Faisceau de récits prenant la chute de notre civilisation et la bande dessinée comme objets d'expérimentations, Eldorado de Tobias Schalken est un livre en perpétuelle mutation, qui surprend à chaque page notre horizon d'attente. Peintures, sculptures, installations et dessins s'y unissent, laissent libre cours à l'interprétation et à la déambulation dans un monde ébranlé. Étranges et poétiques, les aventures intimes des personnages y font écho à nos doutes, de familières prémonitions teintent nos cauchemars de sérénité, de sensualité. Tobias Schalken est né 1972. Fils d'un dessinateur de procès (qui l'emmenait avec lui et le laissait dessiner paires de moustache ou de lunettes) et d'une mère femme de ménage au Rijksmuseum d'Amsterdam (qui l'emmenait avec elle jusqu'à ce qu'il égratigne un tableau et qu'elle soit licenciée), Tobias Schalken est réellement né dans l'Art.Il a fondé avec Stefan Van Dinther la revue Eiland, dont sont à ce jour parus 5 volumes, le dernier aux éditions FRMK. Pratiquant aussi bien la bande dessinée que la peinture, la sculpture ou la vidéo. Tobais Schalken a vu son travail présenté aux côtés de celui des plus grands (Bill Viola, Sophie Calle...), dans les circuits de l'art contemporain. Une monographie est même consacrée à son travail, The heart of the matter, et, chose rare, elle reprend tous les pans de son champ d'action, y compris ses récits en bande dessinée. En 2012, son travail a été présenté dans le cadre du Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême lors de l'exposition dont il a réalisé l'affiche « Une autre histoire, bande dessinée : l'oeuvre peint » à la Cité Internationale de la Bande Dessinée et de l'Image. En 2012, les éditions de la cerise ont fait paraître son livre Balthazar, prépublié au fil de 3 numéros d'Eiland.
Après 36 ans de déloyaux services au profit de la bande dessinée, Alex Barbier remet son tablier avant un arrêt définitit. Il n'a plus rien à dire. Il a tout dit. Il est vidé.Et pour cause, cette « Dernière Bande », plus hard, poétique et vénéneuse que tout ce qu'il a fait jusqu'à présent.Célébrons cet adieu à la scène et accueillons avec perte et fracas cette oeuvre ultime.Voici ce qu'en dit l'artiste sur le départ:« Après, terminé! Plus personne n'entendra parler de moi. Cette chose, est en effet venue comme une conclusion.Je désire brasser tous mes thèmes, toutes mes ambiances, tous mes paysages, tous mes personnages, et ainsi récapituler, résumer, pour moi-même, une histoire, celle de MES B.D., celles qui m'ont fait, triste chose que je suis ... » Inventeur de la couleur directe, Alex Barbier a infusé le trouble littéraire et pictural de la contre-culture dans le champs de la bande dessinée. Peintre de la chaire désirante, il revient pour un ultime tour de piste, son adieu à la bande dessinée.Héritier de William Burroughs et Céline autant que de Francis Bacon, il livre ici son oeuvre la plus violente et incarnée, la plus charnelle et incendiaire.Après la réédition de ses livres historiques Lycaons et Le Dieu du 12, après sa trilogie Lettres au maire de V, il ramasse et remet sur le tapis le théâtre de ses obsessions : Le casino de V. et son dernier habitant confronté à ses ruines d'humanité. Reclus dans ce lieu improbable, livré aux sarcasmes de politiciens extraterrestres, dans un dernier geste avant la dislocation, il convoque la cuisine italienne, ses jeunes amants pasoliniens, autant que des figures de la bande franco-belge dans un ballet séminal de fureur et de désir.
France, 1979. Encore dans les jupes de nos mères, nous découvrions à peine les joies rassurantes de la bonne BD franco-Belge. Nous ignorions que la déflagration venait d'avoir lieu. Quelque part dans les pyrénées un zarbi aux cheveux rouges et au tee-shirt léopard venait de publier le livre-virus. Lycaons, oeuvre moderne et vénéneuse n'invente pas seulement la couleur directe, elle renouvelle en profondeur les exigences du genre. Elle aurait du balayer de sa puissance dévastatrice les derniers préjugés juvéniles qui collaient à la bande dessinée. C'était sans compter sur la puissance des conservateurs de l'ordre narratif. Aujourd'hui, ce livre fondateur de l'esprit trouble du Frémok est réédité par nos soins, augmenté de trois précieux récits parus uniquement dans Charlie dont l'importance ne saurait échapper aux lecteurs avisés. Lycaons retourne enfin sur les tables des libraires ! On va pouvoir commencer à parler de nouvelle bande dessinée.
Stefan Van Dinther explore les mythes fondateurs de l'humour en bande dessinée, en laissant ses deux personnages espiègles improviser, dans deux dimensions où chaque trait peut provoquer un glissement de sens graphique. Ligne claire et phylactères, deux images par page ou quatre cases autorisent toutes les bévues savantes à Gars & Gus, silencieux duo burlesque devant qui chaque forme ou référence prend un sens, poétique ou comique, inattendu. Stefan Van Dinther est né en 1969 à Hertogenbosch aux Pays-Bas. Il suit des études d'informatique avant d'entrer aux Beaux-arts St-Joost de Breda en 1991, puis en 1993 à l'université de Nijmegen où il étudie le cinéma et le théâtre. Depuis 1995, Stefan Van Dinther est graphiste web. Parallèlement, il enseigne l'informatique et le dessin à l'école des Beaux-arts d'Utrecht. Il est à l'origine, avec Tobias Schalken, de la revue Eiland, dont quatre numéros sont parus à ce jour. Il a également réalisé une dizaine de courts-métrages d'animation. Depuis ses débuts, Stefan Van Dinther participe à de nombreux festivals et expositions, de bande dessinée, d'art ou d'animation à travers le monde.
De la viande de chien au kilo raconte l'histoire des parents de Marko Turunen. Violences conjugales, alcoolisme, précarité... tous les ingrédients se trouvent théoriquement réunis pour un puissant avatar du réalisme social en bande dessinée.
Ce livre est une oeuvre entièrement à part, à part dans le domaine de la Bande Dessinée, et au sein même du travail d'Alex Barbier. Un récit halluciné, un foisonnement visuel composant un univers de Science-Fiction que l'on pourrait de bonne foi attribuer à Philip K. Dick, si celui-ci s'était un jour emparé de pinceaux pour donner forme à ses visions.Une BD de genre en somme, mais bien plus largement, comme quand le Genre, trop rarement, se réalise en refuge de la pensée dissidente, en l'expression parfaite du malaise, de la solitude et de la démence moderne.Nous y croisons entre autres un Dieu, dont les pensées se matérialisent dans la réalité hors de tout contrôle et qui, retranché à Perpignan, dernière zone libre hors de l'influence des Couics, évolue dans un monde que les machines ont reconstruit en se basant sur la lecture. des Garçons sauvages, de William S Burroughs. oubliant d'ailleurs d'y intégrer des femmes.La beauté indéniable des planches d'Alex Barbier, la crudité de certaines évocations et l'amère mélancolie des personnages y sont restituées comme nulle part ailleurs, donnant dans le même temps à la Bande Dessinée ses lettres de noblesse.
Eiland est une plateforme d'expérimentation.Crée par les deux auteurs Tobias Schalken et Stefan Van Dinther en 1997, celle-ci leur permet, lorsqu'il « y a assez de matière à lire », de publier leurs récits.Représentants de la nouvelle vague de la Bande Dessinée hollandaise, leurs expériences graphiques impressionnantes et leurs peintures poétiques dépassent les enjeux traditionnellement associés à la Bande Dessinée, travaillant à redéfinir ses limites de forme et de contenu.Pour la première fois traduit en langue francophone, il s'agit ici pour le Frémok, comme pour les auteurs, de sortir de la forme de la revue, pour bel et bien développer une réflexion sur « l'objet-livre ». Pensé comme un livre à tiroirs, Eiland est un véritable labyrinthe dont les jeux de miroirs et détournements d'images se retrouvent savamment agencés pour (r) éveiller notre réflexion de lecteur tranquille. Travail de penseur autant que de dessinateur, de plasticien autant que d'éditeur, Tobias Schalken et Stefan Van Dinther nous proposent un cheminement à travers rébus graphiques et mise en abîme du répertoire iconographique contemporain.Un discours sur l'utilisation de l'image dans nos sociétés contemporaines, c'est-à-dire supérieurement marchandes, leur prostitution au profit d'un utilitarisme forcené, épuisant leur vertu comme leur beauté, les transformant en figures vides et exsangues. Eiland est un livre à lire comme on dégusterait un mille-feuille de possibles.
Voici le second opus des Photomatons de Vincent Tholomé, rencontre hybride entre bande dessinée et poésie contemporaine. De nouveau et plus loin, les deux artistes creusent la matière, celle des mots et celle du lino. Les gravures de Jean-Christophe Long, intenses, intimes, ondulent en noir et en blanc, célébrant le chant doux et torturé de Vincent Tholomé.Leur pérégrination autour et dans la chair se poursuit, leur réflexion sur les liens du sang se développent en circonvolutions aériennes et terriennes, « car c'est le corps et la chair qui appellent la chair et pas l'esprit des mères et des pères ». À travers ressemblances et différences, vraisemblances et errances, s'extirpe l'origine de l'identité, se révèlent la douleur et l'amour. Dévorer le temps, le remonter puis le tuer, tel les Frankenstein que nous sommes, créatures assemblées à partir des membres disparates de notre lignage.« C'est comme cela qu'on tue le temps.Qu'on tue le mieux le temps. Qu'on bouffe le temps. Nous ses enfants .»
«Cowboy Henk, ce n’est pas toujours bien, mais quand c’est bien, c’est VRAIMENT bien.»Umberto Eco.Avec sa houppette blonde, Cowboy Henk pourrait être le pendant surréaliste de Tintin. Politiquement incorrect, parfois potache mais tendre aussi, Cowboy Henk est un héros vieux de 30 ans, véritable icône pop et absurde !Figure incontournable de la culture flamande, il est apparu chaque semaine de 1981 à 2012 dans l'hebdomadaire flamand à gros tirage Humo.Et quand il traverse la frontière, Cowboy Henk est publié dans la cultissime revue RAW d'Art Spiegelman, avant de faire des apparitions en France dans Fluide Glacial, Psikopat ou Hara Kiri dans les années 80 et 90.Amateur du nonsense, et heritier direct du surréalisme belge, Cowboy Henk contient autant de références à la bande dessinée américaine classique qu'au dadaïsme. Herr Seele avoue pratiquer un humour vache comme Magritte et sa peinture vache : peinte avec la queue d'une vache.
Touché par la fin brutale des philosophes du courant post-structuraliste (Barthes est mort, renversé par une voiture en sortant du Collège de France, Deleuze s'est suicidé pour abréger ses souffrance), Martin tom Dieck a eu l'idée de rendre hommage à Deleuze et ceci, à sa manière. Parce que ses connaissances en philosophie étaient limitées, le dessinateur a fait appel à Jens Balzer qui s'est occupé d'une grande partie du scénario et des dialogues. D'ailleurs, l'idée de la répétition vient de lui. Salut Deleuze ! a d'abord été publié sous la forme de strips dans le Frankfurter Algemeine Zeitung. Il paraît maintenant dans son intégralité aux éditions Fréon. Très loin de l'exposé théorique rébarbatif, Dieck et Balzer réussissent à mettre de la philosophie dans la bande dessinée. Ce récit en forme de fable est l'occasion, pour les auteurs, de faire revivre Deleuze en le confrontant aux théories élaborées avant sa mort. C'est aussi l'occasion pour le lecteur actif de participer à la réflexion.
« À un moment, tout est calme, tes yeux voient...Tu es à la base. Tu sais que tu es à la base.Discrètement le flou apparaît, les choses...Leur sens disparaît. Il faut tout recommencer, errer. Je ne sais pas comment font les autres.Certains ont des objets, des danses ou des chorégraphies.Des souvenirs aussi. Mais ils disparaissent, on les oublie. » C'est décidé. Vous partez en mission. Dans la zone. Mais n'ayez crainte. Vous serez en contact avec la base.Vous trouverez un chemin. Intérieur et animal.Magique et lumineux.Guide de survie et encyclopédie hantée, manuel de bricolage et récit d'aventure, Base- Zone se situe à la croisée de la bande dessinée, du dessin contemporain et de la poésie. Au fil de presque 300 pages tracées au crayon sur du papier carbone, DoubleBob compose un ouvrage-monde, un grimoire intime qui mêle questions, inventaires et solutions. Si vous voulez survivre à la vie plus encore qu'à la mort, si vous voulez sauver l'enfant meurtri qui sommeille en vous, si vous voulez libérer votre âme prisonnière, ce livre est pour vous.
Auréolés d'une couronne de laurier fraichement cueillie au dernier Festival d'Angoulême, Herr Seele et Kamagurka, patrimoines vivants de la bande dessinée, sont de retour pour de nouvelles aventures surréalistes et hilarantes!A l'occasion de ceHe année électorale capitale pour la Belgique, il devenait en effet urgent de se pencher sur ce pays encore trop peu connu, carrefour des cultures, berceau des civilisations, coeur battant de l'Europe.Accompagné du professeur Henk, embarquez pour un voyage merveilleux dans le temps iusqu'aux origines du marasme politique actuel, en découvrant avec stupéfaction la fabuleuse (et véridique) Histoire du plat pays.A la faveur d'un récit savoureux et chatoyant, Cowboy Henk, modèle de l'Homme moderne et troubadour détonnant, vous fera revivre les plus chaudes heures des annales belges.Alors n'hésitez plus, en famille ou au bureau, parcourez 10 000 ans d'Histoire, des hommes des cavernes aux peintres flamands, de la guerre des Gaules à l'invention de la frite, pénétrez les coulisses de l'autre pays de l'humour.Cowboy Henk, 80% cowboy, 40 % historien, 100% belge!
Le premier volume des aventures de Cowboy Henk a remporté le Prix du Patrimoine au Festival International de Bande Dessinée d'Angoulême en 2014.Le célèbre héros à la houpette blonde venu de Belgique est enfin de retour ! Désormais inscrit officiellement au patrimoine mondial (prix du Patrimoine à Angoulême en 2014) et après avoir revêtu ses plus beaux habits de professeur d'histoire avec Histoire de la Belgique pour tous, il nous revient pour de nouvelles aventures toujours plus surréalistes !Ce second volume, sous-titré L'Art actuel, ravira les fans et poursuivra sa conquête des territoires francophones et belgophiles. C'est dans un fonds de plus de 1500 planches existantes, réalisées pendant 30 ans chaque semaine pour l'hebdomadaire flamand Humo que les meilleures pages ont été sélectionnées et remises en couleur.Le premier volume tel que le Frémok l'a édité a déjà été publié en Espagne, en Finlande, en Norvège, en Suède, et le sera prochainement aux Etats-Unis par la légendaire maison Fantagraphics. L'icône pop et absurde part à la conquête du monde !Cowboy Henk a été publié dans la cultissime revue RAW d'Art Spiegelman, avant de faire des apparitions en France dans Psikopat, L'écho des savanes ou HARA KIRI dans les années 80 et 90.
En réalité, ce ne sont pas deux personnages qui communiquent. Le petit bonhomme en bas à droite dans les cases et celui, en haut à gauche, qui apparaît et se transforme à volonté, ne sont que deux des multiples facettes de l'artiste. Silvestre fait parler les vides. A nouveau, il utilise les modèles de la bande dessinée pour les détourner et les remodeler à sa façon. Comme les conventions le veulent, tout se passe dans des cadres. Il y en a quatre. Comme pour singer ce genre auquel il se rattache sans vraiment en faire partie. Silvestre joue aussi avec les genres et les graphismes. Le policier, le fantastique, le film noir, le conte s'invitent. Le cubisme devient d'une précision géométrique, la caricature est plus vraie que nature, l'art abstrait devient concret. Silvestre joue aussi avec les effets de surprise, faisant apparaître et disparaître des créatures d'un autre univers. C'est ainsi que s'exerce sa toute-puissance. Finalement, Silvestre joue à nous déconcerter en jonglant tour à tour avec le texte et le dessin. Jusqu'à ce que les cadres s'effacent, que les monstres s'évanouissent pour laisser le champ libre à la parole écrite. L'auteur tombe le masque et se confie à coeur ouvert pour expliquer les raisons qui le poussent à créer : faire quelque chose de neuf en s'éloignant du consensus. Le dessinateur transmué en écrivain essaie d'être clair mais tout ce qui paraît simple est bien compliqué en vérité.