En ce temps là, Joann était plus jeune, il faisait encore ses premières armes : des capes et des épées et se faisait les dents sur... TOUT. Déjà. Sa fringale ne connaissait pas de bornes et n'a jamais été rassasiée depuis. A (re ?)lire cet album édité pour la première fois en 1995, outre le pur plaisir de lecture que Joann Sfar a su nous communiquer par le pur plaisir de création qu'il a de toute évidence éprouvé à le faire, on est fasciné de voir la naissance d'un univers qui ira en se ramifiant, en se développant pour atteindre l'étendue que l'on sait aujourd'hui.Tout n'y est pas déjà, non, l'univers de Sfar est trop grand pour entrer tout entier dans les limites d'un seul livre, mais comme tout livre de Sfar, l'histoire qui se raconte, comme d'elle-même, toute seule comme une grande, nous parle d'autres histoires aussi, plante les germes d'autres univers, d'autres histoires, concomitantes ou à venir, évoque d'autres personnages, d'autres vies. Joann Sfar est, lui, déjà là tout entier, en revanche.Tout son enthousiasme, sa liberté, sa faconde. Dans les aventures picaresques du Borgne Gauchet (avec un T), mousquetaire plus Depardieu que D'Artagnan, plus Portos que Cyrano, brute lettrée, bretteur hors de pair qui baise à couilles rabattues la reine de Saba, tète des monstres, ferraille contre des spectres, le récit est débridé. Pas de limites à l'imagination, pas de bornes à la liberté.
Vingt quatre heures, pour Lewis Trondheim, c'est combien d'heures en trop, pour faire un album de bande dessinée ? Trondheim est un athlète, Lewis est un sportif. En 24 heures, il est à même de vous pondre un récit. Avec contrainte, qui plus est ! Mais ça n'étonnera plus personne... La prouesse ne réside pas là. Le tour de force, chez lui, consiste à nous faire croire que nous sommes intelligents. Nous SEULS avons compris, sous ses dehors bourrus, qui EST Lewis Trondheim.Lewis, en parlant à chacun de nous, s'adresse à tout le monde et, finalement, ne fait que parler de lui-même, bien entendu ! Sa maitrise du langage bande dessinée est telle que nous pourrons toujours le suivre n'importe où. Ici, sous une contrainte où il doit utiliser plus de 80 photos de l'Instagram de Boulet, il nous donne, en moins de 24 heures, un récit virtuose qui se joue des obstacles, qui slalome entre les écueils. Du grand art. Comme d'hab.
Diablotus soulève des cailloux au cas où ce serait le crâne d'un squelette pour pouvoir le jeter au feu. Diablotus est le premier volet de la série Enfer et Damnation.
De nouveau en coproduction avec les Éditions Moderne de Zürich, ce livre de Thomas Ott compile les meilleurs récits de ses trois premiers albums cartonnés, parus aux Éditions Moderne dans les années 1990 : Tales of error, Greetings from Hellville et Dead End, dans le même petit format cartonné avec dos toilé que les récents Cinéma Panopticum et 73307-23-4153-6-96-8. Les premières histoires de Thomas Ott, parues dans Strapazin puis dans Tales of error, ont marqué toute une génération par leur technique imparable à la carte à gratter, leur science de la lumière expressionniste, la noirceur insondable de leurs histoires, désespérées mais jamais dénuées d'une pointe d'humour. Explorant avec acuité tous les aspects du Mal (sexe, argent, crimes, jeu, etc.), Thomas Ott est une sorte de moraliste Rock'n'Roll : pas la peine de s'adonner au culturisme pour défendre la veuve et l'orphelin si c'est pour se prendre une bastos dans le buffet à la première occasion.
La Roya est un fleuve qui prend sa source en France, au col de Tende et se jette dans la Méditerranée à Vintimille, en Italie. Durant l'été 2017, Baudoin et Troubs ont parcouru cette vallée à la rencontre des membres du collectif « Roya Citoyenne », des gens qui, comme Cédric Herrou, viennent en aide aux migrants qui tentent de passer la frontière. Comme à leur habitude (Viva la vida, Le Goût de la terre), ils ont rempli leurs carnets de portraits et ils interrogent avec bienveillance et simplicité, la violence du monde et l'humanité qui en jaillit. Cette fois ils sont ici, dans le sud de la France, confrontés au racisme et à la solidarité. Cette question ne les quitte pas : « Pourquoi pour moi c'est possible et pas pour un Afghan, un Soudanais, un Érythréen, un... ? ».Préfacé par J.M.G Le Clézio, Humains interroge notre vivre ensemble et notre projet européen confronté aux migrations politiques aujourd'hui et climatiques demain et nous rappelle que ce que les états qualifient de flux représentent en fait de précieuses vies humaines.
On croyait tout savoir de la légende biblique de David et Goliath. Symbole de la victoire du faible contre le fort, de l'intelligence contre la force, ce duel à l'issue inattendue est un des mythes les plus connus, qui a déjà inspiré quantité de peintres et de poètes. Pourtant, Tom Gauld, qui avec ce magnifique ouvrage en bichromie, riche et plein de tension, faussement minimaliste, entre enfin dans le catalogue de L'Association, renouvelle le mythe et en donne une version surprenante et émouvante. Dans la lignée de sa « revisitation » du mythe de l'Arche de Noé vu par ses fils(paru dans Kramer's Ergot 6), il fait revivre le combat en suivant Goliath et son écuyer.Qui est Goliath ? Pourquoi a-t-il été choisi pour le duel fatidique ? Parce que c'est un géant et qu'il fait peur avec sa grande armure. Malheureusement pour lui, c'est tout et cela ne suffira pas face à la volonté divine. Prenant le point de vue du géant contre le berger, Tom Gauld nous offre un portrait de Goliath en victime - de son armée, de Dieu, ou de la malchance.
Littoral Un oiseau s'introduit par la fenêtre de la chambre d'une souris et lui tend une cassette VHS. Ni une ni deux, le mammifère aux rondes oreilles s'installe, un café à la main devant sa télévision - en réalité un ravissant théâtre miniature - pour visionner le film. Les images défilent, découvrant la vie de Joseph, jeune père à tête de renard qui travaille dans l'animation à New York et de Paul, son fils.Nous voilà embarqués pour un voyage dans le temps et l'espace, qui nous mènera des deli de Brooklyn aux briques rouges de Roubaix, de la vie à deux dans un étroit appartement new-yorkais au quotidien d'une famille recomposée dans une maison du nord de la France. Chronologique et elliptique, Littoral se déroule comme un film familial dont les images, capturées sur plusieurs années, s'altèrent parfois - cassette VHS oblige.Les épisodes présentés forment un collier de souvenirs sur lesquels Antony Huchette, avec son trait expressif, ses motifs et sa ronde de personnages à tête d'animaux, dépose une lasure douce et magique.
Remarquée avec Le Goût du Paradis (Ego Comme X, nominé pour l'essentiel Révélation d'Angoulême 2009), Nine Antico est l'une des jeunes dessinatrices qui se sont imposées ces dernières années. Son style, à la fois résolument contemporain et emprunt d'éléments stylistiques des années 1970, est déjà reconnaissable entre tous. Un style sur mesure pour Coney Island Baby, qui contrairement à son premier album, est ici une fiction, ou plutôt une étrange double biographie semi-imaginaire, basée sur deux figures féminines sulfureuses : la pin-up Bettie Page et la pornostar Linda Lovelace. S'inspirant des vies réelles de ces deux personnalités, Nine Antico construit un livre tout autant sensuel que mystérieux, revisitant aussi bien l'Amérique mythique que les coulisses du porno, et où revient régulièrement la figure charismatique d'Hugh Hefner, le légendaire patron de Playboy. Mais on aurait tort de croire que ce livre hors-normes (dont quatre chapitres ont été publiés dans Lapin) ne parle que de sexe.
Lapin, la revue historique de L'Association revient dans une (très) nouvelle formule, en grande forme et en grand format! Après Lapin, puis Mon Lapin, voici Mon Lapin quotidien, une chose encore jamais tentée : un vrai journal. Avec une flopée d'auteurs (pas moins de 60 !), dessinateurs, écrivains, vieux cons des neiges d'antan et petits jeunes de la dernière averse, mais toujours la crème de la crème. Dans cette avalanche de « mooks » épais mais plats, de revues plus ou moins classes et d'une presse atone, le moment était venu pour que L'Association lance la formule du journal qui fait du bruit quand on le secoue, et qui secoue les marronniers du journalisme et de la bande dessinée. Mon Lapin quotidien (MLQ), sur douze pages king size (41 X 58 cm), chaque trimestre, c'est forcément : de la bande dessinée, en planches ou en strips (Emmanuel Guibert, Lewis Trondheim, Lisa Mandel, Berberian...), mais aussi de la belle illustration (David B., Icinori, Anouk Ricard, Thomas Ott...), mais encore du cartoon (Stéphane Trapier, Antoine Marchalot, Ruppert et Mulot, Parrondo...), et également des textes (Éric Chevillard, Pacôme Thiellement, Denis Robert, Jean-Yves Duhoo...). Le tout dans des pages labyrinthiques et foisonnantes, pour parler de TOUT : tout autre chose que ce dont on nous rebat les oreilles à longueur de temps. Et pour ressembler à un vrai journal, celui dont on rêve depuis toujours. Ça va arracher, ça va s'arracher !
Ce long récit developpe le rêve de Mr T., qui dura plus d'un mois car il devait y terrasser tous ses démons. La maturité pour cet auteur espagnol qui signait Peter Pank ou Alphamax au début des années 80.
Dans la chambre d'un adolescent d'une banlieue pavillonnaire moyenne, un ver creuse les cloisons, attendant de muer pour prendre son envol : c'est un capricorne. Mais le grincement de l'insecte mordant les parois accomplit son oeuvre : ces quelques jours avant de partir en vacances, notre héros les vit avec des sens et un esprit éveillés.Le manège des habitants, la géo-poésie des lotissements, et surtout les figures légendaires qui président à cela : dans cette déambulation, banalité de l'existence et mythologie mélancolique s'entremêlent pour dévoiler les rapports cachés de l'existence. Mêlant l'évocation nostalgique des fins d'été languissantes, la rêverie inspirée avec la description du monde mythique qui gouverne les humains, l'auteur de Baku rappelle que l'adolescence est, comme le Capricorne, le signe de la naissance à soi. En compagnie du capricorne, c'est à une exploration de la géographie occulte de l'adolescence que nous convie Grégoire Carlé. Invoquant Dédale cherchant la sortie de son labyrinthe pavillonnaire, ou Philoctète ramené à Ulysse par Néoptolème, l'auteur de la Nuit du Capricorne redonne au passage vers l'âge adulte toute sa profondeur, et à la vie son enchantement.
Commencée en 2004 dans Charlie Hebdo, la parution de La vie secrète des jeunes fête déjà sa huitième année avec ce troisième opus. Fidèle à sa ligne de départ, Riad Sattouf développe une taxinomie sans appel des tares de nos contemporains, basées sur une stricte relation des conversations entendues dans les lieux publics. L'accumulation des planches donne une consistance impressionnante à l'ensemble, et la chronique devient autobiographie quand on commence à saisir les coïncidences et les obsessions personnelles de l'observateur.Sa fascination pour les dialogues aberrants ou son attrait pour les scènes de ménage misérables nous ramènent alors bien évidemment vers les thèmes favoris que Riad Sattouf développe dans son oeuvre de fiction (Pascal Brutal, Les Beaux Gosses...). Couples en débâcle ou insupportés par leurs enfants, célibataires dépressives, musulmans concupiscents, adolescents incultes : derrière le rire, c'est bien l'inquiétude qui pointe.La vie secrète des jeunes est donc plus qu'une légère rubrique de presse, et pourrait bien être la clefde voûte de l'univers de l'auteur.
D'après Sophocle, c'est en partance pour Troie qu'Ulysse et ses hommes abandonnent Philoctète à ses douleurs sur l'île de Lemnos. L'Argonaute, depuis qu'il avait été mordu par un serpent au sanctuaire de Chrysa ne cessait de souffrir, et ses cris insupportaient les Grecs. Philoctète, en Robinson antique, y passe donc dix années à survivre en maudissant Ulysse et sa lâcheté. Quand les Grecs comprennent qu'ils ne pourront faire tomber Troie sans les flèches d'Hercule, ils reviennent l'embarquer pour gagner la guerre.Voilà la version la plus connue, telle que racontée depuis toujours d'après Sophocle. Toute-fois Grégoire Carlé rapporte un détail d'importance omis dans la tragédie antique : l'île de Lemnos n'était pas déserte, mais peuplée de farouches amazones, obsédées sexuelles, qui menaient la vie dure au pauvre Philoctète ! Quand lui se contenterait bien de rester dans sa grotte et panser cette plaie qui l'épuise, les Lemniennes l'harnachent régulière-ment à une table pour le violer sous prétexte de rituels religieux. Épié, chassé, capturé, le pauvre doit sans répit satisfaire l'hystérie sexuelle des amazones déchaînées, jusqu'à ce que le bateau d'Ulysse ne revienne accoster au rivage...Dans ce péplum moderne, porté par une vraie érudition, Grégoire Carlé retrace rien moins que l'affrontement, dans la mythologie grecque, des visions du monde masculine et féminine, qui débouchera sur la victoire du monde patriarcal et sur la rupture avec l'ap-partenance cosmique au grand TOUT un et indivisible. Philoctète et les femmes nous donne à voir ce monde qui fut et qui pourrait être à nouveau.
Comme reviennent les saisons, parce que c'est un trimestriel, et aussi parce que, tout comme les saisons, c'est la promesse d'un changement à chaque fois, mais d'un changement qui dit la résilience du monde. Jugeons-en : cette fois, c'est Erratum pour notre numéro 4. Nouvelle Formule, c'était le 3, la formule canal historique en 12 pages reprend ses droits. MLQ s'autorisant tout, s'autorise le repentir, sait si bien tout faire, qu'il sait même faire marche arrière ! Mais qu'on ne s'y trompe pas : c'est pour mieux vous surprendre, chers amis lecteurs, car, en ces temps de marche forcée vers... ben, on ne sait pas trop quoi, en fait, quoi de plus étonnant que le « en arrière ! » ? Le retour n'étant pas une reculade mais une avancée qui a fait un virage à 180 degrés. Pour ce numéro 4, on peut d'ores et déjà annoncer :Trois magnifiques pleines pages de Matti Hagelberg extraites de son grand oeuvre fleuve, Läski-Mooses, qu'il élabore régulièrement sous forme de comics d'une trentaine de pages. Il en est au numéro 35 et le monument achevé devrait en compter 50 !... Ces trois pleines pages grand format MLQ correspondront à 27 pages de son comics. Une histoire complète.Deux autres pleines pages de David B. Encore une histoire inédite autour d'un lieu. Mystère, inquiétante étrangeté, érudition et nuit...Une nouvelle page de L'Autofictif d'Éric Chevillard, une quarantaine d'aphorismes, de petits textes légers, drôles et poétiques autour des animaux qui pullulent dans son oeuvre. Le tout entièrement illustré par les athlètes qui ont remporté haut la main le dernier championnat du monde par équipe de dessins d'animaux !En plus de toutes nos merveilleuses rubriques habituelles ! Vive MLQ !
Enfant, il se pensait « nul en tout sauf en dessin » jusqu'au jour où le dessin est devenu son quotidien. Dans Edmond, un portrait de Baudoin, on retrouve Baudoin face à la vie, face à ses réflexions, ses rêveries de créateur, face à son besoin de peindre l'existence. Avec Éloge de l'impuissance, il défend son « impuissance de dire » ; pour lui tous ses livres lui servent finalement à exprimer cette fragilité.De fait, cet éloge fait écho à ses oeuvres les plus personnelles, paru pour la plupart à L'Association; Le Portrait, Couma acò, Éloge de la poussière et plus particulièrement Le Chemin de Saint-Jean dont le récit se situe à Villars. Edmond a grandi dans ce village de l'arrière-pays niçois, où il passe encore tous ses étés à dessiner et où la réalisatrice Laetitia Carton a tourné son portrait. Dans la nature, dans les montagnes, près de ses amis, de sa famille, sources d'inspiration inépuisables.Cette bande dessinée, contrepoint essentiel et indissociable du film, présente l'artiste bousculé dans ses retranchements les plus intimes. Du reste, les discussions complices avec la documentariste le poussent à exprimer son rapport passionnel au dessin, à la vie et aux Hommes. C'est le portrait d'un auteur atypique, d'un personnage unique, libre, humble et attachant, dont l'existence s'enchevêtre souvent avec ses récits.On le découvre ainsi poète, peintre et philosophe. Edmond demeure invariablement d'une grande générosité et d'une intense spontanéité aussi bien dans son éloquence que dans son art. Ce livre-DVD constitue un témoignage fort qui le montre comme un créateur permanent, à sa table à dessin comme dans sa vie de tous les jours. Le film peut tenir lieu de porte d'entrée dans son univers ou de document fascinant pour ses lecteurs de toujours.En somme, de la joie et du bonheur.
Échafaudant une oeuvre personnelle majeure avec autant de force que de discrétion médiatique, Vincent Vanoli est l'un de ces auteurs pour qui « édition indépendante » a vraiment un sens. Son nouveau livre, Le Passage aux escaliers, ajoute une nouvelle pierre à cet édifice hors pair. Recueil d'histoires courtes autobiographiques dans la lignée du Côté obscur du dimanche après-midi, il s'agit en revanche ici de « nouvelles » totalement inédites et composées pour ce livre. La majeure partie des histoires sont situées dans la Lorraine natale et actuelle de Vincent Vanoli. Le Tour de Mont-Saint-Martin, la plus longue histoire du recueil, est composée d'une longue promenade où l'auteur nous entraîne dans des souvenirs d'enfance d'une rare prégnance. Les souvenirs se mêlent aux épisodes contemporains, mais se mêlent aussi à des réflexions sur la condition ouvrière et à des évocations de célébrités musicales telles que Johnny Cash, Vic Godard ou Syd Barrett, sans que tout cela ne paraisse être issu de thématiques différentes. Mélancolique comme jamais, ce Passage aux escaliers confirme Vincent Vanoli comme un des auteurs les plus exigeants et importants de notre époque.
Avec Silvia Regina, Matti Hagelberg dresse un portrait lugubre de la Finlande, le pays qui l’a vu naitre.En employant habilement l’art de la parabole et en mêlant des références culturelles populaires et classiques, il dénonce l’absurdité des sociétés modernes déchirées par le libéralisme, la détresse des classes opprimées et l’avidité des élites. Avec finesse, il détourne les institutions pour mieux les corrompre. C’est ainsi que le drapeau finlandais abandonne son bleu roi et son blanc immaculé au profit d’un marron-caca et d’un jaune-pisse. Ce n’est pas pour rien que le titre du livre est un emprunt au nom d’un bateau de croisière, Le Silvia Régina, qui fut un temps le fleuron de l’industrie nautique scandinave. Tout un symbole qui fait naufrage !Silvia Regina clôt la trilogie entamée par Matti Hagelberg en 2002 avec Holmenkollen, suivi par Kekkonen en 2007. Son oeuvre est indéfinissable, elle associe à la fois réalisme et surréalisme, l’esthétique de la carte à gratter et l’écriture poétique, le cynisme et l’humour. De publication en publication, il affirme un univers singulier, volontairement chaotique et marginal. Près de 20 ans après sa première publication en français dans les pages de La Monstrueuse (Chacal Puant), l’auteur finlandais n’a rien perdu de son inventivité et de sa férocité.
Apparu en 1984, Åke Ordür (« Åke Jävel » en suédois) est le héros le plus populaire de Lars Sjunnesson. Adopté par la scène punk, il va devenir motif de tatouages et de tee-shirts. Son cri de guerre Aux chiottes la bourgeoisie et toute l'ordurière société ! va passer des pages du magazine suédois Galago aux festivals de rock.Inspiré par un personnage de l'Opéra de quat'sous, Åke Ordür est dessiné en noir et blanc de façon très iconique : le logotype d'une société délétère. Vêtu d'un costume noir stylé, il montre les dents, un immuable sourire retenant une inextinguible cigarette. Il s'exprime laconiquement, souvent par interjection. Åke Ordür est la quintessence de l'anarchiste énigmatique qui défie violemment les autorités et les conventions en vigueur. Il boit, fume, jure, seul ou avec sa petite amie, Anna Dëbris (Anna Fan). Il fait exploser des bâtiments, poursuit des policiers, dénonce par l'absurde les oppressions sociales et les dérives insensées du consumérisme. Rebelle sans idéologie, pour des raisons purement égoïstes, le lecteur doit se questionner pour comprendre ses pensées et ses motivations. Mais surtout la permanente posture prosaïque d'Åke Ordür est drôle. Les situations sont totalement grotesques. Les autres personnages n'ont guère plus de moralité.
L'Espignole est le nom de la rivière de Baudoin, dans son pays, vers le Chemin de Saint-Jean. Baudoin rend hommage à sa manière à ce cours d'eau qui l'a vu grandir. Ce petit livre est donc un complément au Chemin de Saint-Jean, pour continuer à y rêver un peu.
Entre 2002 et 2008, Anne Baraou et Fanny Dalle-Rive ont publié six volumes d'Une demi-douzaine d'elles dans la Collection Mimolette, signant ensemble, non seulement un des travaux de bande dessinée les plus manifestes concernant l'émergence d'une bande dessinée féminine, mais bien plus encore, une des chroniques les plus remarquables et les plus sensibles sur nos années 2000.Armelle Naive, Marine Sex, Michèle Roman, Véra Haine, Ugoline Saine et Isab Abus forment une galerie de personnages (dont les chemins s'entrecroisent) qui ne s'oublient pas, grâce au talent d'observation d'Anne Baraou et à la délicatesse graphique de Fanny Dalle-Rive. De l'adolescence à la quarantaine difficile, le tableau de l'époque est complet et parfait. Un Monovolume s'imposait donc pour donner à cette oeuvre sa dimension définitive. Des saynètes intercalaires inédites viendront agrémenter cette Ciboulette, futur classique du catalogue de L'Association. Anne Baraou est membre de l'OuBaPo et scénariste de plusieurs séries chez divers éditeurs (Les Ostings avec Sardon chez Delcourt, etc.), Fanny Dalle-Rive réalise des travaux pour la presse (Causette) et a dessiné les pages de Coucouta (scénarisées par Capron) dans la revue Ferraille.
On avait depuis longtemps repéré le talent de l'Italien Matticchio, dont un recueil de bandesdessinées est paru au Seuil. Mais c'est par hasard que L'Association a découvert La Trilogia delSignor Ahi : chez son imprimeur à Milan. Ce fut un coup de foudre pour cette suite narrative de dessins illustrés poétiques, quelque part entre Edward Gorey et les Residents.
Lewis fait un carnet, alors je fais pareil. Rien de plus simple pour expliquer la présence de Joann Sfar dans la collectionCÔTELETTE. Si ce n'est que lui, base tout son carnet (ou presque) sur son apprentissage, aussi dilettante que cocasse, de… l'harmonica. On n’imaginait pas alors où nous mèneraient les débuts autobiographiques de Joann Sfar.
Avec Famille royale, Ruppert et Mulot reviennent avec une histoire au substrat psychanalytique où Eros et Thanatos s'immiscent dans l'univers feutré des têtes couronnées.Une princesse danoise délaissée par son prince, profite de son passage à Paris pour consulter, avec son amant qui ne la délaisse pas moins, un célèbre sexologue. On ne tarde pas à découvrir que le sexologue et l'amant sont de mèche pour se faire offrir par la riche princesse, pistolet incrusté de diamants et autre canne en or sertie d'émeraudes, autant d'accessoires ostentatoires et suggestifs qui donnent le ton de l'analyse entreprise par le couple. Mais bientôt l'irruption vaudevillesque du prince en pleine séance met brutalement fin à la thérapie. S'ensuivront prises d'otage, meurtres, kidnapping et se mêleront à cette histoire un bijoutier installé dans un théâtre qui veut faire régler ses factures, une jeune princesse aux pouvoirs étranges, une ribambelle de danseuses, tout cela sous la vigilance de la police secrète royale.Dans ce récit où le sexe et l'argent sont les ressorts d'une intrigue fantasmagorique, Ruppert et Mulot font de cette famille royale tenaillée par les conventions, des héros de la transgression. Tout est mise en scène, métaphore et symbole, et le lecteur goûtera aussi bien l'humour corrosif du duo que son sens des compositions qui lui est si caractéristique.
Une plongée angoissante dans un monde instable et énigmatique.Léo Quiévreux et JM Bertoyas, auteurs à L'Association, de : Agents dormants et Ducon, mêlent leurs univers dérangeants faits de romans noirs, de BD de gare et de collages.Sphinx Song s'attache à relater une intrigue complexe, sans en donner toutes les clés, pour mieux déstabiliser le lecteur.
Edmond Baudoin est un grand portraitiste.Son livre Le Portrait est un des livres phares de sa bibliographie. Ces dernières années, dans Viva la vida puis Le Goût de la terre, en compagnie de Troubs, il est allé dessiner les gens au Mexique, puis en Colombie. Faire un portrait, c'est pour Baudoin l'occasion de parler et d'écouter, c'est un bavard à grandes oreilles.En séance de dédicaces, il est debout (il dessine toujours debout), en train de parler, parler, en regardant son lecteur, son auditeur, son interlocuteur, en même temps que son dessin, ce doit être peu ou prou la même chose. Baudoin aime les gens, il ne fait pas semblant. Que ce soit en Amérique du Sud, ou en Bourgogne, dans cette petite ville de Clamecy. Mais il n'aime pas n'importe qui, pas n'importe comment, c'est toujours, in fine, pour nous parler de politique. Eh oui : ça se fait encore.Dans cette ancienne capitale du bois de flottage, plus de 3 000 républicains ont défendu la IIe République lors du coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte en 1851. Baudoin a réalisé 44 portraits de gens de Clamecy dans les cafés, les marchés, la librairie, en essayant de voir un peu ce qu'il reste de tout cela aujourd'hui.Précédé par De barricades en barricades de l'historien Thomas Bouchet, le récit est coécrit avec la réalisatrice Mireille Hannon, à partir de documents historiques, il nous raconte cette période de résistance.
Avertissement : cet ouvrage est le résultat d'une commande passée à l'Association.Quatre auteurs ont été choisis pour réaliser quatre reportages en bande dessinée sur l'Egypte contemporaine, à travers quatre lieux différents : Golo au Caire, où il réside, Baudoin à Alexandrie (juin 1997), David B dans l'oasis de Siwa (septembre 1997), et J.C. Menu à Louxor (novembre 1997).
Ce livre en quadrichromie sera comme un tout petit frère au M le Magicien puisque les aventures du Vermetto (le petit ver) datent de la même période, à savoir la fin des années 1960. A la différence près que ces pages ne sont jamais parues en France. On y retrouvera le même goût pour l'absurde que dans M le Magicien ainsi que certains personnages en commun, comme la fleur, le champignon et le caméléon...
Janvier 1855,Gérard de Nerval est retrouvé pendu aux grilles d'une bouche d'égout. Cette fin tragique aux allures de suicide mal maquillé, a éveillé les soupçons des plus hautes instances. Une brigade littéraire est créée pour enquêter. Les années pas-sent et les agressions, tentatives d'assassinats et notamment les coups de couteau se multiplient aux quatre coins de la France à l'encontre des gens de lettres : Luc Dietrich, René Char, Antonin Artaud.Janvier 1938, c'est au tour de Samuel Beckett d'être sauvagement poignardé, le laissant gravement blessé avec un poumon perforé. La brigade littéraire se rend à son chevet et reprend du service. Pourquoi les lames s'acharnent-elles dans les chairs des meilleures plumes ? Qui sont ces agresseurs anonymes qui disparaissent sans laisser de traces. Hasards, fatalité, complot. Quel sens donner à ce puzzle macabre ?David B. réécrit l'histoire littéraire du début du XXème siècle sur fond de roman noir en explorant les recoins de biographies ignorés des Lagarde et Michard. Hanté par la littérature et les écrivains, le Mon Lapin de David B. est une arborescence de plus à son univers. Dessiné à quatre mains avec Andrea Bruno (connu pour sa collabora-tion à la revue italienne Canicola et ses ouvrages publiés aux Éditions Rackham), les deux dessinateurs se partagent en quinconce, les pages, les cases, dans un va et vient qui rend d'autant plus ténébreuse cette enquête policière.
Avec ce texte, Pacôme Thiellement (qui animait la revue Réciproquement il y a une quinzaine d'années, et a suivi toute l'évolution de Mattt Konture) nous propose un essai mettant toutes les facettes de l'oeuvre de Mattt Konture dans une perspective résolument poétique, ainsi que politique. Le premier essai biographique sur l'un des cofondateurs de L'Association, arrive à point nommé pour la Collection Éprouvette.
Cette édition reprend les trois volumes que Fabio Viscogliosi avait publié au Seuil entre 1995 et 1998 : 'L' Oeil du chat', 'Du plomb dans l'aile' et 'Morte saison pour les poissons'. Silhouette filiforme, le chat en perpétuelle dérive, à la recherche d'un repas ou aux prises avec la police, évolue comme un hiéroglyphe dans un univers graphique minimaliste dont Fabio Viscogliosi tire le plus grand parti.
Déjà le cinquième volume de la Demi-douzaine d'elles. Leur galerie de portraits prend sûrement forme, saisissant notre époque avec finesse et acuité comme peu de bandes dessinées le font. Ugoline Saine est assurément le titre le plus autobiographique de Baraou. Huit-clos angoissant à la maternité pour scénario catastrophe : avoir un bébé.
Exercice délicat que celui de la dédicace, le trop rare Masse s'y prêta pourtant volontiers lors du précédent Festival d'Angoulême. Dans La Dernière Séance, il inventorie une partie des rencontres et des petits miquets prodigués pendant la manifestation.L'auteur de On m'appelle l'avalanche et de Elle esquisse ici sans vergogne son lectorat et dresse ainsi un portrait acide des fans de bande dessinée.Rassurez-vous, on connait l'affection de Masse pour la gouaille et la dérision.
Avec Histoires à emporter, José Parrondo détourne savamment la forme du conte et fait de la formule consacrée il était une fois une ritournelle pour mettre en scène un cortège d'histoires qui sont leurs propres personnages. Les saynètes se succèdent alors en un subtil jeu de miroir qui guide la lecture. C'est tout à la fois, l'histoire des histoires, des histoires dans l'histoire et des histoires qui font l'histoire. Des histoires à venir, passées, qui se répondent, qui se croisent ou se mordent la queue.
Ce Patte de Mouche montre le retour de l'univers du Livre du Mont-Vérité de JC Menu. Réalisé lors des 24 h de la bande dessinée à la Maison des Auteurs d'Angoulême en janvier 2008, ce récit utilise la contrainte commune à tous les participants de la performance : inclure une réunion de famille en page 12. Du coup, Menu en a profité pour développer la question de l'origine des Moines du Mont-Vérité : ont-ils des origines biologiques communes ?
Quelle est exactement cette rumeur selon laquelle Lewis Trondheim arrêterait de dessiner? On en saura peut-être plus avec Désoeuvré, qui comme son titre l'indique, est le livre qui vient après la décision de ne plus faire de livres, et qui vient plus ou moins l'expliquer. En effet on y comprendra que pour Trondheim, personne ne vieillit plus mal qu'un auteur de bande dessinée. Il s'en explique dans ce premier volume de la collection ÉPROUVETTE, et on ne s'étonnera pas, avec un sujet pareil, de ne pas trouverde dessin en couverture.
Re-découvrez Bleu de Lewis Trondheim publié dans notre toute nouvelle collection, la collection PATTE D'EPH. Ceux qui aiment être surpris par Lewis Trondheim ne seront pas déçus par cet exercice de style... Cette bande dessinée muette, «abstraite» puisque sans formes figuratives reconnaissable et donc oubapienne, renoue avec le radicalisme expérimental du Dormeur. Un livre-objet, en quadrichromie, ce qui est la moindre des choses pour un livre dont le titre est Bleu.
Pour son troisième numéro, l'Eprouvette tente de synthétiser ce qui a été mis en oeuvre dans les deux premiers numéros. On reviend sur les origines de l'ultracritique en publiant un entretien avec Bruno Lecigne, animateur de Controverse en 1985-86 et on réédite son texte fondamental De la Confusion des Langages. On poursui le travail de l'érosion progressive des frontières en se penchant sur le talent de Stéphane Blanquet en allant voir avec Christian Rosset le célèbre peintre Jan Voss, dont l'oeuvre n'est pas sans lien avec la bande dessinée. Etc, etc.
Vincent Vanoli, avec discrétion, impose l'une des oeuvres les plus fortes et les plus intransigeantes du paysage de la bande dessinée. Encore un cran plus loin dans l'expressionnisme paranoïaque qui est sa marque, cette Clinique, fable intemporelle sur les faux-semblants de nos sociétés, est probablement son livre le plus emblématique à ce jour. On y retrouve aussi bien l'atmosphère cauchemardesque des Contes de la désolation que le climat vosgien début de siècle de Simplismus ou de L'usine électrique. Saura-t-on si le narrateur, Monsieur Bubbendorf, était réellement malade, pour qu'on l'expédie ainsi à la Clinique ?
Le milieu de la Peinture et une trame policière fournissent à Ruppert & Mulot le prétexte à une réflexion sur l'Art et le simulacre, et à un questionnement sur la spécificité du médium Bande Dessinée. Tout au long du livre, de longues scènes d'action muettes alternent avec des passages statiques de dialogues entre les protagonistes et un instructeur judiciaire.Cette histoire de tableaux, de détectives et d'adultère est donc avant tout une question de style, chaque nouveau livre étant l'occasion pour Ruppert & Mulot de repousser les limites du genre.
Voyant sa maison s’engloutir dans le sol, Frank va se retrouver à accomplir un étrange travail d’usine pour en payer la reconstruction, puis subir une longue dérive, subaquatique ou souterraine, faite de métamorphoses et de menaces en tous genres. Cinquième volume de Frank à paraître à L’Association, Le Congrès des Bêtes montre une fois de plus l’aptitude de Jim Woodring à concrétiser son univers imaginaire et hallucinatoire, “cadeau énigmatique d’un homme à un monde énigmatique”, selon les termes de Francis Ford Coppola (préface à Frank 2).
Avec Pornographie et suicide, Nicolas Mahler continue son exploration de la vie artistique et de ses incongruités. Confronté malgré lui à des personnes âgées, des étudiants en théâtre ou au conservateur du musée Playboy, l'auteur se fait une joie de nous démontrer l'absurdité avec laquelle les uns et les autres se comportent face à l'Art (avec une affection particulière, il est vrai, pour les fans de cosplay et les membres de jury).Un nouveau recueil qui trouve très naturellement sa place dans la collection Éprouvette, aux côtés des livres consacrés à la désormais célèbre madame Goldgruber.
26 portraits radiophoniques pour les passagers de la nuit sur France culture.Jochen Ganar. Killoffer. Mathieu Sapin. Pascal Rabaté. Marc-Antoine Mathieu. Edmond Baudoin. Florence Castac. Nina Antico. David B. Benoit Jacques. Baraou et Dalla-riva. Riad Sattouf. Martin Veyron. Nyslo. Ruppert et mulot. Fred. Mandryka. J-C Menu. Sardon. Dominique Goblat. Emmanuel Guibert. Joanna hallgran. José Munoz. Jean-Yves Duhoo. Morvandiau. Le professeur a.
Après Lars Sjunnesson et Max Andersson, L'Association poursuit dans sa veine scandinave avec la publication de l'anthologie de cet auteur indispensable. Pilier de la revue suédoise Galago, Joakim Pirinen y a développé un univers angoissé, d'une grande richesse graphique, qui a impressionné ses contemporains sans avoir fait l'objet jusqu'ici de traductions à la mesure de son talent. Constamment à la recherche d'une joie de vivre et d'une innocence qui lui font défaut, il soumet la bande dessinée aux plus grandes épreuves, pour donner corps à son mal-être d'humain et de père de famille.
C'est une grande fierté pour L'Association de pouvoir ajouter Marc Caro à l'illustre liste d'auteurs qu'elle aura réédités. Grande influence Underground des années punk et 80, avant de se diriger vers le cinéma avec Jeunet (Délicatessen, La Cité des enfantsperdus), Caro a publié seulement deux livres de Bande Dessinée : Tot en 1981 et In Vitro en 1986 (Dernier Terrain Vague et Hoëbeke). C'est l'intégralité de ces deux livres que L'Association a le plaisir de rééditer sousle titre Contrapunktiques, dans un album cartonné couleur et N & B (façon Java Bleue).
Ceux qui avaient aimé Loin de tout de Philippe Coudray vont être ravis : voici L'Humanaute, qui vient collecter les pages parues dans Psikopat depuis des années. Pour les non-initiés, c'est l'occasion de mettre le pied dans l'étrier de son humour étrange et d'une logique implacable. Les objets d'étude reviennent comme autant d'obsessions : la potentielle vie sur Mars, la vie des bêtes ou les relations avec les femmes. Car l'art de Coudray, c'est avant tout une science. L'art de surprendre, de passer par des chemins détournés passe toujours par une fine analyse des situa-tions, à la manière d'un physicien ou d'un biologiste.
Pour cette nouvelle Ciboulette, Vincent Vanoli a remanié de nombreux courts récits autobiographiques parus dans Lapin depuis 1994, jusqu'à en redessiner certains entièrement. Une histoire inédite complète le recueil, dans laquelle l'auteur accompagne son père dans un retour à son village natal d'Italie. Cette collection d'instantanés brumeux ou lumineux représentent une forme toute en fugacité de pratique de l'autobiographie en Bande Dessinée, et qui évoquent une véritable matière de souvenir. Un livre touchant et indispensable à tout amateur de Vanoli.
Entre janvier 2006 et janvier 2007, La revue L'Éprouvette a été déterminante pour L'Association et a considérablement marqué le paysage de la bande dessinée. Polémique, politique, poétique, cette revue qui s'est affirmée d'avant-garde a tenté, en un minimum de temps, de débroussailler un maximum de problématiques, quitte à fâcher beaucoup de monde. Volontairement sabordée à son n°3, dans la grande tradition de l'autodissolution des avant-gardes, L'Éprouvette a totalisé en un an 1284 pages, dans un champ laissé depuis quasiment désert : la réflexion critique autour de la bande dessinée.
En terrasse d'un bar au serveur peu amène, habitués, touristes et passants se succèdent et se croisent. Tour de France, élections primaires et présidentielles, rentrée scolaire, sortie d'un nouveau téléphone, festival de Cannes, hygiène de vie, attentats, lutte des classes, expos, mais aussi simples anecdotes du quotidien sont autant de sujets de conversation et de prétextes pour des saynettes absurdes et décalées. Initialement publié dans la matinale du Monde, En terrasse nous invite à observer, à travers le regard ironique et élégant de François Ayroles, un monde dans lequel l'âge n'est plus un gage de sagesse, la fonction n'induit plus la légitimité, où le facultatif devient priorité, et l'évidence incongrue.
Quand j'ai eu dix-huit ans, Uncle Sam m'a dit qu'il aimerait bien mettre un uniforme sur mon dos pour aller combattre un gars qui s'appelait Adolf. Ce que j'ai fait. Les souvenirs d'Alan Ingram Cope retranscrits en BD nous montrent une guerre à mille lieux des images hollywoodiennes : entre réalisme scrupuleux et abstraction graphique, Emmanuel Guibert dépeint dans toute sa matérialité et sa véracité cette guerre qu'il n'a pas vécu. Dans le second des trois volets qui composeront La Guerre d'Alan, Alan débarque en Normandie le 19 février 1945, le jour de ses vingt ans. Avec son unité de chars, il va traverser l'Allemagne dévastée et ira jusqu'en Tchécoslovaquie en mission semi-secrète d'éclaireur.
Ce livre forme le recueil des 6 Comix de Pascin parus dans la Collection MIMOLETTE. La biographie imaginaire du peintre Julius Pinkas est pour Sfar le moyen idéal de développer les thèmes de la création artistique, de l'amouret du sexe, dans le Montparnasse des années 1920, transcendé dans sa Bohème misérable et sublime. Le dessin de Sfar n'a jamais été aussi vivant et habité, les dialogues sont d'anthologie: il était temps que ce chef-d'œuvre trouve sa forme définitive au sein du catalogue de L’ASSOCIATION.La totalité des épisodes est en outre parue en six volumes dans la Collection MIMOLETTE de L'ASSOCIATION entre 2000 et 2001.
Encore un événement dont on peut se réjouir : une deuxième Mimolette de Willem, tout aussi jubilatoire et corrosive que Coeur de chien, paru en 2004. Quatre courts feuilletons publiés dans Charlie Hebdoces dernières années en forment le sommaire : Le Prix du poisson ;Passion postale ; Prostitution zéro ; Amour en catastrophe. À son habitude, Willem nous explique la géopolitique internationale mieux que personne : poissons recherchés pour leur vertus aphrodisiaques, armateurs véreux, pirates, guerres, prostitution venue de l'Est, flics corrompus, maîtres-nageurs altermondialistes constituent le théâtre du pitoyable monde vu par Willem : merde, c'est le nôtre !
Les Fins du monde inaugure avec la nouvelle édition de Bleu, la toute nouvelle collection de L'Association « PATTE D'EPH ». Ces courts récits publiés en 2007 dans le magazine Spirou vous feront entrer dans la folie de professeurs illuminés dont le but ultime est l'anéantissement de l'espèce humaine. Trou noir psychique, gaz mortel, expanseur d'A.D.N. Les scénarios insensés s'enchaînent, se croisent et s'entremêlent donnant naissance à de drôles de monstres. Boris, héros ordinaire, tente désespérément de sauver le sort de l'humanité coincé entre deux professeurs hystériques qui ne manquent pas d'imagination pour « anéantir notre race stupide et médiocre ».
Quelque part dans un pays lointain, deux hommes errent sur les plages en quête d'amis ou de tranquillité. Après avoir dégoté un bateau dans de louches condi-tions, ils embarquent pour une croisière à la dérive, pleine de créatures surpre-nantes, d'angoisses et de splendeurs au milieu d'une mer sombre et agitée.Ce voyage, entamé pourtromper l'ennui, les amènent à accoster en des terres hostiles, peuplées tantôt de sirènes, d'Ostraciens ou de touristes. Ils doivent lutter avec des Visigres, monstres marins « parfaitement identifiables à leurs poils sous les bras », ou des naufrageurs sauvages. Leurs rêves de gloire se brisent sur un brutal retour à la réalité, qui inaugure encore de nouveaux songes.
Le Mon Lapin de Killoffer se passera entièrement dans les bois, aura pour décor une mystérieuse et labyrin-thique forêt du fond de laquelle peut surgir quelque chose à chaque instant, dans laquelle se cache un loup derrière chaque arbre. Une série de collaborations sur tous les modes, décors/personnages, ping-pong, enchevêtre-ment, etc. Killoffer avec plein d'autres auteurs, Killoffer partout et partout mais autre chose que Killoffer.Ont répondu présent ! : Ruppert et Mulot, Sébastien Lu-mineau, Morgan Navarro, Jean-Yves Duhoo, Laurent André, et Ludovic Debeurme.
'Association a décidé de saluer l'élection de Philippe Dupuy et Charles Berberian à la Présidence des Grand Prix d'Angoulême 2008 en publiant une édition spéciale de leur oeuvre maîtresse publiée à L'Association, le Journal d'un album. Paru fin 1994, le Journal d'un album, racontant les déboires de l'un des albums de la série Monsieur Jean aux Humanoïdes Associés, réunissait pour lapremière fois des planches de Berberian et de Dupuy séparément, et devenait d'emblée l'un des classiques du catalogue de L'Association et de la voie autobiographique naissante. La présente édition, cartonnée, sous couverture différente et en quadri, au tirage limité et numéroté à 999 exemplaires, comporte en sus 32 pages d'esquisses contemporaines de l'ouvrage.
Pour ce cinquième numéro de Mon Lapin, Lisa Mandel a réuni les auteurs avec qui elle partage son atelier, la Villa du Lavoir. On y retrouve : Ruppert & Mulot, Claire Braud, Charles Berberian, Aude Picault et d'autres nouveaux venus dans le catalogue de L'Association : Jérémy Piningre, Vincent Pianina, Léon Maret ou encore Astrid de La Chapelle.Ils se sont livrés à une sorte de cadavre exquis morbide en dessinant à 4 ou 6 mains un véritable petit jeu de massacre entre amis. Les morts se succèdent aux morts, les cadavres tombent dans les bras de leurs bourreaux, qui, las, ne se méfient jamais assez de leurs voisins d'atelier...
Roland, dans le quartier, tout le monde le connaît. C'est un drôle de bonhomme, ce petit vieux-là. On l'a surnommé Le Shérif à cause de son chapeau de cow-boy. Sa vie, elle est réglée comme du papier à musique : levé avant le soleil, une petite visite au poulailler, son «harem», et puis il dépose sa soeur, folle et handicapée, sous la grange, et enfin il enfourche Pégase, sa fidèle bicyclette, direction le bistrot avec ses oeufs frais. C'est là qu'on le retrouve, pour boire quelques petits cafés bien mouillés avant de poursuivre la journée, ponctuée de ripailles, de ballons de blanc, et surtout de bons copains, comme lui des retraités et des chômeurs, qui fanfaronnent et débattent sur des sujets aussi fondamentaux que l'omelette, les tomates, ou le rythme des pigeons.
« Il y a l'univers, et puis la Main ».La Main est faite d'une paume, d'un dos, de cinq doigts.Si les quatre lettres qui composent son nom s'ouvrent d'une majuscule, c'est qu'il ne s'agit pas d'une main banale, prolongation ordinaire du bras d'un corps plus vaste. La Main est autonome, et souvent solitaire. Elle aimerait avoir des amis. Elle peut se rêver autre. Elle n'est ni droite ni gauche, parfois agile, souvent maladroite.Bravant sa timidité, elle explore le monde qui l'entoure et quand elle rencontre son double, c'est pour mieux se reconnaître.Alternant les techniques, trait et pochoir, José Parrondo utilise ici son propre outil de travail comme personnage à part entière et poursuit de son esprit minimaliste et poétique sa quête de l'absurdité du quotidien.
Dans Les Amis (2008), François Ayroles mettait à rude épreuve l'amitié. N'en ayant pas fini avec les bons sentiments, il règle désormais ses comptes avec l'amour.Si L'Amour sans peine prend bien l'amour pour sujet, point de peines de coeur car il n'y a pas plus d'histoires d'amour que d'amoureux. Et l'amour est en fait l'arlésienne qui occupe une galerie de personnages, qu'ils l'attendent, le cherchent, ou au contraire qu'ils s'en méfient et s'en détournent, ils n'ont de cesse de gloser sur ce sentiment qui nous traverse tous.À force de saynètes grotesques ou absurdes mais toujours drôles, François Ayroles révèle avec l'humour flegmatique qu'on lui connaît, toute la subtilité des petites faiblesses et maladresses aux-quelles mène immanquablement ce noble sentiment.
Si c'est déjà un événement en soi pour L'Association d'accueillir en son Catalogue un projet majeur de Benoît Jacques, on ne peut que redoubler de bonheur au vu du chef-d'oeuvre que représente L. C'est en effet un Journal Autobiographique en Bande Dessinée que nous offre ce génial touche-à-tout plutôt habitué à auto-produire fabuleusement ses ouvrages. Entièrement muet, noir, métaphorique, d'une facture graphique qui surprendra ses amateurs, ce Journal a aidé Benoît Jacques à traverser une période personnelle particulièrement difficile.L, c'est donc « elle », ou « elles », c'est le chiffre 50 qui correspond à l'âge de l'Auteur lors de cette période, et c'est l'angle droit que sa vie a emprunté. On est loin ici de l'autobiographie light : par pudeur, les événements y sont évoqués par un cryptage qui déjoue tout voyeurisme et débouche sur une symbolique de l'inconscient aussi surréaliste qu'universelle.