C'est en 1966 que le chanteur, guitariste et auteur compositeur Mayo Thompson forme Red Crayola à New York. Il est plus tard assistant du peintre Robert Rauschenberg, puis s'installe à Londres où il rejoint Art & Language, avant de produire pour Rough Trade des albums de The Fall, Stiff Little Fingers, The Raincoats et Cabaret Voltaire. On le voit après en compagnie de Epic Soundtracks, Pere Ubu, et même Dieter Moebius et Conrad Plank. Aujourd'hui professeur au Art Center College of Design de Pasadena, il est critique d'art et partage sa vie entre l'Écosse et la Californie. Son dernier projet discographique a été enregistré en 2009 avec le quintette du batteur de jazz suédois d'avant-garde Sven-Ake Johansson, un spécialiste de la polyrythmie qui vit à Berlin depuis la fin des années soixante et qui a joué un rôle phare dans le nouveau jazz européen des sixties et des seventies, notamment aux côtés du saxophoniste Peter Brötzmann et du pianiste Alex von Slippenbach.
Voce Ventu est un groupe de polyphonies corses, Mieko Miyazaki chante et joue du koto (cithare japonaise). Depuis leur rencontre en 2007, ces artistes ont travaillé un répertoire commun dans le cadre de résidences et se sont retrouvés l'été dernier dans une petite église des Landes pour enregistrer Tessi Tessi (tisser des liens en corse), avec l'exceptionnel soutien de la Maison de la Culture du Japon à Paris. Portés par le concours décisif de Manuel Solens, directeur artistique et violoniste de l'album, Mieko Miyazaki et Voce Ventu ont gravé onze plages qui unissent leur culture insulaire. Une habile collaboration où se fondent arrangements des uns et adaptations des autres, au fil d'un répertoire tout à la fois traditionnel et contemporain. Un album qui s'inscrit dans le prolongement naturel d'une aventure artistique et humaine qui, par-delà ses protagonistes, éveille l'enthousiasme de la Corse au Japon.
Dans The Renewal, un enregistrement qui date de juin 2007 à New York, les deux saxophonistes ténor David Liebman et Ellery Eskelin confrontent leur vision du jazz en compagnie du batteur Jim Black et du contrebassiste Tony Marino. « Nous avons couvert un large terrain avec Different But The Same » (OGY 615), explique Eskelin, « mais du fait que Tony et Jim contribuent maintenant aux compositions, je pense que l'album s'affirme comme une déclaration plus personnelle de la part du groupe. Pour ce qui est de mes propres morceaux, The Decider est une composition multidivisée, et Instant Counterpoint soulève la question de savoir s'il s'agit d'écriture ou d'une totale improvisation.... À vrai dire, je n'en suis pas certain moi-même. » David Liebman ajoute : « Les pièces attestent de la diversité des idiomes et des styles, unifiés par une approche esthétique commune. Avec ce groupe, le jazz straight ahead et le free s'entrecroisent clairement avec un sentiment d'immédiateté et d'urgence qui est palpable. C'est un agréable moment de musique...»
La gigantesque Symphonie n ° 2 en Ut Mineur de Gustav Mahler fait l'objet habituellement d'un concert unique. Mais dans cet enregistrement avec l'Orchestre symphonique des Bayerischen Rundfunks (Bavarian Radio Symphony Orchestra) placé sous la direction de Mariss Jansons, la symphonie est introduite par une exquise pièce de choral. Un arrangement contemporain (1982) à 16 voix d'une chanson de Mahler, Ich bin der Welt abhanden gekommen, basé sur un poème de Friedrich Rückert et composée à l'origine pour voix et orchestre en 1901 - interprétée ici par le superbe Choeur des Bayerischen Rundfunks (Bavarian Radio Choir). Le surnom de Résurrection donné à la Deuxième Symphonie de Mahler vient du choeur de clôture du dernier mouvement, sur lequel Mahler a posé les versets de Klopstock Messie. Bien que la symphonie soit un défi à réaliser, en raison de la longueur de l'oeuvre et la complexité de la notation musicale, elle est devenue un classique du répertoire de Mariss Jansons : le niveau atteint ici est exceptionnel.
Percussionniste et ethnomusicologue libanais, Habib Yammine nous emmène, tel un poète et conteur, dans un voyage féerique dans l'univers des rythmes du Levant. Ses recherches sur les traités musicaux et les pratiques actuelles lui ont permis d'acquérir une fine connaissance des rythmes arabes et une parfaite maîtrise de la technique de jeu du riqq, du daff et de la darbouka. Il élabore son propre style d'improvisation en puisant dans les nombreuses traditions rythmiques orientales et maghrébines, populaires et savantes. Ce nouveau langage rythmique servi par une imagination créatrice réunit la précision du son, la richesse de timbre et la virtuosité, et découvre des nouvelles possibilités techniques et esthétiques. Cet album est conçu comme un recueil de poésie. Les pièces sont développées tels des poèmes qui expriment différents états, sensations, idées ou images. Chaque percussion, chaque son produit sur la peau d'un tambour est pour moi comme une syllabe, et chaque formule rythmique comme un mot. Le titre donné à chaque pièce est une ouverture permettant à l'auditeur d'entrevoir le monde qui se cache derrière chaque rythme. Habib Yammine
J'ai toujours été fasciné par une forme de «psychanalyse musicale». Le retour aux sources. À la source. J'ai proposé à Bill, il y a maintenant quelques années, qu'il retourne à sa source. La sienne, elle est à l'église. C'est là qu'il a appris la musique et le piano. En 2009, nous enregistrons à La Buissonne un disque en piano solo sur ce programme de «Hymns and Church Songs». Insatisfaits tous deux du resultat, le disque ne sortira pas. Mais l'idée me taraude. Elle fait aussi partie de cette veine d'«Americana» qui chez lui, me tient tant à coeur. Il y a aussi une autre chose qui me taraude. Bill n'écrit jamais d'arrangements. Lui qui possède un sens harmonique si personnel. En 2011, grace à Vision Fugitive, je propose donc que l'on reprenne le sujet avec une formation élargie et surtout avec un choeur pour lequel il écrira tous les arrangements. D'une pierre deux coups. Dans la musique afro-américaine qui nous est si chère, la source est en partie aussi en provenace de l'église -et des champs de coton. Mais c'est de Gospel qu'il s'agit. Bill est protestant luthérien, Peg, catholique et moi, athée. C'est donc plutôt du côté de chez Bach que coule chez nous la source de la source.-PHILIPPE GHIELMETTI
Avec cet album, nous plongeons au fond de la culture de l’Ouzbékistan. La place principale revient à la voix de la plus célèbre chanteuse traditionnelle du pays, Munadjat Yulchieva qui, avec sa voix grave, nous a déjà émerveillé dans «Sufi Soul». Le talent exceptionnel de la voix de Munadjat, sa force d’expression et son charisme naturel enchante entre-temps le public des grandes salles de concerts internationales, parfois touché jusqu’aux larmes comme cela s’est produit récemment à Londres. Les enregistrements ont été réalisé au printemps dernier dans les studios de la radio et télévision de Taschkent, capitale de cet Etat d’Asie centrale. Le célèbre joueur de rubab et professeur au conservatoire de Taschkent, Shavkat Mirzaev, a ajouté à son ensemble d’autres solistes de première classe afin de présenter tous les instruments et styles de musique de son pays. Les luths, instruments à cordes et cithares joués ici exigent la plus grande concentration et habilité pour atteindre de stupéfiants effets de glissando et de vibrato. Flûtes et percussions se mêlent à l’ensemble. La lente construction hypnotisante des morceaux progresse jusqu’à un point culminant dramatique d’où la chanteuse et l’ensemble donnent, avec brio, de toutes nouvelles facettes à la mélodie.
«A ton tour de briller»- qui pourrait trouver quelque chose à redire à cette amicale injonction du gentleman tout en muscles qu'on voit sur la pochette de ce CD, affublé de son costume fait maison de Transformers ? Il était effectivement temps que Zbonics prenne son destin en mains. Le nouvel album de ce groupe d'artistes originaires de Californie est un feu d'artifice funky, une explosion de pépites soul jazz et rare-groove - le tout porté par l'incroyable voix de Gregory Porter sur cinq titres, maintes fois nommé aux Grammy Awards et, à juste titre, considéré comme « la plus belle voix du jazz actuel ». Mais ce n'est pas tout : le groupe formé autour du batteur et producteur Zak Najor de San Diego ne fascine pas seulement grâce au super baryton Porter et des chansons irrésistibles, mais aussi par la présence des supers héros de la soul jazz comme le saxophoniste Karl Denson (compagnon des débuts de Lenny Kravitz au temps de « Let Love Rule ») et le guitariste Melvin Sparks récemment disparu. Avec son groove unique et ses morceaux intemporels, cet album représente le lien parfait entre la soul et le jazz pour les fans de Gregory Porter, de Sharon Jones & The Dap-Kings, du hip-hop old-school et des « Rare Grooves » infectieux avec section cuivres rutilante et basse ondoyante.
Née à Mogadishu de père italien et de mère éthiopienne, Saba s'inscrit à la jonction des cultures africaines et européennes. Connue comme actrice en Italie, elle fait avec Jidka (« La ligne ») ses débuts de chanteuse. En explorant avec sensibilité et douceur les liens entre la Somalie et l'Italie, elle mêle les guitares acoustiques et les koras avec des rythmes traditionnels africains aux sons plus contemporains. Elle raconte son histoire, son identité multiculturelle et ses nombreuses influences. Elle chante principalement dans sa langue maternelle, un dialecte parlé dans le quartier Reer Xamar de Mogadishu. Plusieurs chansons décrivent les luttes féministes en Somalie : I Sogni est l'histoire d'une femme qui quitte son village pour la grande ville à la recherche d'une vie meilleure, tandis que Melissa parle de celles qui ont échappé à la guerre civile et qui traversent le désert à la recherche de liberté. Quant à Je Suis Petite, il raconte l'Afrique et toutes les souffrances du continent. D'autres morceaux chantent l'amour et l'importance de vivre le moment présent, tandis qu'Hanfarkaan évoque les esprits de ceux que nous avons perdus. Saba est entourée par son ami de longue date le Camerounais Taté Nsongan au djembé, à la guitare et aux percussions, le Sénégalais Lao Kouyate à la kora, et Felix Moungara au chant. L'album est produit par le musicien et compositeur bien connu Fabio Barovero, le fondateur de Mau Mau et de La Banda Ionica.
Depuis cinq ans, Neil Cowley fait parler de lui outre-Manche, où son drôle de power trio renouvelle les codes de bonne conduite d'un jazz à l'anglaise longtemps engoncé soit dans le formol académique soit dans une formule simple et funky. Sa notoriété devrait en France prochainement avec l'arrivée d'un quatrième volet de ce trio, produit par Jim Abbiss (Arctic Monkeys, Adele, Ladytron, Kasabian). Et c'est vrai que ce nouveau recueil met une bonne claque aux idées cramoisies d'un jazz engoncé dans ses archétypes. Plus que de reprendre des standards, Cowley persiste et signe un répertoire original, marqué par le sens de la mélodie pop rock qui peut rappeler par endroits la classe de Radiohead, par le goût de la boucle agencée apprise sur les dance-floors londoniens, et une vision cinématique héritée de John Barry, le Lord compositeur de bandes originales qui est l'une des ses références ultimes. Voilà sans doute pourquoi il convie cette fois un ensemble de cordes, dirigé par le violoniste et arrangeur Julian Ferraretto, pour le propulser en toute subtilité plus avant dans le monde magique de la musique kaléidoscopique. Là où tout est permis, des plages les plus recueillies à celles peuplées de bruits, du minimalisme sophistiqué aux turbulents renversements d'accords. Décidément, après avoir fait résonner son piano sur les FM du monde entier (il tient le clavier sur le hit d'Adele « Rolling In the Deep »), Neil Cowley n'a pas fini de nous surprendre !
Ce groupe californien symbolise la rencontre entre Phnom Penh et Long Beach, et donc celle des ténèbres du Mékong et d'un joyeux groove surf... Le groupe a été fondé en 2001 par les frères Holtzman, Zac (guitare) et Ethan (claviers), deux amoureux du Cambodge et de sa pop locale des années 60 et 70. En 1997, Ethan avait voyagé en Asie et il avait rapporté des cassettes des artistes de la période pré-Pol Pot (entre 1975 et 1991, les artistes cambodgiens furent systématiquement éliminés). Les deux frères ne comprenaient pas les textes, mais ils ont tout de suite adoré la musique, mélange de pop sixties, de rock psyché, de jazz, de tropicalia brésilienne, de bollywood et de surf. Avec un vieil ami batteur, ils se mettent en quête d'une chanteuse, et découvrent Cchom Nimol dans un restaurant cambodgien. Elle raconte : « Je suis née au Cambodge en 1980, juste avant que les Vietnamiens n'envahissent le pays. Après un séjour en Thaïlande dans un camp de réfugiés, je suis revenue en 93 et un peu plus tard j'ai commencé à chanter dans des restaurants et à donner beaucoup de concerts de musique traditionnelle khmer. En 2000, invitée par des amis aux Etats-Unis. j'ai tout de suite eu envie de m'y installer. Et j'ai rencontré les frères Holtzman. Je ne comprenais pas grand-chose à l'anglais, mais leur initiative était tellement incroyable que je me suis immédiatement impliquée dans le groupe. » Dengue Fever s'est adjoint les services d'un bassiste et d'un saxophoniste, et le groupe est devenu un sextet. Aujourd'hui, Ils sont considérés comme l'un des meilleurs groupes live de la côte californienne. En 2006, ils ont même remporté un triomphe au Cambodge, ce qui n'est pas rien pour des Blancs interprétant à leur manière des chants khmers ! Un an plus tard, ils étaient invités au Womad et Peter Gabriel décidait de les signer sur son label. Le résultat est ce Venus On Earth, cocktail unique de pop world inclassable dont Real World a le secret.