Le Musée des Beaux-Arts de Liège (BAL), en Belgique, possède une collection de planches originales de bande dessinée recelant quelques trésors exceptionnels. Les signatures les plus exemplaires (...)
La bande dessinée est aujourd'hui à un tournant de son histoire. Son image sociale s'est considérablement améliorée, sa légitimité culturelle ne fait plus guère débat. Or ces évolutions se produisent alors que le marché, au sortir d'une période de croissance continue, connaît une véritable crise, impactant tant les marges des éditeurs que les revenus des auteurs. Dans le cadre des États généraux de la bande dessinée, lancés en janvier 2015, ce petit livre interroge à chaud les évolutions récentes de la production éditoriale, la féminisation de la profession, l'essor de la non-fiction, la situation de l'édition alternative, la multiplication des formations spécialisées, la percée de la bande dessinée sur le marché de l'art, sa place à l'université et quelques autres questions d'actualité.
Depuis 1995, le marché français de la bande dessinée connaît une progression continue du nombre de titres publiés. Cette situation a changé les stratégies des éditeurs et les pratiques professionnelles des diffuseurs et des libraires, dans le sens d'une industrialisation des pratiques. Comment faut-il comprendre cette évolution ? Doit-on s'en inquiéter ou s'en réjouir ? Quel impact a-t-elle sur les lecteurs ? Menace-t-elle la création ou favorise-t-elle la diversité ? Des éditeurs, diffuseurs, libraires, universitaires, journalistes, spécialistes et auteurs analysent sous des angles très divers la situation actuelle de la bande dessinée sous l'oeil vigilant de Mathieu Sapin et Benoît Peeters qui en proposent chacun à leur manière des synthèses éclairantes. Ce volume, le premier à interroger la situation économique de la bande dessinée en langue française, est appelé à devenir une référence.
Chris Ware est sans doute le plus important auteur de bande dessinée de ces dernières années, et pas seulement aux Etats-Unis, son pays de naissance et de résidence.Abondamment illustrée, cette première monographie en langue française propose plusieurs traversées d'une oeuvre déjà imposante bien qu'encore en plein devenir. On y trouvera une présentation chronologique ainsi qu'un long entretien accordé à Benoît Peeters. Même si Chris Waree s'excuse sans cesse de ne pas répondre comme il faudrait, il tient sur son travail et sur l'art de la bande dessinée un discours d'une extrême richesse.C'est pourquoi l'ouvrage comprend aussi quatre articles inédits en français de Ware, que vient compléter une étude de Jacques Samson traitant de l'originalité et de la modernité de l'auteur de Jimmy Corrigan.
Le 15 octobre 1905 commençait à paraître dans la presse américaine une bande dessinée qui allait révolutionner le monde de la narration par l'image : Little Nemo in Slumberland. Winsor McCay, qui fut aussi un des pionniers du dessin animé, a créé avec son petit Nemo un personnage tout aussi attachant que l'Alice de Lewis Carroll. Par la qualité, voire l'audace de ses dessins, par la subtilité de sa réflexion sur le monde du rêve, Little Nemo reste un exemple inégalé. Pour beaucoup d'auteurs et de critiques, il s'agit même de la plus belle bande dessinée de tous les temps. L'oeuvre de McCay restait pourtant peu étudiée et médiocrement éditée. Alternant études des meilleurs spécialistes de la bande dessinée et hommages des plus grands auteurs, cet album voudrait profiter du centenaire de Little Nemo pour lui donner enfin sa vraie place.
Jugés éblouissants de verve et d'esprit par Goethe, les albums de Rodolphe Töpffer sont aujourd'hui considérés comme les premières bandes dessinées. Imités, contrefaits, traduits en plusieurs langues, ils se frayèrent même la voie des États-Unis, la future patrie des comics. Töpffer est aussi l'auteur de romans et d'essais sur l'art. Non content d'avoir créé les conditions de la bande dessinée moderne, Töpffer en fut aussi le premier théoricien. Ce sont ces textes qui sont ici réunis, introduits par une étude qui replace le créateur genevois dans une continuité historique, détaille les circonstances de son « invention » et analyse les ressorts de ses histoires, dont la folle gaieté est toujours agissante sur les lecteurs d'aujourd'hui.
La rencontre entre un auteur français de BD installé à Tokyo, et Yukiko, une jeune Japonaise avec qui il vit une parenthèse amoureuse et érotique. L'usage de la vidéo et l'attention portée aux plus petits détails de la vie quotidienne donnent à cette histoire une profondeur et une justesse sans équivalent dans le monde de la bande dessinée. L'Épinard de Yukiko relate l'émergence d'une impossible passion (Yukiko aime un autre homme, qu'elle attend) au coeur d'un monde saisi de façon à la fois précise et rêveuse. Ce mélange des contraires se retrouve partout : Boilet rapproche bande dessinée et manga, il dessine en faisant du cinéma, invente une temporalité nouvelle, entre durée et fulgurance, et invite ses lecteurs dans un dialogue qui dépasse les frontières entre l'art et la vie.
Fondée en 1990 par un collectif d'auteurs, L'Association s'est imposée en deux décennies comme un pôle majeur de refondation de la bande dessinée. Avec un catalogue faisant la part belle à l'expérimentation, mais aussi à l'humour, au reportage et à l'autobiographie, la maison a contribué avec force à la reconnaissance de la bande dessinée. Elle a bouleversé le paysage du 9e art, imposant des auteurs majeurs. L'Association. Une utopie éditoriale et esthétique est le premier volume d'histoire et d'analyse consacré à ce projet à tous égards exceptionnel. Richement illustré, interrogeant l'économie globale du collectif, ses auteurs et ses réalisations, mais aussi ses crises de croissance, ce superbe album donne à voir et à comprendre vingt ans d'édition et de croisades esthétiques.
Joann Sfar domine le paysage de la création contemporaine en bande dessinée.Le Chat du rabbin, Petit Vampire, Pascin, Donjon, Klezmer sont quelques-unes des oeuvres phares d'un auteur qui ne cesse d'écrire, pour lui-même ou ses complices (David B, Emmanuel Guibert et Lewis Trondheim entre autres). Sfar est aussi réalisateur de films, directeur de collection chez Gallimard et commissaire d'exposition (Brassens à la Cité de la Musique). Dans ce livre de conversations, Thierry Groensteen l'interroge méthodiquement sur sa vie et son oeuvre et, en grand spécialiste de la bande dessinée, le fait inlassablement parler de sa passion : le dessin. Richement illustré, ce livre à deux voix deviendra vite indispensable à tous ceux qu'intéresse l'une des oeuvres les plus riches de notre temps.
Lire une bande dessinée ou un dessin de presse est simple, mais cette simplicité est trompeuse. Dans Images à mi-mots, Pierre Fresnault-Deruelle nous apprend à lire les images, vignettes de bande dessinée et dessins de presse confondus. Il le fait « à mi-mots », car les images sont à bien des égards porteuses de mots, par exemple sous forme de calembours visuels ou encore sous forme de mots dans l'image.Ce livre, toutefois, est bien plus qu'un manuel. Fresnault-Deruelle nous communique aussi son amour et son intelligence des images. Rassemblant et rapprochant de nombreux exemples très variés, de Winsor McCay à Emmanuel Guibert en passant par Plantu et Geluck, il offre enfin un éventail tout à fait étonnant de ce que l'image peut représenter et produire actuellement.
Art médiatique conciliant l'image et le texte, la bande dessinée est née au creuset du journal : elle a dès l'origine exploité les enjeux de l'actualité, et a très vite imaginé des personnages qui sont eux-mêmes journalistes. Le lecteur croisera ainsi dans ce livre les parcours de nombreux héros reporters connus (Tintin, Lefranc, Fantasio, Jeannette Pointu) et moins connus (Marc Dacier, Guy Lebleu et bien d'autres), il se plongera dans l'histoire mouvementée des magazines (Pilote, Vaillant, Spirou...) et il pourra saisir les multiples interactions (historiques, culturelles, professionnelles, économiques) entre la bande dessinée et la presse.Si la perspective retenue concerne essentiellement la BD franco-belge, elle n'est pas exclusive : deux chapitres évoquent la tradition des comics anglo-saxons qui, depuis la naissance de Superman, a elle aussi vu naître un imaginaire du journalisme particulièrement riche. Le but de cet ouvrage est par ailleurs de montrer qu'en dépit de la mort de revues comme Pilote ou Tintin, la généralisation de l'album n'a fait disparaître ni les héros reporters ni la presse de bande dessinée.La troisième partie envisage ainsi le succès du reportage graphique et de magazines tels que La Revue dessinée,qui témoigne de la vivacité intacte des échanges entre le journalisme et le neuvième art. Maître de conférences à l'Université de Reims, Alexis Lévrier est spécialiste de l'histoire de la presse. Il a notamment publié Le Contact et la distance. Le journalisme politique au risque de la connivence (Paris, Les Petits Matins, 2016) et, avec Adeline Wrona, Matière et esprit du journal, du Mercure galant à Twitter (Paris, Sorbonne Université Presses, 2013).Guillaume Pinson est professeur au Département de littérature, théâtre et cinéma de l'Université Laval. Ses recherches portent sur l'histoire de la culture médiatique et il codirige le projet Médias 19. Son dernier ouvrage s'intitule La Culture médiatique francophone en Europe et en Amérique du Nord, de 1760 à la veille de la Seconde Guerre mondiale (Québec, PUL, 2016).
« En sélectionnant et en présentant les documents proposés dans ce livre, nous avons cherché à donner une idée de la richesse de l'image humoristique en Angleterre, en France, en Allemagne et aux États-Unis - une culture dont William Hogarth fut le grand précurseur au XVIIIe siècle. Pour comprendre l'évolution des formes séquentielles qui ont fait le lit de la bande dessinée moderne, leurs interactions constantes avec des formes concurrentes dont nous ne soupçonnons plus l'existence doivent être prises en compte. Les «raisons d'être» des histoires séquentielles sont multiples, et elles ne deviennent intelligibles que si l'on tient compte des solutions alternatives qui se présentaient à ces dessinateurs.Il faut dire que la variété des expériences menées tous azimuts par les artistes humoristiques, dans ces pays et durant cette période, met à mal toute classification et suggère au contraire l'idée d'un véritable continuum. Du rébus au roman en estampes à la Töpffer, de la caricature politique à l'illustration romanesque, du feuilleton dessiné aux «macédoines» thématiques, les illustrateurs professionnels travaillant pour le ivre et la presse au XIXe siècle prennent un malin plaisir à générer des formes hybrides et à ne laisser aucun genre intermédiaire inexploré.Dans ce paysage décidément bien éclectique, on comprendra qu'il ne soit pas possible de fixer a priori - c'est-à-dire axiomatiquement - les limites de notre corpus. Il ne s'agit pas non plus d'aborder ces productions comme des approximations ou des tâtonnements qui tendraient peu à peu à se rapprocher de la seule forme réellement pertinente - la bande dessinée familière et transparente du XXe siècle. Nous nous proposons de les voir, au contraire, comme des formes dynamiques qui explorent avec audace leur propre espace de possibilité. Elles se rapprochent en cela des productions qui depuis une vingtaine d'années prolifèrent aux frontières du genre «bande dessinée» dans nos librairies.À l'instar de nos auteurs les plus inventifs, les créateurs marquants du XIXe siècle aimaient, en effet, l'ironie et la prise de risques : ils innovaient, tout en revisitant souvent des modèles qui apparaissaient archaïques ou dérisoires aux lecteurs de l'époque. Pour donner corps aux pressentiments que leur inspiraient les transformations du temps - le progrès industriel en particulier - ils faisaient feu de tout bois. Chris Ware, aujourd'hui, ne procède pas autrement quand il emprunte aux origines du cinématographe, aux funnies et aux réclames des années 20, aux diagrammes didactiques des années 50, les bribes d'un langage polyphonique qui lui sert à décrire l'Amérique contemporaine. Ce dialogue entre la «préhistoire» de la bande dessinée et les formes les plus innovantes qu'elle prend aujourd'hui est l'une des justifications de cet ouvrage. » Thierry Smolderen
Préfacé par Albert Algoud, l'ouvrage de Dominique Cerbelaud et Olivier Roche constitue un guide indispensable, non seulement pour les spécialistes, mais aussi pour un large public désireux de s'initier aux différents aspects de la saga tintinesque ou de découvrir l'un des plus grands auteurs de bande dessinée du XXe siècle. Nul doute en effet que chacun y trouvera le livre dont il a besoin, la curiosité à découvrir, le titre à offrir en cadeau.Voilà donc une publication qui sait joindre l'utile à l'agréable, et qui séduira tous les jeunes de 7 à 77 ans
Peut-on tomber amoureux d'un lieu ? C'est l'histoire que nous raconte Aurélia Aurita, apprentie reporter BD qui débarque un beau jour de mai dans un lycée pas comme les autres... Un lycée sans proviseur ni surveillants, autogéré par les professeurs et les élèves, où les décisions se prennent par vote à main levée et où il n'y a ni notes ni obligation d'assister aux cours... D'abord simple observatrice, Aurélia se fait peu à peu happer par ce lieu, fascinée par les personnages attachants qu'elle y rencontre. Au croisement du reportage et de l'autobiographie, cette bande dessinée nous fait vivre une expérience singulière et touchante.
Et si le prodigieux succès de Tintin était dû à d'autres raisons que les circonstances anecdotiques ? Et si par delà son aspect rassurant cette oeuvre s'avérait d'une stupéfi ante modernité ?Et si cet auteur populaire entre tous était encore à découvrir ? C'est à ces questions que Benoît Peeters répond dans cet ouvrage. Déjà auteur du Monde d'Hergé et de Hergé, fi ls de Tintin , il propose ici une analyse plus approfondie des Aventures de Tintin en se concentrant sur un seul volume, l'un des sommets de la bande dessinée classique : Les Bijoux de la Castafi ore . L'essai de Benoît Peeters est suivi d'un long entretien avec Hergé, l'un des plus passionnants qu'il ait jamais accordé.
Dessiné par une débutante et publié à un tirage d'abord modeste, le premier volume de Fraise et Chocolat connaît un succès aussi rapide qu'inattendu. Au centre du « buzz », Chenda - alias Aurélia Aurita - est en quelques semaines l'objet de toutes les attentions mais aussi de nombreuses attaques, et tente de faire face. Buzz-moi retrace la carrière de ses ouvrages, telle que l'a vécue l'auteur au fil des mois. Des coulisses des médias généralistes (de Elle à Libé, d'Europe 1 au Grand Journal de Canal Plus) à celles du milieu de la bande dessinée (éditeurs, festivals, lectrices et lecteurs), le livre raconte de manière vive et souvent drôle comment le tourbillon suscité par Fraise et Chocolat a été vécu par celle qui en est à la fois le créateur, le témoin et l'analyste.
Des carnets qui deviennent par surprise une autobiographie... Les aventures. Planches à la première personne nous font entrer dans la vie de Jimmy Beaulieu, de 1998 à aujourd'hui. De Québec à Montréal, de la librairie Pantoute au Festival d'Angoulême, Jimmy Beaulieu dessine ses rencontres avec des filles de rêve (avec qui il ne sepasse rien), ses doutes, sa passion pour la bande dessinée, sa conscience politique qui s'aiguise, ses souvenirs familiaux... Au terme de ces Aventures, on aura rencontré un artiste et vu un jeune homme devenir – presque – un adulte. On aura aussi l'impression d'avoir écouté un ami nous parler de désir, d'amour, de fortune et d'infortune, de jeunesse, de mort, d'errance, et de la douce ivresse d'être vivant.
Ami de Jacobs et d'Hergé, peintre prolifi que, Jacques Van Melkebeke a signé de nombreux articles pour la presse collaborationniste belge sous l'Occupation. À la Libération, contraint à l'anonymat, il fut le premier rédacteur en chef du journal Tintin et le scénariste de Paul Cuvelier comme de Jacques Laudy. Certains le prétendent à l'origine des meilleurs scénarios de Tintin et Blake et Mortimer ; d'autres lui prêtent une foule de faits et méfaits. La réalité est à la fois plus complexe et plus romanesque. Première biographie du « clandestin » de l'école belge et passionnante contribution à l'histoire de la bande dessinée, ce livre est réédité pour la première fois depuis sa parution en 2002, augmenté de nouveaux documents d'archives.
Autobiographie sans fard, confession érotique à la fois crue et tendre, reportage sur la vie contemporaine à travers les continents, regard féminin sur les choses du sexe, mais avant tout bande dessinée d’une fraîcheur et d’un brio éclatants : les deux volumes de Fraise et Chocolat (2006-2007) se sont imposés comme une référence durable. Beaucoup de jeunes et de moins jeunes ont jeté sur leur couple un regard inspiré des dessins et de l’humour d’Aurélia Aurita. Le succès exceptionnel de cette première Tmuvre d’une grande maîtrise formelle et narrative a transformé Chenda (« Chocolat ») et Frédéric (« Fraise ») en véritables personnages, qu’une nouvelle génération de lecteurs peut maintenant redécouvrir dans cette édition complète et enrichie de 32 pages de bonus inédits.
Le chevalier noir, le justicier masqué, le plus grand détective du monde, l'homme chauve-souris... Les surnoms de Batman mettent en exergue quelques-unes des différentes facettes de ce personnage sombre, mystérieux et complexe. Depuis sa création en 1939, par le dessinateur Bob Kane et le scénariste Bill Finger, Batman n'a cessé d'être requalifié jusqu'à multiplier tous les paradoxes identitaires : justicier violent refusant les armeslétales, hors-la-loi collaborant avec la police, âme solitaire entourée de nombreux compagnons, super-héros surpuissant dépourvu de pouvoirs... Rarement un héros de bande dessinée aura avoué une telle plasticité et aura supporté, sans fléchir, les innombrables relectures kaléidoscopiques des multiples artistes chargés de lui faire vivre de nouvelles aventures.
Je suis mon rêve est une bande dessinée historique qui aborde un sujet et une période mal connus du XXe siècle : la Seconde Guerre mondiale en Crimée et les souffrances d’une population exposée aux avancées et reculs des armées allemande et soviétique. Racontée du point d’un aviateur, l’histoire innove par sa densité thématique. L’anecdote historique, le récit familial, la longue durée des nations et le temps du mythe se relaient et se croisent sans arrêt. Œuvre d’une grande beauté formelle, Je suis mon rêve est aussi un témoignage indirect sur la guerre civile, en Espagne et ailleurs en Europe, et une réflexion très profonde sur la rencontre d’une destinée individuelle et des grands mouvements de la culture. Le roman graphique de Felipe Hernández Cava, l’un des scénaristes majeurs de la BD européenne, et Pablo Auladell est également une tentative superbe et poignante de donner forme à l’expérience de ceux qui font et subissent la guerre.
Tout le monde a lu Fraise et Chocolat, l'un des événements éditoriaux de 2006 qui a permis la découverte d'une voix de femme totalement nouvelle en bande dessinée. Personne n'avait jamais parlé d'amour et de sexe comme Aurélia Aurita : avec franchise mais aussi avec humour, avec crudité mais non sans candeur. Le temps passe. Chocolat (Chenda) aime toujours Fraise (Frédéric), et en est toujours aimée, mais aux ébats se mêle le doute, l'enthousiasme se teinte de peur. Le monde extérieur aussi est là : une amie attachante (Kan Takahama), un voisin raciste, le quotidien et ses contraintes, la menace de la séparation, les superstitions petites et grandes de l'héroïne qui va jusqu'à invoquer le divin... Mais surtout il y a l'amour, et les vraies-fausses naïvetés qui font le style incomparable d'Aurélia Aurita et l'enchantement du lecteur (et des lectrices).
Être Barbarella, c'est être femme libre et indépendante, émancipée et aventurière, séduisante et fascinante, pleinement inscrite au coeur des sixties.Dessinée par Jean-Claude Forest dès 1962 à partir de la plastique de Brigitte Bardot, incarnée par Jane Fonda pour la caméra de Roger Vadim en 1968, Barbarella brise les tabous comme les images stéréotypées de la pin-up.Fille de l'espace, elle est aussi une fille de son temps, qui traverse les problématiques contemporaines :L'éthique et l'érotique, l'antispécisme et le transhumanisme, l'urgence écologique et la critique des modes de gouvernance. Ambassadrice de la paix, Barbarella fait l'amour plutôt que la guerre ; sa conquête spatiale est celle du plaisir, son odyssée, sauvage et impromptue, ouvre le champ de tous nos possibles.