Issu du travail sur le terrain entrepris par Joe Sacco entre 1995 et 1996, Goražde est le récit passionné et rigoureux du calvaire de la ville et de ses habitants pendant la guerre qui a rava-gé l'est de la Bosnie de 1992 à 1995. Pendant les quatre mois passés là-bas, Sacco a recueilli les témoignages des survivants et observé leurs conditions de vie pour réaliser ce qui peut être défini comme l'un des ouvrages majeurs traitant de cet épisode tragique de l'histoire contem-poraine. La rigueur journalistique de Sacco, son souci constant de séparer les témoignages recueillis de ses propres opinions, les digressions minutieusement documentées sur le dérou-lement de la guerre en ex-Yougoslavie, sa maîtrise du langage de la bande dessinée en font un modèle de « reportage en bande dessinée ».
Alberto Breccia est sans doute un des auteurs de bande dessinée qui s'est inspiré le plus des grandes oeuvres de la littérature pour réaliser ses histoires. Cauchemars recueille cinq histoires brèves, en couleur, réalisées en 1981. Toutes ces histoires (sauf une qui a été publiée dans la revue Frigobox), sont inédites et sont tirées de nouvelles ou romans de Stevenson, Lovecraft, Ray. Plus que d'adaptation, on pourrait plutôt parler de notes de lecture. Le but de Breccia n'est pas de transposer un récit littéraire en bande dessinée mais d'en fixer par ce moyen l'atmosphère et surtout les sensations et les émotions qu'il a provoqué en lui. Ces récits sont remarquables par l'utilisation magistrale du rythme et de la couleur et représentent avec Dracula, la meilleur illustration du travail en couleur du maître argentin.
En décembre 1991 et janvier 1992, pour connaître un autre point de vue que celui donné par les médias américains, Joe Sacco part en Palestine dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. De ses ren-contres dans les camps de réfugiés et les territoires occupés, il tirera un livre majeur qui marquera l'acte de naissance du journa-lisme en bande dessinée.Palestine offre un bouleversant témoignage humain et un docu-ment de première importance sur le conflit israélo-palestinien qui, à des années de sa première publication, n'a pas perdu une once de sa pertinence et de sa force. Cette édition de Palestine, désormais considéré comme un des grands classiques de la bande dessinée de reportage, est accompagnée d'une préface originale de l'intellectuel et critique littéraire palestinien Edward Said ; et d'un texte où Sacco commente les passages clé de son livre tout en fournissant un éclairage précieux sur sa méthode de travail. Cette partie introductive est illustrée par de nombreux documents tels des pages des carnets de l'auteur, des esquisses et des photos.
L'Association finlandaise pour la bande dessinée (Finnish Comics Society) a lancé en 2011 le Finnish Comics Annual pour présenter les plus belles créations de la bande dessinée finlandaise. Contrairement à d'autres pays, la scène BD finlan-daise est marquée par une forte présence féminine. Les auteures finlandaises (dont la plus connue est bien sûr Tove Jansson, l'auteure des Moomin) ont don-né - surtout à partir des années 90 - une forte impulsion au neuvième art de par le ton de leurs récits ainsi que par le choix de leurs sujets.L'édition 2013 du Finnish Comics Annual, entièrement en français, est coéditée par la Finnish Comics Society et Rackham. Elle rassemble des récits inédits de jeunes et moins jeunes auteures et plasticiennes finlandaises et fournit un aper-çu intéressant de la création finlandaise contemporaine, riche et étonnante, mais encore troppeu connue hors des frontières du pays.Cette édition 2013 présente les travaux de Mari Ahokoivu, Terhi Ekebom, An-nukka Leppänen, Hanneriina Moisseinen, Reetta Niemensivu, Tiina Pystynen, Kati Rapia, Anna Sailamaa, Tiitu Takalo, Katja Tukiainen, Riitta Uusitalo et Aman-da Vähämäki.L'ouvrage a été réalisé sous la direction de Johanna Rojola et Kalle Hakkola.
Quel bonheur de lire monsieur lear, une si drôle et imposante figure, enchanteur du dessin et de la littérature, tant et si bien que l'on pense qu'il est le père du non-sens, et même.Pour certains allumés, un héraut de la bande dessinée. parents, enfants, caïmans géants, ouvrez donc les yeux pour dire.
Bien plus qu'un amusant journal de voyage ou qu'un simple détour dans le monde d'une enfant particulière, ce petit chef-d'oeuvre, qui va ravir les amateurs de bande dessinée, est un véritable manuel pédagogique qui en apprend bien plus sur l'autisme que de nombreux ouvrages académiques consacrés à cette question sur l'être humain dans sa diversité et sur notre société.
Alberto Breccia, l'un des auteurs de bande dessinée les plus importants du XXe siècle, a brisé les codes et révolutionné le genre. Faisant figure de précurseur, il a enrichi le neuvième art d'un sens nouveau et en a élargi les potentialités narratives. Les entretiens recueillis dans ce volume, fruit de conversations menées à bâtons rompus entre le dessinateur et le scénariste Juan Sasturain, dévoilent les multiples facettes du créateur en même temps qu'un homme au caractère intègre, tendre et doux, mais aussi têtu et caractériel.Un homme qui s'est fait tout seul et sans détours, unique et inoubliable. Longtemps restées enfouies dans les archives de Sasturain, ces confidences enregistrées sur cassettes ont depuis fait l'objet de retranscriptions fidèles, classées par thèmes : ses premiers pas dans la profession, ses relations avec confrères et éditeurs, ses intérêts, influences, sources visuelles et littéraires mais aussi la genèse de ses histoires, sa conception du travail de dessinateur et enfin sa vision de la bande dessinée comme moyen d'expression à part entière.Le tout forme un éclairage incomparable et souvent inédit à la fois sur l'artiste et sur l'homme. Les textes de Breccia sont accompagnés d'un grand nombre d'illustrations, la plupart encore jamais présentées, et d'un corpus de notes permettant de familiariser le lecteur français avec les situations et les personnages qu'y sont évoqués. Une chronologie détaillée situe pour finir l'oeuvre de Breccia dans son contexte historique.
La vie et les oeuvres d'un jeune dessinateur de bande dessinée en quête d'un succès qui tarde (un peu trop) à venir. Pussey ! est, avec Ghost World et Comme un gant de velours..., une des oeuvres qui ont contribué à faire connaître et apprécier Daniel Clowes en France. Cette petite balade dans l'univers du comics américain, aux accents vaguement autobiographiques, fait pleinement ressortir les talents de narrateur de Clowes, son humour grinçant et sa justesse. Pour cette nouvelle édition, l'auteur a réalisé une couverture originale, une nouvelle maquette intérieure et, surtout, une préface dessinéeinédite de deux pages.
Le 26 décembre 2004 un terrifiant tsunami frappa l'Indonésie, le Sri Lanka et l'Inde. Lorsque les eaux se retirèrent, elles firent place à la douleur et à des paysages dévastés. Joydeb et Monyna Chitrakar (chitrakar signifie peintre en bengali), tenants de la tradition des rouleaux patua employèrent leur art pour créer Tsunami, un livre dédié à la mémoire des victimes de cette catastrophe . La langue d'eau du tsunami s'y déverse tout au long du rouleau emportant avec lui victimes innocentes, troupeaux et objets confondus. Les artistes décrivent le déroulement des événements, l'impuissance des hommes face aux éléments et parviennent par leur poésie à rendre toute l'émotion soulevée par cette tragédie.La tradition des rouleaux peints patua est un élément important de la culture bengali. Les conteurs, sorte de menestrels, se déplacent de village en village, réunissent les villageois auteur d'eux et content ou chantent, en déroulant leurs rouleaux, des histoires traditionnelles ou reprennent des événements de l'actualité pour leur donner une dimension universelle. Cette forme d'art, autrefois répandue aussi en Europe (il suffit de penser aux conteurs itinerants siciliens, qui se servaient - eux - de grands tableaux où le récit était découpé en cases comme dans une bande dessinée) et aujourd'hui confinée dans les musées, est encore bien vivante dans les états indiens du West Bengal et du Bihar. Le site de Hervé Perdriolle donne des informations sur cet art et en réproduit plusieurs exemples.Premier rouleau patua publié sous forme de livre, Tsunami a été conçu, imprimé en sérigraphie et relié à la main en Inde par l'atelier des éditions Tara à Chennaï, dans le respect des principes qui sous-tendent le commerce équitable.L'art patua se situe à l'aube du cinéma et de la bande dessinée (Hervé Perdriolle) et Tsunami ouvre une fenêtre sur une forme ancestrale au croisement des littératures graphiques et orales
Au moment de sa première publication, en 1974, l’adaptation des Mythes de Cthulhu de H.P. Lovecraft par Norberto Buscaglia et Alberto Breccia fit l’effet d’une véritable bombe. Les critiques et la profession saluèrent unanimement le formidable bond en avant accompli par Breccia. Ce qui les étonna et qui étonne encore aujourd’hui, en permettant de classer les Mythes de Cthulhu parmi les chefs-d’œuvre de la bande dessinée, c’est la véritable débauche de solutions graphiques et d’expérimentations mises en œuvre par Breccia : pinceau sec, collages, utilisation de textures imprimées, tous ces moyens sont employés avec une surprenante liberté créative pour construire des nouveaux types de lumières et de matières. Parallèlement, Breccia développe un style différent pour chaque histoire, en passant avec aisance du réalisme à l’abstrait, pour coller le plus possible à l’atmosphère du récit. Son pari, pousser le lecteur à revivre les oppressantes atmosphères de Lovecraft, est pleinement gagné grâce à l’emploi savant de ces artifices, tant qu’aujourd’hui encore ces images dégagent une force inquiétante.Au délà de l’humilité avec laquelle les deux auteurs se rapprochent de l’œuvre de Lovecraft, ne modifiant pratiquement jamais le texte d’origine, le choix de Breccia et Buscaglia de baser tout le récit sur des larges « citations » sans presque jamais utiliser des dialogues, ne fait que centrer encore plus le travail d’adaptation sur le « rendu » graphique des atmosphères suggérées par l’écrivain. Plus de quarante ans plus tard, « Les Mythes de Cthulhu», restent un des plus lumineux exemples d’adaptation en bande dessinée d’un texte littéraire, sans doute la meilleure transposition de l’œuvre de Lovecraft et un des sommets de l’art d’Alberto Breccia.L’édition publiée par Rackham en 2004 (la première qui présente l’intégralité du cycle de Cthulhu) étant épuisée depuis longtemps, nous avons décidé d’en réaliser une nouvelle, dans un format différent et entièrement revue et corrigée, mais toujours imprimée en bichromie et en trame aléatoire pour rendre au mieux le formidable travail du Maître de Haedo.
Dans un appartement cossu du centre ville, une jeune fille fume cigarette sur cigarette et essaye de chasser la tristesse qui l'envahit. Quelqu'un sonne à la porte. Masque et collants pas de doutes, c'est le fameux vengeur masqué dont toute la ville parle ! Des souvenirs qu'elle croyait enfouis à jamais refont alors surface : la tristesse disparaît, la vie - la vraie, celle faite d'émotions et de sentiments - commence à nouveau..Particulièrement attiré par le genre super héros, qu'il considère comme le seul qui a été crée par et pour la bande dessinée, Rubín s'amuse à le démonter et en étudier le mode de fonctionnement. S'il a parfaitement intégré la leçon de Frank Miller, l'auteur remonte pourtant ce mécanisme en y ajoutant une touche poétique tout à fait personnelle.
Les pensées d'un mort errent au-dessus du Canal Saint-Martin. Les échos d'un destin absurde et cruel resurgissent. Charles, provincial monté à Paris, a en apparence tout réussi. Un travail, des maîtresses et une femme superbe, il accumule fièrement les succès. Tout va basculer le jour où débarque dans sa vie bien rangée son frère Serge, paumé et mal dans sa peau... Après un remarquable premier album, En série, paru en 2002 aux éditions Frémok, Aude Samama revient avec un livre qui confirme son goût pour les intrigues intimes et passionnelles. Dans la lignée de Breccia ou Mattotti, elle affirme une sensibilité unique empruntant les flammes de la peinture expressionniste pour transcrire des tragédies où plane l'ombre du désir. Simple et terrible, L'intrusion est un drame ardent qui vient confirmer une nouvelle voix dans la bande dessinée d'aujourd'hui.
De septembre 1999 à mai 2000, Troub's a suivi de ferme en ferme - de la Dordogne à la Charente - un des derniers bouilleurs de cru du pays. Dès potron-minet, le travail se fait harassant, mais les effluves d'alcool aident les langues à se délier, car la « bouille » est le moment privilégié pour les paysans du coin de voir du monde, discuter autour de l'alambic, remémorer les souvenirs... et boire un petit gorgeon.Motivé par le désir d'en savoir plus sur ce monde nocturne et discret, sur cet ancien métier promis à la disparition mais aussi soucieux de connaître plus en profondeur la réalité qui l'entoure (l'auteur habite la Dordogne), Troub's est devenu apprenti bouilleur et reporteur. Il a tiré de ces huit mois de travail une bande dessinée marquée d'humanisme et d'humour, riche de détails sur le métier de bouilleur, ses usages, ses outils. Dix ans plus tard, Troub's retrouve le monde de la « bouille » et ajoute un nouveau chapitre à son livre : qu'en est-il aujourd 'hui des bouilleurs de cru, que sont devenus ces hommes, que reste-t-il de cet univers riche en traditions et en humanité...
Brian est le fils mutant d'une femme qui a loué son corps à la science. Il est né sans boîte cranienne et son cerveau est complétement à découvert ; cette particularité lui confère d'inquiétants pouvoirs télépathiques. Le monde dans lequel Brian évolue ressemble beaucoup à notre quotidien ou à ce qu'il pourrait bientôt devenir. Brian incarne toutes les diversités : son quotidien est fait de discriminations et de difficultés d'intégration. Son existence est une lutte quotidienne et silencieuse pour sa survie. Bref, le pire du pire de notre existence actuelle. L'univers de Brian est sans doute un des plus violents qu'un dessinateur de bande dessinée a pu coucher sur le papier. Seulement peut-être certaines pages de Spiegelman peuvent autant choquer. Le regard de Martin sur son personnage est plein d'amour et de poésie et contraste violemment avec letraitement totalement opposé de l'environnement qui l'entoure. La lecture de Brian the Brain est un passage nécessaire pour mieux comprendre notre quotidien. Mais attention : on n'en sort difficilement indemnes !
Dès ses débuts, David Rubín a été fasciné par l'univers des super-héros qu'il considère comme le seul genre créé, par et pour la bande dessinée. Dans ses oeuvres précédentes (Hors d'atteinte, Le salon de thé de l'ours malais), Rubín multiplie les références au genre et à ses personnages, en particulier au Superman de Jack Kirby. Jouant avec la symbolique de cet univers, Rubín déstructure le super-héros et sonde sa psychologie, se penchant particulièrement sur ses points faibles, sur cette vulnérabilité qui le rend si normal, si humain. Le héros est la mise en abîme ultime du super-héros, le retour aux sources de ce mythe contemporain à travers la relecture de la saga des Douze travaux d'Héraclès.Avec Le héros, formidable opus qui comptera plus de 500 pages une fois achevé (le deuxième volume est prévu pour le printemps 2013), Rubín s'affirme comme un des dessinateurs les plus talentueux de sa génération. On pourra apprécier son trait particulièrement dynamique et sa maîtrise du récit tout au long d'un espace narratif d'une ampleur, il faut le souligner, tout à fait exceptionnelle.
Love & Rockets X est sans doute une des oeuvres majeures de Gilbert Hernandez ; pour la première fois, l'auteur développe son récit dans un lieu et à une époque facilement identifiables : Los Angeles à la fin des années quatre-vingt.Cette histoire aux multiples facettes et dans laquelle évoluent près de trente personnages, fait écho à Nashville, le film de Robert Altman tourné en 1977, pas seulement dans la structure mais aussi dans les intentions. Love & Rockets X se déroule juste avant deux événements emblématiques de la décennie : la Guerre du Golfe et l'affaire Rodney King qui hante déjà, comme des fantômes, le récit de Gilbert Hernandez.Love & Rockets X parle en effet des tensions, des conflits, des espoirs et des rêves d'une génération et dresse une sorte d'état des lieux des problèmes raciaux, sexuels et politiques de la société américaine. Dix ans après, la bande dessinée de Gilbert Hernandez n'a rien perdu de sa charge émotionnelle et de sa finesse dans l'analyse psychologique et sociologique des personnages comme des situations.
« Mort Cinder est la mort qui jamais ne s'accomplit. Il y a un héros qui meurt et qui ressuscite. Il y a un tourment et une souffrance. C'est peut-être une réponse à un état d'âme particulier chez moi, mais l'essentiel de cette atmosphère vient de Breccia, qui est encore plus tourmenté que moi. Son dessin, avec sa quatrième dimension, avec sa force de suggestion, le distingue de la plupart des artistes que je connais. Et c'est cette force dont il use en permanence qui lui fournit toute sa valeur et qui provoque l'imagination des scénaristes. » Héctor Germán Oesterheld.Plus de seize ans après sa dernière publication en France, les éditions Rackham offrent un nouvel écrin au chef d'oeuvre d'Oesterheld et de Breccia en proposant une version intégrale de cet album que d'aucuns considèrent comme l'un des plus importants de l'histoire de la bande dessinée argentine et mondiale. Le volume rassemble les dix épisodes que compte l'oeuvre, parus en Argentine à partir de 1962, auxquels s'ajoute le scénario inédit d'un onzième épisode jamais réalisé. À l'occasion de cette publication, la traduction a fait l'objet d'une révision complète et de nombreuses pages ont bénéficié d'une restauration fidèle aux planches originales de Breccia.
Le matin du 19 octobre 1945, Primo Levi revient à Turin, sa ville natale, après un an passé dans le camp d’Auschwitz et un long périple à travers toute l’Europe de l’Est. Levi était alors un jeune homme de 26 ans qui rentrait chez lui « bouffi, barbu et en haillons », habité par un besoin presque physique de raconter. Deux ans plus tard, il publiera Si c’est un homme et, en 1963 La Trêve, les témoignages les plus poignants jamaisécrits sur l’univers concentrationnaire.Cinquante ans plus tard, ce sont deux jeunes gens qui se rendent à Turin pour suivre la trace de Levi, et en recueillir l’héritage moral tout en brossant son portrait d’homme et d’écrivain.Entre biographie et fiction, la bande dessinée de Pietro Scarnera se nourrit des photos et documents d’époque et se déroule suivant les anecdotes reportés par Levi lui-même ; elle trace son parcours d’écrivain depuis « Si c’est un homme » et jusqu’à « Les naufragés et les rescapés », pour s’arrêter un instant avant ce matin d’avril 1987 où Levi a mis fin à ses jours.Restituant en plein la complexe personnalité de Primo Levi, Une étoile tranquille est une invitation à découvrir ou redécouvrir une des oeuvres les plus emblématiques de la littérature du XXe siècle.
Quel adolescent n'a pas connu à un moment ou l'autre l'exaltante expérience d'être FAN d'un groupe ou d'un chanteur ? Qui n'a pas écouté SES disques au moins douze heures par jour, n'a pas appris par coeur les paroles de SES chansons ? Rares sont ceux qui peuvent répondre « Pas moi. » à ces questions ; tous les autres, par contre, ne s'en vantent certainement pas et font glisser doucement dans l'oubli cet épisode embarrassant de leur jeunesse. Mike Dawson a, lui, décidé de raconter son épopée de fan commencée à l'âge de neuf ans, quand il écoute par hasard I want to break free et tombe littéralement amoureux de Queen et de Freddie Mercury. Cependant, Mike ne devient pas l'obsédé qui tapisse sa chambre de posters, se fait tatouer l'avant-bras, ou qui ne perd pas une occasion pour harceler son idole. Il reste un pré-adolescent qui se chamaille sans cesse avec sa soeur (qui préfère George Michael et Wham !) ou se dispute violemment avec ses copains d'école adeptes du grunge. Sa vie ressemble en tout et pour tout à celle de millions d'adolescents : une enfance dans une paisible bourgade, les disputes avec la fratrie, les problèmes avec les adultes, la passion pour la bande dessinée, les premiers amours...Freddie devient tout simplement son meilleur ami, ses chansons la bande son qui rythme les moments clé de son passage à l'âge adulte (Quand je pense à Queen, je peux me rappeler de toute ma vie), une sorte de point de repère sur le chemin tortueux de l'existence : J'appuie sur le bouton et la musique démarre. C'est toujours la même, mais les choses que je ressens commencent à changer. Un sentiment partagé par tous les ex-fans que nous sommes et qui nous identifie aux personnages de Dawson, même si Queen n'a pas été forcément notre groupe préféré.Dans Freddie et moi, Mike Dawson utilise à merveille le registre autobiographique qu'il arrive à décliner avec délicatesse et humour du début à la fin de ce long récit de plus de 300 pages qui se lit d'une seule traite. Toujours mesuré, le récit ne tombe jamais dans le sentimentalisme ou le nombrilisme
Ceux qui l'ont fait, savent que traverser des continents ne garantit pas la rencontre avec l'altérité : au bout du chemin, vous avez toutes les chances de ne rencontrer que vous-mêmes, vos certitudes, vos aprioris, vos limites. Mais traversez votre jardin, votre palier, et allez voir votre voisin : votre monde vacille, vos certitudes morales s'écrasent contre un mur, tout ce que vous teniez pour évident se fissure.Dans une bande dessinée, on considère ce qu'on voit comme porteur d'une double évidence : l'image ne laisserait rien échapper à notre regard, elle serait l'affirmation d'elle-même rendue plus évidente encore par le récit, dont elle ne serait que le contexte. Et si le fait même de regarder devenait l'objet d'un récit ? S'il n'y était question que de rapports entre différentes façons de regarder, angles de vues, moments du regard ? Et si cette question prenait son sens dans la sphère politique, où un monde, une nation, une cité se construisent en ne donnant à voir que certains points de vue appelés réalité ? Dans le chaos apparent des images de Moins par moins se dessine une forme d'éducation au regard, une conscience rénovée de la puissance politique des images.
Dans une ville de province entourée de montagnes et de bois, des disparitions inex-plicables se succèdent à un rythme inquiétant ; la forêt semble engloutir tous ceux qui s'y aventurent. Des recherches sont menées en vain et la psychose gagne peu à peu les habitants. Cassie et Clay débarquent en ville pour reprendre la station de service d'un père qu'ils n'ont pas connu et qui compte parmi les disparus. Ils ne vont pas tarder à se rendre compte que rien ne tourne rond : le chef de la police s'inté-resse plus à ses intérêts immobiliers qu'au sort de ses concitoyens, le collègue de travail de Cassie est narcoleptique et un fantôme apparaît soudainement dans le lit de Clay. Sans s'en apercevoir, Cassie et Clay se retrouvent bientôt au centre de l'intrigue et lèvent peu à peu le voile sur ces mystérieuses disparitions. Ce qu'ils vont découvrir ira bien au delà de tout ce qu'ils pouvaient imaginer.Sean Ford réalise une bande dessinée placée sous le signe du suspense et du mys-tère. Son trait suggère une sensation de danger imminent qui se renouvelle page après page. Par sa parfaite maîtrise de la narration, il entraîne le lecteur dans un récit truffé d'indices et d'allusions sans que l'on ne puisse pour autant jamais deviner ce qui va se passer. Dans la plus pure tradition du « roman noir », Ford renouvelle le genre en y ajoutant une surprenante et heureuse touche fantastique.
Un homme marche lentement, un livre à la main, le long des quais de la Seine. Ses pensées le portent loin, dans les montagnes du Titteri, à l'école française de la zaouia de Madala, enveloppée d'une dense fumée qui étouffe tout : le paysage, les hommes, les animaux. Dans l'école, que le feu consomme lentement, rôdent les hommes qui ont «détourné les fleuves du Livre vers les sources de l'Enfer». Sous le soleil masqué par un dense écran noir, ils effacent - au tranchant d'une lame de couteau - la vie, la parole, la mémoire.Dans les pages de La jeune femme et la mort, Nabile Farès sublime, dans un texte aux forts accents poétiques, le drame qui a gorgé de sang sa terre natale d'Algérie et stigmatise une violence qui frappe les hommes en leur ôtant non seulement la vie mais aussi la parole, la mémoire et la dignité. Kamel Khélif ajoute une nouvelle dimension aux mots, en charge et amplifie le sens. Mêlant la puissance du geste à la finesse presque calligraphique du détail dans une matière maîtrisée à la perfection, Khélif déroule, page après page, les fils d'un récit à l'exceptionnelle puissance évocatrice. À chaque case, La jeune femme et la mort plonge le lecteur dans un univers visuel riche et complexe où paroles et images donnent un nouveau sens au mot bande dessinée.
Avant de réaliser les deux chefs-d'oeuvre du « journalisme en bande dessinée » que sont Palestine et Gorazde, Joe Sacco a dessiné de nombreuses histoires courtes tenant souvent en une seule page mais pouvant parfois aller jusqu'à une trentaine de planches. Journal d’un défaitiste présente la quasi totalité de ces travaux journalistiques et autobiographiques, où figurent notamment des histoires de guerre : Quand les bonnes bombes tombent sur les méchants, qui retrace l’histoire des bombardements des populations civiles ; Plus de femmes, plus d’enfants, plus vite, où Sacco raconte les expériences endurées par sa mère lors de la Seconde Guerre mondiale à Malte ; et Comment j’ai aimé la guerre, suite de récits plus personnels et plus proches des derniers travaux de Sacco, réflexion passionnée et caustique sur la couverture médiatique de la Guerre du Golfe. S'en suivent des histoires telles que En compagnie des longs cheveux, pièces de journalisme-gonzo sur la tournée européenne d’un groupe de rock qu’il suit sur les chemins de tous les excès et, pour terminer, une série de courts récits où l’auteur laisse libre cours à sa débordante veine satirique. Journal d’un défaitiste condense tous les sujets que Joe Sacco affectionne dans une sorte d’inventaire de ses formidables talents journalistiques. De fait, les lecteurs de ses oeuvres plus récentes pourront retrouver dans ce livre son trait expressif, sa prose brillante et ses commentaires subtils.
Une certaine partie du corps de la femme, celle que Gustave Courbet a évoquée dans son tableau L’origine du monde, a suscité et continue de susciter l’intérêt un peu trop “vif“ de certains représentants de la gent masculine. C’est ainsi que le Dr. Kellogs, l’inventeur des corn-flakes, a pu affirmer que la masturbation provoque le cancer de l’utérus et le Dr. Baker-Brown a pu préconiser l’éradication de l’onanisme féminin par l’ablation du clitoris (la dernière a été pratiquée en 1948). Si le corps médical n’y va pas avec le dos de la cuillère, les philosophes ne sont pas en reste. Jean-Paul Sartrepeut ainsi écrire « ... le sexe féminin... est un appel d’être, comme d’ailleurs tous les trous ». Sous la plume acérée de Liv Strömquist défile toute une galerie de personnages (pères de l’église et de la psychanalyse, pédagogues, sexologues) dont les théories et les diagnostics ont eu des conséquences dévastatrices sur la sexualité de la femme. Après avoir disséqué dans Les Sentiments du Prince Charles le mariage en tant que construction historique et sociale, Liv Strömquist lève le voile sur des siècles de répression sexuelle et fait voler en éclats toutes les idées fausses autour du sexe féminin, sans oublier d’égratigner - au passage - l’obsession de notre culture pour la sexualité binaire. Dans ce nouvel essai en bande dessinée, Liv Strömquist nous surprend encore une fois par la justesse et la clarté de son analyse, ses allers et retours effrénés entre passé et présent, ses parallèles inattendus et, surtout, son humour au vitriol.
« Tu poursuivras la bête et la transperceras de ta flèche. Tu couperas sa tête, mangeras son coeur et boiras son sang. Elle t'apprendra à voir le vrai visage du monde ».Obéissant à l'oracle, l'homme se met à traquer l'animal, gibier capable de sustenter toute sa famille, toute sa tribu. S'enfonçant dans la forêt inhospitalière, nécrosée, le chasseur flaire sa pâture, perd sa trace puis la retrouve. La quête devient alors initiatique : la proie se fait guide, l'homme et l'animal, s'agrègent pour écrire, par-delà l'espace et le temps, leur tragédie commune.Dans ses précédents travaux de bande dessinée (Psychonautes) et de cinéma d'animation (Psiconautas, los niños olvidados et Decorado), Alberto Vázquez dénonçait les ravages de la pollution massive et la déshumanisation croissante de notre modèle social. Autant de métaphores dystopiques qui lui ont permis de mettre en évidence l'échec de la modernité, que la science et le progrès, ces mythes, ne peuvent désormais plus enrayer.Ces thèmes constituent de nouveau le coeur de La chasse, haletant récit de traque et de survie mêlant rites primitifs et initiatiques où Vázquez recompose le couple ancestral homme/ animal, lui seul qui pourrait endiguer la destruction du vivant. Tissées d'échos à l'art pariétal, à la peinture classique chinoise ou encore à l'expressionnisme sombre de Lynd Ward et Frans Maaserel, les pages de La chasse sont de plus émaillées de lavis saisissants. Le tout est mis au service d'une allégorie puissante à la poésie déchirante, qui incite à la réflexion.
Maria est capable de manger comme un ogre, de dresser des listes interminables des noms des personnes qu'elle a rencontre es et de couper une feuille de papier en mille petits carre s parfaitement identiques. Elle passe ses journées a e couter de la musique et tout récemment s'est de couvert une passion pour le dessin. Maria vient d'avoir 20 ans ; Miguel, son père, est fier d'elle tout aussi qu'inquiet a propos de son avenir... comme tous les pères ; sauf que pour Miguel les choses sont un peu différentes, car Maria est autiste.En 2007, Miguel Gallardo réalisait Maria et moi, la bande dessinée ou il décrivait avec tendresse la routine des vacances avec sa fille. Le livre a apporte un nouveau regard sur l'autisme et connu un succès formidable : il a e te traduit en neuf langues et adapté au cinéma dans un documentaire-fiction plusieurs fois prime . « Huit ans se sont écoulés -dit Gallardo- et Maria vit encore aux Canaries, à 3 heures d'avion de Barcelone, où j'habite. On ne part plus en vacances dans un complexe hôtelier parce qu'on en a marre des Allemands. Maintenant on passe nos vacances à Barcelone et sur la Costa Brava... Maria a 20 ans est le journal de ce que nous faisons durant ce mois et demi d'été que nous passons ensemble. On rit encore beaucoup, on fait des listes et on écoute la musique choisie par Maria. Maria a grandi : certaines choses ont changé et d'autres sont restées identiques. Ce livre parle de tout ça... et du futur ». Toujours avec beau-coup de tendresse, une bonne pince e d'humour et un soupçon de tristesse.
Lors d’une conférence de presse après ses fiançailles avec Diana, le prince Charles dut répondre à la question : « Êtes-vous amoureux ? » Après une petite hésitation, il répondit : « Oui... Quel que soit le sens du mot “amour” ». Or, en lisant la presse people quelques années plus tard, on constata que, de toute évidence, Charles et Diana n’attribuaient pas du tout le même sens au mot « amour »... En feuilletant les mêmes magazines, on pouvait aussi se demander comment Whitney Houston avait pu tomber amoureuse d’un sale type comme Bobby Brown, et de remarquer au passage qu’en matière d’amour, le bonheur de l’un ne fait pas forcement celui de l’autre.?« Qu’est-ce donc que l’amour ? » Forte du constat que les déconvenues sentimentales sont loin d’être l’apanage exclusif de quelques chanteuses ou têtes couronnées, Liv Strömquist mène sa réflexion sur le pourquoi du comment de la relation amoureuse.?Ainsi, les moindres faits et gestes de Charles, Diana, Whitney, Bobby Brown (et d’une foule de philosophes, écrivains et hommes politiques qui peuplent les pages de Les Sentiments du Prince Charles) se mêlent à des faits historiques ou à des situations tirées du quotidien. En replaçant les liaisons sentimentales dans leur contexte socio-culturel, elle invite à reconsidérer la relation amoureuse autrement que selon la norme hétérosexuelle-monogame. Essai en bande dessinée rigoureux et documenté, Les Sentiments du Prince Charles est avant tout un plaidoyer passionné pour l’autodétermination et la libération des corps et des consciences. Par son humour décapant et salvateur, Liv Strömquist insuffle à son livre une exceptionnelle vitalité, tout en réussissant – par son trait à première vue naïf – à l’imprégner d’une fraîcheur singulière qui renforce son propos.
La légende urbaine voudrait que Leonardo DiCaprio ait enchaîné trente-deux conquêtes - toutes de sublimes top models - mais sans tomber amoureux d'une seule. Faut-il en chercher les raisons dans les arcanes de la société de consommation et sa propension au narcissisme ? Dans les lois de la biologie ? Ou, tout bêtement, dans le fait que ce cher Leo ne soit pas encore tombé sur la bonne ? Et nous, dans tout ça, sommes-nous, comme lui, des complexés de l'engagement ? Liv Strömquist, que l'on ne présente plus, a choisi d'intituler sa nouvelle bande dessinée La rose la plus rouge s'épanouit, en référence et hommage à un vers de la poétesse américaine féministe Hilda Doolittle (H.D.) qui, dans sa vie comme dans ses écrits, prônait des amours libérées. Une nouvelle occasion pour elle de disséquer les comportements amoureux à l'ère du capitalisme tardif et de les interroger : comment maîtriser les élans du coeur ? Que faire en cas de chagrin d'amour ? Pourquoi les histoires d'amour finissent-elles mal, en général... ? Et pourquoi certaines personnes papillonnent-elles sans jamais se poser ? Avec sa pertinence et son humour habituels, l'auteure entrechoque les références attendues et d'autres qui le sont moins - entre Beyoncé, les Schtroumpfs, des acteurs de télé-réalité, Jésus ou encore des sociologues... - pour sonder les coulisses de la passion. Savez-vous que Socrate était un véritable Don Juan avant l'heure, ou bien ce qu'est devenu Thésée, une fois le fil amoureux d'Ariane rompu ? Ou, encore, connaissez-vous Lady Caroline Lamb, ici érigée en modèle, dont les coquetteries avec Lord Byron ont défrayé la chronique de l'époque ? Autant d'exemples qui permettent à Liv Strömquist de dévoiler une véritable anatomie de l'éros en quelques battements...
Serveurs et barmen, prostituées et transsexuels, hooligans et paparazzi, se croisent en dix neuf récits courts qui se déroulent à quelques jours du 12 décembre 2012. Le jugement dernier, sous forme d'une invasion extra-terrestre, va bientôt tous les emporter avec le reste de l'humanité mais, insouciants, ils continuent à traîner leurs pauvres existences remplies d'égoïsme cynique et de solitude désespérée. Observateur attentif et détaché de la nature humaine, Giacomo Monti dissèque un à un ses personnages et les met en scène dans une tragi-comédie hallucinée, peuplée d'aliens et d'aliénés, portrait sans concessions de la société contemporaine.Personne ne me fera de mal a inspiré Gipi (Ma vie mal dessinée, Notes pour une histoire de guerre) pour son long-métrage : L'ultimo terrestre (Le dernier terrien) présenté à la 68e Mostra de Venise en août 2011.
Crée et publié au cœur de la bouillonnante période (plus connue sous le terme de movida) qui a suivi la fin du régime franquiste, Peter Pank est une parodie qui s’inspire plus du film d’animation de Walt Disney que du roman de J. M. Barrie, dont les personnages sont passés à la loupe déformante des bouleversements culturels et des tensions politiques qui traversent la société espagnole. Ainsi, le célèbre garçon qui refuse de devenir un adulte se métamorphose en punk bagarreur et les Enfants Perdus en apôtres de la violence gratuite. Les pirates du Capitaine Crochet deviennent une bande de rockers, les Sirènes d’insatiables nymphomanes et les Peaux-Rouges des consommateurs compulsifs d’hashish et de LSD…
Daria a quitté sa Pologne natale pour suivre des cours debande dessinée dans une école suédoise. Une fois arrivée à Malmö, comme elle n'a pas réussi à décrocher une bourse, elle se met à la recherche d'un travail pour pouvoir payer ses études. Elle se frotte d'emblée aux inconséquences de l'administration : pour pouvoir travailler, elle doit avoir un numéro fiscal et, pour avoir un numéro fiscal, elle doit avoir un travail. Il ne lui reste qu'une solution : un job au noir dans la restauration. Embauchée comme serveuse dans un restaurant indien, elle découvre vite que, en plus des horaires massacrants et d'une paye de misère, il y a quelque chose d'autre qui ne tourne pas rond. Aidée par une journaliste et un délégué syndical, Daria mène l'enquête sur son lieu de travail. Sa vie va en être totalement bouleversée... Dans le Noir est le récit autobiographique d'une lutte syndicale menée par ceux qui vivent en marge de la société. Daria Bogdanska y dresse le portrait d'une génération qui ne connaît pas la sécurité de l'emploi tout en livrant un témoignage de l'intérieur sur la réalité du quotidien éclaté de la précarité. En même temps, Dans le Noir est l'histoire d'un nouveau départ laborieux, loin de chez soi, où l'aliénation de la vie dans une grande ville fait contrepoint à l'appétit d'amour, le désir d'intégration et la quête justice.
Sorti pour la première fois en France en 1994 (un an après sa sortie en album aux États-Unis), le premier volume de la saga de la Ville du péché est considéré comme une des oeuvres majeures de Frank Miller, qui a marqué l'histoire de la bande dessi-née. Politiciens véreux, prostituées, femmes fatales, voyous et pauvres types se croi-sent dans les pages de Sin City, composant une fresque cynique et parfois ironique d'une société malade. Hybridation entre roman noir, univers des super-héros et codes du manga, Sin City surprend encore aujourd'hui par son scénario admirable-ment construit et l'élégance puissante du noir et blanc de Miller.À l'occasion du vingtième anniversaire de sa première sortie, Rackham réédite l'intégralité de la série dans un nouveau format et avec de nouvelles couvertures, en com-mençant par ce premier volet qui va prendre désormais le titre de The hard goodbye que Miller lui a attribué en hommage à Raymond Chandler.