Marjane Satrapi est née en 1969 à Rasht, dans la région de Guilan, sur les bords de la mer caspienne. Iranienne, elle grandit à Téhéran où elle étudie au lycée français et aux Beaux-Arts, avant de partir à Strasbourg poursuive les Arts Déco. Dans ce premier épisode, elle retrace une partie de l'histoire de sa famille ainsi que ses dix premières années, jusqu'à la chute du régime du shah.
Inconnue trois ans avant la fin de la saga, notre Prophète préférée est devenue entretemps un phénomène littéraire et médiatique qui dépasse les frontières habituelles de la bande dessinée. Ce quatrième Tome relate le retour de Marjane Satrapi dans l'Iran islamique et ses années de Beaux-Arts, jusqu'au moment de son exil en France.
Depuis le premier tome de La Vie Secrète des jeunes en 2007, Riad Sattouf a, entre autres choses, continué à dessiner les exploits de Pascal Brutal, et réalisé un film, Les Beaux Gosses (qui a fait un million dentrées en France). LAssociation lui a réédité Ma Circoncision et Le Manuel du Puceau, dont une version collector se trouve dans le coffret Dvd luxe du film Les Beaux Gosses. Et Riad Sattouf a continué, semaine après semaine, à publier un strip de La Vie Secrète des jeunes dans Charlie-Hebdo, strip devenu lune des chroniques les plus ravageusement drôles et les plus finement observatrices du comportement de nos jeunes citadins modernes en fin de civilisation. Face à certaines situations embarrassantes, dans la rue, le métro ou les bars, nous savons désormais que nous nous trouvons face à des Vies Secrètes des jeunes. Ce second tome, avec comme il se doit un gaufrage en argent à chaud en couverture, reprend tous les strips parus dans Charlie depuis 2007 et comprendra une préface en bande dessinée de Christophe Blain.
Dans cet album autobiographique, l'auteur, qui n'a pas été diplômé des Arts déco de Strasbourg et qui est toujours célibataire, est contraint de retourner chez ses parents, dans une petite ville de Vendée. Comme sa carrière de dessinateur ne décolle pas et que ses parents lui reprochent son manque d'activité, il accepte de devenir le correspondant local de L'Hebdo.
Tonic aime à grande vitesse. Amoureux pressant et éconduit, accompagné de son ami Fail, il poursuit sa bien-aimée qui n'a de cesse de s'échapper. Dans ce récit virevoltant et enlevé qui emprunte l'esthétique des jeux d'arcades, les planches s'enchaînent à vive allure, à chaque fois ponctuées par l'apparition de cette fameuse fille qui joue à « suis moi, je te fuis ».Jérémy Piningre et Mathieu Lefèvre, diplômés des Arts Décoratifs de Strasbourg et que l'on a pu déjà apercevoir dans la revue Belles Illustrations, signent un récit haletant qui ne devrait pas manquer de marquer les esprits.
Dans ce recueil de 5 histoires, certaines précédemment publiées dans la revue éponyme de Breakdown Press, Joe Kessler dépeint un monde riche en quêtes, en sensations, en surprises. Les couleurs, franches voire flamboyantes, épaulent la narration d'un point de vue subjectif : l'environnement apparaît et disparaît en fonction de ce que vivent les personnages.Les odeurs, la peur, le plaisir, l'urgence sont représentées comme autant d'explosions chromatiques.Lucarne, Windowpane en anglais mêle le récit de l'auteur et la perception de ses protagonistes.Lucarne, c'est aussi la vision depuis une case de bande dessinée. Une narration innovante et envoûtante, qui mérite plusieurs lectures, pour dépasser l'émerveillement esthétique qu'il suscite la première fois.Lauréat en 2017 du prix Audience Award à l'East London Comics & Arts Festival, Joe Kessler vit et travaille en Grande-Bretagne.
Premier volume d'une série de trois Mimolettes, Baku représente la première publication de Grégoire Carlé, jeune auteur de la nouvelle génération qui rejoint depuis quelques temps L'Association. Né en 1984, Grégoire Carlé, diplômé des Arts Décoratifs de Strasbourg, a publié dans le fanzine Ecarquillettes et les productions du collectif Troglodyte. Sa maîtrise graphique et narrative en font d'emblée un des auteurs sur lesquels l'avenir pourra compter. Baku dépeint la rêverie d'Ichô, enfant isolé sur une île avec sa famille dans le Japon du XIXe siècle. Crabes maudits, esprits moqueurs et fantômes ont beau être de la partie, on est ici loin de l'esthétique du manga. S'inspirant partiellement des nouvelles de l'écrivain Lafcadio Hearn (1850-1904), Grégoire Carlé restitue les mythologies japonaises avec un brio évident et une sensibilité toute personnelle.
Rencontre au sommet entre Guy Delisle (fauve d'or en 2012) et Jean Echenoz (prix Médicis en 1983 et Goncourt en 1999).Accordant tous les deux une grande importance à l'environnement et l'atmosphère des lieux dans lesquels ils placent leurs récits, c'est la Corée du Nord, respectivement à travers Pyongyang, et Envoyée spéciale, qui a amené les deux auteurs à se rencontrer. Et c'est à Marseille, pour le Festival Oh les beaux jours ! en 2018, qu'est né le projet Ici ou ailleurs. Guy Delisle propose une promenade au gré des rues citées dans l'oeuvre d'Echenoz, en illustrant de son trait précis et ses gris légers les textes au style réputé minimaliste de l'écrivain.Dans un même mouvement, au travers de la graphie manuelle, les traits de l'écriture rejoignent les traits du dessin. À Paris souvent, mais pas seulement, les décors volontairement déserts évoquent sans les figer les scènes qui s'y déroulent, et permettent au lecteur d'y pénétrer et s'approprier les lieux.
Commencée en 2004 dans Charlie Hebdo, la parution de La vie secrète des jeunes fête déjà sa huitième année avec ce troisième opus. Fidèle à sa ligne de départ, Riad Sattouf développe une taxinomie sans appel des tares de nos contemporains, basées sur une stricte relation des conversations entendues dans les lieux publics. L'accumulation des planches donne une consistance impressionnante à l'ensemble, et la chronique devient autobiographie quand on commence à saisir les coïncidences et les obsessions personnelles de l'observateur.Sa fascination pour les dialogues aberrants ou son attrait pour les scènes de ménage misérables nous ramènent alors bien évidemment vers les thèmes favoris que Riad Sattouf développe dans son oeuvre de fiction (Pascal Brutal, Les Beaux Gosses...). Couples en débâcle ou insupportés par leurs enfants, célibataires dépressives, musulmans concupiscents, adolescents incultes : derrière le rire, c'est bien l'inquiétude qui pointe.La vie secrète des jeunes est donc plus qu'une légère rubrique de presse, et pourrait bien être la clefde voûte de l'univers de l'auteur.
Incontestablement l'une des plus fortes découvertes de la nouvelle formule de Lapin lors de sa publication en feuilleton (n° 37 à 42), le volume définitif en collecti on Ciboulette du Jeanine de Matthias Picard (qui comporte une quarantaine de planches inédites) va représenter l'une des publications majeures de ce printemps.Matthias Picard, alors qu'il était étudiant à l'Ecole des Arts-Déco de Strasbourg, a fait la connaissance de Jeanine, sa voisine, prostituée, la soixantaine, qui a entrepris de lui raconter sa vie. La vie de Jeanine se révèle tellement incroyable et passionnante qu'il décide vite de la retranscrire en bande dessinée. Jeanine a grandi en Algérie : plutôt garçon manqué, elle n'était pas prédisposée vis-à-vis des hommes et se destinait à la compétition de natation. Entre autres exploits de son étrange destinée, elle sauve un militaire de la noyade, puis deux petits Algériens des balles de la police française qui tire sur la foule d'Alger en mars 1962. Après diverses tribulations et une déception amoureuse, Jeanine devient Isa la Suédoise, la plus grande prostituée de Strasbourg, et participe activement au mouvement politique de reconnaissance du plus vieux métier du Monde.C'est la rencontre avec cette vie héroïque que Matthias Picard raconte, avec tact et sensibilité, dans un livre majeur à ranger aux côtés de Pascin et de La Guerre d'Alan.