Pascal Matthey travaille à la réalisation de 978 depuis 2004. Huit années d'effort pour parvenir à une bande dessinée concrète, entièrement composée à partir de catalogues, d'affiches, d'imprimés promotionnels d'éditeurs, bref, de rebuts du 9e art voués aux déchetteries. Ces images déclassées, vouées à l'illisibilité éternelle, Il les a méticuleusement atomisées, chirurgicalement décomposées, réordonnées, cut & paste sur papier, aux ciseaux et à la colle.L'unité sémantique minimale de la bande dessinée, c'est la bande dessinée ellemême, avait-on écrit ailleurs: on ne peut en extraire une image, une planche, une séquence, sans la dénaturer, sans en perdre le sens qui est sa fin et son origine.Pascal Matthey commet-il, avec 978, un sacrilège ? Annihile-t-il, avec les formes et l'ordonnancement, les significations ?978 est une synthèse, la synthèse de toute la bande dessinée franco-belge, dans toutes ses formes, non pas magma informe, confusion, mais chaos présenté en son essence chaotique et convulsive. Une bande dessinée concrète composée uniquement à partir de lambeaux de catalogues de bande dessinée déchiquetés. Des compositions colorées hallucinées pour un résultat étonnamment narratif.
Dans le jargon de l'imprimerie, le blanco est un exemplaire d'un livre relié mais non imprimé qui permet à l'éditeur de se faire une idée précise de l'objet fini et d'en éprouver des variantes (apparence, poids, épaisseur, grammage et main du papier, etc.) lorsqu'il sort des formats usuels. Blanco s'inscrit strictement dans la tradition de la bande dessinée franco-belge telle qu'elle a été décriée naguère par Jean-Christophe Menu lorsqu'il fustigea la standardisation des formats, donc des contenus, dans les pamphlets d'Éprouvettes, en forgeant l'expression qui fit flores « 48cc » (abréviation de « 48 pages cartonné-couleurs », le standard industriel auquel ne dérogeaient pas encore les éditeurs mainstream).Le principal apport à la bande dessinée de l'éditeur L'Association est sans conteste d'avoir créé ce terme pour désigner ce que, par son ubiquité même, on ne percevait pas, ce format se confondant avec la bande dessinée elle-même. Blanco est un 48cc. Puisque le format lui-même charrie des significations autant qu'il les génère, Blanco dit et montre ni plus ni moins que n'importe quelle bande dessinée de ce format et de ce standard. Elle a simplement été épurée de ses scories jusqu'à l'os pour n'être plus que la quintessence de tout un genre qui a déjà assez lassé.
Si les lecteurs francophones connaissent bien, désormais, le manga japonais, ils découvrent à peine le pire de ce qui se fait en matière de manhwa, la bande dessinée coréenne, une production paradoxalement généralement destinée aux jeunes filles (le sunjeong manhwa) ou imitant le manga japonais.Véritable phénomène culturel et commercial, le manhwa peine pourtant à se développer en dehors des sentiers rebattus du manga. Cependant, des formes plus radicales et des propos d'auteurs véritablement contemporains émergent des dizaines d'écoles de bande dessinée de Séoul. Un éditeur a eu le courage de les éditer : Saï Comics de Kim Dae-Joong. La Cinquième Couche a choisi de traduire dix d'entre eux. Pour de meilleurs lendemains rassemble la crème de la bande dessinée coréenne contemporaine. Ces dix auteurs à la narration et au graphisme puissants font partie, pour la plupart, du collectif Anazo, issu de la section animation de la Korean National University of Arts. Ils explorent chacun à leur façon leur univers intime ou quotidien, avec des moyens graphiques toujours renouvelés.
Dans le jargon de l'édition, 48CC désigne une bande dessinée de tradition franco-belge, de 48 pages, en format A4, cartonnée et en couleur.Le 48CC est la pagination la plus économique, devenue la norme parce qu'elle est réputée plaire aux enfants. Ilan Manouach achète, dans le marché de seconde main, quarante-huit albums 48CC appartenant aux séries les plus populaires de la bande dessinée franco-belge, suivant le guide Moliterni. Les albums sont soigneusement scannés et chacune de leurs 2.034 pages au total est numérisée et nommée selon une classification simple où le numéro de page est suivi du titre de l'album. Par exemple : 34_La Horde du Corbeau. Toutes les pages de tous les albums portant le même numéro sont transférées dans un dossier spécifique.Ainsi, dans le dossier 34, on trouvera rassemblées toutes les trente-quatrièmes pages des quarante-huit albums scannés. Un total de quarantehuit nouveaux dossiers représenteront les quarante-huit pages de notre livre final. Le contenu de chacune des pages du livre final sera le produit de manipulations entamées sur les quarante-huit pages des albums scannées portant le même numéro. Les livres sont lus attentivement.
Jeune auteur à la bibliographie galopante - une dizaine de livres et des participations à divers collectifs et revues (Polychromies, Kiblind, Papier, Gorgonzola...) - Victor Hussenot exprime une vision affirmée de la bande dessinée. Amateur de contraintes, jouant souvent avec les codes, il multiplie les projets dans des directions biens différentes, mais toujours connectées. Avec Les gris colorés, paru à La 5e Couche en 2014, Hussenot proposait une série d'histoires courtes et de dessins montrant les sensations et les relations des personnages uniquement par des couleurs et des formes.Cette fois-ci, le dispositif mis en place par l'auteur qui sont autant de récits intimes ou de descriptions des sentiments. L'Oubapo a profondément marqué Hussenot, qui a vu dans les contraintes une manière de représenter visuellement des questions existentielles et temporelles avec la boucle (Morlaque) par exemple, comme chez Escher que l'auteur apprécie beaucoup. Faire de la bande dessinée avec des contraintes, c'était un moyen de réfléchir aux questions humaines et universelles, tout en dessinant.
Anthologie de l'esprit est un recueil d'histoires courtes réalisées par l'auteur finlandais Tommi Musturi (Sur les pas de Samuel, Les livres de monsieur Espoir, Beating...) ces vingt dernières années. Il constitue une plongée dans la diversité formelle et narrative de son oeuvre en bande dessinée.Musturi utilise et éprouve de nombreux styles et manières de raconter pour livrer des messages et des idées souvent complexes. L'Anthologie de l'esprit s'achève par un article sur le «style» en tant qu'outil cardinal du dispositif artistique et narratif.
À l'origine, il y a une exposition d'Alex Baladi à L'Atelier 20 de Vevey, des dessins originaux au format A4 qui déroulent une galerie de personnages, de motifs et de techniques. C'est Lador, écrivain complet et homme curieux par excellence, multi-spécialiste comme au temps de la Renaissance, qui s'empare des dessins de Baladi pour en faire un récit en contrepoint, en spirales, et offrir par là un éclairage inédit aux dessins de Baladi. Qu'on n'y trompe pas, Course est pensé comme une bande dessinée en ce sens que les tableaux, comme autant de cases, se succèdent et se répondent pour faire un récit. Narrativement, en arrière-plan des motifs récurrents, il y le thème voulu par le dessinateur Baladi : la course. Les personnages, sur leur starting-block au départ, partent, courent, vont, prennent la tangente, fuient, incertains, paniqués, goguenards, absurdes.
Nouveau livre de la collection Point Métal, Le Major et les Extraterrestres est une bande dessinée en photomontage réalisée par Emmanuel Reuzé et Jean-Luc Coudray. C'est la guerre, les extraterrestres se battent et les forces armées terriennes sont prêtes à attaquer... A l'affût de chaque invasion possible, Le major se soucie de la sécurité de notre planète. Afin de ne pas être envahi par les humanoïdes, nos héros doivent se ranger aux côtés du camp adverse, qui malheureusement est en train de perdre...Voyage dans le monde de la science fiction, c'est au moyen d'un roman-photo, à l'aide d'objets réels, outils de la vie courante, tels que, matériel de bureau ou ustensiles de cuisine, que les auteurs nous content l'histoire du major et de son équipe. Une parodie d'aventure dans le domaine fantastique de l'espace.Visuellement étonnant, l'esthétique du Major et les Extraterrestres navigue quelque part entre de vieux jeux vidéo à la Space Invader, et les films de Jan Svankmajer, mise en scène qui convient parfaitement à l'humour surréaliste de ce recueil.
Ce livre rassemble 130 dessins choisis et sous-titrés par l'auteur, répartis en six chapitres à la longueur exponentielle.Chaque chapitre crée une cohérence thématique, voire narrative, entre les images.Ce livre est dans la continuité des livres de Frédéric Poincelet publiés aux éditions Ego Comme X.Les amateurs retrouveront son amour du dessin et son univers intimiste.Paru en 2008, il reparaît 7 ans plus tard avec une nouvelle jaquette conçue et dessinée par l'auteur.
Détournement de la célèbre BD danoise Petzi, conformément à la charte d'Essaim (essaim.org), avec laquelle ont déjà été réalisés les célèbres Katz (d'après Maus de Spiegelman), Noirs (d'après Les Schtroumpfs noirs, de Peyo) et Tintin akei Congo (d'après Tintin au Congo, de Hergé), l’auteur détourne images et dialogues pour créer un nouvel objet, qui n'est pas que plastique. La trame narrative est la même que la série originale.Au cours de leur tour du monde en bateau, Riki et ses amis s’arrêtent dans une petite clairière au coeur de laquelle trône une grange à l’aspect fort hospitalier. Ils sont bien évidemment accueillis par le propriétaire des lieux, Pierre Ducros. Devenant fermiers le temps de l’escale, la joyeuse bande d’amis va découvrir les secrets de la terre et de la maçonnerie...