Fesse - Culligrammes et filles de fer est un livre de calligrammes. De cul !Rappelons-en d’office aux élèves distraits la définition (en remerciant Wikipedia) : « Un calligramme est un poème ou un mot dont la disposition graphique sur la page forme un dessin, généralement en rapport avec le sujet du texte. »Qu’en est il donc de Fesse ?Il est donc ici bien question de fesses, de vagin et de popotins. Mais - rassurons la bourgeoisie effarouchée - sous la forme la plus chic et raffinée qui soit : Guillaume Chauchat dépasse aisément la représentation gênante de turgescences obscènes d’un trait de plume virtuose et facétieux. En contrepoint des calligrammes, le livre propose également des photos de sculptures de Chauchat, qui façonne de curieuses Venus callipyges en fil de fer.Ludo-pornographique, Fesse est une invitation au jeu : l’émoi se cache. Mais ou? ? Ah oui, là : je le vois se dresser ! La récompense est a? la hauteur de l’enjeu.Comme le dit si bien Lao Tseu : « Quand le sage montre la Lune, le sot regarde le doigt. »
Chaque année depuis 2010, Central Vapeur organise à Strasbourg, dans le cadre de son festival, un dialogue de dessins : fruit d'une confrontation de deux univers graphiques, il vise à produire des images étonnantes, poussant chacun dans ses retranchements ou l'amenant vers des rivages inattendus.Après Killoffer et Anouk Ricard, ou encore Jean Lecointre et Icinori, c'est au tour de Blutch et Anne-Margot Ramstein de se prêter à l'exercice. Délaissant chacun une part de sa grammaire, Blutch et Anne-Margot Ramstein composent une suite graphique qui trouve sa logique dans l'enchevêtrement.Au fur et à mesure des pages, les auteurs comme le lecteur progressent à tâtons, s'accrochant aux motifs répétés pour entrevoir une narration. Chacun suit l'autre pas à pas, tout en reprise de motifs, pour décrire des courbes indécises, ou opérer de brusques virages ; la déstabilisation est de mise dans cet univers où une femme nue est entourée d'un bestiaire ambigu, dont ladomesticité n'est jamais assurée.
Tandis que Pulsar détruit des mondes, Quasar peine à gérer ses histoires de coeur. Jeune génie de la Guildes des Plieurs d'Univers, Quasar est pourtant le seul, grâce à sa maîtrise hors du commun du Temps et de l'Espace, à pouvoir s'opposer à cette folie destructrice... Les bouleversements galactiques vont bien vite rattraper Quasar : bientôt, luttant pour sa survie et celle de l'univers tout entier, il lui faudra affronter Pulsar en personne ! Récréation graphique surprenante, futuriste et baroque, Quasar contre Pulsar est le fruit d'un audacieux travail à trois : Mathieu Lefèvre développe ses talents d'écriture, part d'un genre et le détraque pour glisser vers un autre ; Alexis Beauclair signe de son trait sobre et élégant le dessin des planches, qu'Etienne Chaize investit en dernier lieu de son univers débridé fait de couleurs dégradées, halos, néons et autres effets lumineux...Au-delà du choc visuel, cette alchimie fait naître une atmosphère unique et porteuse, finalement, d'une singulière poésie. Quasar contre Pulsar est un vaudeville délirant et survitaminé, que l'on referme sourire aux lèvres, essoufflé, ébahi et comblé.
Dans un monde absurde dirigé par des hommes violents et fous, Lemon Jefferson est un héros en devenir. Naïf et simple lieutenant, sa vie bascule un jour où la patrouille amène au château une jeune femme et un vieillard : 2 rebelles faits prisonniers et condamnés à morts. Son destin le mènera alors à travers de terribles épreuves, et il découvrira l'amour, l'amitié, mais aussi la trahison et la cruauté... Sur ce chemin semé d'embuches, sa bravoure, sa loyauté et son sens de l'honneur seront mis à rude épreuve !Avec ce récit haletant où se succèdent les péripéties les plus extravagantes, Simon Roussin cherche à retrouver le souffle de ses lectures d'enfance, tout en travaillant sur les récurrences et caractéristiques du récit classique. Toutefois, et sans jamais tomber dans la parodie, il nous livre d'abord une vraie Grande aventure, où se mêlent l'humour, la dérision, la nostalgie et l'hommage ému. Son récit est servi par un travail graphique surprenant, où il s'approprie la ligne claire et la réinvente grâce à une virtuose mise en couleur aux feutres.En assumant l'héritage de ses aînés et en jouant avec les références, Simon Roussin renouvelle la bande-dessinée d'aventure avec une étonnante maturité.
Dans un monde dévasté, près de l'océan, un homme hirsute en tenue d'astronaute vit seul, tel un gardien de phare débraillé des siècles précédents. Machinalement, avec un respect des protocoles et une conscience professionnelle aiguisée, il veille sur le site dont il a la charge, un lieu dont l'intérieur constitue presque un sanctuaire secret, soumis aux règles sécuritaires les plus strictes, en raison de sa grande dangerosité : une centrale nucléaire.Pourtant, cette centrale n'est plus que ruines. Les toitures sont effondrées, le béton des réacteurs est fissuré depuis longtemps, le vigile que le gardien s'efforce de saluer n'est qu'un hologramme qui, sans explication, reçoit toujours l'électricité nécessaire à son activation... Dans cette grande cathédrale, bâtiment mythique de la puissancede la Techno-science, les procédures du Gardien se muent en rituels, le silence et les ombres se chargent peu à peu de donner une âme aux lieux, et notre Robinson esseulé, dans son délire, fait de ce sanctuaire nucléaire un temple accueillant les esprits des aïeux.Imaginée en contrepoint à Soon (scénario Thomas Cadène, paru chez Dargaud en 2019), UOS est une exploration graphique de l'univers de l'Effondrement, une ballade sensorielle au pays du retour en grâce, parmi les ruines, d'un être humain à l'écoute des Esprits et de la Nature.