ouvrir le feu le premier. »En attendant ses démons pour le règlement de compte final, le narrateur échappe à ses cauchemars en s'immergeant dans des fragments de séries noires imaginaires.Après ces deux chefs-d'oeuvre du roman graphique que sont La Cage et L'Enquêteur, Martin Vaughn-James nous emmène dans un troisième labyrinthe. À travers une fine et dense succession d'images et de mots, il nous plonge dans la mémoire onirique de nos propres chambres noires.
Art médiatique conciliant l'image et le texte, la bande dessinée est née au creuset du journal : elle a dès l'origine exploité les enjeux de l'actualité, et a très vite imaginé des personnages qui sont eux-mêmes journalistes. Le lecteur croisera ainsi dans ce livre les parcours de nombreux héros reporters connus (Tintin, Lefranc, Fantasio, Jeannette Pointu) et moins connus (Marc Dacier, Guy Lebleu et bien d'autres), il se plongera dans l'histoire mouvementée des magazines (Pilote, Vaillant, Spirou...) et il pourra saisir les multiples interactions (historiques, culturelles, professionnelles, économiques) entre la bande dessinée et la presse.Si la perspective retenue concerne essentiellement la BD franco-belge, elle n'est pas exclusive : deux chapitres évoquent la tradition des comics anglo-saxons qui, depuis la naissance de Superman, a elle aussi vu naître un imaginaire du journalisme particulièrement riche. Le but de cet ouvrage est par ailleurs de montrer qu'en dépit de la mort de revues comme Pilote ou Tintin, la généralisation de l'album n'a fait disparaître ni les héros reporters ni la presse de bande dessinée.La troisième partie envisage ainsi le succès du reportage graphique et de magazines tels que La Revue dessinée,qui témoigne de la vivacité intacte des échanges entre le journalisme et le neuvième art. Maître de conférences à l'Université de Reims, Alexis Lévrier est spécialiste de l'histoire de la presse. Il a notamment publié Le Contact et la distance. Le journalisme politique au risque de la connivence (Paris, Les Petits Matins, 2016) et, avec Adeline Wrona, Matière et esprit du journal, du Mercure galant à Twitter (Paris, Sorbonne Université Presses, 2013).Guillaume Pinson est professeur au Département de littérature, théâtre et cinéma de l'Université Laval. Ses recherches portent sur l'histoire de la culture médiatique et il codirige le projet Médias 19. Son dernier ouvrage s'intitule La Culture médiatique francophone en Europe et en Amérique du Nord, de 1760 à la veille de la Seconde Guerre mondiale (Québec, PUL, 2016).