Le talent de Koren Shadmi pour la bande dessinée n'est plus à prouver. D'Abaddon à Bionique en passant par Le Voyageur, il a largement prouvé qu'il est un narrateur hors pair, qui sait faire évoluer son trait au fil des genres qu'il explore.Avec Freakshow, c'est une autre facette de Shadmi qu'Ici Même souhaite faire découvrir.Illustrateur très sollicité outre-Atlantique, il possède là aussi un talent remarquable : quel que soit le sujet qu'il explore, il le fait avec la même force graphique, et chacune de ses images, par sa composition originale et soignée, possède la force expressive et la touche poétique qu'on retrouve dans chacun de ses romans graphiques.Ici, ce sont près de 150 images qui nous entraînent dans son univers envoûtant.Un belle découverte qui, dans la veine de L'Heure des mirages de Manuele Fior, vient étoffer la Collection Mordicus.
Un jeune homme vient visiter une chambre à louer dans un appartement. L'appartement est immense, classieux , l'affaire est vite conclue avec les autres locataires. Mais voilà que bien vite, le nouvel arrivé découvre qu'il ne peut plus sortir... pas davantage que les autres occupants. La porte par laquelle il est entré semble condamnée, comme le sont les fenêtres, et toute autre issue. Ainsi commence Abaddon, le plus fascinant et le plus dérangeant des romans graphiques de Koren Shadmi. Ainsi commence un cauchemar polymorphe, où l'auteur alterne le quotidien emmuré des cinq protagonistes et les cauchemars du héros, hanté par des images de guerre. Immédiatement, le lecteur est pris au piège, happé par l'angoisse, et n'aura de cesse de tenter de trouver une explication à cet enfermement. Le héros est-il victime d'une machination infernale, ou bien en proie à la folie ? Voici enfin éditée l'intégrale d'Abaddon, indispensable à tout amateur de l'univers de Koren Shadmi.
Reprise des volumes dépeignant le quotidien de Guillaume et Rémi, étudiants des Beaux-arts de Saint-Etienne, accompagnée de notes plus autobiographiques de Guillaume Long sur ses débuts professionnels.
Dans tous les domaines, les sciences, les arts, la politique, on rencontre des hommes et des femmes à l'existence surprenante, à la desti - née farfelue, aux inventions stupé - fiantes, dont la grande Histoire ne retient pas toujours les noms, qui ne gagnent pas forcément leur entrée dans les dictionnaires.Simon Schwartz s'est attaché à 33 de ces personnages remarquables.En une page, il résume l'essence d'une vie, l'ironie du hasard ou du destin.Chacune de ces vies se voit traitée selon un style narratif et graphique qui lui est propre, correspondant au sujet, à l'époque. Comme un curri - culum vitae soigneusement rédigé, dessiné et composé de chacun de ces illustres inconnus ou excen - triques célèbres.Ainsi, l'on apprendra des choses passionnantes sur Thomas Har - vey, l'homme qui a volé le cerveau d'Einstein, Joshua Norton, unique empereur autoproclamé des é tats- Unis, le génial et aveugle musi - cien Moondog, le joueur de blues Robert Johnson ou encore le fameux pétomane français Joseph Pujol.Le résultat est à la fois envoûtant et drôle, et on peut naviguer dans ce bel album comme dans une déli - cieuse encyclopédie du bizarre. Qui offre un intéressant point de départ à cette réflexion : qu'est-ce que la normalité chez l'espèce humaine ?Original et réjouissant.
Début du XXè siècle, quelque part en Europe centrale. La jeune Ada vit seule avec son père, un bûcheron aussi rustre qu'autoritaire. Le talent et la curiosité de la fillette pour la peinture ne font qu'attiser la colère et le mépris du père. Consciente que l'affrontement n'est pas une option, Ada fait mine de se soumettre à l'autorité paternelle, pour mieux, secrètement, s'adonner à sa passion. Pour autant, l'orage se prépare au loin et il sera difficile d'y échapper.
Dans un futur proche, Almo Brasil, écrivain en manque d'inspiration, s'embarque pour la planète Balhore. Là, au milieu des rêves et des hallucinations, il devient si facile de se perdre, autant que dans les bras de la belle Zelda... pour mieux se trouver ?Une quête initiatique avec pour toile de fond une ville qui n'est pas sans évoquer le Tanger de Burroughs, des visions hallucinées qui lorgnent du côté de Moebius - Marco Galli nous livre là un opus labyrinthique et nous entraîne dans un voyage captivant, vers les tréfonds de l'âme humaine.
Canada, vit à Toronto avec sa femme et leurs trois enfants. Il appartient à une organisation anticommuniste qui milite pour l'indépendance de la Serbie. Sa femme, soupçonnant la nature de ses activités militantes et craignant pour la sécurité des enfants, décide de retourner en Yougoslavie.Elle persuade Peter de la laisser partir avec les enfants pour de prétendues vacances chez ses parents. Peter accepte mais, méfiant quant aux intentions réelles de sa compagne, exige que leur fils aîné, Petey, alors âgé de 7 ans, reste avec lui au Canada.Terrible « choix de Sophie » auquel se trouve alors confrontée la mère : abandonner l'un de ses enfants pour mettre les deux autres en sécurité, ou bien risquer la vie des trois. Elle décide de partir avec ses filles. Ce qui devait être un voyage de quinze jours deviendra un séjour de quinze ans, la famille demeurera séparée à jamais.
« Une femme qui réussit réussit pour toutes les autres ».1955, côte adriatique.C'est l'heure du miracle économique pour l'Italie, et les plages qui bordent l'hôtel Ariston accueillent un tourisme tout neuf.De cet hôtel comme d'un théâtre, Ariston Hotel explore la scène et les coulisses. Au travers des vies, aventures, anecdotes des clients et du personnel, l'album égrène trois décennies et raconte, autour du personnage central de Renata, la propriétaire des lieux, une histoire de l'émancipation féminine.
A Paris, une corneille est témoin d'un attentat terroriste. Se remémorant l'anecdote selon laquelle Rod Taylor, l'acteur principal des Oiseaux d'Hitchcock, aurait durant tout le tournage été harcelé par l'une des corneilles utilisées pour le film, Giacomo Nanni part du postulat selon lequel l'animal est capable didentifier et de se souvenir des visages humains. De là, il imagine l'une delles en témoin des préparatifs d'attentat de la filière jihadiste dite des Buttes-Chaumont , suspecte des attentats survenus en France en janvier 2015.Il reprend pour ce faire le procédé si original et poétique déployé dans Acte de Dieu de l'enchaînement et du croisement des regards et points de vue. La vision d'une corneille a la même valeur que celle d'une petite fille, le Parc des Buttes-Chaumont comme le piège à corneilles deviennent des protagonistes à part entière. Selon Giacomo Nanni, le but de cette histoire n'est pas seulement de raconter la violence d'un attentat terroriste, mais aussi d'évoquer la brutalité des faits par rapport à linvention littéraire et artistique .Comme d'habitude chez Nanni, cette évocation est d'une subtilité et d'une poésie rares.
Trois histoires, de solitude et d'urgence, une urgence qui saisit les protagonistes et que personne autour d'eux ne perçoit ou ne comprend. Et qui forment un beau récit choral et une délicate analyse des rapports humains. Katherine Mansfield passe quelques mois de l'année 1915 seule à Menton, à écrire des récits et des lettres, et à parler presque exclusivement à son frère. Celui-ci vient de mourir et lui apparaît parfois dans les jardins abandonnés ou dans la cuisine de la petite maison qu'elle occupe.Liam est astrophysicien. Après un brillant doctorat, il choisit les travaux les plus éclectiques et apparemment subalternes plutôt que de rester à l'université où il se sent humilié et ne trouve pas sa place. Lorqu'enfin se présente le poste qui lui donnerait l'occasion de reprendre son travail de chercheur, il va devoir choisir entre son rêve et la vie avec celle qu'il aime. Marzia a 14 ans. Déjà trop vieille pour sortir indemne du procès où elle est accusée de fraude informatique.Marzia est un petit génie du Web, elle passe tout son temps sur son smartphone où elle évolue sous moult identités différentes, toutes évidemment fausses ; elle s'est construit un discours complexe, très évolué pour son jeune âge, qu'elle déroule sans jamais regarder quiconque dans les yeux. Personne n'écoute ni ne croit Marzia. Et Marzia ne s'en soucie guère.
Dessiner, c'est comme avoir de super-pouvoirs, et Liniers invite le lecteur à s'armer de ses crayons pour le rejoindre du côté de la création ! À lui de faire tomber la pluie, de compléter des monstres, de colorier des moutons sans les réveiller... ou de dessiner ce qu'il voit par la fenêtre de sa chambre, les membres de sa famille, les rêves qu'il a faits...Où l'on retrouve Fellini le chat, la petite Enriqueta et son ours Madariaga, l'homme au chapeau, les lutins... Bref, tous les personnages fétiches de Liniers réunis dans un livre d'activités destiné aux enfants de 5 ans et plus.
Une bourgade de la nouvelle Angleterre, au XIXe siècle. Edmund et William Torpor sont deux jeunes frères, l'un inventeur et l'autre musicien. Grâce à des technologies étranges et forces carcasses animales, ils parviennent à créer de surprenants instruments de musique, qui vont s'avérer ne pas être du goût des villageois. Contraints de se dissimuler pour poursuivre leurs recherches, les deux garçons vont faire une découverte effrayante. Peut-être même devineront- ils le mystère de la machine écureuil.
Le retour de Nina Bunjevac avec une oeuvre coup de poing, une plongée troublante dans l'esprit pervers d'un délinquant sexuel.À la lumière d'études psychologiques contemporaines, l'auteur revisite le mythe antique de Diane et Actéon, pour évoquer la personnalité perverse des auteurs de viol et tenter, enfin, peut-être, de faire la paix avec sa propre expérience traumatisante.Un effort nécessaire et salutaire de comprendre ce qui se passe dans la tête de l'autre, l'assaillant, et une tentative radicale d'en finir avec les fantasmes et les idées fausses qui entourent le viol.
Un roman graphique à la Jane Austen, une histoire de destin implacable, servie par un graphisme étonnant.Le temps passe dans le Comté de Nottinghamshire, les saisons se suivent et se pourchassent, comme celles de la vie. Avec la mort de la Comtesse, Clara hérite du domaine et sa soeur, à son grand dam, du patrimoine financier. Les soeurs se séparent. Clara abandonne ses beaux atours pour enfiler ceux du labeur, bien décidée à sauver le domaine qui tombe en décrépitude. Malgré ses sacrifices et ses efforts, elle est bientôt contrainte de vendre, de congédier les serviteurs, et d'abandonner sa grande passion, le clavecin...
Recueil de sept mythes et légendes du folklore japonais, Nippon Folklore rassemble des histoires d'animaux, d'hommes et de métamorphoses. Ainsi, «Le Chat aux trois couleurs» raconte l'histoire d'un couple de vieillards dont le chat dévoile de fascinants pouvoirs. «Le Chapeau de paille» relate le supplice que le sort réserve à un homme qui s'est saoulé au saké. «Momotaro» retrace le destin d'un homme envoyé par les dieux pour détruire les orques d'Onigashima...Couleurs, ambiances et références : tout ici évoque l'art graphique du Japon des années 1800, réinterprété dans un style synthétique, contemporain et très personnel, qui lorgne du côté du manga.
« Sérieux et espiègle, surréaliste et philosophique ». Voici comment Art Spiegelman décrit le travail de Matticchio.Ses bandes dessinées et ses illustrations, drôles et énigmatiques, poétiques et fantastiques, sombres et souvent ironiques, ont valu à Matticchio de devenir un auteur culte.L'un de ses personnages les plus célèbres est un chat au bandeau sur l'oeil, nommé Jones. Ses aventures surréalistes et captivantes - décrites par leur auteur comme à mi-chemin entre Walt Disney et Samuel Beckett - sont ici compilées pour la première fois, dans ce beau recueil de 256 pages intitulé Jones et autres rêves.À la sortie du livre, une exposition inédite à la Galerie Martel !
Aventures sur une île déserte est un ouvrage construit selon le procédé de la mise en abîme. L'intrigue est constituée de nombreux récits étranges, qui s'emboîtent.Le héros, au sortir d'un cauchemar, trouve devant sa porte un journal intime qu'il commence à lire. Ainsi il découvre les aventures d'un autre homme parti en croisière en Afrique. Durant son voyage, un tsunami fait couler le bateau. Ayant survécu, il se retrouve sur une île déserte qui cache des secrets.En apparence, voilà qui rappelle les romans d'aventure initiatiques où le héros entreprend un grand voyage pour devenir homme, conquérir le monde ou, comme dans les contes philosophiques, acquérir personnalité et sagesse. Sauf que chez Sienczyk, tout est différent, comme dans un rêve malade où l'on s'embourbe insensément.
Kokoro, c'est la rencontre d'Igort avec quelques-uns des plus importants représentants de la culture japonaise, de Ryuichi Sakamoto (oscarisé pour la musique du Dernier Empereur de Bertolucci) à Katsuhiro Otomo (créateur d'Akira) en passant par Rumiko Takahashi (reine du manga). Un dialogue fluide et passionnnant sous forme de carnet de voyage entre des hommes et des femmes à la sensibilité à cheval entre Orient et Occident, au talent inspiré par les grands classiques et résolument tourné vers la modernité.S'interrogeant sur les formes et le sens de la présence, dans la culture japonaise contemporaine, des esprits et des divinités traditionnels, des cérémonies et des rites ancestraux, Igort réalise là un véritable dictionnaire amoureux du Pays du Soleil levant. Et explore, au travers d'Ozu, Hokusai ou Tsuge, la musique secrète d'un Japon sublimé.
Ce roman graphique du jeune américain Theo Ellsworth est pour le moins étonnant. Invité en un voyage surréaliste dans les méandres de l'esprit de l'auteur, le lecteur est embarqué ici dans un dédale de forêts, de villes et de cavernes extraordinaires, dans un univers onirique peuplé de monstres bienveillants qui ne sont pas sans rappeler les Maximonstres de Maurice Sendak. Nous proposant d'effectuer ce voyage à la première personne, il offre une vision inédite de l'esprit du créateur, complexe, tortueux, fascinant,d'une richesse infinie. Comme dans un rêve, Ellsworth enchaîne les aventures - nos aventures - avec une chaleur et une sincérité qui séduisent immanquablement. Son sens du détail très poussé nous entraîne dans chaque page, dont chaque relecture propose de nouvelles découvertes. Si l'exploration de l'inconscient de l'artiste n'est pas un sujet neuf, on peut sans peine dire de Capacity que ce roman graphique s'y livre de manière visionnaire et, sans nul doute, est de ceux qui marquent profondément ses lecteurs.
En Inde, et en rêve, le jeune Helios est convoqué par les Mères sacrées du temple d'Orissa pour se voir confier une mission : aller à Bombay, y retrouver la trace d'une jeune fille disparue. La route d'Helios croisera celle du riche sultan Othmar Babula, qui le mènera à la rencontre de la belle et mystérieuse Aparna Tagore, elle-même éperdument amoureuse du fantôme du célèbre danseur Nijinsky.C'est une histoire d'amour et de captivité. Un récit de destins croisés à Bombay, la ville des souvenirs infinis et des passions qui ne veulent pas mourir.Ce livre fut inspiré à son auteur par l'histoire vraie d'Elissa Rhais, une danseuse enlevée par son prétendant et enfermée dans un harem pendant 17 années. Rendu fou de rage par son amour non partagé, le sultan tout-puissant se vengera sur la belle en la gavant telle une bête, déformant à dessein le corps désiré et inaccessible.Igort se livre ici au jeu de boîtes chinoises qui lui est cher, offrant une déambulation entre Inde, Turquie et Russie.De longs voyages, colorés et mystérieux, en quête de quoi ?D'une identité qui se dérobe. D'un amour qui confine à l'enfermement.
A l'issue du premier volume d'Abaddon, son héros, Ter, était finalement parvenu à s'extraire de l'appartement où il semblait devoir passer le restant de ses jours. Pourtant, la dernière page laissait présager que cette sortie ne serait pas aussi simple qu'espérée. L'adieu à ses quatre colocataires en était-il vraiment un ? Sur quoi les cauchemars et vision de guerre terrifiants qui hantaient Ter vont-ils finalement déboucher ? Enfin, le mystérieux Abaddon trouvera-t-il explication rationnelle ? Dans ce second volume, Koren Shadmi continue de développer son univers intrigant et fascinant, avec une maîtrise de la narration toujours aussi remarquable.Comme pour le premier opus, impossible de lâcher celui-ci avant la fin, le lecteur est happé : autant par l'intrigue dérangeante, qui semble être le creuset de toutes les obsessions et sentiments humains engendrés par nos relations aux autres, conflictuelles, torturées, aliénantes, que par le graphisme, au découpage fluide et efficace, porté par les mêmes rouge et vert déconcertants. Si l'intrigue s'épaissit, une chose est certaine : avec Abaddon, Koren Shadmi aura réussi à imposer un style très personnel, et tiré de toutes les influences déjà évoquées à son sujet, de Kafka à Sartre en passant par Topor, une oeuvre puissante et d'une originalité rare.