Alors qu'il n'est encore qu'un jeune garçon plein d'espoir, Adrian Tomine se fait une promesse : il deviendra un jour un grand auteur de bande dessinée, aussi talentueux que John Romita. Mais voilà, comment transforme-t-on un rêve d'enfant en une longue carrière de dessinateur ?Avec beaucoup d'humour et d'autodérision, Adrian Tomine revient sur son parcours, un marathon solitaire semé de déceptions, de gaffes et d'humiliations. De la mauvaise critique à la dédicace foireuse, il livre sans fard les moments les plus embarrassants de sa carrière, explorant au passage sa relation conflictuelle avec la bande dessinée et son industrie.Pensé comme un carnet de croquis qui prend la forme d'un journal intime, l'ouvrage se fragmente en plusieurs chapitres chronologiques où chaque page utilise le même découpage. Usant d'un dessin épuré et sans couleur, Adrian Tomine bouscule son propre style en supprimant tout enjolivement pour mieux souligner l'honnêteté autobiographique de son propos. Pourtant, on rit volontiers du malaise et de la gêne qui se dégage de chaque situation Cinq ans après la publication de son dernier livre, Lesintrus, Adrian Tomine prouve sa capacité à se réinventer en proposant un ouvrage à la première personne, qui témoigne des difficultés et des désillusions rencontrées par les auteurs de bande dessinée. En exposant ainsi sa propre vulnérabilité, il délivre un portrait sincère et parfois douloureux d'une profession en manque de reconnaissance.
Une bande dessinée produite par des italiens pour le marché français qui fût un tel succès qu'une certaine marque de biscuits usurpa le nom de son personnage éponyme.On déguise Pépito le pirate en indien et il a vite fait de se retrouver dans les rayonnages de tous les supermarchés de France et de Navarre! Tout ça bien sûr, sans demander la permission à son aimable créateur...Pépito entre dans la tradition des bandes dessinées pour enfants en petit format, peu onéreux et vendu dans les kiosques et dans les gares.Parfaitement iconoclaste, gentiment anarchiste, le mot d'ordre de la série est de défier l'autorité, sans relâche et avec un humour décapant! Pépito est un personnage libertaire qui promet à ses jeunes lecteurs une vie bien plus amusante que celle qu'incarne le gouverneur de Las Bananas. Bête, rigide, autocentré, autoritaire, il représente à lui seul tout ce qu'enfants comme adultes peuvent détester chez les détenteurs du pouvoir.Pépito se situe dans la grande tradition de la bande dessinée américaine libertaire dont il était un grand admirateur (on pense notamment à Krazy Kat de Herriman).
Bob & Harv signe la rencontre légendaire de deux titans de la bande dessinée, Harvey Pekar au scénario et Robert Crumb au dessin, unis dans le désir commun de nous conter les merveilleuses aventures d'Harvey Pekar.Enfin, comme le dit Crumb, ces 'aventures', ce sont surtout des gens qui causent ou un Pekar qui harangue son lecteur impuissant case après case après case.Allongé sur le divan qu'il s'est fait livrer à domicile, Pekar nous parle de ses problèmes dans des saynètes autobiographiques ce que l'on appelle communément 'tranches de vie'. Ces journées qui défilent les unes après les autres avec pour unique décorum Cleveland, cette ville industrielle qui ne s'est jamais vraiment remise de sa grande dépression. Une ville où l'on se pèle le cul en attendant le bus qui n'arrive pas.Exit le glamour, le piment, l'héroïsme ! Dès la fin des années 70, Pekar invite la vraie vie à la table de la bande dessinée, sans emphase, avec juste ce qu'il faut d'humour, d'absurdité et d'ironie. Scénariste hors pair, Harvey Pekar influencera toute une génération d'auteurs américains qui se tournèrent vers l'autobiographie.Bienheureux furent ceux qui témoignèrent des obsessions maniaco-dépressives d'Harvey Pekar !
Regroupe une cinquantaine de planches autour du jazz et de ses grandes figures comme Stan Getz, Miles Davis, Charlie Mingus, Chet Baker... parues depuis l'année 2000 dans le magazine «Jazzman». Cette édition remaniée et améliorée est agrémentée de 12 planches de bande dessinée supplémentaires et d'une trentaine de pages de dessins inédits.
David, héros et narrateur de l'histoire, est un jeune homme qui oscille entre la fin de l'adolescence et les prémices de l'âge adulte. Pressé de quit- ter l'un et réticent à entrer dans l'autre, il occupe son temps à s'ennuyer, relisant entre deux conquêtes féminines insatisfaisantes un recueil de bande dessinée réalisé 30 ans plus tôt par le père qu'il n'a jamais connu. Cette atti- tude vole en éclats le jour où il croise la route de Wanda. Ce qui prenait la tournure d'un récit introspectif bascule alors peu à peu dans le cauchemar :Un inconnu tente de l'assassiner, des gens meurent ou disparaissent mysté- rieusement, une guerre bactériologique éclate dans le lointain... et plus rien ni personne ne peut garantir que le monde est ce qu'il paraît être.Mêlant observation pointue des sentiment et ambiances à la limite du fantastique, Clowes dresse un époustouflant portrait de l'adolescence en quête d'identité et signe un véritable chef-d'oeuvre.Publié dans son pays par un éditeur de littérature au même titre que les ouvrages d'écrivains contemporains, ce livre a été salué par la critique comme la preuve (enfin !) que la bande dessinée était une écriture à part entière. Cette nouvelle édition que nous proposons, intègre désormais les cases en couleur présentes dans l'édition originale. L'album sera cartonné avec un dos toilé puis proposé en avant-première au Festival d'Angoulême en présence de Daniel Clowes.
Le marais (1965-1966), Les fleurs rouges (1967-1968) et La vis (1968-1972) nous montraient Yoshiharu Tsuge atteindre progressivement la pleine puissance de son art et fonder le watakushi manga (la bande dessinée du moi).Après la publication de Neiji Shiki (La vis) en 1968, Tsuge poursuit son exploration de l'autofiction, incluant désormais une part autobiographique et onirique dans son travail.Après son passage dans la revue Garo, Tsuge ne cesse de se réinventer et commence à tisser la suite de sa carrière bien que ses publications se fassent de plus en plus rares.Plus sombres qu'à ses débuts, les récits qui composent ce quatrième volume marquent ainsi l'apparition de thèmes inédits, caractéristiques de sa nouvelle orientation, et qui reviendront comme des motifs récurrents. Le quotidien en couple, la vacuité des voyages, le désir de changement de carrière ou encore les souvenirs de jeunesse deviennent des sources d'inspiration pour Tsuge, qui extériorise grâce au dessin une forme de mal-être social. Ce besoin de revenir sur les expériences marquantes de sa vie atteint son apogée avec l'histoire L'usine d'électroplastie d'Ôba, où l'auteur revient pour la première fois sur son enfance et plus particulièrement sur son travail dans un atelier d'électroplastie dans la province d'Ôba. Une période décisive sur laquelle il reviendra régulièrement jusqu'à la fin de sa carrière et qui délivre un témoignage précieux sur le mode de vie des oubliés du succès économique.Ce nouveau volume inédit de l'anthologie que nous consacrons à Yoshiharu Tsuge, présente ainsi un auteur au sommet de son art, en perpétuelle remise en question des codes de narration de la bande dessinée, de ses thèmes et de son propre passé.
Dans un monde qui voit les hommes naître libres ou esclaves et dans lequel la beauté des filles s'achète à la criée sur les marchés, un homme court après le bloc de glace qui renferme en son coeur le mirage de la femme idéale. Quête désespérée d'une chimère, fuite éperdue au travers du chaos, Péplum est le chant épique et grandiose de l'impossibilité qu'il y a à concilier la pureté et le genre humain. Librement inspiré du Satyricon de Pétrone, ce livre phénoménal est considéré par les amateurs éclairés comme un chef-d'oeuvre de la bande dessinée. Nouvelle édition et nouvelle gravure à partir des originaux.
En conjuguant au sein d'un même récit les pistes explorées auparavant dans Comme un gant de velours et Ghost World, Daniel Clowes aboutit quinze ans de recherche et nous offre le livre de la maturité. Mêlant observation pointue des sentiments et ambiances à la limite du fantastique, il dresse un époustouflant portrait de l'adolescence en quête d'identité et signe son chef-d'oeuvre. Publié dans son pays par un éditeur de littérature au même titre que les ouvrages d'écrivains contemporains, ce livre a été salué par la critique comme la preuve ( enfin ! ) que la bande dessinée était une écriture à part entière.
Les morts n'ont jamais pu raconter leur expérience de la guerre. Moi, je le peux. Lorsque je dessine une bande dessinée sur le sujet, je sens la colère me submerger. Impossible de lutter. Sans doute ce terrible sentiment est-il inspiré par les âmes de tous ces hommes morts depuis longtemps. écrit Shigeru Mizuki dans sa postface à Opération Mort.Fin 1943, une troupe de l'armée impériale japonaise débarque sur une île de Papouasie-Nouvelle Guinée. Les engagés (pour la plupart de jeunes recrues) font alors l'apprentissage de la survie dans cette contrée d'apparence paradisiaque. Et puis un jour, l'ennemi est là...
Charley Patton, tel que le dessine Robert Crumb, a les yeux brûlés de l'homme qui regarde la mort et la vie en face. Sa voix hurle les joies et les peurs d'une Amérique rurale, écartelée entre sexe et religion, blues et gospel, Dieu et Satan. Cette musique des années 20, qu'on la nomme jazz, blues ou country était trop singulière et trop spontanée, pour survivre aux médias modernes. Volume d'introduction idéal pour qui souhaiterait aborder l'oeuvre foisonnante de ce génie de la bande dessinée, Mister Nostalgia, célèbre entre ferveur et colère, la beauté d'un art populaire.
Au début des années 80, faisant écho à l'énergie du punk qui secouait l'époque, la bande dessinée connaissait sa petite révolution. Rochette et Veyron, teigneux comme le sont les inconscients, ne furent pas les derniers à rafraîchir le paysage à grandes giclées de cynisme salvateur. Avec les aventures d'Edmond le cochon, ce verrat prêt à tout pour éviter la lame du boucher, ils réussirent à allier la tradition française du dessin animalier à la fureur de l'underground américain pour inventer ce petit joyau intemporel, dont Cornélius est fier d'offrir cette luxueuse édition, restaurée et retramée à partir des originaux...
Publiées pour la première fois en album par Highwater Books en 2003, les aventures de Shrimpy et Paul (et leurs joyeux amis) entraînent le lecteur au coeur d'un univers improbable, imaginé par un Max Fleischer sous acide où des frères Warner virés mabouls. Des Laurel et Hardy déjantés affrontent avec un sérieux imperturbable une sexualité hasardeuse et les situations les plus grotesques. L'un perd ses tétons chéris, l'autre accouche par les genoux, tandis que des tours géantes poussent à l'intérieur de leur petite maison. Sous ses apparences cartoonesques, l'art de Bell plonge des racines profondes aussi bien dans le cubisme que dans la culture populaire, dans la Bible que dans le hard rock, et introduit dans la bande dessinée la technique du collage. Glanant les rogatons de la société de consommation, Marc Bell construit, avec ces matériaux de récupération, vieux numéros de Mad Magazine, figurines de Star Wars, briques de Lego, un univers surréaliste et loufoque. perd ses tétons chéris, l'autre accouche par les genoux, tandis que des tours géantes poussent à l'intérieur de leur petite maison. Sous ses apparences cartoonesques, l'art de Bell plonge des racines profondes aussi bien dans le cubisme que dans la culture populaire, dans la Bible que dans le hard rock, et introduit dans la bande dessinée la technique du collage. Glanant les rogatons de la société de consommation, Marc Bell construit, avec ces matériaux de récupération, vieux numéros de Mad Magazine, figurines de Star Wars, briques de Lego, un univers surréaliste et loufoque. Ce monde fourmillant, complexe et toujours logique dans son absurdité, rappelle les paysages inexplicables de Herriman. Bell le peuple de créatures plus ou moins anthropomorphes qui empruntent leur nom à la junk-food ( Shrimpy, Blimpy, Taco) ou à un gadget (Chia Man) et font de la vie quotidienne une aventure rocambolesque et hilarante, pleine de bruit et de non sens.
Mitchum constitue une aventure artistique aussi fascinante qu'originale. Libre d'inventer comme d'enfreindre ses propres règles, Blutch y esquive les pièges de la virtuosité pour laisser la seule émotion guider sa main. Interrogeant sous différents axes les thèmes du regard, de l'artiste et du modèle, Blutch capte avec sensualité les chassés-croisés sentimentaux ou les visions nocturnes angoissantes. Les images qui surgissent de ces fulgurantes improvisations sont une plongée sans carte ni boussole au coeur d'un univers intime et onirique en perpétuelle mutation. La présente édition de Mitchum compile en un volume les cinq 'comix' initialement parus, en les enrichissant de nombreuses pages et dessins inédits. Une occasion privilégiée de voir la bande dessinée en mouvement et de revivre une performance qui aura marqué autant les esprits que son auteur lui-même.
Authentique manga publié à partir de 1970 dans les pages du magazine Weekly Shonen Jump au Japon, Doc- teur Toilette raconte les aventures tonitruantes d'un ex- pert en caca. Entouré d'une bande de gamins montés sur piles et secondé par Miss Caca, sa délicieuse asssistante, le savant vaniteux tente d'instruire tant bien que mal le lecteur sur les nombreuses qualités de l'art de la selle.Donnant lieu à une suite de gags absurdes - qui n'au- raient rien à envier à un épisode de South Park - cet ovni de la bande dessinée japonaise nous entraîne dans un tourbillon de blagues potaches. Visage en forme de fesses, jets d'urine, crottes élastiques, pets en série ou seau de morve, c'est ici tout le champs lexical de la dé- goûtation qui est décliné.Déjanté et farfelu, Docteur Toilette emprunte le registre du cartoon pour enchaîner les situations grotesques à un rythme frénétique. Les personnages, plus survoltés les uns que les autres, sont emblématiques du « Kakawaï », cette mouvance typiquement japonaise qui consiste à transformer le répugnant en mignon. Unique en son genre, Docteur Toilette fut un énorme succès au japon, sa transgression des tabous hygiénistes lui attirant l'admi- ration d'écoliers horrifiés, qui le plaçaient fréquemment en tête des sondages du Weekly Shonen Jump.On avait entendu parler du Musée de la Crotte qui a ouvert ses portes en 2015 à Tokyo ; on connaît désormais son équivalent littéraire, le Docteur Toilette, un person- nage cacatastrophique et pipitoyable mais popotentiel- lement génial !
Au début des années 1960, Yoshiharu Tsuge entame sa collaboration avec la mythique revue Garo, qui donne aux auteurs la possibilité d'expérimenter de nouvelles ap- proches dans un contexte éditorial peu enclin à l'ouverture.Tsuge trouve dans cet endroit la possibilité de se révéler et développe des bandes dessinées d'un genre nouveau où autobiographie et fiction s'entremêlent pour faire surgir une forme d'authenticité inédite - cette approche avant- gardiste sera appelée watakushi manga, « la bande dessi- née du moi » et inspirera toute une génération.Après Les fleurs rouges, qui s'intéressait aux années char- nières de la carrière de Tsuge, ce second volume prolonge cette exploration en permettant de découvrir un auteur en pleine mutation. En juin 1968, Garo consacre un numéro spécial à Yoshiharu Tsuge, dans lequel il publiera sa nouvelle la plus célèbre : La Vis (Neji Shiki). Cette histoire marque un tournant dans l'évolution du style de Tsuge, qui, pour la première fois, retranscrit l'un de ses rêves. L'utilisation de la bande dessinée en tant que médium de l'inconscient est jusqu'alors inédite. Dès sa parution, La Vis provoque de nom- breuses réactions et suscite des interprétations diverses, tant de la part de lecteurs que de psychologues, écrivains, ar- tistes ou poètes. Tsuge n'apportera pas d'explications à cette nouvelle, conservant ainsi le mystère autour de son oeuvre.Traduites pour la première fois en français, la publication de cette nouvelle et des six autres qui composent ce vo- lume est un événement majeur. Ce deuxième tome de l'an- thologie permet de percevoir toute la richesse d'un auteur incontournable.
M. Barthélemy se meurt. M. Barthélemy est mort. Mais non. Encore raté. M. Barthélemy ne meurt jamais. À chaque fois, il revient à la vie sous la forme d'un petit garçon. Et tout recommence.L'enfant a vu construire les pyramides, combattu avec le Roi Arthur et voyagé avec Hemingway. Le souvenir de ses vies multiples lui pèse. Et puis, combien de bougies mettre sur son gâteau d'anniversaire ?Avec le fidèle Baptiste, un domestique qu'il aime comme un fils et qui le traite comme un père, et le mystérieux Auguste Salomon, un aventurier légendaire qui erre à travers les siècles, l'enfant sans âge se lance dans une quête ultime : comment mourir pour de vrai ?Entre feuilleton d'aventure et conte fantastique, ce récit à la simplicité trompeuse joue avec les ellipses, les ruptures de ton et applique les codes de la bande dessinée classique à une méditation mélancolique sur la destinée humaine. « La désespérance », écrit Kierkegaard, « c'est le manque du dernier espoir, le manque de la mort. »
Moolinex est né en 1966 à Nogent-Sur-Marne. Profondément marqué par le caractère dérisoire de la culture populaire et la médiocrité des paysages urbains modernes, Moolinex a construit son travail sur le rapport de rejet et d'appartenance qu'il entretient avec ces deux matrices.Sans cesse en mouvement, il s'approprie tous les supports possibles pour expérimenter et redéfinir son univers. Bande dessinée, peinture, collages, canevas, broderie, chaque nouvelle technique le voit se réinventer. Véritable « dégueuleur » d'images, il détourne et pulvérise tout ce qui contamine notre vie quotidienne.Publicités, modes, gimmicks, les goûts et la vulgarité de l'époque sont les sparring partners qui lui permettent de construire une oeuvre grinçante et sarcastique, qu'il qualifie lui-même d'Art Pute.Sa pratique du détournement le rattache aux situationnistes et aux acteurs les plus radicaux du mouvement Punk. Il est, de tous les auteurs actuels, celui qui s'embarrasse le moins de mots pour construire le discours le plus critique et le commentaire le plus comique de notre société à bout de souffle.
Après Toxic et La Ruche, Charles Burns signe avec Ca/averos la fin de sa trilogie chez Cornélius ...Quelques années après l'épisode de La Ruche, nous retrouvons Doug, jeune adulte grassouillet et un peu perdu dans la vie. Poursuivi par des fantômes et des regrets, il continue de dérouler jusqu'au bout le fil de sa vie passée et décide de retrouver son amour d'adolescent: Sarah ...Calaveros boude avec maestria toutes les intrigues déroulées au fil des précédents tomes. De quoi s'alimentent réellement les peurs de Doug? Qu'a-t-il cherché à fuir?Comment son alter ego tintinesque se sortira-t-il de cet étrange pays peuplé de lézards au service de la Ruche?Explorant dans ce tryptique sa fascination pour Hergé et William Burroughs, Charles Burns, pour sa première bande dessinée en couleurs, réussit un objet obscur et limpide à la fois, perdant le lecteur dans les méandres d'un univers instable et fascinant éclairé par la rigueur graphique qu'on avait pu apprécier dans Black Hole, et sublimé par un découpage et un art de la mise en abyme à leur paroxysme.
Mitchum constitue une aventure artistique aussi fascinante qu'originale, qui permet à Blutch d'explorer les nombreuses pistes que lui ouvre la virtuosité de son trait. Libre d'inventer comme d'enfreindre ses propres règles, il y esquive les pièges pour laisser la seule émotion guider sa main.Entièrement dédiées au geste et au plaisir de raconter, ces pages sont un miracle d'épure et d'équilibre. Interrogeant sous différents axes les thèmes du regard, de l'artiste et du modèle, Blutch capte avec sensualité les chassés-croisés sentimentaux ou les visions nocturnes angoissantes.Les images qui surgissent de ces fulgurantes improvisations sont une plongée sans carte ni boussole au coeur d'un univers intime et onirique en perpétuelle mutation.Cette intégrale de Mitchum compile en un volume les cinq « comix » initialement parus chez Cornélius dans les années 90, en les enrichissants de nombreuses pages et dessins inédits. Une occasion privilégiée de voir la bande dessinée en mouvement et de revivre une performance qui aura marquée autant les esprits que son auteur lui-même.
Amoureux des contes populaires et du merveilleux qui s'infiltre dans les interstices du quotidien, Shigeru Mizuki a placé les yôkaï, ces êtres surnaturels qui peuplent les coulisses de notre monde, au centre d'une création qui oscille constamment entre fantastique, humour et poésie.Immensément populaire au Japon, où pas un enfant ne grandit sans dévorer ses aventures, Kitaro le repoussant est le héros emblématique d'une oeuvre qui se penche sur les monstres pour mieux parler des hommes. Sa description fait dresser les cheveux sur la tête : ultime descendant d'une tribu de morts-vivants, Kitaro est né borgne, en rampant hors de l'utérus du cadavre de sa mère, condamné à errer dans un monde qui ne veut pas de lui...Pourtant, loin du tragique étouffant que laisse présager ce funeste résumé, Kitaro le repoussant est une série délicieuse. Les tribulations de ce gamin chargé de résoudre les conflits opposant les humains aux yôkaï sont un plaisir rare mariant subtilement la noiceur à la légèreté. Les lecteurs français de NonNonBâ ne manqueront pas de retrouver ce monument de la bande dessinée japonaise l'humour et l'inspiration qui les avaient fait chavirer de bonheur.
Amoureux des contes populaires et du merveilleux qui s'infiltre dans les interstices du quotidien, shigeru mizuki a placé les yôkaï, ces êtres surnaturels qui peuplent les coulisses de notre monde, au centre d'une création qui oscille constamment entre fantastique, humour et poésie.Immensément populaire au lapon, oú pas un enfant ne grandit sans dévorer ses aventures, kitaro le repoussant est le héros emblématique d'une oeuvre qui se penche sur les monstres pour mieux parler des hommes. sa description fait dresser les cheveux sur la tête: ultime descendant d'une tribu de morts-vivants, kitaro est né borgne, en rampant hors de l'utérus du cadavre de sa mère, condamné à errer dans un monde qui ne veut pas de lui.Pourtant, loin du tragique étouffant que laisse présager ce funeste résumé, kitaro le repoussant est une série délicieuse. les tribulations de ce gamin chargé de résoudre les conflits opposant les humains aux yôkaï sont un plaisir rare mariant subtilement la noirceur à la legèreté. les lecteurs français de nonnonbâ ne manqueront pas de retrouver dans ce monument de la bande dessinée japonaise l'humour et l'inspiration qui les avaient fait chavirer de bonheur.
Amoureux des contes populaires et du merveilleux qui s'infiltre dans les interstices du quotidien, Shigeru Mizuki a placé les yôkaï, ces êtres surnaturels qui peuplent les coulisses de notre monde, au centre d'une création qui oscille constamment entre fantastique, humour et poésie. Immensément populaireau Japon, où pas un enfant ne grandit sans dévorer ses aventures, Kitaro le repoussant est le héros emblématique d'une oeuvre qui se penche sur les monstres pour mieux parler des hommes. Sa description fait dresser les cheveux sur la tête : ultime descendant d'une tribu de morts-vivants, Kitaro est né borgne, en rampant hors de l'utérus du cadavre de sa mère, condamné à errer dans un monde qui ne veut pas de lui... Pourtant, loin du tragique étouffant que laisse présager ce funeste résumé, Kitaro le repoussant est une série délicieuse. Les tribulations de ce gamin chargé de résoudre les conflits opposant les humains aux yôkaï sont un plaisir rare mariant subtilement la noirceur à la legèreté. Les lecteurs français de NonNonBâ ne manqueront pas de retrouver dans ce monument de la bande dessinée japonaise l'humour et l'inspiration qui les avaient fait chavirer de bonheur.
1969, année érotique...Aux etats-unis, robert crumb poursuit sa croisade contre le bon goût et la décence en couvrant les pages de snatch comics de lolitas grassouillettes et de fermiers zoophiles. la petite revue underground se réclame des célèbres tijuana bibles . surgies en pleine dépression, fabriquées et vendues clandestine ment, ces bédés pornos où le panthéon de la culture populaire, de popeye à garbo, fornique joyeusement tout ce qui bouge, sont les premiers vrais comic books pour adultes et annoncent aussi bien mad que zap.La pornographie est un art difficile, qui demande tout à la fois honnêteté, brutalité et rire. les vigoureux dessins de crumb insultent donc tous les tabous, de l'inceste à la pédophilie, et bafouent allègrement la dignité humaine (et même animale), sans distinction de sexe, d'âge ou de couleur. les pudibonds et les hypocrites y trouveront aujourd'hui comme hier, de quoi alimenter leur indignation, ô combien vertueuse.Les autres se réjouiront de voir crumb ramener la bande dessinée sur le trottoir où elle est née, et retrouver la qualité brute et anarchique des dessinateurs anonymes des tijuana bibles .
amoureux des contes populaires et du merveilleux qui s'infiltre dans les interstices du quotidien, shigeru mizuki a placé les yôkaï, ces êtres surnaturels qui peuplent les coulisses de notre monde, au centre d'une création qui oscille constamment entre fantastique, humour et poésie.immensément populaire au japon, où pas un enfant ne grandit sans dévorer ses aventures, kitaro le repoussant est le héros emblématique d'une oeuvre qui se penche sur les monstres pour mieux parler des hommes. sa description fait dresser les cheveux sur la tête : ultime descendant d'une tribu de morts-vivants, kitaro est né borgne, en rampant hors de l'utérus du cadavre de sa mère, condamné à errer dans un monde qui ne veut pas de lui...pourtant, loin du tragique étouffant que laisse présager ce funeste résumé, kitaro le repoussant est une série pétillante de drôlerie. les tribulations de ce gamin chargé de résoudre les conflits opposant les humains aux yôkaï sont un plaisir rare mariant subtilement la noirceur à la légèreté. les lecteurs français de nonnonbâ ne manqueront pas de retrouver dans ce monument de la bande dessinée japonaise l'humour et l'inspiration qui les avaient fait chavirer de bonheur.
Acteur incontournable d'une époque fondatrice du manga, Yoshihiro Tatsumi offre, avec Une vie dans /es marges, un témoignage exceptionnel sur les milieux éditoriaux et le Japon de l'immédiate après-guerre.Fresque autobiographique, roman social et document historique, ce livre-somme est un chef-d'oeuvre capable de toucher le passionné comme le néophyte. Pour l'amateur de bande dessinée, il donne à voir de l'intérieur la manière dont le manga s'est construit dans ces années-là, passant en peu de temps de l'âge d'or à l'âge industriel. Il invite dans cette évocation lesfigures mythiques de ce domaine et nous les montre telles qu'elles étaient avant que l'histoire ne les statufient.Pour le profane, Une vie dans les marges dresse un tableau unique du Japon des années d'après-guerre et de ses classes populaires luttants pour la survie quotidienne. De l'essor économique des années 1950 jusqu'aux crises des années 1960, Tatsumi dépeint avec force un pays et une société en pleine mutation. OEuvre de longue haleine dont la réalisation s'est étalée sur plus de dix ans, Une vie dans les marges est d'ores et déjà un ouvrage de référence récompensé au Japon et aux Etats-Unis par les prix les plus prestigieux.
Le livre par lequel hugues micol avait fait son apprentissage de la bande dessinée, s'ouvrait sur un homme avalant un poisson et s'achevait, au bout d'une poursuite insensée, devant l'encombrant cadavre de poséidon.Depuis, les initiés attendaient, le coeur battant et les mains moites, la suite de cet ovni du 9e art, beau comme la rencontre de ganesh et d'un yakuza sur un étal de poissonnier.Séquelles nous entraîne encore plus loin dans la folie d'un tôkyô factice et décalé, où les monstres se multiplient à la façon des poupées russes. poissons volants, sirènes nymphomanes, lascars et merlans humains, la marée hésite entre burlesque et hallucination.Un homme découvre qu'un sixième doigt lui a poussé pendant la nuit. c'est un piège mortel que le karabouchi tend à l'espèce humaine. savants chauves et flics stoïques n'ont plus qu'une heure pour sauver la civilisation...Tel un torrent déchaîné, séquelles bouscule les mythologies, son dessin illuminé convoquant, entre divinitéset gangsters, les ombres de jack kirby et akira kurosawa. puisant sa verve hilarante dans des délires coupables et empoignant sa création à bras le corps, micol vocifère, s'esclaffe, et éclabousse le lecteur de son talent jubilatoire.
Le lait noir explore la trajectoire de Peter, un jeune homme jeté sur la route de l'exode, contraint à la fuite en temps de guerre. Inspiré par l'histoire de son grand-père - né au milieu des années 20 dans une famille juive de Berlin - Fanny Michaëlis trouve dans la bande dessinée un médium pour sonder la construction de son identité. Fortement marquée par les bribes de souvenirs que lui racontent ses proches, l'auteure découvre à travers les anecdotes sur son aïeul, le passé d'un jeune homme de 17 ans contraint à quitter son foyer et son pays, pour échapper au nazisme.Pour autant, Le Lait noir ne se contente pas de nous conter un récit familial, Fanny Michaëlis trouve dans la fiction une libération esthétique qui laisse s'exprimer la tension entre cette douceur apparente du dessin au crayon et la représentation continue et exacerbée de la violence.Avec subtilité, elle questionne ainsi des problématiques d'actualité tels que la question de la persécution ou de la terreur au pouvoir. Cette interprétation des faits lui permets de renouer avec sa propre histoire tout en livrant une oeuvre puissante, dans un style délicat et implacable dont elle seule a le secret.
Un homme avait trois fils : le premier, Bird, avait les yeux noirs d'un oiseau, le second, Twombly, deux longues lances de bois en lieu de bras et le troisième, Horn, dissimulait sous sa capuche rouge un visage recouvert de poils.À la manière du Petit Poucet de Perrault ou de Hansel et Gretel des frères Grimm, le récit s'ouvre sur un abandon. Mais sur cette île déserte, c'est un homme âgé à la barbe blanche qui est abandonné, les mains menottées à une lourde pierre plongée dans la mer.Un Père Vertueux raconte dans un long flashback épique la vie des garçons et de leur père avant qu'ils ne décident de l'abandonner sur une île déserte. La lutte qu'ils doivent mener pour survivre dans une ville hostile, entourés d'adolescents cruels et d'adultes menaçants, les oblige à s'endurcir. Mais le rêve ni l'unité parviendront-ils à les protéger de la malédiction familiale qui les accable.?Peintre des cauchemars, des pulsions inavouées et des troubles de l'adolescence, Ludovic Debeurme signe, avec Trois Fils et Un Père Vertueux, un diptyque troublant et puissamment original. Puisant aux racines de son histoire personnelle et des contes qui ont construit l'humanité, il délivre ici des pages de bande dessinée somptueuses et fascinantes qui le voient évoluer au sommet de son art.
3, le livre par lequel Hugues Micol avait fait son apprentissage de la bande dessinée, s'ouvrait sur un homme avalant un poisson et s'achevait, au bout de 160 pages d'une poursuite insensée, devant l'encombrant cadavre de Poséidon.La suite, Séquelles, nous entraînait encore plus loin dans la folie d'un Tokyo factice et décalé, où les monstres se multiplaient à la façon de poupées russes.Avec Tumultes, les sirènes nymphomanes et les divinités hostiles viennent ravager un monde hésitant entre burlesque et hallucination, pour nous donner l'un des plus beaux ovnis du 9e art.Hugues Micol bouscule les mythologies et les codes graphiques, son dessin illuminé convoquant, entre divinités et gangsters, les ombres de Jack Kirby et Akira Kurosawa. Puisant sa verve hilarante dans des délires coupables et empoignant sa création à bras le corps, Micol vocifère, s'esclaffe, et éclabousse le lecteur de son talent jubilatoire.3 était une performance graphique, superbe chorégraphie muette et improvisée.Séquelles reprenait le même motif en dotant les personnages de la parole et en offrant du sens et de l'humour à cet univers sous acide. Tumultes va plus loin et réussit la prouesse d'emboîter a posteriori chaquedétail, transformant ce qui ressemblait à un délire en un récit à la logique implacable. Un coup de maître.
Près de vingt ans après la publication du premier tome du Tribut chez Casterman et la parution d'un tome 2 en épisodes dans feu la revue (À suivre), les éditions Cornélius présentent aujourd'hui l'intégrale de l'oeuvre de Jean-Marc Rochette et Benjamin Legrand.Pour cette nouvelle édition, minutieusement travaillée à partir des originaux et remise en couleur par nos soins, Rochette et Legrand se sont replongés dans l'uni- vers glaçant du Tribut, afin de clore la série. Ils livrent spécialement pour cette intégrale un épilogue de 16 pages qui vient conclure une histoire interrompue brutalement par l'éditeur de l'époque, laissant les fans dans l'expectative et la frustration. Benjamin Legrand a repris les pistes envisagées pour le tome 3 et les a synthétisées pour un dénouement parfait.Cette plongée dans un univers de science-fiction où une guerre de civilisations fait rage, une troupe de soldats et de scientifiques débarque sur une planète hos- tile, dans l'espoir d'y trouver une source d'énergie miraculeuse. Ce sujet, exploré ici 20 ans avant Avatar (et de manière bien plus originale), prend une dimension mystique et tragiquement prémonitoire. Cette bande dessinée haletante, qui fait se rejoindre classicisme et expérimentation, est restée pour tous ceux qui l'ont lue une référence de SF française, un livre culte.
Les bébés ne naissent pas dans les choux ; les grands-mères vont les voler dans la forêt.Mais pas n'importe laquelle ! Une forêt fertile, où animal et végétal fusionnent en créatures incertaines ; une forêt magique, où les fleuves fécondent les fillettes et où Karl Jung donne sa langue au chat du Cheshire. Nous sommes au pays des fées, avec ses sorcières et ses cabanes mystérieuses, au pays des poupées, avec ses petites maisons et ses homuncules. L'âge, le sexe, rien n'est fixé. Nous sommes dans l'imaginaire d'une enfant qui tente, avec ses livres et ses jouets, de s'expliquer le monde incompréhensible des adultes.Libérée des codes de la bande dessinée, Fanny Michaëlis réinvente les images délicieusement inquiétantes de Dulacou Rackman, qui illustraient jadis les Contes de Perrault ou Les aventures d'Alice au Pays des Merveilles. Son histoire déroule ses épisodes oniriques dans une ambiance feutrée, douce et mystérieuse. Peu de textes, car le dessin dit tout, odeurs, sons et couleurs. Sortis de la forêt, les bébés se reposent un peu, sur un petit lit de fer, dans le confort rassurant du ventre maternel.Vient le moment de naître et de perdre sa barbe, de vieillir et de perdre ses cheveux. Le père se métamorphose en son fils. LE fils se métamorphose en son père. Et déjà il faut retourner dans la forêt pour y mourir ou y renaître. Ainsi va la vie, en un cycle sans fin.
Né en 1883, mort en 1968, Gus Bofa a traversé deux siècles, vécu deux guerres mondiales et vu les débuts de l'automobile, de l'aviation et de la conquête spatiale. Revenu infirme de la Grande Guerre, il voue sa vie, non à la poursuite de la gloire et de la fortune, mais à la pratique de vices délicieux et antisociaux : le dessin, l'écriture et la lecture. Timide, il donne son amitié aux bêtes et contemple de ses yeux bleus d'enfance la faillite d'une humanité qui fuit la peur du néant de désastres intimes en catastrophes bruyantes.Au fil de cinquante ans de carrière, et au gré de sa fantaisie, cet artiste autodidacte dessine pour la presse, réalise des affiches publicitaires, écrit des articles et des contes, des revues et des pièces de théâtre, se fait critique dramatique et littéraire, fonde un Salon artistique, et illustre plus d'une cinquantaine de livres. Après avoir mis en images le fantastique social de Pierre Mac Orlan et donné sa vision personnelle, parfois acide, des grands classiques, il associe ses propres textes et ses dessins dans une suite d'albums souvent introspectifs, toujours désillusionnés.Respecté de ses contemporains pour son talent et son intransigeance, Gus Bofa, qui a influencé nombre d'auteurs de bande dessinée, n'en est pas moins aujourd'hui oublié et du public et de la critique. Cette biographie, la première qui lui soit consacrée, tente de percer le mystère de l'homme et de l'artiste, en le mettant en scène dans sa vie, son métier et son époque.
Accroché au volant de son destrier mécanique équipé pour l'autodéfense, le vertueux taxista cuatroplazas fonce dans la jungle misérable des banlieues ouvrières de barcelone, roulant sans fin dans une zone percée d'égouts et de bidonvilles.Sans pitié, épaulé par un instinct de survie hors du commun, il réclame vengeance et justice pour sa mère violée et assassinée. pour le cadavre déshonoré de son père. pour sa soeur prostituée. et pour l'héritage dont il a été dépossédé par une famille de dégénérés. comme travis bickle, le personnage joué par robert de niro dans taxi driver, taxista est un ange expiatoire arpentant le labyrinthe chaotique des vices humains et, frappant de sa foudre rédemptrice des crapules auxquelles il n'est jamais très loin de ressembler.Avec lui, les nuits sont courtes et les fossoyeurs ne chôment jamais. plus sombre et plus poisseux que du pétrole brut, le noir et blanc violemment contrasté de marti reflète son amour pour le génial dick tracy de chester gould, ainsi que la camaraderie faite d'émulation réciproque qu'il partagea avec charles burns au milieu des années 1980. artiste rare et injustement oublié, marti est de ces auteurs qui ont donné à la bande dessinée quelques-unes de ses pages les plus insolites et ténébreuses, témoignant avec une force intemporelle de l'obstination avec laquelle l'espèce humaine choisit de se développer dans la fange.
Fritz the Cat est sans conteste le personnage le plus célèbre de Robert Crumb, mais sa renommée repose sur une équivoque. La plupart des gens ne connaissent en effet Fritz que comme le héros du dessin animé que le réalisateur Ralph Bakshi a sorti en 1972, d'après les bandes dessinées de Crumb publiées quelques années plus tôt. Premier dessin animé classé X, le long-métrage de Bakshi a connu un tel succès commercial qu'il a durablement tordu la perception que l'on peut avoir du matou original, celui que Crumb dessinait depuis l'adolescence pour son propre plaisir.Le présent volume rétablit la véritable identité de Fritz, tel que l'a dessiné Robert Crumb : de sa première apparition en 1965 dans le magazine Help ! à sa mort violente en 1972 (en réponse au film de Bakshi), on le découvre étudiant glandeur, obsédé sexuel, révolutionnaire à-la-mie-de-pain, simili James Bond outrancièrement macho, héroïnomane en pleine déchéance, star vieillissante et cynique, c'est-à-dire l'antithèse des beautiful people du mouvement hippie d'alors... Faussement cool et vaguement ringard, Fritz synthétise la vision acérée que Crumb avait à l'époque des gens de sa génération.Inspiré, dans son graphisme contrasté et son découpage fluide, par les strips des classiques de la bande dessinée d'humour américaine des années 1920 et 30, Crumb, quand il dessine Fritz, se fait chroniqueur acerbe, à la manière de ses maîtres en satire Harvey Kurtzman et Jules Feiffer.
Le succès sans commune mesure de la bande dessinée au Japon, son ancrage dans la société, sa forme unique et ses thèmes de prédilection, s'expliquent une fois placés en regard de l'Ere Showa (1926-1989). Les biographies des pionniers du manga, de Vie de Mizuki de Shigeru Mizuki à Une vie dans les marges de Yoshihiro Tatsumi, témoignent autant de l'explosion d'un art populaire que de cette période parmi les plus complexes de l'histoire du Japon.La Vie de Mizuki rappelle qu'en un peu plus d'un siècle, cet archipel presque exclusivement constitué de villages de pêcheurs s'est mué en l'une des plus grandes puissances industrielles mondiales. Entre-temps, un élan de modernité et de nationalisme a emporté ses hommes vers la guerre, avant de rapatrier les survivants sur une terre occupée, en perte d'identité, en marche d'industrialisation forcée, démunie de son armée et de son besoin de produire de l'énergie.Cette société qui n'aurait plus besoin de se défendre ni de se nourrir allait accoucher d'une forme d'expression naturellement enfantine, mais d'une richesse indéniable : le manga. Shigeru Mizuki, cet artiste qui a ressuscité le goût du folklore au Japon, incarne plus que quiconque cette édifiante réaction artistique face au poids de l'Histoire : celle d'un homme qui a perdu un bras au combat et rentre dans son pays pour donner vie à un courageux fantôme à qui l'on a volé un oeil.Récit d'un destin hors du commun, témoignage unique sur la mutation d'un monde, Vie de Mizuki est une extraordinaire fresque romanesque qui embrasse un siècle de chaos et d'inventions.
Ce nouveau volume de l'anthologie Robert Crumb rassemble des histoires publiées dans la revue Weirdo, créée avec sa femme, Aline Kominsky, au début des années 80.Elles marquent une évolution du dessinateur vers un style plus réaliste et plus sombre. Crumb y pastiche les Classic Illustrated qui prétendaient donner un vernis de culture aux comics en adaptant en bande dessinée des monuments de la littérature. Ses Klassic Komics utilisent l'imagerie crue et brutale des comics des années 50 pour rendre la violence et le désespoir d'oeuvres littéraires qui le touchent personnellement, comme La Nausée de Sartre ou la biographie de Jelly Roll Morton.Philip K. Dick, Sartre ou Boswell, chacun d'eux représente un aspect de Crumb, qui réalise ici un passionnant autoportrait éclaté. Mais l'ironie n'est jamais loin. Les escapades sexuelles de Boswell, traitées à la façon de Hogarth, sont l'occasion de ridiculiser le décalage entre les prétentions intellectuelles de l'homme et ses pulsions charnelles. Mais c'est avec un sérieux et une compassion inattendues que Crumb reprend 16 des 238 cas de perversions sexuelles recensés par le Psychopathia serualis : Etude médico-légale à l'usage des médecins et des juristes du baron psychiatre von Krafft-Ebing.Le lecteur retrouvera aussi le Crumb érotomane avec Bad Karma, fantasme en roue libre, oscillant entre désir de puissance et haine de soi, suivi d'un hommage étonnant à Bécassine, qui entre ainsi dans le Panthéon masturbatoire de Robert Crumb. Nausea est incontestablement l'un des meilleurs volumes de cette anthologie.
Récit onirique d'un corbeau mélancolique et d'une jeune fille rêveuse, La Main verte est paru pour la première fois dans le magazine Métal Hurlant en 1977 avant d'être édité l'année suivante aux Humanoïdes associés. Cette histoire fantasmagorique aux couleurs psychédéliques nous entraîne dans un univers surréaliste où les plantes parlent toute seule et les maîtres d'hôtel font des mots croisés. Comme dans une suite de rêves, le récit est divisé en plusieurs épisodes qui s'entremêlent subtilement. on retrouve dans ces pages l'influence de dessinateurs tels que moebius ou druillet mais aussi celle de l'illustrateur tchécoslovaque Heinz edelmann.Le livre est complété par de nombreuses histoires courtes, pour la plupart parues dans le recueil Le Petit Légume qui rêvait d'être une panthère et autres récits et dont certaines étaient restées jusqu'alors inédites.Scénarisés et illustrés par Nicole Claveloux, ces récits en noir et blanc au trait fin abondent de détails et de touches d'humour absurde. D'une grande richesse graphique, les dessins de Nicole Claveloux possèdent une force évocatrice intemporelle qui s'imprime immédiatement dans l'imaginaire des adultes comme des enfants.De Topor à Gustave Doré en passant par Lewis Caroll, son oeuvre convoque de nombreux croisements tout en possédant une énergie unique qu'il est temps de redécouvrir. Ce premier ouvrage de rééditions consacré à l'oeuvre de Nicole Claveloux en bande dessinée adulte.
Né en 1932, Jacques Lob se lance dans une carrière de dessinateur en 1956, sans avoir fait d'études. Il vivote de petits boulots alimentaires et vend dessins d'humour ou de science-fiction.En 1960, il est de la première équipe de HaraKiri. Sur les conseils de Remo Forlani il va voir Jean-Michel Charlier, de Pilote, qui le pousse à se consacrer au scénario. Lob collabore à Pilote jusqu'en 1988, mais aussi à Vaillant, Tintinet Spirou, où il scénarise deux aventures de Jerry Spring pour Jijé.C'est en travaillant pour Chouchou de Daniel Filipacchi, qu'il rencontre Georges Pichard, avec qui il réalise, de 1969 à )985, un pastiche de roman populaire, Blanche Epiphanie. Son nom figure au sommaire de toutes I~s revues dites adultes, de Charlie Mensuel à L'Echo des Savanes, en passant par Métal Hurlant, Circus ou Fluide Glacial. Il y scénarise pour Mandryka, Daniel Goossens, Ted Benoît, Jean-Claude Forest et bien d'autres.En 1972, il crée, avec Marcel Gotlib, le personnage de Superdupont. Puis il écrit, pour Alexis, Le Transperceneige, histoire d'un « train perpétuel» traversant un monde figé sous une carapace de glace. Lob revient au dessin, parodiant science-fiction et super-héros avec L'Homme au landau (197), Roger Fringant (1976) et Batmax (1981). En 1986, le Grand Prix de la ville d'Angoulême salue ce scénariste polyvalent et prolifique.Jacques Lob meurt en 1990. Depuis 2004, un prix portant son nom récompense un scénariste de bande dessinée pour l'ensemble de son oeuvre.
Déposées sur une plage par un train qui se désagrège à leur arrivée, deux détectives (auxquelles les autrices prêtent leurs traits) débarquent à l'Hôtel du Petit boudin des dunes. Dans ce refuge de bord de mer, le temps s'écoule différemment. La mer monte quand elle en a envie et les méduses volent dans le ciel. Les habitués vaquent à leurs occupations au son du pianiste d'automne, jusqu'au jour où l'Homme triste disparaît mystérieusement...Dans cette oeuvre initialement parue en 1979 aux Humanoïdes Associés, Nicole Claveloux et Édith Zha nous entraînent dans un univers onirique et décalé où la magie s'engouffre à la moindre occasion. Sous la plume surréaliste d'Edith Zha, le dessin finement ciselé de Nicole Claveloux laisse libre cours à toute sa fantaisie.Ici, les couleurs pop de La Main verte laissent place à un dessin au trait d'une grande délicatesse, qui plonge le lecteur dans un mirage balnéaire.Le livre est complété par une introduction riche en documents inédits ainsi que par la série Louise XIV (entièrement en couleurs) qui débuta sa carrière dans Métal Hurlant avant de basculer vers Okapi, un transfuge qui laisse rêveur à une époque où les oeuvres destinées à la jeunesse ont abdiqué toute forme de subversion.De Moebius à Gustave Doré en passant par Lewis Caroll, l'oeuvre de Nicole Claveloux s'affranchit des limites avec gourmandise, enfourchant le plaisir d'imaginer avec une énergie unique qu'il est urgent de redécouvrir - ne serait-ce que pour se souvenir que la bande dessinée n'est pas condamnée à la fade représentation du réel.
Le quotidien d'un groupe d'adolescents est chamboulé lorsque deux jeunes filles sont retrouvées un matin, sauvagement assassinées aux abords du lycée. La présence de la police empêche Pola de dealer autour de l'école, le discret Daniel a des pulsions de plus en plus morbides, et la populaire Laurie commence à se remémorer des souvenirs traumatisants. La viede la petite bourgade est très vite rythmée par les flashs télévisés et la rumeur d'un dangereux meurtrier armé d'une batte se propage rapidement dans la ville. La fin des cours approchant, l'avenir semble incertain, pourtant chacun veut préserver l'illusion d'une éternelle insouciance. Mais le mal est pourtant bien là, dissimulé sous leurs yeux...Véritable hommage au cinéma de genre américain, L'Entaille nous plonge dans le quotidien d'une petite ville de bords de mer dont la tranquillité est soudainement rompue pars l'arrivée d'un tueur en série. On y retrouve ainsi tous les codes du slasher ou du teen movie qui sont ici habilement adaptés en bande dessinée. Les planches, entièrement réalisées au crayon papier, provoquent un sentiment d'irréalité proche du rêve éveillé et nous baignent instantanément dans une ambiance feutrée.Avec L'entaille, Antoine Maillard signe un récit initiatique contemporain où les adolescents quittent subitement le monde préservé de l'enfance pour affronter un univers d'adulte, inconnu et menaçant. Ainsi, l'intrigue centrale met en exergue les états d'âme juvéniles des personnages, leurs doutes et leur mal-être quotidien, dans des moments introspectifs qui renferment une forme de poésie.
Les fleurs rouges (1967-1968) et La vis (1968-1972) nous montraient Yoshiharu Tsuge atteindre la pleine puis- sance de son art et fonder le watakushi manga (la bande dessinée du moi). Cette troisième parution (chronologi- quement le premier volume de l'anthologie consacrée à Tsuge) propose de retrouver l'auteur alors qu'il vient d'inté- grer la revue Garo. Il n'en est pas à ses débuts - il a déjà presque dix ans de carrière derrière lui - mais il trouve dans l'opportunité que lui offre le magazine la possibilité de franchir une étape et de devenir un auteur à part entière.Plus classiques et plus faciles à lire, les nouvelles réunies dans Le marais sont encore marquées par les histoires qu'il dessinait pour les librairies de prêt. On retrouve dans ces premières oeuvresle vocabulaire du gekiga, appli- qué à des récits d'aventures situés à l'époque Edo. Mais le dessin et la narration témoignent encore de l'influence de Shirato Senpei, l'auteur phare de Garo, et de la figure tutélaire d'Osamu Tezuka.Pourtant, le ton se démarque du reste du magazine. Ce qui vaut à Tsuge des réactions négatives des lecteurs, qui ne comprennent pas le caractère novateur du Marais et de Tchiko, nouvelles tournant le dos à l'innocence et pré- figurant L'Homme sans talent (Atrabile), le livre avec le- quel Tsuge concluera sa carrière vingt ans plus tard. Déçu par ce manque d'enthousiasme, Tsuge cesse d'écrire pendant un an et devient l'un des assistants de Shigeru Mizuki, auprès duquel son dessin gagnera en maturité.Les lecteurs ne redécouvriront les onze joyaux qui composent ce volume que quelques années plus tard, lorsque le talent de Yoshiharu Tsuge les aura définitive- ment irradiés.
Le genre animalier occupe dans l'oeuvre de Robert Crumb une place prépondérante, ne serait-ce que par la renommée de Fritz le chat ( Anthracite ). On trouvera ici l'essentiel de la production animalière qu'il a dessinée par ailleurs et qui court sur trois décennies. Ses thèmes de prédilection et son regard désespéré sur l'existence se trouvent ici renforcés par le décalage que génèrent les pelages veloutés et les yeux brillants de malice de cet univers surcodifié. Les bons sentiments volent en éclats, pour ne plus laisser place qu'à des instincts trop tristement humains...
Après cette ville te tuera, voici le deuxie?me volume d’une copieuse anthologie consacre?e a? l’œuvre de Yoshihiro Tatsumi !Yoshihiro Tatsumi se de?tache, a? la fin des anne?es 1950, des re?cits d’aventures utopistes pour enfants et invente un genre uniquement destine? aux adultes: le gekiga («images dramatiques ou the?a?trales»). Forme d’e?criture nouvelle, autant sur le plan the?matique que graphique, le gekiga apparai?t, re?trospectivement, comme la premie?re tentative de the?orisation de la bande dessine?e japonaise.A? cette e?poque, Yoshihiro Tatsumi cherche une grammaire pour de?noncer, nouvelle apre?s nouvelle, l’envers de la modernite? japonaise.Il pre?fe?re aux se?quences dynamiques les images sombres, cruelles et urbaines ; aux longs dialogues, le mutisme des hommes et le bruit des machines.Sous l’occupation ame?ricaine, l’archipel connai?t de grandes transformations sociales, a? commencer par un exode rural massif et une explosion des me?galopoles. Et face a? l’euphorie et a? l’e?loge de la modernite? ve?hicule?es par le manga pour la jeunesse, Tatsumi oppose les exclus et les victimes de cette transformation sociale.Pe?re de la bande dessine?e adulte et d’une nouvelle manie?re de raconter en images, Yoshihiro Tatsumi se fait e?galement le portraitiste terriblement juste d’un monde bouleverse?.
Personnage de fiction créé en 1911 par Pierre Souvestre et Marcel Allain, Fantômas acquiert une notoriété internationale lorsque Louis Feuillade, le maître du cinéma fantastique français, l'adapte au cinéma en 1913. Plus grand criminel de tous les temps, le génie du crime n'hésite pas à tuer et à torturer pour arriver à ses fins.Surpassant l'original, Benoît Preteseille crée un Fantômas monstrueux à la fois physiquement et psychologiquement. Personnage récurrent dès les première figures antiques, le monstre trouve son pendant vertueux à travers la figure du héros. Le monstre y est fréquemment utilisé pour sa fonction d'opposition face au héros voire réduit à cette unique fonction. Il vient perturber une harmonie préexistante en mettant la société en danger, le héros parvient à la protéger - la plupart du temps en commettant un monstricide- et acquiert ainsi son statut.Face à une pénurie de héros, le monstre acquiert une dimension supérieure dans l'Art et le sang et s'élève au rang de protagoniste. Ici, les héros - Dupois et Dubois, deux policiers aux accents hergéens - sont peu crédibles dans leurs déguisements de clowns. Ces erzats de policiers symbolisent la loi naïve et grotesque dans son impuissance à contenir cette force débordante et incontrôlable qu'est le monstre.À travers le travestissement de ses personnages, l'auteur joue avec l'imagerie du cirque qui lui est chère - il a travaillé sur les décors de spectacles de cirque avant d'entamer sa carrière dans la bande dessinée. Fantômas sublime et fantasme la notion même de travestissement à travers des figures littéraires telles que Dorian Gray (son livre de chevet) ou cinématographiques telles que Elephant Man.Sociopathe cauchemardesque et monstre effrayant, le Fantômas de Benoît Preteseille vient s'inscrire dans la lignée des oeuvres néogothiques de Robert Louis Stevenson (L'Étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde), Bram Stoker (Dracula), Mary Shelley (Frankenstein) ou Oscar Wilde (Le portrait de Dorian Gray).
Shigeru Mizuki est né en mars 1922 à Sakai-minato, petite ville côtière du sud-ouest du Japon. Il connaît dans cette province tranquille une enfance libre et heureuse, période faste dont il s'inspirera à de nombreuses reprisesdans ses mangas. Très tôt, il montre des aptitudes étonnantes pour le dessin, talent encouragé sans réserve par ses parents. Il a à peine vingt ans lorsque la guerre du Pacifique vient interrompre ses espoirs de carrière.Enrôlé dans l'armée impériale japonaise, il est envoyé dans la jungle de Nouvelle-Guinée, où il va vivre un véritable cauchemar: il contracte rapidement la malaria, assiste à la mort de ses camarades et perd le bras gauche dans un bombardement... Détenu sur place à la fin de la guerre, il se lie avec les membres d'une tribu locale, amitié qui le sauvera de la famine, de la maladie et de la folie. Ce n'est finalement qu'en 1957, après une vie déjà trop riche de souvenirs et de blessures, qu'il entame la carrière de mangaka qui a fait de lui l'un des plus grands raconteurs d'histoires de son pays.Auteur singulier et généreux, il ne cesse d'explorer tout au long de son oeuvre les univers qui se cachent derrière notre monde pour mieux dire sa profonde compréhension de l'âme humaine, et communiquer à ses lecteurs l'empathie qu'il éprouve pour toutes les formes de vie. Après NonNonBâ et Opération Mort (Fauves du Meilleur Album et du Patrimoine en 2007 et 2009 au festival d'Angoulême), les éditions Cornélius présentent avec Vie de Mizuki un autre chef-d'oeuvre et une nouvelle facette de ce géant du manga.Le succès sans commune mesure de la bande dessinée au Japon, son ancrage dans la société, sa forme unique et ses thèmes de prédilection, s'expliquent une fois placés en regard de l'Ere Showa (1926-1989). Les biographies des pionniers du manga, de Vie et Mizuki de Shigeru Mizuki à Une vie dans les marges de Yoshihiro Tatsumi, témoignent autant de l'explosion d'un art populaire que de cette période parmi les plus complexes de l'histoire du Japon.La Vie de Mizuki rappelle qu'en un peu plus d'un siècle, cet archipel presque exclusivement constitué de villages de pêcheurs s'est mué en l'une des plus grandes puissances industrielles mondiales. Entre-temps, un élan de modernité et de nationalisme a emporté ses hommes vers la guerre, avant de rapatrier les survivants sur une terre occupée, en perte d'identité, en marche d'industrialisation forcée, démunie de son armée et de son besoin de produire de l'énergie.Cette société qui n'aurait plus besoin de se défendre ni de se nourrir allait accoucher d'une forme d'expression naturellement enfantine, mais d'une richesse indéniable: le manga. Shigeru Mizuki, cet artiste qui a ressuscité le goût du folklore au Japon, incarne plus que quiconque cette édifiante réaction artistique face au poids de l'Histoire: celle d'un homme qui a perdu un bras au combat et rentre dans son pays pour donner vie à un courageux fantôme à qui l'on a volé un oeil.Récit d'un destin hors du commun, témoignage unique sur la mutation d'un monde, Vie de Mizuki est une extraordinaire fresque romanesque qui embrasse un siècle de chaos et d'inventions.
Novateur, décadent et sans concession, et si la pensée de Charles Baudelaire était à l'origine du mouvement punk ?À Bari, petite ville du sud de l'Italie, un groupe de jeunes punks tue son ennui dans un parc à coup de Rohypnol et de gin tonic. Au centre de la bande, un curieux personnage semble capter toutes les attentions. Habillé d'une redingote ornée d'un noeud papillon, son style tranche avec les vestes en cuir cloutées et les crêtes colorées. Charles Baudelaire, débarqué tout droit de son 19 e siècle, s'intègre rapidement à la petite troupe jusqu'à en devenir un véritable leader. Son caractère, profondément rebelle et antisocial, trouve une résonance dans l'esprit contestataire des jeunes italiens.Ainsi, l'histoire transpose avec humour la figure du poète - telle qu'on se l'imagine à la lecture de ses journaux intimes - dans une société contemporaine en proie au scepticisme et à la désillusion. La fascination troublante du groupe pour ce person- nage anachronique vient souligner les contradictions d'une génération en manque de repères et d'icônes auxquels s'identifier.Réalisés sur des carnets de croquis, les dessins à l'aquarelle offrent un rendu lé- ger et voluptueux en parfait accord avec le thème. À sa manière, Alessandro Tota livre un touchant hommage à Baudelaire en montrant que sa pensée est toujours aussi vivante et actuelle 150 ans après sa mort.