Littoral Un oiseau s'introduit par la fenêtre de la chambre d'une souris et lui tend une cassette VHS. Ni une ni deux, le mammifère aux rondes oreilles s'installe, un café à la main devant sa télévision - en réalité un ravissant théâtre miniature - pour visionner le film. Les images défilent, découvrant la vie de Joseph, jeune père à tête de renard qui travaille dans l'animation à New York et de Paul, son fils.Nous voilà embarqués pour un voyage dans le temps et l'espace, qui nous mènera des deli de Brooklyn aux briques rouges de Roubaix, de la vie à deux dans un étroit appartement new-yorkais au quotidien d'une famille recomposée dans une maison du nord de la France. Chronologique et elliptique, Littoral se déroule comme un film familial dont les images, capturées sur plusieurs années, s'altèrent parfois - cassette VHS oblige.Les épisodes présentés forment un collier de souvenirs sur lesquels Antony Huchette, avec son trait expressif, ses motifs et sa ronde de personnages à tête d'animaux, dépose une lasure douce et magique.
Dans une plaine inconnue, une colonie de moineaux s'interroge sur leur faim et sur la signification des choses, quand un événement imprévu va troubler la banalité de leur existence. Les faits étranges se multiplient autour d'eux, et peu à peu ils sont gagnés par l'angoisse. Dans ce monde indéfini, les moineaux doivent faire front pour éviter les disparitions, les attaques d'un aviateur échoué, et l'inconnu qui s'abat sur eux.Premier livre d'Anders Nilsen, entamé il y a quinze ans pour être achevé en 2011, cette épopée fantastique et subtile commence par la révélation d'un motif récurrent chez l'auteur dans ses essais de dessins automatiques : l'oiseau. C'est peu dire que ce récit, d'abord fondé sur l'improvisation avant de prendre forme jusqu'au dénouement final, s'attache à nous faire pénétrer dans un espace fantasmagorique et beckettien, qui coïncide avec les profondeurs de sa psyché. Comme les oiseaux, le lecteur est soumis à ce monde inconnu et mouvant, déstabilisant et totalement fascinant.Véritable révélation parmi la nouvelle génération des auteurs américains, Nilsen est sans doute celui qui a su le mieux s'affranchir de ses glorieux aînés. Big Questions montre que la bande dessinée peut encore nous surprendre, dès lors que l'auteur plonge au fond de lui-même pour en sortir des images dont l'étrangeté nous émeut et nous trouble.