Entre 1970 et 1972, dans les pages de Politique hebdo puis de Charlie, Gébé publia L'An 01 ( On arrête tout, on réfléchit, et c'est pas triste ), l'utopie la plus marquante (et la plus marrante) apparue en France au cours de cette décennie, née des espoirs soulevés par mai 1968, qui donnera lieu à un film coréalisé avec Jacques Doillon et Alain Resnais en 1973.Six ans plus tard, la réélection de la droite, les crises pétrolières et la montée du chômage ont brisé cet élan. À l'été 1979, toujours dans Charlie hebdo, Gébé récidive en publiant Tout s'allume, post-scriptum lucide à L'An 01, réflexion poético-politique fictionnelle sur les possibilités encore existantes de changer la société, de faire plier le pouvoir par le refus d'hommes éclairés de participer à un système de plus en plus aliénant.Avec trente ans d'avance, ce brûlot sans concession semble à maints égards annoncer un mouvement comme celui des indignés . Film à faire de forme mixte, mi-bande dessinée, mi-texte, Tout s'allume est ici publié en livre pour la première fois.
C'est la jungle !, une des rares BD entièrement dessinée par Kurtzman, par ailleurs scénariste prolifique, est considérée comme son chef d'oeuvre personnel.Ce « comic book » se compose de quatre histoires distinctes d'une quarantaine de pages : si deux sont d'hilarantes parodies au vitriol de genres alors en vogue (le polar « jazzy » et le western « névrosé »), Le Cadre supérieur en costard de flanelle grise se livre à une critique acerbe du monde de l'édition commerciale et Décadence dégénérée (lynchage dans une ville du Texas) du racisme américain ordinaire, des thèmes très «adultes» pour les comics de l'époque.Premier « comic book » paru directement en format poche en 1959, à forte teneur autobiographique, C'est la jungle ! est un des premiers véritables « graphic novels ».