Une collision d'univers fantasmagoriques par le créateur de Mon Fiston, qui interroge les fondements mêmes de la représentation graphique en démontrant son étourdissant talent de pasticheur.
Le grand Jules Feiffer signe ici son premier roman graphique, et rend hommage aux privés du cinéma noir et aux bandes dessinées de son enfance. À travers le destin de trois femmes fatales aux rêves enchainés, Feiffer revisite la grande dépression, les figures de l'Amérique de l'entre deux guerres dans une mise en scène éblouissante.
Chef-d'oeuvre du comic strip américain de l'entre-deux-guerres, Polly and her Pals est une comédie familiale dont les protagonistes sont une jeune fille à marier, les parents et le chat. Cet ouvrage réunit une centaine de planches en couleur de la meilleure période. Cliff Sterrett (1883-1964) est alors au sommet de son art graphique, inventant continûment des formes jazzy où se conjugue l'influence de tous les courants artistiques et picturaux de l'époque.
Illustrateur de Lewis Carroll et de bien d'autres écrivains, Arthur Burdett Frost (1851-1928) fut aussi l'un des principaux pionniers de la bande dessinée américaine, et l'une des influences majeures revendiquées par Winsor McCay, le père de Little Nemo. Les trois albums parus du vivant de l'artiste sont ici réunis et publiés en France pour la première fois. Composés d'histoires courtes, quelquefois muettes, ces ouvrages brillent par leur sens du rythme, du mouvement et de la narration graphique. Dessinateur hors pair, Frost inaugure la collection Krazy Klassics vouée à la redécouverte des trésors de l'illustration, de la caricature et de la bande dessinée.
Anna est une jeune femme qui vit à Prague, et qui s’ennuie dans son couple. Son histoire familiale est compliquée et l’a éloignée de sa sœur jumelle. Sa vie s’emballe brusquement le jour où, confondue avec elle, elle se retrouve à fuir à travers la Bohème en compagnie d’un jeune homme dont elle ignore tout, prise en chasse par des tueurs de la mafia russe.Lucie Lomova, dessinatrice tchèque dont c’est le premier roman graphique pour adultes, signe un scénario digne d’Hitchcock, truffé d’humour, d’émotion et de rebondissements. Son graphisme « ligne claire » en sert parfaitement toutes les nuances.Anna en cavale est de la BD d’aventures à grand spectacle, menée tambour battant et traversée de nombreux personnages secondaires pittoresques. Une révélation !
Le pays (indéterminé, mais d’allure très américaine) est en pleine reconstruction, après des années de guerre civile marquées par des massacres et des exactions sur lesquels toute la lumière n’a pas encore été faite. Dans un hôtel nouvellement construit, quatre personnages (deux vieillards, une jeune femme, et un jeune asiatique vivant de petits trafics) vont faire resurgir le passé enfoui...Ce thriller politique à la progression dramatique remarquablement maîtrisée est peuplé de personnages grinçants et énigmatiques tels que les affectionne Anthony Pastor, déjà auteur du remarqué Ice Cream. On retrouve ici son dispositif narratif original (deux images par page, dialogue en dehors des cases), mais cette fois son ébouriffante technique graphique s’exprime en couleurs.
Ce roman graphique brillant parle de corruption et de répression policière dans l'Égypte d'Hosni Moubarak, mais également de solitude et de folie. Salim, un fonctionnaire corrompu, détourne de l'argent public soi-disant destiné à payer les forces de police dans une ville qu'il a imaginée de toutes pièces, Khaldiya. Obligé de rédiger des rapports sans fin pour abuser ses supérieurs, Salim construit dans son propre appartement, avec de l'argile, un modèle réduit de cette ville fictive. Mais il est hanté par des rêves dans lesquels Khaldiya devient un concentré des problèmes posés par un régilme bureaucratique et autocratique. Il perd alors peu à peu le sens des réalités.Cette bande dessinée sur les maux de l'Égypte apparaît prophétique à la lumière des événements qui secouent le pays début 2011.
Quelques années après la mort de son père et de sa belle-mère, Joyce Farmer a entrepris de relater leur fin de vie.Cette chronique tendre et émouvante les suit pendant leurs quatre dernières années, dans leur pavillon au sud de Los Angeles. Lars et Rachel sont mariés depuis longtemps et s'aiment toujours. À mesure que s'accentue leur déchéance physique (et, en ce qui concerne Rachel, mentale), leur fille s'investit de plus en plus dans la gestion de leur vie quotidienne. Le thème de l'extrême vieillesse a peu été traité en bande dessinée (on songe à Éloge de la poussière, d'Edmond Baudoin).Ce roman graphique aborde des questions douloureuses comme la maladie d'Alzheimer ou les traitements infligés aux personnes âgées dans les établissements spécialisés. Il n'esquive pas les détails d'une réalité quelquefois sordide. Mais il est dominé par la célébration de l'amour, de la tendresse, de la sollicitude, du courage, de la bonne humeur et de la famille. Ce livre parlera directement au coeur de tous les lecteurs qui voient leurs parents ou grand-parents s'avancer à petit pas vers la sortie.
Le 2 avril 1998, Maurice Papon, ex-secrétaire général de la préfecture de la Gironde, est jugé coupable de complicité de crimes contre l'humanité. Pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, la justice française condamne un ancien haut-fonctionnaire de Vichy.Crimes de papier est un roman graphique qui s'intéresse à l'après. A travers le destin d'un fils de déporté (personnage fictif) consacrant sa vie à la recherche des coupables, ce sont plus de soixante ans d'Histoire française qui sont passés au crible, avec tout ce qu'elle contient de tabous, de non-dits et d'oubli.Le livre s'interroge sur la construction de la mémoire et dévoile les soubresauts d'une longue quête de justice. Il montre comment l'histoire individuelle finit par rejoindre la grande Histoire en dévoilant ses blessures intimes. Le travail de mémoire devient alors une reconstruction permanente.Le jugement de Papon n'a pas seulement permis à la mémoire française de franchir une étape, il a fait émerger la chaîne des responsabilités dans l'acomplissement du crime.En ce sens, Crimes de papier nous plonge dans l'un des vertiges de notre modernité : cette faculté qu'ont les hommes de devenir les rouages d'une machine qui les dépasse. Le passé, comme miroir du temps présent.
Comme les deux autres romans de Kafka, Le Château et America, Le Procès ne fut pas publié du vivant de son auteur.Avant de mourir de tuberculose, à l'âge de quarante ans, Kafka avait demandé à son ami le journaliste Max Brod de détruire, après sa mort, toutes ses oeuvres non publiées. Cependant Brod passa outre les dernières volontés de Kafka et prépara le manuscrit du Procès pour publication, mettant de l'ordre dans les liasses des innombrables chapitres, dont certains n'étaient encore qu'à l'état de fragments.La première édition parut en 1925. Toute sa vie, Kafka écrivit de façon sporadique et le plus souvent très intensivement, pendant la nuit. Encouragé par Brod, qu'il avait rencontré à l'université en 1902, il publia plusieurs nouvelles, les plus célèbres étant La Métamorphose (1915) et La Colonie pénitentiaire (1919), qu'il écrivit alors qu'il travaillait sur Le Procès. A la même époque, il écrivit aussi la nouvelle Derrière la loi, qui figure dans Le Procès sous la forme de la parabole racontée par le prêtre.Des éléments de la vie personnelle de Kafka, faite d'une succession de frustrations, d'angoisses et de relations amoureuses contrariées, trouvèrent leur exutoire dans l'expérience cauchemardesque du Procès. Finalement, la seule chose à faire est d'accepter les choses telles qu'elles sont. Surtout éviter de se faire remarquer. Se taire, même si cela vous répugne. Comprendre que ce grand système légal repose sur une balance extrêmement délicate. Le Procès, réinventé dans ce roman graphique saisissant, est la sombre histoire de Joseph K., arrêté un matin pour des raisons inexpliquées et qui lutte contre un procès ahurissant.K. se trouve plongé dans une succession d'événements déconcertants, dans un climat de violence croissant qui le met au désespoir de prouver son innocence face à des accusations inconnues. Par la peinture très noire d'une bureaucratie autoritaire, qui écrase la vie des citoyens isolés, Le Procès est plus que jamais d'actualité.