Le Mirliton merveilleux, album lithographié et mis en couleur à la main, paraît en 1868. Avec ce livre, le Merveilleux, genre en soi - contes de fée, récits surnaturels et mondes magiques - connaît alors l'une de ses toutes premières incursions dans la bande dessinée. La vile fée Grain-de-Tabac, alliée du Soleil en personne, jette un sort au roi Berlingo et à sa bien-aimée Tapioka : leur nourrisson est changé en ours ! Muni du Mirliton, une sorte de flûte aux propriétés magiques, les multiples héros du récit combattront le maléfice, pour que l'ourson - redevenu un fringant jeune homme - puisse épouser la belle Bulbul, fille du Schah...Ce récit se déguste telle une pièce montée, garnie d'éléphants et de chameaux en sucre, dont chaque étage réserverait de nouvelles surprises, miniatures de décors exotiques et farandoles de marionnettes enchantées. Destinée à la jeunesse lors de sa parution, cette bande dessinée s'offre au lecteur comme une généreuse malle de jouets. On y compte de nombreux personnages et péripéties, que les auteurs animent dans une histoire qui évoquera tout autant, au lecteur réjoui, les aventures du Baron de Münchhausen qu'Iznogoud et ses jeux de mots faciles.
Maître incontesté de l'autoédition US, John Porcellino représente une influence majeure pour les auteurs de bande dessinée indé des deux côtés de l'Atlantique. Hélas, trop peu traduit, il reste méconnu du grand public en France. Depuis plus de 25 ans, il publie des histoires dans son célèbre fanzine King-Cat Comics. Issu de cette revue,Tueur de Moustiques compile ses histoires d'exterminateur de moustiques. Un métier pour le moins original qu'il a exercé dans les marais et les forêts du Colorado et de l'Illinois entre 1989 et 1999. C'est l'occasion pour lui de revenir sur les événements qui ont affecté sa vie, sa santé et sa vision du monde.Durant ces années, il a documenté son expérience de travail en toute honnêteté avec beaucoup de grâce, d'intelligence, de pureté, de poésie et parfois de naïveté. Porcellino utilise la bande dessinée comme un journal intime. C'est pour lui une pratique quotidienne, essentielle à son existence. Les différents récits publiés dans Tueur de Moustiques s'étalent sur une longue période de sa vie et permettent de saisir l'évolution de ses réflexions et de son dessin : de ses débuts bruts et hésitants, à l'affirmation d'un trait raffiné qui marque sa singularité. Selon Chris Ware : « Avec seulement quelques mots et quelques lignes, les bandes dessinées de John Porcellino dépeignent avec simplicité, la sensation d'être vivant ».
Blackbird est une bande dessinée d'anticipation. Dans une petite ville française, les jeunes auteurs d’un fanzine photocopié nommé Blackbird découvrent qu’une loi récemment votée interdit désormais, par un effet pervers, toute forme d’autopublication. Chacun des protagonistes devra faire le choix d’abandonner sa passion, de présenter ses projets dans les circuits officiels, ou d’entrer dans l'illégalité. Un choix rendu plus difficile chaque jour puisque le climat se durcit : rapidement, distribuer quelques pages agrafées est considéré comme terroriste, et acheter un toner de photocopieuse dangereux...
400 pages pour se faire peur et tester les genres classiques du thriller au gore, mélangez avec un peu de second degré afin d'obtenir de l'épaisseur, voici Crrisp ! Fidèle à sa méthode de prépublication sur internet, l'employé du Moi fête le premier collectif papier sur le thème de la peur et issu d'une sélection du site Grandpapier.org, portail de bande dessinée en ligne. Après 40075km comics, Crrisp ! se démarque de son grand frère : il se veut encore plus sexy, toujours select et un peu moins volumineux. Avec ses 25 récits, Crrisp ! rassemble des dessinateurs confirmés aux styles variés - de Jeffrey Brown à Cédric Manche en passant par Matt Broesma ou Max de Radiguès - tout en mettant l'accent sur la découverte d'une large sélection rafraîchissante de jeunes auteurs talentueux. Le tout est préfacé par l'écrivain Thomas Gunzig et présenté sous une couverture de Morgan Navarro.
Autres illustrations Sandra, une jeune montréalaise, découvre que l'inquiétant personnage qui l'observe régulièrement depuis le sous-sol de son immeuble est en fait Pascal Girard, un auteur de bande dessinée de seconde zone. Après une recherche sur le net elle découvre un auteur pas si pire et décide d'en savoir plus sur ce personnage. Elle échafaude alors un plan pour inspecter la tanière du dessinateur. Mais à peine s'est-elle introduite dans l'appartement, que celui-ci revient inopinément.Récit pathétique et drôle de Girard, dans la lignée de son récent Conventum chez Delcourt, on retrouve son dessin fin et rond, tout en économie et efficacité, et qui contraste avec ce récit d'une mordante autodérision. Adoptant le point de vue de la jeune fille, il porte un regard sans concession sur lui-même, se transformant en son pire cauchemar : un auteur pathétique, ventripotent, solitaire et barbu, vivant dans un sous sol miteux.
Le chaos s'installe dans un étrange troupeau d'herbivores lorsque son leader, vieux et affaibli, s'isole pour agoniser. Avant de mourir cependant, il choisit son successeur et l'envoie chercher la compagnie des hommes, seule à même de le former à reprendre la tête du groupe. La rencontre entre l'animal et un jeune couple occupant un phare sera en effet pour lui riche en enseignements. Ce que l'animal comprend au contact de la société des hommes le rend capable de devenir le leader de son groupe. Mais l'a-t-il appris en mimant le comportement de ses maitres ou par rejet de ce qu'il a vécu à leurs côtés ? Le récit, riche en métaphores, donne autant de réponses qu'il pose de questions. Bien que court, il adopte tour à tour le point de vue animal et humain. Chacun reçoit un traitement graphique particulier : le premier chapitre adopte le point de vue de l'animal, le second celui des hommes et le troisième fusionne les deux.Ressources humaines a été dessiné lors des 24 heures de la bande dessinée 2010, et entièrement redessiné pour l'édition papier.
Se peut-il que l’homme qui a inspiré le film Les dents de la mer, Herbert Pan-zom, soit notre voisin ? Rémi Lucas, l’auteur et héros de ce récit, en est per-suadé. Il l’a reconnu dans une vidéo trouvée sur le net. Bon, il aurait aujour-d’hui cent ans, et son voisin n’a pas la moindre trace d’accent américain, mais peu importe, L’Amer édenté est l’occasion pour Rémi de mener une enquête fantasmatique qui fera se rejoindre pêle-mêle son voisin édenté, sa femme, son bébé et un des films les plus célèbres des années 70’. La place grandissante de l’industrie culturelle, sa proximité et son intégration dans nos vies grâce à la télévision et le net sont interrogés par l’humour échevelé de l’auteur.Rémi Lucas est un des membres fondateurs de la maison d’édition Flblb. Il y a publié de nombreuses autofictions et bâti un univers personnel, mélange étrange de son quotidien d’auteur de bande dessinée, de jeune père, de professeur, et de ses rencontres artistiques. Son dessin nerveux en noir et blanc croque avec efficacité cette enquête improbable au fumet de complot, avec de multiples rebondissements et même un dénouement.
En 1997, John Porcellino commença à avoir de graves problèmes de santé. Se plaignant de fortes douleurs à l'estomac, on lui découvrit une tumeur bénigne à l'intestin grêle qu'il fallut tout de suite opérer. Après cette chirurgie, de nombreuses complications médicales s'ensuivirent, et ce durant sept longues années. Comme si cela n'était pas déjà assez difficile pour lui, la détérioration de son état physique et les erreurs de diagnostic répétées accentuent son anxiété maladive et ses troubles obsessionnels compulsifs. Trois histoires qui se succèdent et parfois se chevauchent font le récit de cette expérience et de son combat pour la guérison à travers la simple contemplation de son quotidien. Dans Chroniques cliniques, Porcellino relate avec candeur, intelligence et acuité le système médical américain et transforme ainsi son vécu en une représentation lumineuse de l'existence humaine. Une ardeur de vie absolument universelle. Acteur incontournable de la scène indépendante américaine avec son fanzine King-Cat, il narre son calvaire comme à son habitude au moyen d'un style épuré, poétique et sensible. La bande dessinée est son deuxième langage, l'autobiographie la matérialisation inévitable de ses maux. Il n'a jamais perdu l'envie de raconter. C'est une seconde nature pour lui, c'en est presque pathologique.
Un étrange bâtiment au milieu d'une drôle de forêt où deux amis un peu trop curieux s'aventurent. Ils embarquent avec eux le lecteur dans une déambulation sombre et absurde. « Les têtes de gras » sont des créatures au physique déroutant, des êtres de chair qui ne ressemblent à rien de concret et qui semblent avoir pour seule finalité de servir « d'êtres de compagnie » vers lesquels des personnes en détresse (malades ou dépressives, solitaires ou âgées) pourront diriger toute leur affection. Le remplaçant, idéal et bien plus pratique, des chiens, des chats ou des perruches. Ces têtes de gras sont élevées dans d'improbables bassins de liquide constitué de molécules génétique-ment modifiées, de crachats... Le protagoniste principal, révolté par le destin de ces petites bêtes, décide d'agir et de faire sauter l'usine qui les abrite.Michel Esselbrügge est le démiurge de cet univers si proche de notre monde mais où notre logique paraît anormale. Ce jeune dessinateur allemand, insuffle dans la bande dessinée actuelle un vent de renouveau : petit maître de l'irrationnel et de la ligne « punk » qu'il mélange dans le but d'exploiter une fiction onirique et poétique. L'Usine à Têtes de Gras peut aussi se lire comme une métaphore politico-sociale dans laquelle les affres de la solitude et de la disparition du lien social transparaissent.
A l'époque où l'on ne connaissait pas encore ni le haut débit ni les applications de rencontre, draguer sur internet n'était pas forcément chose aisée. Surtout lorsque, adolescent, il fallait partager l'unique ordinateur de la maison avec le reste de ses nombreux frères et soeurs. Dans Mon aventure torride, Noah Van Sciver raconte, avec autodérision, comment il a décroché son premier rendez-vous galant en surfant sur l'ancêtre de nos messageries instantanées.En une quarantaine de pages impétueuses, il n'épargne rien de cette période de jeunesse où il vivait dans une banlieue minable de Phoenix à la fin des années 90. Traînant dans son quartier avec ses amis skateurs, de médiocres frimeurs, Noah apprend à ses dépens que tout n'est pas rose et que la vie est, parfois, faite de situations délicates, de petites déceptions et d'humiliations, mais que rien ne pourra jamais anéantir l'esprit de camaraderie.Sauf, peut-être... le temps qui passe. On connaissait le talent de Noah Van Sciver pour la fiction grâce à la trilogie des Fante Bukowski, on lui découvre maintenant une aisance certaine pour l'autobiographie qu'il pratique avec légèreté et désinvolture. De ce récit court se dégage une nostalgie truculente et drolatique : marque de fabrique de cette jeune coqueluche de la bande dessinée américaine qui, au vu de sa généreuse productivité, pourrait nous offrir très rapidement de nouvelles pépites !
La mère de Julia se morfond depuis toujours dans l'auto apitoiement. Cette sensation étouffante de n'être pas grand-chose a peu à peu colonisé jusqu'au corps de Julia, qui se gratte compulsivement les narines débordantes de mucus depuis l'enfance. Partie à Bruxelles pour suivre des études artistiques, elle voit bien qu'elle ne ressemble en rien à tous les autres étudiants qui peuplent son école d'art. Tout ce qu'elle touche lui semble devenir triste, gluant et amer. Entourée de gêne et de silence, elle n'a plus, suite au décès de sa mère, les moyens de payer sa part de loyer. C'est alors, au hasard d'un concert, qu'elle rencontre les membres d'un collectif féministe qui vont faire basculer son existence. Julia plaque le peu qu'il lui reste pour les rejoindre dans un squat et embrasser leur mode de vie radical, marginale parmi les marginaux. Avec elles, elle souhaite danser, boire, tomber amoureuse et peut-être enfin, lutter contre autre chose que ses propres démons.Morveuse séduit par ses couleurs fortes et sa ligne gracieuse. Rebecca Rosen surprend par la maturité d'un récit courageux autour de problématiques sociétales comme le suicide assisté, et le déterminisme social qui brise tout espoir d'émancipation chez les individus. Rebecca Rosen est une autrice canadienne, installée à Bruxelles depuis quelques années. Morveuse est sa première bande dessinée.
L'univers tel que nous le connaissons est sur le point de disparaître. Pouf ? ! En un rien de temps, les étoiles, les planètes, les objets, les humains, celles et ceux que l'on aime sont petit à petit absorbés par le néant, emportés par un mystérieux phénomène de dématérialisation. Pour éviter que le monde ne sombre définitivement dans l'abîme, une équipe de scientifiques élabore un plan pour créer un stabilisateur de matière.Line et Marlène sont alors envoyées en mission à des années-lumière de chez elles, sur une planète inconnue. Elles doivent trouver L'Arbea Nauticeum et L'Obsidonita Kevlar, deux des matières organiques lesplus stables de l'univers qui, associés à d'autres, mettraient un terme définitif à ces évènements paranormaux. Les deux jeunes femmes espèrent revenir victorieuses de leur voyage, mais l'entreprise s'avère plus compliquée qu'escomptée : la localisation étant pour le moins inhospitalière, la faune et la flore de cette planète jungle complètement inattendues.Eksploracja est un récit de science-fiction qui nous entraîne dans une aventure frénétique qui chamboule notre rapport aux temps et à l'espace. Emportées dans des tribulations hasardeuses, parfois hallucinées, Line et Marlène vont en voir de toutes les couleurs. Dans sa première bande dessinée, Julie Michelin déploie de magistrales doubles pages à l'aquarelle pour initier ces personnages aux mystères du surnaturel et les confronter au fabuleux extra-terrestre.
Le couloir est une histoire improvisée, dessinée et publiée dans le Spon en 8 épisodes que David a compilé et retravaillé dans ce nouveau format plus compacte.L’histoire sans paroles transporte son personnage dans un univers labyrinthique étrange fait de couloirs et de cellules aux portes ouvertes.L’approche est semi autobiographique et diffère légerement des autres histoires de David Libens puisque le personnage principal porte les traits de l’auteur tandis que l’histoire reste fictive.Une histoire qui fricotte avec le fantastique, une sorte de mauvais rêve, un labyrinthe mental.Et des poussières..., deuxième histoire de ce livre, David Libens essaye de répondre à la question pourquoi redessiner le couloir ?
Succès de librairie contagieux et enthousiasme viral, la première édition de Monsters est désormais épuisée. Il fallait absolument rendre ce bijou de l'autobiographie frustrée et névrosée à nouveau disponible !Augmentée d'une postface inédite qui, dessinée par l'auteur lui même, s'interroge profondément sur l'impact de ce livre sur sa propre vie, cette réédition offre une nouvelle peau à l'histoire de Ken Dahl : couverture cartonnée, vernis sélectif sur les zones sensibles, le tout bien protégé pour éviter de répandre l'infection.Imaginez ne plus jamais pouvoir embrasser quelqu'un sur les lèvres, partager de la nourriture, faire une pipe, fumer un joint entre collègues, emprunter une brosse à dent, ou cracher dans le café de votre patron, sans transmettre une maladie horrible et incurable... Ken, le personnage central de Monsters, doit se rendre à l'évidence : il a transmis l'herpès à sa compagne. Ce virus dont il ne connaît rien va rapidement détruire son couple et modifier profondément la perception qu'il a de son propre corps.
Menotte s'est enfui de son foyer, il vit depuis avec son chien Quenotte dans un bâtiment désaffecté à l'orée de la forêt. Orphelin, il survit de menus larcins et de cambriolages. Grâce à son doigt qui peut s'allonger à l'infini et aux dents aiguisées de son petit compagnon, aucune serrure ne leur résiste ? ! Dans les parages, il y a aussi Max et son crapaud. Malgré leur différence d'âge, Menotte finit par se lier d'amitié avec lui.Ensemble, ils occupent leur journée à arpenter les terrains vagues lugubres et les friches industrielles de la ville déserte. Pour tromper l'ennui, ils balancent des pierres aux passants et ça les fait bien marrer. Au fil de leurs errances, ils finissent par tomber sur le campement des trois de la bande du Chêne et s'empressent de le saccager. C'est le début des hostilités entre les deux clans ? ! Dans cette Guerre des boutons désenchantés, il y a surtout un combat pour l'émancipation.Adolescents dans la marge, livrés à eux-mêmes dans le monde des adultes invisibles, ils s'inventent leurs propres identités et construisent leur mythologie. Au coeur de cette utopie ingénue, la maturité surgit parfois là où on ne l'attend pas, à travers la rébellion, la fraternité, l'amour ou encore les prémices d'une organisation de vie autonome. Menotte & Quenotte est le premier long récit de Michel Esselbrügge, jeune auteur allemand que l'on avait pu lire en français pour la première fois, il y a quelques années, à L'employé du moi avec L'usine à tête de gras dans la collection Vingt-Quatre.