L'Abitibi, c'est la frontière du nord. La petite Russie raconte la colonisation de cette région du Québec, de ces hommes et de ces femmes qui ont tout quitté pour aller défricher et cultiver la terre. C'est aussi l'histoire d'un petit village qui s'appelle Guyenne. Guyenne n'est pas une paroisse comme les autres. C'est une coopérative. Le bois que tu coupes là-bas ne t'appartient pas : la coop garde 50% de ton salaire pour financer le développement de la colonie.Dans le coin, il y en a appellent ça la petite Russie . C'est là que Marcel et Antoinette vont vivre durant vingt ans. Inspiré par le récit de ses grands-parents, qui ont habité à Guyenne de 1948 à 1968, Francis Desharnais signe avec La petite Russie son sixième livre pour les Editions Pow Pow. Basé sur Guyenne, vingt ans de colonisation sous le régime coopératif... et après, un ouvrage publié par son grand-père en 1983, ce livre rend hommage à ces colons qui ont tenté l'expérience d'un autre modèle de société.Mais c'est aussi, pour l'auteur une manière de se replonger dans l'histoire de sa propre famille.
Vous souvenez de la fois où Jos Montferrand a payé pour son boire en étampant son pied au plafond ? Ou de la fois où il a varlopé une centaine d'Anglais dans une rivière en swinguant un Irlandais par le pied ? Notre histoire se passe ben après ça. Jos est rendu vieux, pis les lendemains de brosse passent moins bien qu'avant. Mais ça a l'air que quelque part à l'est, ils ont inventé un remède miracle pour te requinquer le gaillard.Ils appellent ça la poutine.
Quelque chose ne tourne pas rond dans la petite ville de Hobtown. Les disparitions mystérieuses se multiplient depuis près d'un an.La dernière en date est celle du père de Sam.Voilà une affaire pour le club de détectives de la polyvalente locale, dirigé par la vaillante Dana Vance. Tant par son ton évoquant Alice Détective et les Frères Hardy que par son style visuel résolument rétro, L'affaire des hommes disparus évoque l'univers des classiques de la littérature policière pour adolescents. Mais au fil des revirements de situation, les auteurs en viennent à explorer une veine plus sombre, proche de l'horreur.
Whitehorse. Capitale du Yukon. C'est dans ce paradis nordique isolé que Sylvain Pastrami, nouvelle coqueluche du cinéma québécois, a décidé de tourner son prochain long métrage : un double documensonge sur une équipe de tournage filmant un documentaire sur les caribous homosexuels.C'est aussi là que notre héros, Henri, doit se rendre pour reconquérir le coeur de la belle Laura – qui l'a quitté pour aller tenir le rôle principal dans le film de Pastrami.Henri devra affronter ses propres démons, ainsi qu'une horde de pélicans géants survolant la ville en permanence, s'il désire renouer avec l'amour de sa vie.
Avec Ping-pong, l'auteure et musicienne Zviane tente de faire le pont entre ses deux pratiques artistiques de prédilection, réalisant pour se faire un essai sur le processus créatif sous forme de bande dessinée. Réalisant une série d'allers-retours entre les deux disciplines, Zviane explore un vaste éventail de problématiques esthétiques et philosophiques. D'où ce ping-pong évoqué dans le titre, qui se fait dans un premier temps entre la bande dessinée et la musique - puis, par la suite, entre les réflexions de Zviane et les réponses de près d'une vingtaine d'auteurs qui se sont prêtés au jeu, dont Lewis Trondheim, Boulet, Jimmy Beaulieu, Pascal Girard, Réal Godbout et Julie Delporte. Cette version commentée, revue et augmentée, est agrémentée de nouvelles notes réalisées par l'auteure en marge du livre ainsi que de près d'une centaine de pages dans lesquelles des auteurs européens et québécois « échangent » sur les questions abordées par le livre. Ping-pong devient ainsi, plus encore qu'un livre, un espace commun au sein duquel s'établit un authentique dialogue entre de nombreux créateurs - qui profitent de l'occasion pour partager anecdotes et théories ou parfois même pour contredire Zviane.
Dans le monde de Sombres bagarreurs, les guerriers fusionnent entre eux afin de devenir plus que la somme de leurs parties. La procédure est d'autant plus dangereuse qu'elle a été déclarée illégale par Impérius Rhâââ, un ignoble tyran désirant conserver le pouvoir. Sombres bagarreurs est une fusion virtuose d'Akira Toriyama et de Joe Kubert, un hybride inédit se situant quelque part entre le manga et le comic book américain. C'est aussi le tout premier livre d'Al Gofa, jeune auteur montréalais canalisant avec humour son affection infinie pour Dragon Ball, les X-Men de Liefield et Lee ainsi que Métal Hurlant. « J'ai voulu faire un livre pour l'enfant de cinq ans en moi. Un livre inspiré par tout ce qui me passionnait quand j'étais jeune. Tout ce qui m'intéressait, à l'époque, c'est de créer des personnages cool. Tous mes dessins étaient des hybrides de mes super-héros préférés. Sombres bagarreurs est à propos de tout ça. »
Avec Les enquêtes de Sgoubidou, Cathon rend une fois de plus hommage aux récits policiers et aux films de série B qui lui avaient inspiré Les ananas de la colère - son populaire meurtre et mystère tiki se déroulant dans le quartier hawaïen de Trois-Rivières. Elle emprunte également aux vieux fascicules gondolés d'Archie qui traînent dans votre sous-sol.Le légendaire détective canin Sgoubidou, dont personne prononce le nom deux fois de la même façon, a fait sa toute première apparition dans Sougibou et le mystérieux baril - un fanzine de 16 pages publié par Cathon en 2017. Depuis, les innombrables fans de Sgoubi ne cessent de réclamer une intégrale regroupant toutes les meilleures histoires du fin limier au museau mouillé et de son dégourdi maître Sammy. Le problème, c'est que Cathon n'avait à ce jour publié que trois autres récits : Sgoubidou joue le jeu (2019), Les indiscrétions de Sgoubidou (2020) ainsi que Des roses pour Sgoubidou (2020).Il a donc fallu qu'elle retrousse ses manches afin de produire cette anthologie des enquêtes les plus mystérieuses menées par le perspicace pitou. Ce recueil contient par conséquent de multiples inédits dont « Mission de charme pour Sgoubidou», « Les vacances de Sgoubidou », « L'héritage de Sgoubidou» ainsi que l'inévitable « Bébé Sgoubidou ». Cathon profite de l'occasion pour parfaire sa célèbre « ligne molle » afin de détailler les divers états de liquéfaction, d'indifférence et de consternation de son héros. Du grand art.
Pour l'ADMN João Da Silva, il ne s'agit pas d'une simple inspection de routine : la colonie minière de Homestead n'est plus rentable et les ouvriers, des géants que l'on nomme Titans, sont à couteaux tirés avec l'administration.Avec l'aide de Phoebe Mackintosh, représentante syndicale aux allégeances incertaines, João doit découvrir ce qui se trame réellement... avant que la situation ne dégénère et ne se transforme en conflit interplanétaire ! Avec Titan, l'auteur François Vigneault propose un récit de science-fiction alliant habilement l'intime à l'épique.
« À quel âge ai-je commencé à me sentir flouée d'être une fille ? » C'est autour de cette interrogation initiale que s'articule Moi aussi je voulais l'emporter, réflexion personnelle sur le genre qui devient au fil des pages une sorte de récit d'apprentissage féministe. Inspirée par la figure de Tove Jansson, créatrice des Moomins à laquelle devait d'abord être consacré l'ouvrage, Julie Delporte se remet en question tout en remettant en question la place des femmes dans le monde, pour en arriver finalement à cette réalisation : « Je suis en train de tomber amoureuse de l'idée d'être une femme. »
Yves n'a rien d'un dragueur émérite. Mais depuis qu'il est en couple avec Danielle, les femmes ne cessent de le courtiser. Est-ce tout simplement le fruit de son imagination fertile? Son corps dégagerait-il sous l'effet du bonheur des phéromones attirant le sexe opposé ? Tandis que Danielle considère sérieusement la possibilité qu'ils emménagent ensemble, Yves tente tant bien que mal de résister à la tentation de l'infidélité. La situation serait sans doute plus facile à gérer si Michel, le meilleur ami d'Yves, n'était pas dans les parages pour lui rappeler le « bon vieux temps » des sorties dans les bars et des poutines de fin de soirée.
Ca va. On le sait. C'est toujours un peu lourd, lorsqu'un ami revient de voyage et insiste pour vous montrer dix mille photos prises durant son séjour à l'autre bout du monde. Mais quand c'est Zviane qui nous raconte son voyage, c'est un peu plus drôle. Parce que Zviane est drôle ; et quand Zviane nous raconte son voyage au Japon, c'est plus intéressant. Parce que le Japon, c'est un drôle d'endroit.Réalisé entre décembre 2017 et janvier 2018, ce carnet de voyage traite sur le mode ludique de tout et de rien - de l'élégance supérieure du design japonais à l'étrangeté des toilettes locales en passant par le bruit ambiant et le kawaii. Dans un registre rappelant notamment son fameux Ping-pong, Zviane nous partage au gré de son inspiration ses diverses observations sur ce pays unique ains que sa culture - tour à tour inspirante, fascinante et déroutante.
Laura est une jeune comédienne montréalaise à l'aube du succès. Elle s'apprête à tourner un film (ou plus précisément un faux documentaire sur un faux documentaire) à Whitehorse avec la nouvelle coqueluche du cinéma québécois, Sylvain Pastrami. Mais Henri, son étouffant copain, voit d'un mauvais oeil cette nouvelle. Misanthrope et maladivement jaloux, ce dernier ne reculera devant rien pour tenter de convaincre Laura de refuser cette opportunité - ce qui aura, évidemment, des conséquences désastreuses sur leur relation.Les personnages névrosés de l'auteur sont à la fois exécrables et attachants, rappelant par moments ceux de Woody Allen ou de Ricky Gervais. Avec Whitehorse, il propose un portrait décapant du milieu jeune et branché du nouveau cinéma montréalais. Ses dialogues explosifs, pimentés de sacres typiquement québécois, font toute la couleur de cette « comédie romantique » atypique carburant aux malaises improbables qui trouvent toujours une manière inattendue de dégénérer encore plus.
Avec Les premiers Aviateurs, Alexandre Fontaine-Rousseau et Francis Desharnais proposent une relecture critique et irrévérencieuse de l'histoire des pionniers de l'aviation - de Besnier le serrurier (1678) à Franz Reichelt (1912), en passant par Orville et Wilbur Wright (1902). Pour ce faire, les auteurs n'ont recours qu'à une vingtaine de vignettes qui sont alternées et répétées de manière à créer une série de courtes saynètes nous rappelant avec humour et philosophie que la longue route menant à la réussite est parsemées d'échecs tour à tour humiliants, tragiques et ridicules. Inspirée par les expérimentations formelles de l'OuBaPo, l'élaboration des Premiers Aviateurs s'est articulée autour d'une contrainte simple : l'illustrateur Francis Desharnais fournissait au scénariste Alexandre Fontaine-Rousseau un nombre limité de dessins, à partir desquels ce dernier devait composer une série de gags autour du thème des pionniers de l'aviation. Derrière une élégante couverture au style résolument rétro se cache ainsi un ouvrage au minimalisme assumé et assurément moderne.
La Mort attend patiemment le prochain tome de sa série préférée. Mais l'auteur Titus Caropin souffre du syndrome de la page blanche et la parution de son septième roman a été remise aux calendes grecques. Lorsque même le karaoké n'arrive plus à raviver la flamme, c'est que l'heure est grave ! Mais la panne d'inspiration de Titus se transforme en angoisse existentielle lorsque la grande faucheuse vient lui demander une dédicace. Bande dessinée sans texte évoquant à la fois le travail de Fred et de Jim Woodring ainsi que les bons vieux Looney Tunes de Chuck Jones, l'élégant VII nous permet surtout de découvrir un jeune auteur des plus prometteurs.Réflexion à la fois drôle et sincère sur la mort et la création, VII se démarque d'abord par la remarquable fluidité de son découpage. Mais une lecture plus attentive révèle la méticulosité avec laquelle Thom compose ses planches, truffées de détails poétiques et de subtils gags visuels. Si l'impeccable sens du rythme du jeune auteur montréalais rappelle par moments le dessin animé, sa maîtrise des codes du neuvième art nous rappelle que la bande dessinée muette est une façon pour lui d'explorer l'essence de ce médium.