Au sommaire, un long entretien avec David Vandermeulen, un court entretien avec Daniel Casanave, un dossier sur la Mythomanie dans la bande dessinée et quelques planches du meilleur goût. Nous profitons de l'arrêt de la lettre de dargaud pour nous autodéclarer nouvel Officiel de la bande dessinée (moderne)...... Maiiiis non, on plaisante, on s'en fout complètement.
L'amour infini que j'ai pour toi est un recueil de dix histoires oscillant entre fantastique et autobiographie, réminiscence de l'enfance et construction de soi. Récits courts et animés d'une intense vision poétique, ils sont chacun réalisés avec une technique graphique différente.La grande force du travail de Paulo Monteiro est sa capacité à susciter et exprimer de puissantes émotions. En l'écoutant évoquer sa filiation et ses origines, on se remémore les aspects qui ont forgé notre propre identité et l'on s'interroge sur la condition d'être humain : des choses fragiles et imparfaites, de la joie de chaque moment de grâce vécu, qu'il soit important ou non.L'amour infini que j'ai pour toi a remporté le Prix de la meilleure bande dessinée portugaise 2011 et le Prix de la meilleure bande dessinée indépendante, Central comics 2011 au Portugal et a suscité beaucoup d'enthousiasme au sein du lectorat portugais de bande dessinée alternative.
Tomas est écrivain.Il attend désespérément la sortie de son premier livre. pour l'heure, il transpire sur un scénario de bande dessinée pour un ami. elsa, sa femme, est peintre. pour réussir, elle estime devoir fréquenter la faune artistique locale et son lot de critiques, galeristes, et petits marquis de cocktails d'expos, milieu qu'exècre tomas. il trouve refuge dans le fantasme d'une femme idéale et inspiratrice, -forcément splendide...Elle lui apparaît en rêves depuis qu'il s'est offert une curieuse petite plante verte rabougrie. ce livre a reçu le prix de la meilleure bande dessinée portugaise en 2001, au festival d'amadora.
Emilie Plateau signe ici son premier livre. Dans la continuité du fanzine éponyme, Comme un Plateau conte avec la patte singulière de cette jeune auteure les aléas de la colocation pour une solitaire, la découverte et l'adaptation à la Belgique pour une Montpelliéraine.Un diplôme des beaux arts de Montpellier en poche, Emilie décide partir vivre en Belgique pour dessiner, attirée par l'émulation du cercle actif des auteurs de bande dessinée Belge.Relevant les petites bizarreries et incohérences de chacun au fil de son quotidien, du quotidien de ses colocataires, devenus personnages de bande dessinée pour l'occasion, c'est avec une tendresse dénuée de naïveté qu'Emilie Plateau nous raconte son emménagement dans un kot, à Bruxelles.
La thématique : On a toujours 20 ans Décembre 1991 : naissance de Jade et 6 Pieds sous terre Décembre 2011 : bouclage du prochain numéro de Jade 20 ans entre ces deux dates. Et l'occasion de tourner autour de ce chiffre pour marquer le coup. Non pour auto-célébrer l'anniversaire de la revue et de la maison d'édition. Un livre à paraître en mars/avril 2012 est déjà en chantier.L'idée de ce prochain Jade 877U est que les auteurs participants se remettent dans la peau de celui (celle) qu(ils étaient, quand ils avaient 20 ans. Quel était alors leur rapport à la bande dessinée ? En lisaient-ils ? Etaient-ils déjà acteurs du milieu ? Qu'aimaient-ils/détestaient-ils à l'époque ? Quelle était leur vision du métier, des éditeurs, des libraires ? Quel regard portent-ils sur ce passé par rapport à ce que ce qu'ils vivent aujourd'hui ?Il ne s'agit donc pas de faire un retour de 20 ans en arrière mais plus de confronter ses idées actuelles sur le monde de la bande dessinée à celles de leur propre 20 ans (et c'était peut-être il y a peu...).Comme les auteurs participants à Jade sont issus de différentes générations, cela permettra d'avoir un panorama assez complet de la bande dessinée sur les dernières décennies.
les 30 dernières années ont fait entrer la bande dessinée dans la cour des grands domaines culturels et artistiques. Fini le vieil illustré idiot qui dissuaderait l’enfant de se tourner vers les « vrais » livres, fini l’amateur honteux, rasant les murs, à la recherche de sa dose de dessins et de textes. Place aux livres de bande dessinée caracolant en tête des ventes de livres « tous genres confondus », aux émissions spécialisées et aux rubriques dédiées fleurissant dans l’ensemble des médias, aux écoles, aux innombrables festivals. N’apparaîssent plus que furtivement, içi et là, quelques détracteurs faisant plus figure de dinosaure qu’autre chose, Tout irait enfin bien dans le milieu du 9e Art ?Autravers de ce numéro de Jade, des auteurs de divers horizons nous livreront, par le biais de récits ou d’entretiens, leur point de vue sur cette fameuse légitimité que l’on dit acquise, établissant la base d’une réflexion critique plus large.
Histoire de changer un peu par rapport à Pathetik #1 sorti en avril 2010, l'objet de ce deuxième volume n'est pas cette fois de parler de bande dessinée et du petit milieu qui tourne autour, mais de faire de la bande dessinée et d'en exploiter les différentes formes. Partir à la rencontre d'un homme qui flotte, mais que tout le monde ignore, partager la vie de vieillards qui trompent leur ennui au sein d'une maison de retraite, explorer les méandres des rêves de Monsieur Point, apprendre à construire sa cocotte en papier de compagnie et savourer d'autres facéties encore. Un récit de 20 pages, des histoires courtes, des strips, des gags même... avec un ton oscillant entre la mélancolie, l'introspection, le fantastique, le tout sans oublier bien sûr l'humour, plutôt noir à cette occasion. Toujours tenu à quatre mains par James et Boris Mirroir (Aka La tête x), l'un et autre proposehistoires et dessins, dans toutes les combinaisons possibles.
Ce nouveau Jade, mystérieusement intitulé Jade 108U, aborde le thème des rapports -multiples- de l'auteur face au monde numérique : blog bien sûr, mais aussi réseaux sociaux, plateforme de bande dessinée en ligne, droits numériques, commentaires de e-lecteurs, ouvrages sur des sites de ventes etc... Au delà de son aspect outil de diffusion, le numérique peut également se présenter comme un outil de création (interactivité, nouvelle surface de création - la demi-page plein écran, le strip vertical à «scroller», etc.). Bref, le sujet est vraiment vaste !Effet de mode ou possible futur, intérêt ou désintérêt, il y a de nombreuses possibilités de s'énerver ou de rire avec la façon dont certaines personnes bien intentionnés -du geek amateur au vendeur de chaussettes reconverti- imaginent les méthodes pour faire rentrer la bande dessinée dans le monde des nouvelles technologies. Les adeptes du tout gratuit se croisent avec les adeptes du max de bénefs, tout le monde cherchant à anticiper à la place de l'auteur sa place dans ce nouvel eldorado pour lui proposer la solution en or (pour eux déjà) car c'est évident, dès demain matin, nous ne lirons plus la bande dessinée que sur nos portables, c'est écrit quelque part. D'un autre côté, les blogs ont amené une vraie notoriété à une nouvelle génération d'auteurs, remplaçant souvent les fanzines et l'autopublication.Nous allons tenter de démêler tout ça... on emmêler, on verra bien.
Parue en grande partie dans le magazine Jade, cette correspondance entre Marc Pichelin et Guillaume Guerse est avant tout une réflexion sur leur travail commun. Modestement, ces deux membres fondateurs des Requins Marteaux interrogent la relation professionnelle qu'ils entretiennent depuis plus de 20 ans. Ils tentent de faire correspondre du texte avec des images, d'associer leur idées sur la pratique de la bande dessinée et de réfléchir ensemble sur le devenir de leur structure : Les Requins Marteaux.Le livre se construit au rythme des courriers qui sont échangés. Marc envoie une lettre que Guillaume met en scène. Les regards et les points de vue sont décalés. Il ne s'agit pas d'illustrer, mais bien de faire correspondre des sentiments et des émotions. Ils se parlent de leur vie, ils partagent des réflexions sur leurs travaux en cours et ils échangent sur le métier d'auteur de bande dessinée. Le ton est direct, le graphisme est très libre. Avec pudeur, ils nous font partager le journal intime de leur travail et de leur vie.
Véritable recueil de 4 numéros d'un faux comics, lancé en kiosque en fanfare et dont la rédaction se rendra compte - trop tard - que trop d'optimisme ne résiste pas à la dure loi du marché dans le monde de la presse. Les numéros thémathiques se succèdent (Science-fiction, épouvante, polar, amour) tandis que la rédaction tente de sauver les meubles. Garni des rubriques habituelles de la presse (pin-up, réclames, carte blanche, etc.), l'essentiel des pages est surtout l'occasion de parler du monde de la bande dessinée avec la reprise des pages ironiques mais pleines de bon sens du blog éponyme Les mauvaises humeurs de James et de la Tête X, agrémentées de nombreux inédits et surprises de marque. Voici enfin imprimé sur papier, l'ensembledu travail de ses deux auteurs qui ont secoué le petit monde de la bande dessinée tout au long de l'année 2006 grâce à leur blog unanimement salué par les lecteurs et presque unanimement salué par la profession.
Voici enfin l'intégrale d'un des personnages les plus attachants de l'univers de Florence Cestac ainsi que l'une des figures emblématique des Éditions Futuropolis et de la bande dessinée adulte des années 80. Edmond François Ratier est l'un des premiers héros décomplexés de la bande dessinée des années 80, un personnage hommage à une certaine idée du polar à la française des années 50.Après les Beaux-Arts (Rouen) et les Arts Déco (Paris), Florence Cestac commence à dessiner pour Salut les copains, Lui, Mlle âge tendre... En 1972, elle ouvre avec Etienne Robial la première librairie de bandes dessinées à Paris, Futuropolis, puis, deux ans plus tard, la « mythique » maison d'édition du même nom. Collaboratrice de toutes les revues BD - de L'Écho des Savanes à Métal Hurlant, en passant par À suivre ou Pilote -, elle crée tour à tour des personnages tels Harry Mickson, Edmond François Ratier ou Gérard Crétin, illustre La Guerre des boutons, et rafle au passage deux Alph-Art Humour à Angoulême.
Pendant l'occupation de la Corée par le Japon lors de la seconde guerre mondiale, près de 200 000 Coréennes ont été kidnappées, déportées, violées, battues, tuées par l'armée japonaise. Une bande dessinée révèle les blessures des femmes de réconfort.
Cet album a failli être une poignante histoire d'amour née d'une petite annonce, une chronique familiale pleine de tendresse, une palpitante aventure de science-fiction, un pamphlet social sur la fulgurante ascension professionnelle d'un laissé pour compte, une grande fresque politique autour de deux dirigeants charismatiques, l'oeuvre ultime d'un auteur de bande dessinée au sommet de son inspiration. Oui mais voilà : il y a la clôture à réparer et les courses à faire. Fabcaro dresse sur un laps de temps très court (24 heures environ) les portraits croisés de représentants d'une génération en mal de repères, sur un mode humoristique expérimental, burlesque, plein de non-sens.Fabcaro, dessine depuis l'enfance et décide de s'y consacrer pleinement à partir de 1996. Il travaille pour la presse ou l'édition, pour différentes revues de bande dessinée (Fluide Glacial, Psikopat, Jade, Tchô !, L'Echo des Savanes, CQFD... Il a publié chez des petits éditeurs comme chez des gros des ouvrages pleins d'humour ou il passe à la moulinette le comportement de ses contemporains, sans oublier de s'égratigner en premier lieu. Après « Carnet du Pérou » qui fut l'un des livres d'humour marquant de 2013, sélectionné pour les prix d'Angoulême en 2014, son dernier ouvrage chez 6 Pieds sous terre, « Zaï Zaï Zaï Zaï », paru en 2015 est un énorme succès, tant public que critique, couronné par de nombreux prix et sélections.
Un cow-boy recherché dans tout le Far-west pour avoir imité Jean-Pierre Bacri. Des playmobils. Un auteur de bande dessinée qui va manger chez une tante qu'il n'a pas vue depuis quinze ans. Un débat littéraire. Quelqu'un qui est gravement malade. Des indiens. Des poursuites à cheval sans cheval. « Quand j'étais enfant, je jouais dans l'escalier à inventer des histoires de cow-boys avec mes playmobils, il y avait toujours la télé en fond qui venait interférer dans mes histoires et cela donnait des scenario décousus et incohérents qui étaient pour moi parfaitement crédibles. Et puis un jour, l'incohérence m'a dérangé. Un jour, je n'ai plus été enfant. Et puis un jour, finalement, si, de nouveau. » Fabcaro.Fabcaro, dessine depuis l'enfance et décide de s'y consacrer pleinement à partir de 1996. Il travaille pour la presse ou l'édition, pour différentes revues de bande dessinée (Fluide Glacial, Psikopat, Jade, Tchô !, L'Echo des Savanes, CQFD... Il a publié chez des petits éditeurs comme chez des gros des ouvrages pleins d'humour ou il passe à la moulinette le comportement de ses contemporains, sans oublier de s'égratigner en premier lieu. Après « Carnet du Pérou » qui fut l'un des livres d'humour marquant de 2013, sélectionné pour les prix d'Angoulême en 2014, son dernier ouvrage chez 6 Pieds sous terre, « ZaïZaï Zaï Zaï », paru en 2015 est un énorme succès, tant public que critique, couronné par de nombreux prix et sélections.
Quatrième fournée pour le Jade nouveau. Toujours une certaine fine fleur de la bande dessinée, qui s'osculte, s'analyse et raconte les petits détails du milieu, dévoile les pratiques et se pastiche joyeusement, mais ne doutons pas qu'au final, c'est bien une cartographie du monde du 9ème art qui émergera de l'ensemble. Au sommaire les incontournables James et Boris Mirroir, La tête x, Fabrice Erre, Loïc Dauvillier, Eosyne, Mickaël Roux et bien d'autres..
Dans la solide robe brique, Jade 200U explore le monde des média. Vaste sujet pour le petit monde de la bande dessinée tant la place qu'occupe le journalisme dans un 9e art complexé par ces devanciers est particulière. Souvent pigiste, Le journaliste semble souffrir autant que bon nombre d'auteurs de la façon dont est considérée la bande dessinée dans les rédactions, entre madeleine de janvier (Angoulême oblige) pour parler chiffres et people et supplémént illustré de l'été pour distraire le vacancier. Mais il est aussi dans une position stratégique pour justement changer cette image, figée dans sa considération par certains, mouvante pour d'autres. Jade 200U donne la parole aux auteurs afin qu'ils s'interrogent et nous racontent cet étrange citoyen qu'est le journaliste et qui fait épisodiquement irruption -ou pas- dans leur quotidien. Ils nous parleront aussi de la façon dont ils percoivent le discours médiatique sur leur art et leur profession. Une méta-interview de journalistes -Philippe Belhache, Fabien Texier, Christophe Brunella, Xavier Guilbert et Frédéric Bosser- faites par des auteurs -Loïc Dauvillier, Pascal Jousselin, Sylvain Ricard, Fabrice Erre, Max de Radiguès, Morvandiau et Sébastien Lumineau) complètera ce numéro. La somptueuse couverture est signée B-Gnet et c'est toute une kyrielle d'auteurs modernes et critiques qui, l'espace d'un numéro, inverseront les rôles et placeront le média qui d'habitude se penchent sur eux en sujet de leurs propres investigations, tantôt empiriques, tantôt fantasmées.
Copain, tu tiens entre les mains une chic bande dessinée ! Grâce à Littérature Pour Tous, tu connaîtras, sans peine, et sur le bout des doigts, près de 14 GRANDS ROMANS FRANÇAIS ! Et tout cela sans jamais avoir eu besoin de te plonger dans les gros livres sans images que l'on t'impose à l'école ! Avec Littérature Pour Tous, tu découvriras que lire, c'est fun, cool comme un clip de MTV, et que la littérature, finalement, c'est aussi easy que d'envoyer un SMS !.
autour d'une tablée amicale, markus raconte à ses amis sa quête désespérée sur le grand chemin de l'amour.en quatre chapitres autobiographiques d'une drôlerie et d'une sincérité à toutes épreuves, mawil livre le parcours amoureux de ses années timides, du catéchismes aux boums paroissiales, des premières vacances entre copains en mer du nord, aux squatts berlinois de la jeune scène artistique européenne. on peut toujours rester amis est le premier ouvrage en français de mawil, jeune prodige de la bande dessinée allemande, surnommé à berlin le woody allen de la bd .
C'était pas prévu que je perde mon boulot et puis c'est peut-être mieux comme ça.Je vais avoir 40 piges, je vais ou, je vais faire quoi ? Parallèlement à sa passion pour le dessin et la bande dessinée, Gilles Rochier avait un autre boulot - et des responsabilités -, stressant, qui l'occupait largement et à plus que plein temps. Pas de temps à consacrer à soi, à ses amis, peu à sa famille. Un jour, sa boîte coule... Plus rien a quoi se raccrocher, l'impression que le sol se dérobe... la depression l'engouffre. Heureusement la passion du dessin est là, il s'y raccroche, fait un break, le justifie auprès des autres par son statut de dessinateur, auprès de lui surtout. Il est urgent de faire un temps mort. Réapprendre à vivre sans s'oublier dans douze heures de travail quotidien, partager le temps avec sa famille, retrouver les amis perdus. Un tempo de vie ralenti par les médocs, j'attends que ça passe, car l'arrêt est brutal. Nous retrouvons dans sa prostration, l'auteur de TMLP (Ta mère la pute, 2011, Fauve révélation, Angoulême 2012) et de Tu sais ce qu'on raconte... (avec Daniel Casanave, 2017, ed. Warum)... faisant le point à l'aube de ses 40 ans, plus que jamais accro à la bande dessinée, issue quasi-rédemptrice à une vie qu'il avait oublié de vivre.Je racontre l'histoire de ma dépression, mon quartier, ma vie, les vieux copains. Cette vie qui m'entoure et que je ne voyais pas avant. L'observation est jouissive, l'attention aux autres chaleureuse mais corrosive et l'auteur ne s'épargne pas. Les rapports humains sont bruts, les conversations rapportées hilarantes ou tragiques, toujours précises. Temps mort, pépite autobiographique indispensable, fait aimer la vie.Voici sa nouvelle édition, à l'occasion de la parution de La petite couronne, qui se situe 10 ans plus tard, dans la chronique de son quartier, même hall, mêmes heures, mêmes potes.
Sonia cherche le grand Amour, Pierre cherche un emploi, un auteur cherche un scenario pour sa bande dessinée... À moins que tout ceci ne soit le fruit de la confusion d'un auteur au bord de la dépression qui a du mal à se dépêtrer de personnages aussi perdus que lui...Fabcaro dresse sur un court laps de temps (24 heures) les portraits croisés de représentants d'une génération en mal de repères, sur un mode humoristique expérimental et plein de non-sens. On peut penser aux séquences des sketches des Monty Pythons tant le quotidien des multiples personnages s'entrechoquent avec un humour absurde qui fait mouche toutes les trois cases, moyenne du laps de temps accordé à chaque séquence.
Un groupe de rock formé avec des amis, débuté à d'école, comme tout le monde les connaît : une éternelle recherche de reconnaissance, de groupies -ou au moins d'une chanteuse ! Un groupe confronté aux petits problèmes du quotidien, les cours, les filles, les concerts... l'avenir. Mawil retrace par touche successives, avec The band, ses années-lycée, universalisant son propos à l'adolescent en quète de sens. Toujours plein d'humour et de péripéties, le récit de Mawil distille des vrais bouts de vie et au final, c'est le document qui l'emporte sur la nostalgie et fait de The band, un témoignage de la scène alternative berlinoise aux cours des années 90. Encore un grand livre de cet auteur berlinois décidément bourré de talent.Né en 1976, Markus Mawil Witzel vit et travaille à Berlin. En quelques années, il est devenu l'un des plus prolifiques jeunes auteurs allemands, publiant son propre fanzine Super-Lumpi, participant à des publications collectives ou à des fanzines européens (Epidermophytie, Panik Elektro, Moga Mobo, Strapazin et Stripburger), fédérant le collectif d'auteurs Monogatari (coupable de deux anthologies saluées par la critique) puis celui du Berlin Comix (avec notamment Andreas Michalke, Reinhard Kleist et Fil).Surnommé le Woody Allen de la scène bande dessinée locale par la presse, Mawil développe une oeuvre très personnelle, largement autobiographique et foncièrement drôle, sur les jeux de l'amour et du hasard, les désirs que l'on refoule et les expériences qui échouent. Ses livres lui ont valu de remporter de nombreux prix et d'être nominé pour le Max & Moritz, le grand prix de la bande dessinée allemande. Il est aujourd'hui traduit un peu partout dans le monde. 6 Pieds sous terre est très fier de suivre de près son parcours et de publier son troisième livre après, On peut toujours rester amis (juin 2005) et Safari plage (janvier 2006). Pour la petite histoire, MAwil est également basiste, The band est donc fortement inspiré de sa propre histoire.
Avec « Qu'importe la mitraille ! », opus tourmenté réalisé à quatre mains, Matthias Lehmann et Nicolas Moog nous montrent toute l'étendue de la complicité, dans l'adversité, de deux auteurs emblématiques de la bande dessinée alternative. Ils décryptent l'ensemble de leurs parcours artistique et le monde de l'édition dite alternative, des années 1990 à aujourd'hui, à travers des remémorations fragmentées en courts récits. Et c'est à la fois triste et pas triste. Dans la lignée du livre de Tanx, « Des croûtes aux coins des yeux », ils questionnent la réalité de façon outrancière et impudique, causent de la réalité sociale du travail et constatent leurs statuts de losers de l'art. L'humour est grinçant, les crocs-en-jambe fatals et le désespoir noyé dans des flots d'alcool.
Celui auquel l'auteur se heurte quand son projet de livre ne trouve pas preneur. Selon le climat du moment dans la bande dessinée, les genres en vogues, les attentes très variées et parfois antagonistes des éditeurs, la façon dont ils s'occupent de leur catalogue, de leur petit déjeuner qui passe bien ou pas, de l'humeur du moment, de la proposition en phase ou pas du tout avec le-dit catalogue etc, ce retour négatif (voire son absence), sur le projet dont l'auteur espère tant, est à la fois attendu et craint.Vécu par tous, cuisant, douloureux, cinglant, automatique, les auteurs ont pourtant des anecdotes bien différentes à raconter, ... Il y a des dizaines de cas ainsi développés sous nos yeux ... quelques éditeurs témoignent eux-aussi de leur dur métier.
Retour à Sonora, entre bande dessinée et carnet de voyage, établit un état des lieux de la scène musicale foisonnante de, Tucson, villequi a cette particularité de se trouver en plein désert de Sonora, à une heure de la frontière Mexicaine dans l'état de l'Arizona, et de recéler un nombre proprement fou de musiciens dingues et géniaux. Topographie subjective d'une certaine scène que l'on qualifierait de folk du désert, on y trouvera les portraits de 5 musiciens (dont le rare et légendaire fondateur du groupe Giant Sand, Howe Gelb, bien connu des mélomanes curieux) et une évocation de la vie dans cette riante cité. Comment un musicien Américain arrive à vivre de son art ? sera en substance la question du livre, toujours arrimé à la politique avec la seconde campagne du président-candidat Obama en arrière plan, vécue par l'auteur sur place aux mois d'octobre & novembre 2012.
Tout y est, tout est prêt pour la tragédie : une ville de province, un notable jaloux, un contrat. Un tueur à gages descend depuis la capitale régler les compteurs. L'affaire se complique quand l'outil de travail préféré de ce dernier échoue par mégarde dans les mains d'un musicien quotidiennement imbibé comme une éponge.Et quand le tueur en question, fétichiste, rancunier, belliqueux se montre pugnace à retrouver son instrument, on court droit aux pires ennuis.On y croise encore deux lieutenants de police forcément stupides, des musiciens colériques, des pochards et des ennuis, des tonnes d'ennuis...Tout ce petit monde valse entre les ricochets des balles perdues, les blagues de comptoir et les gouttes de sang.Nicolas Moog construit une bande dessinée classique dans sa forme, sarcastique.Il multiplie les hommages au noble roman noir, au Gil Jourdan de Maurice Tillieux, aux pulps d'antan.Noir.
Quelqu'un va venir est l'adaptation d'une pièce de théâtre de Jon Fosse, un auteur norvégien.Un couple, vient d'acheter une vieille maison isolée dans une lande humide en bord de mer, sur une île visiblement peu habitée. Ils fuient le monde et leurs semblables pour vivre et croire à deux en un absolu. La venue de l'homme qui leur a vendu la maison révèlera la fragilité du couple et dévoilera en de subtils glissements leurs faiblesses et leurs forces vacillantes. La demeure semble littéralement habitée par le spectre des anciens propriétaires, elle renvoie, en miroir, la vision d'une mort à venir et s'infiltre dans l'illusoire promesse de bonheur du couple. Réédition en version cartonnée d'un chef d'oeuvre de Pierre Duba, indisponible depuis plusieurs années. Quelqu'un va venir est l'adapation en bande dessinée de la pièce de théâtre éponyme (Nokon kjem til å komme en version originale) écrite en 1996 par le dramaturge norvégien de renommée mondiale, Jon Fosse.
Ici-bas, à Sassafras County, les choses suivent sereinement leur cours. Dans les hautes branches, les cardinaux rouges chantent, la salsepareille fleurit en bouquets épineux et parfumés, et le rapide pour Green Valley arrive toujours à l'heure. Souhaitant profiter de l'allégresse ambiante, Millborough coiffe son chapeau, corrige dans le miroir l'angle du noeud papillon à sa chemise, sort de la maison et, d'un pas décidé, entreprend l'ascension de la Grande Question Existentielle.Déambulation bucolique dans un Midwest idéalisé, aux graphismes post-Crumbiens étincelants, Les choses de la vie marque le lecteur tant par son acuité aux questions existentielles que par son humour un brin désespéré. Christoph Mueller joue également la carte expérimentale, usant du format «strip» tout en longueur pour questionner les possibilités du langage de la bande dessinée, use d'anamorphoses, de séquences muettes, de plans multiples et aventureux et d'ellipses inter-strips pour créer un rythme en accord avec l'ambiance du récit. Un exercice à la fois brillant et passionnant.
Un auteur de bande dessinée, alors qu'il fait ses courses, réalise qu'il n'a pas sa carte de fidélité sur lui. La caissière appelle le vigile, mais quand celui-ci arrive, l'auteur le menace et parvient à s'enfuir. La police est alertée, s'engage alors une traque sans merci, le fugitif traversant la région, en stop, battant la campagne, partagé entre remord et questions existentielles.Assez vite les médias s'emparent de l'affaire et le pays est en émoi. L'histoire du fugitif est sur toutes les lèvres et divise la société, entre psychose et volonté d'engagement, entre compassion et idées fascisantes. Car finalement on connaît mal l'auteur de BD, il pourrait très bien constituer une menace pour l'ensemble de la société.Voici le nouveau récit choral de l'imparable Fabcaro, entre road-movie et fait-divers, l'auteur fait surgir autour de son personnage en fuite, toutes les figures marquantes -et concernées- de la société (famille, médias, police, voisinage...) et l'on reste sans voix face à ce déferlement de réactions improbables ou, au contraire, bien trop prévisibles.
Dans La cicatrice, Gilles Rochier se penche sur la vie d'un jeune couple de trentenaire, Denis et Sophie, partagé entre le travail, la rénovation d'un appartement et la vie familiale. Denis et Sophie vivent en région parisienne, travaillent dans de grandes entreprises : peu de temps pour communiquer, pas de nuage non plus.Un jour, Denis remarque une cicatrice sous son bras dont les causes lui échappent totalement. Accaparé par une vie professionnelle intense qu'il semble mener sereinement, c'est avec discrétion et obsession que Denis va tenter d'obtenir de la part de son entourage des indices et des bribes d'explications sur l'origine de cettecicatrice.C'est le début d'une introspection, d'un retour sur soi et son passé qui commence.Après le succès de son précédent ouvrage paru en 2011, TMLP (Prix révélation 2012 au Festival International de la bande dessinée d'Angoulême, Prix des Lycéens et apprentis Îles de France, Maison des écrivains 2012, Prix des Lycéens et apprentis Région PACA, Centre régional du livre, 2013), Gilles Rochier nous propose de nouveau une histoire dense et à fleur de peau, où le tragique point dans les interstices du quotidien.
Pour aborder le prochain Numéro de Jade, nous avons songé à évoquer les rapports souvent complexes entre l'auteur et son entourage. Familles bien sûr, mais aussi amis, voisins, contacts avec d'autres catégories professionnelles, toutes les expériences et les anecdotes qui rendent compte du statut de l'auteur de bande dessinée dans son contexte socio-professionnel. A priori il y a beaucoup à dire sur le sujet. Du voisin qui estime un auteur au chômage puisqu'il est la plupart du temps à la maison, aux parents qui se demandent si «à part ça tu vas enfin te décider à avoir un vrai métier» (un truc où on part le matin et revient le soir parce que sinon, c'est quand même bizarre), en passant par les amis qui le prennent pour une star qui passe son temps dans les cocktails et les plateaux de télévision et - forcément - plein aux as. Car curieusement aujourd'hui, des occupations aussi improbables que candidat à un reality show ont plus de substance professionnelle que celle d'auteur.Comment est-il perçu finalement cet auteur dans son milieu ?Extra-terrestre ? Feignant accros aux subsides de l'état ? BHL notoire ? Éternel adulescent ?
Joss Fritz, qui donne le titre au premier volet de l'histoire des anabaptistes traduit en bande dessinée ce que fut au début du XVIe siècle, selon l'expression de l'historien du protestantisme Emile Guillaume Léonard, la «révolution socialiste et religieuse allemande», ou, pour le dire d'une autre façon, les événements que l'on baptisa ensuite Guerre des paysans et Révolte anabaptiste. Ces deux faits historiques qui s'inscrivent dans le mouvement religieux connu sous le nom de Réforme, véritables liminaires de ce qu'allaient annoncer les temps modernes, sont deux événements indissociablement liés à l'avènement de Martin Luther, mélangeant à la fois caractère religieux le plus pieux et révolution sociale radicale.Trois années auront été nécessaires à Ambre & Vandermeulen pour parachever ce prologue de La Passion des anabaptistes. Ecrit avec la rigueur qu'on lui connait lorsqu'il entreprend des récits historiques documentés, David Vandermeulen (prix Château de Cheverny de la BD historique 2009 pour Fritz Haber) continue, en s'appuyant sur une importante bibliographie, sa lecture personnelle de l'histoire allemande.
Compilation de strips d'un personnage récurrent de l'auteur, en grande partie publiés sur un blog dédié. Monsieur Popo est un témoin plus philosophe que candide, qui s'interroge sur la réalité sociale selon les évènements de l'actualité. Procédé classique en soi qui permet à l'auteur un regard acerbe sur le monde qui l'entoure, la série de Monsieur Popo vaut pour la logique implacable, humaine et profondément drôle qui transite au travers des questionnements du personnage et incite à une vraie réflexion.Isaac Wens est né en 1963 et vit dans le Gers. Il s'est d'abord fait remarquer par ses travaux d'illustrateur avant de se lancer dans la bande dessinée. En 1998 paraît son premier livre, Castor Joseph aux éditions Mosquito. Suivront chez le même éditeur, Robert le diable et Le blog du Capt'ain Arobase. En 2004, il reprend le dessin de la série Carland Cross avec Michel Oleffe. On lui doit également, sous la plume du scénariste Rodolphe, la série London (2 tomes parus) et une biographie de Blind Lemon Jefferson, aux éditions Nocturne. La Mort dans l'âme est son dernier ouvrage, paru chez Futuropolis.
Après Rayures, paru en 2007 dans la même collection, voici le retour de Jean-François l'éléphant à rayures (sauf que maintenant il a des taches, d'où le titre) et Honoré le panda, dans ce second opus traitant des espèces animales en voie d'extinction qui mettent le boxon partout où elles passent. Accompagnés cette fois-ci de René le Phénix et Octavio (un clochard), nos deux héros se sont mis en colocation et sont entrés dans la police histoire de remettre de l'ordre dans la ville. Meurtre, marée noire, attaque de requins, trafic de drogues, corruption et malversations financières, c'est à toutes les vicissitudes de monde moderne qu'ils sauront trouver des réponses, bien personnelles, mais quand même efficaces selon le point de vue où l'on se place. Armé de son humour particulièrement absurde, irrévérencieux et désarmant, B-gnet flingue la morale et le bon goûtcomme l'inspecteur Harry dégomme les malfrats : pas propre, mais net et sans bavures. On reste sans voix face aux innombrables détails loufoques qui peuplent les cases et aux réponses imparablement débiles des protagonistes. B-gnet est décidément un OVNI dans le monde la bande dessinée d'humour, la preuve : ce sont les éditeurs qui refusent ses projets qui le disent !Mais un jour ils comprendront qu'ils sont déjà parmi nous et que B-gnet n'est que leur porte-parole...
Les influences, qu'elles soient flagrantes ou discrètes, assumées ou inconscientes, sont présentes dans le travail de tout artiste. Elles nourrissent son oeuvre, l'aidant tout d'abord à perfectionner sa technique par l'imitation puis le taraudant lorsqu'il cherche à s'en éloigner pour définir son propre style. Mais au-delà de la question du style, les influences sont parfois le fruit de rencontres, avec un certain livre à un moment bien particulier de sa vie, avec une autre manière de penser le médium même de la Bande Dessinée, avec des univers cinématographiques, littéraires ou picturaux. Car si elles nous aident à définir des écoles, des mouvements et une approche de l'Histoire du Neuvième Art, les influences restent avant tout intimement personnelles. Au travers de ce numéro de JADE, des auteurs de divers horizons nous livreront, par le biais de récits ou d'entretiens, leur rapport particulier aux influences, établissant la base d'une réflexion critique plus large sur cette thématique.Les intervenants de ce Jade : Ambre, Fabcaro, Terreur Graphique, Pierre Ferrero, Pierre Druilhe, William Henne, Oriane Lassus, Matthias Lehmann, Nicolas Moog, Julien Nem, Charles Papier, Benoît Preteseille, Isaac Wens, Jean Bourguignon, Mazem Kerbaj, Jason, Ruppert & Mulot, Pascal Matthey, Simon Roussin, Kan Talahama et Aidan Koch et encore quelques autres en cours de confirmation...
Drame du quotidien dans le monde du travail : depuis 11 ans, chaque matin, une autrice est agressée au vu et au su de tous. Contre son gré, elle reçoit en pleine face la cruelle réalité de sa vie de travailleuse indépendante. Jusqu'alors, la résistante réussissait le tour de force de dignement se relever et sourire de toutes ses dents à ses cyniques tortionnaires. En 2016, elle a décidé de rendre coup pour coup avec la série en deux volumes Des croûtes aux coins des yeux. Dans ce second opus, la rigolarde piétine purement et simplement le syndrome de Stockholm en chantant à tue-tête des hymnes punks et met à nu tous ces personnages en les affublant de têtes de mort (plus nu, tu peux pas). Ça cause beaucoup de style, de dessin, de bande dessinée et d'introspection, de changement de direction dans le travail artistique (avec le passage à la linogravure), mais aussi d'actualité et de politique : les années 2013 à 2016 auront donné matière à s'énerver. Des croûtes aux coins des yeux finira en beauté - et en ultime pied de nez avec le refus de l'autrice d'être faite « chevalier des Arts et Lettres » par le ministère de la Cuculture.En creux, surtout, on y lira la cartographie mentale, sociale, d'une autrice farouchement soucieuse de son indépendance et de son intégrité artistique se débattant face au monde contemporain et ses reculades sociales, sa gestion purement comptable des citoyens, de l'Art et des idées. Des croûtes aux coins des yeux est un laboratoire in vivo, bouillonnant d'idées et de spontanéité, salvateur et fort en gueule.
Nouvelle peu connue, La journée d'un journaliste Américain en 2889 est probablement l'un des textes les plus prophétiques du grand écrivain de science-fiction Jules Verne, ou, pour être plus juste, l'une des meilleures nouvelles de Michel Verne, ce fils dont Jules aimait tant s'approprier les idées ! Fidèle à la nouvelle, Messieurs Guerse et Vandermeulen nous proposent une bande dessinée qui respecte le rythme et l'humour extrêmement grinçants des Verne.Où l'on suivra de près durant une journée, le magnat de l'information Francis Bennett au coeur de son empire médiatique. Bennett est un personnage imaginé par Michel Verne en 1889 et qui malgré le trait forcé de sa caricature demeure pour le lecteur d'aujourd'hui un personnage particulièrement crédible, si bien qu'il fera nécessairement penser à une multitude d'acteurs des médias ou d'hommes politiques du siècle passé comme de notre monde actuel.Il est 8 heures du matin, et M. Francis Bennet, le fameux directeur du Earth Herald, le quotidien d'informations et de loisirs le plus indispensable de l'année 2889, qu'il soit diffusé en version papier ou par abonnement en version mondio-acoustique, sort de son lit et se prépare, comme tous les jours, à suivre de près les employés de son journal et les successives étapes qui participent à faire de son média l'outil le plus puissant du monde. Faisant et défaisant les modes commes les personnes, les plus grands de la planète, personnalités de l'industrie comme de la politique, semblent être à la botte de Francis Bennett.
Pour marquer leur vingtième anniversaire, les éditions 6 pieds sous terre publient au premier trimestre 2012 un ouvrage collectif de 300 pages environ, réunissant les témoignages écrits et/ou dessinés de tous ceux qui ont contribué à faire vivre cette maison d'édition, une des structures historiques du mouvement des éditeurs « alternatifs ».La plus grande partie du livre est constituée des pages originales réalisées pour l'occasion par plus de quatre-vingt auteurs ayant publié des pages dans Jade ou des ouvrages à 6 pieds sous terre (Ambre, Pierre Duba, Guillaume Bouzard, Gilles Rochier, Edmond Baudoin, Fabcaro, James, Jean-Christophe Menu, Mattt Konture, Guerse et Pichelin, Nicoby.). On y découvre des détails de la vie de la maison d'édition à divers moments de son histoire, mais aussi, de manière plus large, un regard sur le mouvement qui a transformé la bande dessinée depuis vingt ans.La deuxième partie de l'ouvrage comprend un dossier de synthèse historique et sociologique rédigé à partir de ces témoignages par Fabrice Erre, Vincent Seveau et Juliette Salique. Ces textes reconstituent le parcours de 6 pieds sous terre et le restituent dans le contexte où il a évolué, depuis l'émulation collective du début des années 1990 aux crises qui touchent le mouvement ces dernières années.La parution du livre s'accompagnera de manifestations lors de festivals (Indélébile à Toulouse), d'une exposition permettant au public de découvrir la diversité des oeuvres réunies dans l'ouvrage et soutenues depuis vingt ans par la maison d'édition.
« En attendant, c'est les petites punchlines de deux amis dont un s'est fait plaquer, des instantanés, des petits morceaux de désoeuvrement, des bilans de rien, des réflexions de bitume et d'appart mal rangé, de rupture amoureuse et de lendemains de fêtes, comme ça, en attendant que ça passe, le temps d'un mois d'octobre en suspens. » - Fabrice Caro « On n'arrivait pas a prendre une décision sur un projet... alors, en attendant, j'ai demandé à fab de me montrer ses écrits, j'ai pris un ou deux mois pour dessiner... hors des cases... la possibilité du dessin. Simplement me frotter à ses textes sans qu'il me vampirise. Il me donne la liberté totale de représentation, alors je dessine ce que je veux, en rouge et bleu parce que j'ai acheté un lot sur une brocante. Ses punchlines, c'est de l'amour 2018, ça sent la nuit et les matins raides, les tiraillements, les instants seconds, j'ai pas toujours collé mes dessins au texte, des fois les émotions du texte me faisait penser à un autre truc... des sentiments parallèles. Je sais ce qu'il veut raconter. » - Gilles Rochier Second volume de la collection Asterozoa, consacrée au dessin contemporain, En attendant est une collaboration entre deux auteurs de bande dessinée aux univers singuliers et pas forcément complémen-taires. Fabrice Caro écrit une série de punchlines retranscrivant une conversation entre deux amis, instantanés d'émotions attrapées en vol, conversation livrée à Gilles Rochier qui, avec deux crayons de couleurs (rouge et bleu), va les accueillir dans son univers graphique, les laisser rebondir au fil de sa pensée. Le tout est mélangé à la manière d'un cut-up, construisent de nouveaux rapports entre textes et dessins, un nouveau fil de pensée, une matière qui raconte des instants du monde et des fragments de vie.
Drame du quotidien dans le monde du travail : depuis 11 ans, chaque matin, une autrice est agressée au vu et au su de tous. Contre son gré, elle reçoit en pleine face la cruelle réalité de sa vie de travailleuse indépendante. Jusqu'alors, la résistante réussissait le tour de force de dignement se relever et sourire de toutes ses dents à ses cyniques tortionnaires. Elle a décidé de rendre coup pour coup avec la série (en deux volumes, parus en 2016 et 2017) : Des croûtes aux coins des yeux. Ce nouvel opus, subtilement intitulé Toutes les croûtes aux coins des yeux, regroupe l'intégrale de ces deux volumes précédents dans une nouvelle édition cartonée, constituant ainsi son édition définitive.Ça cause beaucoup des vicissitudes de la survie financière, d'engagement politique, du rapport aux autres, des angoisses personnelles et tout ce qui peut composer nos premières pensées matinales qui se voient propulsés, littéralement évacués sur le papier. L'autrice aborde aussi les questions sur son travail : le style, le dessin, la bande dessinée et l'introspection, les changements de direction dans le travail artistique (avec le passage à la linogravure), mais aussi l'actualité : Nous revisitons à sa lecture les années 2005 à 2016. Toutes les croûtes aux coins des yeux finira en beauté - et en ultime pied de nez avec le refus de l'autrice d'être faite « chevalier des Arts et Lettres » par le ministère de la Cuculture.En creux, surtout, on y lira la cartographie mentale, sociale, d'une autrice farouchement soucieuse de son indépendance et de son intégrité artistique se débattant face au monde contemporain et ses reculades sociales, sa gestion purement comptable des citoyens, de l'Art et des idées. Toutes les croûtes aux coins des yeux est un laboratoire in-vivo, bouillonnant d'idées et de spontanéité, salvateur et fort en gueule.
Qui n'a pas, dans notre riante profession un avis bien tranché sur le festival d'Angoulême ?De la sélection d'ouvrages reveillant chaque fin d'année les mêmes vieilles et stériles querelles entre classiques et modernes, aux mouvements de foules et d'humeurs qui ponctuent, quatre jours durant, une véritable messe ayant la particularité curieuse de réunir au même moment et en un même lieu fanatiques et sceptiques, professionnels et amateurs, curieux et intéressés, ouvriers et patrons, faut-il avoir le goût du sang ?Tout semblerait normal, presque cannois, si la bande dessinée brillait de l'aura d'un art reconnu, ou plutôt si toute cette foule aux couleurs complémentaires, avait le sentiment de la reconnaisance de l'objet qui l'anime, là, en plein hiver, au beau milieu de presque nulle part (oui, on n'est pas syndicat d'initiative non plus, on peut dire ça si on veut) dans une sorte de rave d'images aussi proches dans leurs conceptions que lointaines dans leurs sens. Mais voilà, malgré la foule de conquis s'y déplaçant chaque année, tous les professionnels et roadies, du plus connu au plus décalé, ne semblent toujours pas sûrs d'avoir convaincu le monde de la pertinence de leur travail (c'est agaçant). On s'y rend donc animé d'un sentiment étrange, mélangeant fête et travail, retrouvailles immuables et esquives habiles dans un lieu au sol fragile.On pourra compter sur la sensibilité des auteurs participants à ce Jade spécial festival d'Angoulême pour savoir saisir des moments et des sensations que cet improbable bouillon suggère, souvenirs ou études, critiques ouénamourés, c'est toujours une photographie du milieu, vu des coulisses, qu'ils donnent à voir dans ces pages et c'est là tout leur sens... même si celà gomme, à n'en pas douter, quelques illusions aux habituels festivaliers.6P & James
Max de Radiguès, auteur bien connu des amateurs d'autoproductions et de travaux intimistes, réalise ici son premier livre chez 6 pieds sous terre. White River Jonction est une petite ville américaine : une rue, un café... et une école de Bande Dessinée crée par des passionnés il y a six ans. Étrange petite école éloignée de tout, elle a fait de la ville un lieu phare du médium. Il y a plus d'auteurs au mètre carré que dans n'importe quel état, et si on s'y attarde on peut y croiser diverses gloires de la planche.Alec Longstreth, auteur du remarqué Phase 7 chez L'employé du moi, y est professeur et propose un poste de «fellow» (invité) à son ami belge. Il n'y a pas d'hésitation chez Max qui accepte, tout en voyant bien ce qu'il va devoir laisser derrière lui durant ce séjour : de sa petite amie à la bonne chère. Face à ce script tout en légèreté on peut s'attendre à la narration d'anecdotiques situations. Mais s'il s'agit bien d'une succession de saynètes autobiographiques l'ouvrage va bien plus loin que l'anodin. Pendant ce temps à White River Jonction, tout comme les autres travaux de Max de Radiguès, offre une narration à la fluidité impressionnante, sachant valoriser le quotidien sans jamais le banaliser.Le dessin, gracieux, accompagne ce mouvement naturel, sans fioritures et sans jamais céder aux sirènes d'une épure forcée par des limites graphiques. Les ballades automnales aux couleurs si douces sont là pour en témoigner. Et si durant tout l'ouvrage Max nous parle de ses maître avec déférence (James Kochalka, John Porcellino, etc.), cet ouvrage achève de prouver qu'il a parfaitement digéré les influences des ténors du nouveau minimalisme américain. Plus, il réussit à y ajouter une indescriptible touche personnelle (européenne ?) qui rend la saveur nouvelle.Une partie de ces planches sont parues dans Foucs, le supplément du Vif l'express entre septembre 2009 et mai 2010.
Décortiquer les textes fondateurs de la philosophie n'est pas toujours une mince affaire. Qu'est-ce qu'une scolie ? Un axiome ? Denys Moreau nous plonge dans l'Éthique de Spinoza qu'il s'approprie à travers une interprétation toute dessinée et toute personnelle. Parfois on patauge avec lui, quand les citations de l'oeuvre prennent une tournure totalement absurde, parfois surviennent des petites épiphanies, largement saupoudrées d'une bonne dose d'humour, et d'un peu de poésie. Denys Moreau, pour son premier livre, semble décortiquer autant le texte de Spinoza que l'attitude d'un lecteur contemporain, certes plein de bonne volonté mais souvent un peu dépassé par la pensée du philosophe. Habitué au dessin de presse, il propose des dessins sobres et percutants dans lesquels il façonne « sa » lecture de l'Éthique, confronte sa logique de lecteur et la logique de Spinoza, l'une bousculant l'autre et vice versa.
On était une bande, égarée dans un quartier flambant neuf au début des années 70. Des terrains vagues, des bois, les routes pas encore finis d'être goudronnées. On faisait nos 400 coups. Il y avait les «plus grands» qui nous pourchassaient en mobylettes, pour nous en faire baver dans la forêt. On se chamaillait aussi avec les gamins des cités voisines. On se passait entre nous une compil K7 qu'on écoutait en boucle sur un gros poste. Il y a avait des lieux qui avaient une aura de mystère, comme ce trou d'eau noire, dont on disait qu'il avait été formé par un avion venu se crasher. Il y avait aussi cet arrêt de bus qui nous terrifiait : la journée c'était notre point de départ vers le monde, vers Paris, mais le soir, surtout les derniers jours du mois, aucun d'entre nous n'y aurait jamais mis les pieds. La misère pousse à bien des extrémités et la rumeur voulait que pour boucler les fins de mois trop courtes, certaines femmes de la cité ypassaient le soir... «Ta mère la pute», faut pas croire, c'est pas sorti de nulle part comme expression. Et puis il y a eu cette histoire avec la K7... et là, ça c'est mal passé.