Grâce à Filmo Graphique, Edward Ross combine ses deux passions, le cinéma et la bande dessinée, et nous fait (re)découvrir des pans entiers de l'histoire du cinéma.Edward Ross a fait des études de littérature et de cinéma avant de travailler pendant six ans au Festival International du Film d'Édimbourg où il a vu des centaines de films. Avec Filmo Graphique, il traverse toute l'histoire du cinéma, de sa création, à la fin du XIXe siècle, jusqu'à l'avènement de la 3D, à travers des analyses de films regroupés par grandes thématiques (la représentation du corps, le son, les décors, la voix, le temps...) et des citations de spécialistes du cinéma. Edward a réalisé pour ce faire une sélection qui reflète son panthéon personnel, navigant des films grands publics les plus commerciaux à des longs-métrages beaucoup plus pointus, une sélection qui mélange les genres, les époques et les continents, de Star Wars à Hiroshima mon Amour en passant par Do the right thing. Au fil des pages, Edward Ross redessine des scènes iconiques du 7ème art, créant un impressionnant patchwork visuel et narratif constitué de plus de 300 films. Il compose ainsi une filmographie graphique dans laquelle il se met en scène, à la fois scénariste, réalisateur et acteur.
Bob Frank, la trentaine, habite à Minneapolis où il est chauffeur de taxi. Il reçoit un jour une carte postale d'une ancienne petite amie qui lui annonce de but en blanc qu'il est père depuis des années et que sa fille, Casey, va débarquer chez lui dans les jours qui viennent. Une fois la jeune adolescente arrivée, Bob se rend compte qu'elle est là contre son gré et que sa mère l'a obligée à s'installer quelques temps chez son père.Il va devoir déployer des trésors d'imagination pour amadouer sa fille. Au départ farouche, Casey va rapidement se faire à ce père nouvellement découvert, mais pour combien de temps ? Quelques heures marque le retour de l'un des premiers américains publiés par çà et là, JoelOff, auteur d'Au Fil de l'eau, publié en 2006 et de Nuits Blanches en 2007. Dans ce nouveau récit, on retrouve la narration empreinte de mélancolie caractéristique de cet artiste au registre graphique singulier et très éloigné des autres auteurs américains.
Publié en 1974 aux États-Unis, et en 2005 en France, Working est l'un des livres les plus connus de Studs Terkel. Il est composé d'entretiens avec 70 personnes sur leur expérience du travail et les sentiments qu'il leur inspire, avec la liberté, la verve et l'intelligence que Terkel partage avec les personnes qu'il interviewe. Working est ainsi un témoignage d'une qualité exceptionnelle sur l'histoire sociale des États-Unis. Working, une adaptation graphique, regroupe une sélection de vingt-huit entretiens extraits du livre original, représentant un large spectre de métiers et une grande diversité de relations au travail. Dirigée par Paul Buhle et réalisée par une grande variété d'auteurs dont Harvey Pekar et Peter Kuper, l'adaptation est complémentaire du livre original. Chaque auteur apporte son propre regard et son univers graphique, et met ainsi en relief les témoignages des personnes interviewées. Cette adaptation est également une excellente introduction aux travaux de Terkel.
Fédérica, une jeune préado italienne, passe l'été avec ses grands-parents dans la petite station de ski de Sestrières, non loin de Turin. Elle se réveille un matin après une soirée dont elle conserve peu de souvenirs et constate rapidement que son amie Noémie, qui était avec elle en soirée, a disparu. D'abord inquiète puis bientôt franchement paniquée, Fédérica se lance à la recherche de son amie, aidée par un jeune du coin, Giorgio. Au fil de leur enquête, ils rencontrent de nombreux habitants de cette station où tout le monde s'épie et où les ragots vont bon train. Fédérica découvre alors que des histoires sordides se déroulent dans la petite ville à l'abri des regards indiscrets. Intriguant, le récit alterne entre l'enquête menée par Fédérica et des flashs-back de la soirée au cours de laquelle Noémie a disparu... Deuxième roman graphique de Lucia Biagi publié en France après Point de Fuite en 2015, Sestrières est une nouvelle fois un roman graphique consacré à un personnage féminin. Lucia Biagi brosse le portrait très juste d'une jeune italienne fascinée par une amie plus âgée qu'elle, incapable de se séparer de son portable et qui exprime ses sentiments à travers des petits films d'animation qu'elle réalise toute seule. Une préado attachante qui a parfois toutes les peines du monde à faire la distinction entre ses fantasmes et la réalité...
une petite ville de province en Angleterre. Au cours d'une soirée un peu trop arrosée, deux jeunes adultes, Richard Binfield dit Binny et Debby couchent ensemble alors qu'ils ne se connaissent pas. Par la suite, les deux tourtereaux vont apprendre à se connaître, et rapidement déchanter en découvrant les petites manies de Binny, le mauvais caractère de Debby, et surtout sa capacité à cacher l'existence d'un second petit ami. Andi Watson nous livre avec cette nouvelle graphique une subtile chronique des petits malentendus et des gros mensonges au sein des couples qui se font et se défont.
Après Troupe 142, le roman graphique de Mike Dawson sur des scouts en furie, l'auteur met de côté l'enfance et déplace cette fois son récit dans la ville et s'attarde sur le monde des jeunes adultes américains. Dans Angie Bongiolatti, nous suivons un groupe de jeunes New-yorkais naviguant sur des pentes glissantes entre le tra-vail, l'amitié, le sexe et la politique au tout début du XXIe siècle.Angie travaille dans une start-up où elle est productrice de programmes pédagogiques multimédias. Militante politique très engagée, elle est également l'objet de toutes les attentions de la part des hommes de son entourage, Matt, Malcom, Steve et Amol. Elle va devenir le fil conducteur des histoires de ces jeunes adultes, tout juste sortis de l'adolescence.
Les Gratte-Ciel du Midwest est un roman graphique singulier, un projet artistique semi-autobiographique, ancré à la fois dans la réalité et dans l'imaginaire d'un jeune garçon de dix ans, que l'on imagine être l'auteur. Joshua Cotter décrit l'univers mental tourmentée de son alter-ego et le quotidien de sa vie de jeune pré-ado vivant au fin fond du Middle West, le coeur de l'Amérique rurale. Un enfant mal dans sa peau, un peu trop gros, rejeté par ses camarades de classe et qui se réfugie dans un monde imaginaire peuplé de robots. L'auteur utilise une iconographie foisonnante et des symboles récurrents tout au long du livre, savant mélange de scènes de la vie quotidienne, d'imagerie religieuse, de faux courriers de lecteurs ou de pastiches de publicités, le tout étant inextricablement lié.Les Gratte-Ciel du Midwest est un livre unique qui marquera durablement les lecteurs qui sauront en trouver les clés de lecture.
Le nouveau roman graphique de Dash Shaw, entre anticipation et récit initiatique. Danny et son grand frère Luke, sont deux ados américains dont le père est rédacteur en chef d’un magazine consacré aux parcs d’attraction. Intrigué par une annonce parue dans ce magazine, Luke quitte le giron familial pour aller travailler sur le chantier d’un nouveau parc, Clockworld, en construction sur la mystérieuse île de X. Une année s’écoule, et la famille est sans nouvelle de Luke. Danny décide de partir à sa recherche et de rejoindre l’île...Il est accueilli par son frère qui a désormais une petite amie et ne ressemble plus du tout au boy-scout modèle qu’il était. Déstabilisé, Danny tente de convaincre son frère de revenir aux États-Unis. Il découvre un pays étrange, où personne ne parle anglais, et dont les habitants sont sous la coupe de Otis Sharpe, un scientifique mégalomane à l’origine du projet Clockworld (un parc regroupant des attractions historiques animées par des automates).
Tsav 8 est le nouveau roman graphique du dessinateur de Ferme 54 (Sélection Officielle Angoulême 2009). Dans cet ouvrage autobiographique, Gilad Seliktar aborde un aspect particulier de l'armée israélienne : tous les Israéliens ayant fait leur service militaire (soit la quasi-totalité de la population adulte) sont obligatoirement réservistes jusqu'à l'âge de 40 ans, ce qui signifie qu'ils doivent effectuer chaque année une période de réserve d'un mois et qu'ils sont toujours mobilisables en cas de conflit.En novembre 2012, Gilad, reçoit un Tsav 8, un ordre de mobilisation ; l'état d'urgence est décrété alors qu'une pluie de roquettes s'abat sur Israël et que l'armée prépare une inter-vention lourde dans la bande de Gaza, l'opération « Pilier de Défense ». Accompagné par un conducteur de bus, Gilad Seliktar est affecté à la distribution d'ordres de mobilisation à des réservistes à travers tout le pays. Une rencontreimprévue au cours de ce voyage lui remet en mémoire son propre service militaire - qu'il aurait préféré oublier - et notamment un incident avec un ancien compagnon d'armes qui s'était tatoué un dessin de Gilad sur le torse...
Que se passe-t-il quand soudain la gravité de la vie nous rattrape, sans nous laisser le moyen dese cacher ? Quand peu à peu la réalité, que nous craignons tant, finit par écraser nos rêves, ne nous laissant qu'un vague souvenir ? Nous nous retrouvons pris dans le cours des événements sans pouvoir avancer ni reculer, et finissons par ne plus distinguer ce qui est réel de ce qui ne l'est pas.Avec un sens aigu du non-dit, Aisha Franz dessine la vie quotidienne d'une mère célibataire et de ses deux filles dans une petite ville allemande. La cadette fait la rencontre d'une créature extraterrestre, peut-être imaginaire. Au même moment, la fille aînée vit ses premières expériences sexuelles avec un garçon sensiblement plus âgée qu'elle, et leur mère dépressive revit en boucle toutes les occasions manquées de sa vie. La petite réagit à un sentiment croissant de solitude et d'isolement, en accueillant en secret dans sa chambre cette étrange et silencieuse créature transparente qui va l'accompagner au cours de ses premiers émois. Premier roman graphique d'une jeune auteur allemande de 27 ans, Petite terrienne est une révélation.
Dans un endroit que l'on imagine être l'Amérique ou l'Angleterre du 17e siècle, un colosse, poète sans le sous en manque d'inspiration, écume les bars d'un port. Kidnappé pour servir de matelot dans un navire en route pour Hong-Kong, il se frotte à la dure réalité de la vie en mer. Le navire se fait attaqué par des pirates, et au cours du combat qui s'ensuit, le Poète montre une bravoure et une force hors du commun. Il est fait second du navire et entame une vie de marin qui le mène sur tous les continents et toutes les mers. Aguerri par des années de voyages, il trouve finalement l'inspiration et écrit enfin un recueil de poèmes qu'il envoie à un éditeur. Le livre connaît un énorme succès.En Mer est le premier roman graphique de Drew Weing. Magnifiquement illustré dans un style délicat et détaillé en hommage direct aux gravures de Gustave Doré, c'est aussi unclin d'oeil au personnage de Popeye de E.C. Segar. En Mer, c'est à la fois le souffle épique de la grande aventure et une balade maritime racontée en rimes visuelles. Au rythme d'une case par page, et de cent quarante-quatre pages, Drew Weing, installe une narration poétique pour ce petit bijou unique et hors du temps.
Ville Ranta a 35 ans en 2013, il s'est séparé de sa femme, celle-ci a conservé la garde de leurs deux enfants et va déménager dans une autre ville. La nouvelle compagne de Ville, Rebekka, tombe enceinte alors que Ville avait décidé peu de temps auparavant de ne plus avoir d'enfants, suite à une résidence d'auteur à Matera, petite ville italienne surnommée la Jérusalem du Pauvre. Au fur et à mesure que la grossesse avance, la relations entre Ville et Rebekka se dégrade, Ville s'isole de plus en plus, à la fois attristé par le fait de ne plus vivre avec ses enfants et anxieux à l'idée de mener de front son métier d'artiste et la garde d'un nouveau bébé.La Jérusalem du pauvre est un roman graphique autobiographique contemplatif, dans lequel un rôle central est accordé à la narration improvisée, aux associations d'idées, et qui mélange allègrement les considérations terre à terre avec des envolées lyriques.« La Jérusalem du pauvre n'est pas un livre sur des secrets d’alcôve, ni un récit érotique, excitant ou encore l'histoire de notre époque. C'est une série de questions que je pose à la vie : pourquoi le génie est-il si difficile à trouver alors que la médiocrité et les hypermarchés sont absolument partout ? Pourquoi est-ce que je vieillis si vite ? Et surtout : pourquoi est-ce que je continue à faire des enfants ? » Ville Ranta
Rob et Louise, deux jeunes trentenaires d'une petite ville anglaise des West Midlands, en plein centre de l'Angleterre, sont sur le point de se marier lorsqu'ils sont licenciés par la manufacture de faïences qui les employait tous les deux. Rob et Louise réagissent très différemment. Elle entame tout de suite des recherches pour trouver un autre emploi. Lui n'accepte pas son licenciement, se refuse à changer d'employeur, et encore plus de métier. En plein déni, il cache son licenciement à sa famille et à ses amis et sombre dans la dépression. Leur relation se dégrade au fur et à mesure jusqu'à peut-être menacer leur couple.Initialement publié dans la collection Casterman écritures il y a 15 ans et depuis longtemps indisponible, Breakfast After Noon est le premier roman graphique d'Andi Watson publié en France. On retrouve la patte de cet auteur sensible à la peinture des relations amoureuses et au réalisme social et en toile de fond la crise économique du post-thatcherisme qui a frappé de plein fouet les régions industrielles anglaises. Avec la publication de Breakfast After Noon, la totalité des oeuvres de cet auteur anglais incontournable est désormais au catalogue des éditions çà et Là, avec Slow News Day, Rupture, Little Star et Points de Chute.
Bergen, deuxième plus grande ville de Norvège, est le cadre d'un récit partiellement autobiographique, dans lequel Anja Dahle Overbye raconte comment une amitié entre deux jeunes femmes est mise à l'épreuve par la dépression de l'une d'elles. Maria et Johanna sont amies de longue date et elles se réjouissent de faire leur rentrée en première année de fac ensemble. Elles partagent un appartement, travaillent dans le même magasin de vêtements pour arrondir leurs fins de mois et sortent beaucoup, au cours de soirées très arrosées.Mais Maria souffre de dépression et son état empire pendant l'année ; elle cumule les aventures sans lendemain alors qu'elle est en couple et boit de plus en plus. Elle se met à sécher les cours et elle a le sentiment de s'enfoncer dans des sables mouvants. Il faudra toute la patience de son amie et de sa thérapeute pour que Maria parvienne à progressivement s'en sortir. Dans ce deuxième roman graphique, Anha Dahle Overbye aborde avec délicatesse et pudeur la thème de la dépression chez les jeune dans un récit qui est dans le prolongement des tensions entres adolescentes décrites dans son précédent livre, Sous le signe du grand chien.
Médecin de campagne coincé à Kajaani, une petite ville reculée de la Finlande du 19e siècle, Elias Lönnrot a l'impression d'être enfermé dans une prison.Sa famille démunie le harcèle et l'ivrognerie des notables locaux lui est devenue insupportable. Il est endetté, stressé, et de plus, impliqué dans une vague liaison avec une paysanne mariée. Leur relation dévoilée au grand jour, il panique et envisage de s'enfuir en Russie. Pour créer le héros de son roman graphique, Ville Ranta s'est inspiré d'une personnalité historique finlandaise, Elias Lönnrot (1802-1886) qui fut médecin de campagne, poète, et auteur du recueil des poèmes chantés qui constituent Le Kalevala, l'épopée nationale finlandaise. Le héros du présent ouvrage porte son nom, mais cette histoire est presque entièrement imaginée.Au cours du récit, Lönrot fait tomber enceinte la femme avec qui il entretient une liaison illicite, il erre dans les steppes russes, et participe à des soirées imbibées. Il finit par causer la mort de deux membres de sa famille et va fuir une deuxième fois. L'exilé du Kalevala est un récit sur le besoin obsessionnel d'être un honnête homme, sur l'isolement, l'angoisse et la tendance inconsciente de Lönnrot à gâcher sa propre vie.
Chez les Fun, tout le monde s'adore et les membres de la famille remercient chaque jour le ciel pour leur bonheur. Le père, Robert Fun, dessinateur d'un strip à succès dans lequel il met en scène sa propre famille et la mère, Marsha, femme au foyer modèle, ont quatre enfants, Robby, Molly, Mikey et J.T. Mais derrière cette façade de bonheur idéal se dissimulent de profondes fêlures. À la mort de la mère de Robert, l'édifice se craquelle et la famille Fun se décompose.Le père devient neurasthénique, la fille aînée a des visions de sa grand-mère décédée et se transforme en dévote, la mère tombe sous l'emprise d'un gourou et le fils aîné, Robby, se fait passer pour son père afin d'assurer les revenus de la famille. Satire extrêmement féroce et dérangeante de la famille idéale, La Famille Fun est aussi une charge violente contre la religion, contre certaines méthodes pédagogiques et contre les gourous du développement personnel...Pour accentuer cette satire, Benjamin Frisch joue sur des contrastes saisissants, entre le dessin coloré et rond des personnages rappelant le style graphique des strips américains des années 1950 et la noirceur des situations auxquelles les membres de la famille vont être confrontés. Noir c'est noir...
G. H. Fretwell, un petit auteur de romans peu connus, vit dans une petite ville anglaise, avec sa femme, Rebecca, qui ne lui prête pas une grande attention. Son nouveau roman, Sans K, vient de sortir et Fretwell se lance dans une tournée de rencontres en librairie pour en faire la promotion. Plus ou moins bien accueilli dans les librairies de son circuit, Fretwell ne réussit jamais à signer le moindre livre et passe des journées à arpenter des ruelles pour trouver son chemin.Délaissé par son éditeur qui amanifestement d'autres chats à fouetter, il attend impatiemment la parution d'une recension de Sans K dans la rubrique littéraire d'un grand quotidien, chronique qui ne viendra jamais. Les ennuis de Fretwell commencent quand il est interrogé par la police à propos d'une valise volée car son circuit est étrangement similaire à celui du Tueur à la valise , un tueur en série qui sévit à ce moment là.Fretwell va progressivement comprendre que la police le soupçonne... Le nouveau livre d'Andi Watson, qui paraît en première exclusivité en France, est un petit bijou d'humour noir au style graphique retro. On suit avec délice les déboires de cet auteur confronté à une situation où tout lui échappe, une histoire kafkaïenne, qui prend une tournure surréaliste au fur et à mesure que les problèmes s'amoncellent sur le chemin de Fretwell.
Alerte rouge est un re´cit semi-autobiographique situe´ dans le milieu de la sce`ne alternative yougoslave des anne´es 1980, alors que le punk rock franchit le rideau de fer pour devenir un mouvement important, le plus souvent re´prime´ par le re´gime autoritaire de l'e´poque. 20 ans plus tard, Youri, alias « La Taupe », ancien batteur du groupe punk Alerte Rouge devenu graphiste, est un homme marie´, pe`re d'un enfant et citoyen mode`le. Il se reme´more avec nostalgie, mais aussi avec une pointe d'ironie, le de´but de son groupe des anne´es 80 et de ses premiers concerts alors qu'il e´tait encore lyce´en. Puis arrive la traditionnelle se´paration des membres du groupe, la plonge´e dans la came mais aussi la hantise du service militaire, au moment de l'inde´pendance de la Slove´nie et de la guerre dans l'ex-Yougoslavie. Le re´cit fait des va-et-vient entre 1982 et 2010, et l'on retrouve ainsi les protagonistes a` des e´tapes marquantes de leur vie. Dro^le, un poil cynique et dote´ d'un rythme tre`s enleve´, Alerte Rouge est le premier roman graphique de Tomaz? Lavric?, alias TBC, l'auteur slove`ne le plus connu dans son pays et a` l'e´tranger. Originellement auto-e´dite´ en 1996, le livre a e´te´ publie´ dans une version augmente´e en 2010 en Slove´nie. C'est cette e´dition qui est publie´e par les e´ditions c¸a` et la`, comple´te´e par une nouvelle introduction de TBC.
Sara est le premier roman graphique d'une auteure espagnole, Anapurna (de son vrai nom Ana Sainz), récompensé par le Prix Fnac Salamandra en 2015. Dans ce récit, une jeune artiste, Sara, quitte l'Espagne pour suivre une formation dans un atelier de gravure à Karlsruhe, en Allemagne, alors que son père vient tout juste de décéder. Elle débarque dans ce pays inconnu, maîtrisant très mal la langue. Encore sous le choc de la mort de son père, Sara n'est pas rassurée par son nouvel environnement. Elle vit chez Greta, une vieille allemande très douce mais un peu mystérieuse. La nuit, Sara entend des bruits inquiétants en provenance du sous-sol de la maison. Elle en vient à se demander si Greta n'est pas une dangereuse maniaque...Partiellement inspiré d’événements arrivés à l'auteur (le décès de son père et un séjour en Allemagne dans le cadre de ses études artistiques), Sara est un récit sur la frontière parfois ténue entre la raison et la folie qui traite de la paranoïa, de la perte d'un être cher et de la tragédie historique. Au diapason des pensées du personnage principal, les fines hachures du dessin remplissent tout l'espace des cases, contribuant à créer un climat étouffant et oppressant et la bichromie par petites touches contraste avec la noirceur des fantasmes de Sara et ses démons personnels. Un premier ouvrage remarquablement maîtrisé.
Après un premier roman graphique consacré à Taïwan, Formose, Li-Chin Lin réalise avec Fuda-Fudak un reportage passionnant sur l'une des communautés aborigènes de l'île, les Amis. Avant l'arrivée des immigrés chinois au 17e siècle, Taïwan était habitée par une vingtaine de groupes aborigènes, pour la plupart aujourd'hui disparus. Les Amis sont l'une des tribus indigènes qui subsistent.En 2013, une amie de Li-Chin, Hsiao Ching, décide de quitter la capitale, Taipei, pour s'installer à Dulan, un village Amis de la côte Est. Elle y monte un projet de ferme bio et noue rapidement des relations fortes avec les Amis, puis en vient à défendre leurs intérêts et milite avec eux contre un énorme projet de complexe hôtelier sur la plage de Fuda-Fudak, proche de Dulan.... Réalisé entre 2013 et 2015, Fuda-Fudak décrit l'installation de Hsiao Ching dans ce village, la mise en place de son projet de ferme bio, ses relations avec les aborigènes, ainsi que l'histoire du conflit avec les autorités locales jusqu'à la conclusion de l'affaire Fuda-Fudak. Li-Chin Lin a vécu avec son amie et les Amis pendant plusieurs mois et, à travers le récit de leur quotidien, elle montre comment une minorité tente envers et contre tout de préserver ses coutumes et son cadre de vie face à un gouvernement obnubilé par des intérêts financiers.
Dans son nouveau roman graphique, Ville Ranta dépeint l'âme des gens du Grand Nord, un travail déjà entamé dans L'exilé du Kalevala. Le récit de Sept Saisons se situe à Oulu, petite ville sur les rivages les plus septentrionaux de la mer Baltique au XIXème siècle, époque où la rigueur luthérienne du dogme du péché originel pèse sur la socié-té. Alors que le mouvement piétiste gagne du terrain, les eaux calmes de la petite ville sont troublées par l'arrivée d'une jeune femme revendiquant son indépendance. Maria Piponius est originaire d'Oulu où elle revient après trois années d'absence pendant lesquelles elle a parcouru le monde en bateau. Elle rencontre Hans Nyman, journaliste et enseignant qui espère obtenir le poste de pasteur d'Oulu. Hans a perdu sa femme un an auparavant et est tourmenté par ses pulsions, alors que les rapports sexuels lui sont interdits. Esprits libres, Hans et Maria se retrouvent plongés dans les affres de la société luthérienne imprégnée d'interdits et de peur.Le récit se divise en sept saisons bien particulières dans la nature du Grand Nord, cha-cune ayant une influence subtile sur l'état d'âme des finlandais. Lesaquarelles déli-cates de Ville Ranta mettent en valeur les différentes luminosités de ces saisons et con-trastent avec la violence des sentiments de ces personnages historiques auxquels l'auteur invente une histoire intime romanesque.
Peter Kuper adapte en bande dessinée quatorze histoires de Franz Kafka ! L'univers de Kafka sied à merveille à cet auteur américain engagé contre les régimes autoritaires et observateur attristé de l'absurdité du monde contemporain. Kuper est également un adepte de la carte à gratter, une technique particulièrement pertinente pour évoquer des ambiances oppressantes. Il a commencé à adapter Kafka dès 1988. Un premier recueil de neuf nouvelles a été publié en 2004 aux éditions Rackham (épuisé), avec son adaptation de La Métamorphose. Le présent recueil comporte cinq autres histoires, dont La colonie pénitentiaire.« Alors que notre monde mérite de jour en jour davantage l'adjectif kafkaïen, les messages que Kafka nous souffle à l'oreille et entre les cases prennent un sens renouvelé. »
Points de Vues rassemble les premiers comic strips à avoir jamais été publiés dans le New York Times . Publiées sous le nom de Eye of the Beholder , littéralement l'oeil de l'observateur et entièrement réalisées à la carte à gratter, ces histoires courtes sans paroles sont une nouvelle occasion pour Peter Kuper de laisser libre cours à son regard critique, tout en rendant hommage à Franz Masereel et Lynd Ward, les maîtres du récit en gravure sur bois. Dans Points de Vues , Peter Kuper brosse un portrait parfois humoristique et souvent acerbe de ses concitoyens new-yorkais, avec un accent particulier sur les travers de la société de consommation, ce qui ne saurait surprendre de la part de cet auteur, co-fondateur en 1979 de la revue de bande dessinée politique World War 3 Illustrated .