Etrange destin que celui du premier volume de La Chute. L'ouvrage d'anticipation mettait en scène notre univers paralysé par une étrange pandémie. Il est malheureusement devenu d'actualité en paraissant quelques jours avant que la France ne soit entièrement confinée. Ce tome 2 nous permet de découvrir comment les gens s'organisent dans ce monde où tous les fonctionnements sociaux se délient. Coincés en quarantaine sans vivres ni chauffage, Liam décide de quitter la ville avec ses deux enfants pour rejoindre ses beaux-parents, malgré l'interdiction des autorités.Au moment de partir, Sophia, intriguée par d'étranges petits cris, retourne dans l'immeuble. Elle en ressort avec un bébé abandonné. La fuite de la ville est mouvementée, entre attaque de chiens errants et couvre-feu militaire. Tombé en panne d'essence, nos personnages devront poursuivre leur route à pieds. Hors de la ville, la vie s'organise, par village ou par clans. Toute personne venant de l'extérieur est perçue comme dangereuse, potentiellement porteuse du virus tueur.Blessé, Liam, ses enfants et le bébé affamé se réfugient dans un village de vacances malgré l'hostilité des habitants...
Dimanche 29 août 1937. Un sous-marin républicain espagnol sort son nez des eaux troubles, pour faire surface au milieu des brumes de la rade de Brest, où personne ne l'attend. La Guerre d'Espagne vient de s'inviter à la pointe du Finistère, clandestinement. Déjà, petits et gros poissons s'agitent dans leur bocal, remuent la queue dans tous les sens... Il va y avoir du rififi dans la Cité du Ponant !Sous la houlette de l'affreux Troncoso, un commando franquiste se monte en effet très vite, dans le but de s'emparer du navire. Ces hommes-là sont des barbouzes, qui savent pouvoir compter sur l'appui des fascistes locaux. Afin d'optimiser leurs chances de réussite, la belle Mingua est recrutée. Elle constitue un renfort de choix, de charme et de choc. Avec de tels atouts, comment l'entreprise nationaliste pourrait-elle échouer ? C'est sans compter que, dans le camp d'en face, on s'organise également... Les forces de gauche, communistes et anarchistes en tête, sont prêtes à faire front et préparent la résistance, du port de commerce au centre-ville, de Saint-Pierre à Recouvrance. Leur mot d'ordre est catégorique : « No pasarán ! Mort au fascisme ! »
Été 1991.Thibault quitte Marseille en compagnie d'un copain DJ, Alex. Direction Londres. Là où deux ans plus tôt Thibault a été étudiant. Bye bye, la France, pays de ringards où il ne se passe rien. Exit, les Beatles, Lady Jane, Piccadily, L'île de Wight. So long everybody... Bienvenue chez Maggy !Thibault et Alex débarquent donc à Londres gonflés à bloc. Mais pour commencer, Andrew, l'ami irlandais qui devait les accueillir est introuvable, et les deux copains se retrouvent le bec dans l'eau. De plus, Andrew a apparemment coupé les ponts avec sa famille, il vivrait désormais dans un squat de Elephant & Castle. C'est vague et les voila plutôt dans la merde. Les liens tissés lors de son voyage précédent n'étaient pas aussi indéfectibles que Thibault le pensait. Tout n'est pas perdu, la soeur d'Andrew, Sam, finit quand même par leur donner l'adresse d'un pub où ils pourront éventuellement le retrouver. Sitôt arrivés, sitôt la galère. La tension monte vite entre les deux amis... Ils se décident d'aller au fameux pub, ils y rencontrent Lucy. Lucy, qui va leur indiquer une piste de logement. Mais Thibault et Alex ne sont pas les seuls à chercher Andrew. À Belfast, l'IRA s'intéresse aussi de très près à celui-ci...
Une falaise au bout du chemin des douaniers, quelque part dans le Pas-de-Calais. Le printemps, impatient, se donne parfois des airs d'été.Un homme attend une femme, sa voiture à l'arrêt.Quand, enfin, elle arrive, c'est pour lui annoncer que leur relation, c'est fini. Fi-ni ! Que la dernière fois, elle n'aurait pas dû. Que les enfants... Que son mari...Que... Le final classique d'une histoire d'adultère, quoi !Elle repart. Il reste là. Sur cette falaise. « La falaise aux baisers volés », comme il l'appelle.Lui, c'est Martin. La bonne trentaine.Il travaille dans une compagnie maritime.Elle, c'est Virginie. Pas loin des quarante.Elle est vétérinaire.Ils sont frère et soeur.Et ils s'aiment.Ils s'aiment d'un amour fou, passionné, ravageur.Interdit.Leur relation porte un nom, un nom tabou : inceste.Tout a commencé alors que Virginie avait 18 ans et Martin 16. Un jeu d'adolescents curieux.Puis chacun d'eux a cherché à fuir cet amour interdit.Elle dans un mariage confortable. Lui en acceptant, des années durant, un poste à Abu Dhabi.Mais, dès son retour voici quatre ans, leur relation a repris. Plus forte, plus passionnelle encore.Aujourd'hui, elle veut arrêter. Elle parle de leur relation comme d'une drogue qui les détruit peu à peu. Elle a raison, bien sûr. Mais les corps !Mais les corps !...
Face Cachée nous plonge au coeur d'une société financière tokyoïte. Ici tout n'est qu'apparenceet convenance. Satoshi, un salaryman vit une double vie. La semaine à Tokyo et le week-end à la campagne, avec sa femme et sa fille. Mais sa vie de couple est plus compliquée qu'il ne veut bien le laisser paraître et il entretient également une liaison avec une jeune femme du bureau.Les relations entre Satoshi, le salaryman et sa jeune maîtresse, Mayumi se dégradent. Elle le suspecte de rentrer chez lui en semaine, pour rejoindre sa famille. Pire, elle le soupçonne d'avoir une seconde relation adultère avec la fille de leur patron, M. Ota. Satoshi nie en bloc, tant il est vrai que les secrets qu'il cache sont bien plus terrifiants.En découvrant l'ordonnance d'un psychiatre qui suit Satoshi, M. Masato Ota a confié à Satoshi le drame qui bouleverse sa vie et celle de sa famille. Car il a vu en lui quelqu'un de sain, qu'on ne peut pas soupçonner de suivi médical. Hélas, en lui demandant cela, M. Ota ne fera que rouvrir la blessure qui hante les jours et les nuits de Satoshi, responsable de sa double personnalité. Terrible symétrie mentale ou les trois personnages principaux de ce récit feront face en même temps que le lecteur à la face cachée d'une terrible vérité, où se côtoient la mort, le mensonge, la folie..
Avec la naissance d'un enfant trisomique, une famille est entraînée dans un tourbillon qui ébranle ses certitudes et la transforme. Triso Tornado témoigne du choc de la découverte du handicap, des peurs qui en découlent, puis des différentes étapes que vit une famille jusqu'à l'acceptation de sa différence. Témoigner bien sûr, mais surtout démythifier les présupposés sur le handicap. Même avec un enfant trisomique, on continue de rire, de râler, de travailler, de s'amuser, bref de vivre.L'histoire raconte comment s'accompagne, avec l'aide des professionnels, le développement de Nils lors des trois premières années de sa vie : le quotidien, les rendez-vous d'orthophonie, de kinésithérapie, les petits « trucs » qu'on l'on trouve pour faire grandir son enfant malgré ses difficultés. Il est aussi question d'avortement : en France, 96 % des parents qui apprennent la trisomie de leur bébé pendant la grossesse choisissent l'IVG. C'est le signe d'une grande angoisse.Comment vit-on avec ce handicap ? Comment vaincre la peur ? Et si l'humour et l'amour en étaient les armes les plus efficaces ?Fiction basée sur la vie réelle de Violette Bernad, Triso Tornado est une histoire aussi intime qu'universelle. Avec élégance et subtilité, Camille Royer a dessiné des « sourires en coin » et donné au récit l'esprit malicieux qu'il lui fallait.
Albert Dadas, modeste employé à Bordeaux dans les années 1880, fut une des premières personnes atteintes de la folie du fugueur. Inconsciemment, à l'écoute de noms de villes ou de pays, il partait alors, en transe, et commençait à marcher. Ses périples le menèrent à Nantes, Paris, mais aussi en Algérie et même jusqu'en Russie. Le docteur Philippe Tissié, jeune interne en psychiatrie à l'hôpital Saint André de Bordeaux, le recueillit, le soigna, et décrivit dans sa thèse sa passion impulsive pour la marche et les voyages, souvent sans papiers, accompagnée d'amnésie à chaque retour. Considéré comme un vagabond potentiellement dangereux par les gendarmes, Albert Dadas fut qualifié par la médecine de « fugueur pathologique », le premier du genre. Christophe Dabitch et Christian Durieux font revivre cette incroyable histoire à travers la rencontre entre ces deux hommes qui vont changer leur vie. Albert Dadas sera soigné par Philippe Tissié, grâce à l'hypnose, et il pourra mener ainsi une vie normale. Les théories du docteur, avancées dans sa thèse, vont le rendre célèbre. Mais c'est surtout une belle histoire d'errance, une ode au voyage, à laquelle les auteurs nous convient. Embarquement immédiat !
De toutes les organisations scouts, les Black Badges sont l'élite ; les meilleurs parmi les meilleurs. Les Black Badges sont une branche très secrète de scouts, chargée de missions secrètes qu'aucun adulte ne pourrait entreprendre. Mais en définitive, les petits gars en vert toujours prêts (selon la légende) savent peu de choses les uns des autres, et encore moins des autres organisations.Au sein de celles-ci, se cacherait un groupuscule utilisé par le gouvernement pour effectuer des opérations paramilitaires secrètes. En Corée du Nord, comme en Sibérie, qui se méfierait d'une bande d'ados étrangers en short ?Pourtant, au cours de l'une de ses missions, l'escouade des Black Badge devra choisir entre accomplir leur objectif ou secourir l'un de leurs camarades présumé mort des années auparavant.Les Black Badge sont une troupe de scouts d'élite. Ils sont chargés de missions que les adultes ne peuvent entreprendre. Une équipe d'espions digne de Mission impossible en culottes courtes. Mais il faut se méfier des apparences, le bien et le mal ne sont pas toujours là où l'on s'y attend...Après la série à succès GrassKings, Matt Kindt et Tyler Jenkins reviennent avec un roman graphique de 300 pages émouvant, drôle ou... horrible, parfois sur la même page.
Après s'être illustrés quelques années plus tôt, par les campagnes en pays Mossi (actuel Burkina Fasso), le capitaine Boulet et le lieutenant Lemoine végètent à Paris, partageant leur temps entre débauche, nostalgie et conférences. Dans un contexte de concurrence européenne sur les régions à coloniser (notamment l'Angleterre et l'Allemagne), l'état français compte sur eux pour parachever la conquête de l'empire français d'Afrique. Les deux hommes sont envoyés en mission stratégique au Tchad, l'objectif étant d'atteindre le Tchad par l'ouest et le fleuve Niger et d'opérer la jonction de leur colonne sur le lac Tchad avec deux autres missions. Ils forment une colonne de 50 tirailleurs sénégalais, 200 tirailleurs auxiliaires et 700 porteurs. La colonne se met en route en janvier 1899. Le capitaine Boulet et son adjoint Lemoine sont bien décidés à parer au plus pressé quitte à se servir sur place auprès des populations locales afin de nourrir leur colonne et augmenter le nombre de leurs porteurs. Ainsi, la violence et les massacres se succèdent au fur et à mesure que leur mission avance. Inspiré de faits réels (la mission Voulet-Chanoine), cette histoire peu connue est racontée sur un ton tragicomique par un tirailleur survivant qui dialogue avec l' « esprit » de la colonne.
« Nous sommes en 490 avant J.C. Poséidon est mal luné.Il le fait savoir à quelques visiteurs indésirables. Un petit groupe de Perses. Une centaine d’hommes, pas plus. Venus sonder nos défenses... Ou peut-être assassiner notre chef. »Ainsi débute la célèbre bataille de Marathon, première victoire des grecs sur l’armée Perse. Et première pierre du nouveau récit de Frank Miller, qui revient sur cette période historique après son ouvrage 300, en reprenant les moments marquants des guerres menées par le Roi des rois, Darius, dont l’empire s’étendait, durant plus de deux siècles, de l’Asie Centraleau golfe persique et à la mer Égée, et ses successeurs, Xerxès en particulier, face à la Grèce.Avec Xerxès, Frank Miller s’éloigne ponctuellement de la narration comics pour rejoindre la puissance évocatrice digne de Philippe Druillet.Vingt ans après la publication de 300, Frank Miller revient avec une épopée historique à grand spectacle, racontant la montée et le déclin de l’empire du Roi des rois Perse et l’ascension du royaume grec à travers Alexandre le Grand.Frank Miller est l’un des auteurs phare de la bande dessinée mondiale. Son œuvre comics est synonyme de succès (Batman, Sin City, 300…) mais il est également connu grâce à ses collaborations cinématographiques (Sin City, Robocop, 300, Elektra,…).
Parce qu'ils mettent les mains jusqu'aux coudes dans les poubelles de la vie, pour les autres Moudy, Alex et Samir sont des voyous, des vauriens, des racailles. Des « ordures ». Les deux premiers travaillent dans un centre de tri des ordures ménagères, justement, dans une riante banlieue. Le troisième survit en vendant des cigarettes de contrebande, sous le métro aérien, à Paris. Moudy aime les garçons. Le regard désapprobateur de ses « frères » lui fera quitter le foyer africain où il vivait. Il en éprouvera une rage qui ne le quittera plus. Alex aime une danseuse, aperçue derrière la vitre d'une école de danse. Quand il osera l'aborder, elle le jettera comme un malpropre. Il en gardera à jamais dans les yeux les stigmates du désespoir. Samir aime Cheyenne, une jeune et jolie Gitane délurée, mais ce sera la suite de l'histoire. En attendant, Samir rêve de papiers qui lui permettent de quitter la clandestinité. Mais à la « préfecture de Barbès », une filière de vrais faux-papiers, on ne fait pas crédit. Il lui faut du fric, et la vente des cigarettes ne suffit pas. C'est comme ça qu'il fait la connaissance de Moudy et d'Alex : en voulant leur piquer leur pognon. Moudy, Alex, Samir, Cheyenne : voyez ces « ordures », voyez comme ils vivent, voyez comme ils aiment, voyez comme ils rient, voyez comme ils pleurent.
Achille et Adrien sont frères; Achille est un ancien « enragé de la mer » qui ne la prend plus depuis vingt ans. Il veille sur Adrien, considéré comme « l'idiot du village », qui, sans lui, n'aurait sans doute ni gîte ni couvert. Depuis l'adolescence, Adrien raconte à qui veut l'entendre qu'il entend des voix et qu'il reçoit souvent la visite de morts, notamment de marins perdus en mer, et souffre de ne pas être cru. Il arrive souvent qu'Achille se lève la nuit et trouve son frère assis dans la cuisine, en pleine conversation avec un soi-disant être invisible. Au village, on est habitué à sa folie, il n'est pas méchant, sauf avec les enfants, qui le lui rendent bien. Il continue de raconter ses histoires de revenants. Achille et Boris son médecin, sont convaincus que toutes ces « fantaisies » sont une façon de fuir certaines choses et qu'elles cesseront le jour où Adrien se décidera à parler de l'Algérie, des choses terribles qu'il a sans doute vécu là-bas. De son côté, Achille était marin pêcheur. Il a un jour prêté son bateau L'Agathe, à une famille de touristes, mais le bateau n'est jamais revenu. Aujourd'hui, cela fait vingt ans jour pour jour que L'Agathe a disparu, Achille est un peu fragile et Adrien, comme chaque année à la même époque, lui déclare que bientôt son bateau reviendra, que c'est l'âme d'un marin qui est venu le lui annoncer.
Après 18 ans d'absence, Principius un peintre d'origine juive retourne en Pologne pour retrouver le fils qu'il n'a pas connu. Un contexte historique révélateur de la manière dont nos croyances, notre culture, notre identité, nos appartenances, nos choix peuvent être instrumentalisés et faire de nous soit des boucs émissaires soit des bourreaux. Printemps 1937. Le train qui conduit Principius à Breslau est toujours arrêté sur la voie par les militaires allemands. Principius est accusé d'avoir tué celui qu'il imagine être son fils, Benyamin. Le fait qu'il soit juif n'arrange pas sa situation, même si aucun cadavre n'a été trouvé. Mais dans ce train, les juifs ne sont pas les seuls à poser problème. Deux militants pro-bolchéviques voyagent sous une fausse identité. Sans parler d'un couple d'allemands bon teint, mais dont l'identité pourrait n'être que de façade. La tension est à son comble, les haines s'affichent et les identités se dévoilent. Principius est maintenant certain que Benyamin est son fils, mais on ne refait pas la vie des gens après des années d'absence. La guerre, elle, ne demande qu'à se déclarer... Six mois après le premier volume, Johanna revient avec la dernière partie d'un diptyque consacré à la recherche identitaire, la place de l'homme avec un grand H face à la barbarie des hommes avec un petit h.
Près de Collioure, tout appartient aux de Brignac : « les vignes, les maisons, les gens, enfin leur travail ». Mattéo et son ami Paulin « en savaient quelque chose, ils y bossaient, et dur encore ! Le pressoir n'était pas que dans les chaix ». Quant à Juliette, l'amour de Mattéo, recueillie par les de Brignac à l'âge de trois ans, elle est considérée par « eux » comme un membre de la famille. Mattéo, qui « n'avait pas envie d'être charitable » pensait qu'elle «faisait juste partie des meubles ».En août 1914, quand éclate la guerre, cette « saleté de chien d'aveugle qui nous tirait dans la merde et bouffait nos gosses », le destin de Mattéo bascule. Fils d'un anarchiste espagnol, disparu à jamais en mer, Mattéo, parce qu'il est étranger, échappe à la mobilisation générale.Première contradiction : alors que son ami Paulin et les garçons de son âge partent à la guerre en braillant, le jeune homme, élevé par sa mère au biberon du pacifisme, ressent confusément la honte de rester à l'arrière, avec les femmes et les vieux.Paradoxe encore, plus insupportable celui-ci, Mattéo côtoie quotidiennement Juliette, quand celle-ci tremble pour Guillaume de Brignac, engagé dans l'aviation.Absurdité toujours : quand, taraudé par le remords de n'être pas au front aux côtés de son ami, et meurtri par la belle indifférence de sa Juliette, Mattéo se décide enfin à rejoindre les tranchées, Paulin, lui, est définitivement renvoyé dans ses foyers.
Au Bénin, de nos jours. Kémi, un adolescent, est hanté par la mort de son père, tué dans l'explosion de sa moto, alors qu'il transportait du kpayo, l'essence frelatée de contrebande.Comme le hante son frère jumeau, Yao, disparu à cause de lui, qui n'a pas su lui venir en aide, alors qu'il était poursuivi par la police. Depuis, la culpabilité ronge Kémi. Culpabilité d'autant plus forte que, selon le rite vodun, perdre son jumeau, c'est perdre la moitié de son âme.Apprenant que Yao se trouve vraisemblablement dans le delta du Niger, au Nigéria, Kémi décide d'aller à sa recherche. Il entreprend alors un long périple, magique et périlleux, qui le conduira de Cotonou au delta du Niger, pollué et ruiné par les grandes compagnies pétrolières, en passant par la cité lacustre de Ganvié, la forêt sacrée d'Osun-Oshogbo, la grande métropole de Lagos et son immense bidonville de Makoko. Mêlé d'onirisme, de croyances et de fétichisme, sur fond de réalité sociale et politique, le voyage de Kémi est une quête personnelle, magnifique et tourmentée.Récit envoûtant se déroulant au Bénin et au Nigéria, personnages plus vrais que nature, paysages somptueux et noirs, pour son premier livre en tant qu'auteur complet, Jean-Denis Pendanx réussit un coup de maître ! A travers le destin du jeune Kémi, à la recherche de son jumeau disparu, c'est à une quête personnelle, magnifique et tourmentée, qu'il nous convie.
Aux premiers jours de 1919, ils sont arrivés dans le Nouveau Monde, Julien et Max.À bord du Libertad, un rafiot plein jusqu'à la gueule de fusils et de munitions, piloté par le capitaine Silius Jensen, un drôle d'oiseau aussi, celui-là. Et avec Tina, surtout, Tina la rebelle, Tina la farouche, Tina la compagne du fameux colonel Craven, chef des guérilleros mexicains.Quand le Libertad aborde la rive atlantique mexicaine, les regulares, les soldats du gouvernement, attendent de pied ferme, le fusil à l'épaule et la mitrailleuse frémissante. Un déluge de feu s'abat sur le trio et les quelques rebelles venus les accueillir. Jensen s'apprête à reprendre la mer, Max, Julien et Tina à vendre chèrement leur liberté.C'est alors que le gros de la troupe rebelle, aux cris de « Craven, Craven ! », entre en jeu, bousculant comme des quilles les soldats réguliers. Enfin, le colonel Craven, seul, un drapeau à la main, les yeux fous, s'élance au milieu de la bataille, déclamant un poème de fange, de rage et de sang. Stupeur chez les regulares, vivats hurlés sous les sombreros des révolutionnaires, l'hésitation des uns profite aux autres, et c'est la victoire.Craven. Julien, Max et Tina. Les personnages sont en place, le rideau, ensanglanté, s'est levé. L'hiver des tranchées se dissipe enfin, le printemps mexicain est en pleine éclosion. Pour combien de temps encore ?
Lorsque Golo se rend en Égypte pour la première fois, il ne se doute pas que ce voyage bouleversera sa vie. Mes mille et une nuits au Caire est le témoignage passionné d¹un familier (depuis plus de 30 ans, y vivant depuis 15) de cette ville, qui y a découvert une autre philosophie de l¹existence.Il s¹agit moins d¹une autobiographie que de la description foisonnante et colorée de la vie quotidienne cairote. C¹est aussi le témoignage plein d¹humour et de fantaisie de l¹évolution d¹une ville, qui a beaucoup changé avec l¹ouverture économique et le tourisme de masse. Dans ce second album, en petites anecdotes authentiques, Golo raconte, conte, colporte, susurre, hypnotise tel Shéhérazade. Que ce soient avec les dessous cachés de l¹expédition de Bonaparte en 1798, les arrière-salles des cafés, les secrets d¹un mariage réussi, l¹ambiance dans les salles de cinéma, les marchands ambulants, les élections, ou avec la traversée de la statue de Ramsès le long des avenues du Caire, et sa rencontre improbable et hilarante avec un ministre d¹état, il donne à partager la bouillonnante vie cairote. Mille et une nuits grouillantes de monde, où les échos des klaxons et des youyous, mais aussi la voix d¹Oum Kalthoum résonnent dans la tête du lecteur, qui prit dans cette farandole tourbillonnante, sort de sa lecture enjoué et prêt à partir à la rencontre des formidables habitants du Caire.Un album empreint de toute la chaleur et de l¹humanité de son auteur.
Italie, plaine du Pô, aujourd'hui. Bruno vit seul. Il est gardien de péage du pont. Son obsession : « rester dans le tracé », ne pas faire de vague, être invisible...Bruno rend régulièrement visite à Maria et l'aide à vider la cabane au bord du fleuve. Depuis la mort de son mari, Maria vit seule avec son chien. Il y a une odeur réconfortante dans sa maison. Une odeur de choses immobiles. La fille de Maria, elle, veut la convaincre d'emménager près d'elle, en ville. C'est dangereux sa maison isolée. Il y a de plus en plus de cambriolages, sans parler des trafics sur le fleuve qui ne cessent d'augmenter. On dit que c'est la faute aux étrangers. Ils squattent de vieilles fermes abandonnées. Ça tourne à l'invasion, on dit cela.Anton, lui, est en Italie depuis 9 mois. Il vit d'expédients et de petits boulots sur les chantiers. Au noir. Un jour il se casse la jambe en tombant d'un échafaudage. Pas question d'hôpital pour les patrons. Il est embarqué dans un refuge, où on le soigne quand même, discrètement. Mais Anton s'enfuit et pique la caisse. Il se réfugie dans la cabane de Maria...Bruno et Anton. Deux hommes en marge de la société.Le premier ne veut surtout pas faire de vagues, le second tente simplement de survivre. Mais vivre à la marge fait-il de vous des nuisibles ? Piero Macola signe un récit intimiste qui parle aussi, de manière diffuse, des malaises de la société d'aujourd'hui...
Les extraordinaires (més)aventures d¹une gaffeuse ! «Je m'appelle Prunelle et je voudrais sauver la planète.» Ce sont les premiers mots de cette comédie magnifique de drôlerie et de tendresse. Si l'on rit beaucoup à la lecture de Ça n'arrive qu¹à moi !, on s'émeut des mésaventures mouvementées de son héroïne... Écologie, médecine parallèle, télévision, voisinage, racisme «ordinaire» : tout passe à la moulinette ravageuse mais tendre de Didier Tronchet. L'auteur de «Jean-Claude Tergal» renouvelle avec brio la comédie sociale ! Prunelle est une charmante jeune femme qui a le souci de la nature. Tri sélectif, vélo plus que 4 X 4, douche plutôt que bain, elle pousse son engagement pour l'écologie jusqu'à ouvrir un cabinet de naturopathie ! Les soins par les plantes ! Tout un programme ! Ajoutez à cela que Prunelle est la reine des gaffeuses, qu'elle mélange dictons et autres proverbes avec une volubilité désarmante : elle voit toujours l'oeil dans la poutre du voisin ! Bref, c'est une... nature ! Tout irait bien dans le meilleur des mondes si la télé ne venait pas bousculer sa vie. En effet, une sitcom au succès grandissant raconte les mésaventures quotidiennes d'une jeune femme, dont les gaffes et les expressions fantaisistes sont les copies conformes de celles que Prunelle renouvelle jour après jour. Quel est ce mystère ? C¹est tout le sel de cette comédie sociale, menée avec maestria par Didier Tronchet.
Bordelais comme Les Hurlements d’Léo, compositeur et chanteur lui-même, Emmanuel Moynot a accompagné les musiciens pendant cinq mois, du 17 juin au 17 novembre 2011. Il a écrit et dessiné un reportage intime sur leur vie : tensions, incompréhensions, coups de gueules, mais aussi fous rires et déconnades. Une aventure humaine et musicale, sur la route et la scène. « Est-ce que vous êtes prêts pour un…bor-del-de-luxe ??!! »Nés de cette nouvelle scène française apparue à la fin des années 90, Les Hurlements d’Léo sont à mi-chemin entre le rock alternatif et la chanson « à texte ». Leur union avec Les Ogres de Barback en 2001, donne naissance à la fameuse tournée « Un air deux familles ». Depuis, ils multiplient les collaborations musicales et artistiques, s’imposant comme un véritable groupe de scène, à l’énergie jubilatoire. Emmanuel Moynot a suivi les huit « troubadours effrontément punks », comme ils se définissent eux-mêmes, sur leur dernière tournée. Du café Charbon à Nevers au Bataclan à Paris, en passant par le Sziget Festival, en Hongrie, celui de Dour en Belgique, et les Francofolies, il a partagé les repas, les balances, les heures de route, les tensions, les doutes et l’énergie des concerts. Tantôt observateur discret, tantôt neuvième membre de l’équipe, Emmanuel questionne son métier d’auteur et son propre rapport à la musique.3 chansons de leur nouvel album sont offertes avec l'achat de cette BD !
Cinquième volume de la collection de bande dessinée en collaboration avec le musée du Louvre, Rohan au Louvre, du Japonais Hirohiko Araki, en est certainement le livre le plus surprenant.Le plus international aussi, puisqu¹il s¹agit d¹une création originale, en couleur directe, de ce mangaka célébrissime et même cultissime en son pays, avec près d¹une centaine de livres publiés !Rohan Kishibe est un jeune mangaka. Pendant ses vacances, il fait la connaissance d¹une jeune femme, Nanasé, qui loue une chambre chez sa grand-mère. Le voyant dessiner, elle lui parle d¹un tableau, certainement le tableau le plus étrange au monde : celui de Nizaémon Yamamura, peint avec la couleur la plus noire jamais créée, dont la matière aurait été extraite d¹un grand arbre, vieux de plus de 1 000 ans. Un tableau maudit, car le peintre fut condamné à mort par son Seigneur pour avoir abattu l¹arbre vénérable. Le tableau échappa de peu à la destruction et aurait été acheté par un conservateur du Louvre, il y quelque deux cents ans.À la fin de l¹été, Rohan rentre chez ses parents et oublie cette histoire. Dix ans plus tard, devenu un professionnel reconnu, Rohan entend à nouveau parler du fameux tableau noir. Profitant d¹un séjour à Paris, il décide alors d¹aller le voir au musée du Louvre. Las ! Le tableau, s¹il apparaît bien dans les répertoires du musée, n¹est pas exposé. Il est introuvable et semble avoir disparu¦ Une enquête haletante au cur du plus grand musée du monde.
Dans ce récit écrit à 4 mains, Kris et Éric T. racontent leur vie, celle de deux adolescents que rien ne prédisposaient à se rencontrer. La chronique intime d'une Amitié Majuscule forgée dans la douleur et les affres de l'existence. Un récit poignant.Hôpital de Brest 1994. Christophe retrouve son ami Éric, en séjour psychiatrique, suite à sa tentative de suicide. Il essaie de comprendre les motifs qui ont poussé son ami à commettre ce geste. Des raisons, Éric en a beaucoup : une mère alcoolique, un problème d'illettrisme, qui le met en marge de la société. Rien de bien réjouissant dans tout cela. Dans le même temps, Christophe est entré à la fac. Il s'est plongé à corps perdu dans les études et a perdu un peu le contact avec son ami. Jusqu'à cette tentative...Dès lors, Christophe et Éric se retrouvent. La famille de Christophe prend Éric sous son aile et la vie reprend peu à peu son cours normal... c'est le temps des filles et des premiers amours. Et c'est au tour de Christophe de plonger dans une histoire compliquée... et c'est au tour d'Éric d'épauler, à son tour, son ami...Qu'est-ce qui pousse un jeune adulte au suicide ? Comment peut-on vivre de nos jours sans vraiment savoir lire ? Comment s'intégrer dans la société ? Avec justesse et sincérité, en revenant sur leurs souvenirs d'enfance, Kris et Éric T., épaulés par le dessin efficace de Nicoby, nous prennent par la main pour nous raconter ce terrible récit, sans aucun pathos.
Jean- Hugues Berrou et Pascal Rabaté, équipés de leurs armes respectives, marchent sur les pas du grand écrivain.Ou plutôt ils sont accompagnés de son souvenir, de ses récits, protégés par son humour aussi. Ils croisent des témoins qui ont connu ces bagnes devenus goulags. Ils se font pages blanches où les humains perdus dans des étendues sans fin se posent presque brutalement dans leur dépouillement. Un long voyage à travers les forêts, les fleuves, les maisons et les hommes qui semblent espérer leur propre oubli.Le 21 avril 1890, Anton Tchékhov quitte Moscou pour une longue traversée de la Sibérie. Il arrive après quatre mois d'une course épuisante à parcourir les 8 000 km qui le séparent de l'île de Sakhaline, située au nord du japon. Il veut témoigner en tant que médecin des conditions de vie des bagnards isolés sur cette longue langue de terre gelée. C'est que déjà dans la Russie tsariste, on bannit, enferme et exile à tour de bras.Son voyage durera une année entière. Tchékhov écrit des lettres à ses proches, prend des notes, recueille des anecdotes, fait l'inventaire de la population de chaque village de cette immense colonie pénitentiaire. Il en tirera un récit étonnant : l'Île de Sakhaline : je veux simplement écrire deux ou trois cents pages et payer ainsi ma dette à la médecine, à l'égard de laquelle je me comporte, vous le savez, comme un vrai porc .Mais ce médecin est avant tout un dramaturge.
Presque dix ans après la mort de Gordon McGuffin, ses ayant droits (deux cousines) ont retrouvé dans ses archives l'essentiel des fameux carnets qu'il affirmait tenir depuis 1985. Ce précieux document précieux est désormais livré à la sagacité du grand public. Voilà enfin l'occasion de réhabiliter la figure de McGuffin, artiste oublié par nos écoles de cinéma et trop souvent absent des revues de spécialistes. Gordon McGuffin a pourtant été un témoin privilégié de Hollywood, depuis son âge d'or, jusqu'aux grands bouleversements des années 1970 et 1980. Il aura été, à sa manière, un réalisateur et, bien sûr, un scénariste de premier plan. Sa parfaite connaissance du hongrois lui aura aussi valu l'amitié de Zsa Zsa Gabor.Nous présentons ici la première édition en français des Carnets de Gordon McGuffin. Les carnets originaux se composent de feuilles manuscrites et de photographies diverses rangées dans une chemise intitulée Recettes de Jenny. D'après Jacques Boudoir, de l'université de la Sorbonne Nouvelle, Jenny Owens est la tante de Gordon - quant aux recettes, elles concernent pour l'essentiel la confection de gâteaux à la carotte. Le titre écrit sur la chemise a pu égarer bien des chercheurs, voilà pourquoi on est resté si longtemps sans nouvelle des Carnets McGuffin.L'ordre des pages a été rétabli, ainsi que l'orthographe. Les passages illisibles ou manquants ont été signalés entre crochets [.]. Contrairement à l'édition américaine (Nutmeg & Clove, 2005), nous avons choisi de ne pas retenir les recettes de Jenny Owens, afin de rendre la lecture plus facile.
Il commençait à sérieusement nous manquer !!Après Les petits ruisseaux et La Marie en plastique, Pascal Rabaté revient à ses chroniques provinciales, observant avec malice, mais sans moquerie, les gens ordinaires. «J'aime les petites gens. Ils sont à ma hauteur, je suis issu d'un milieu campagnard, je raconte le milieu dans lequel j'ai grandi, les gens que j'ai croisés, qui vivent et pensent au premier degré, comme moi.» À l'instar de Charles Trenet, qui sur l'air de Je Chante, fit fredonner joyeusement la France entière avec l'histoire d'un artiste qui finit par se pendre, Pascal Rabaté nous raconte avec jubilation les faits et gestes d'un garçon triste à mourir, dans une province cafardeuse, sur fond de suicide, de conflit social et de délocalisation. Y'a de la joie!Patrick possède une boutique de farces et attrapes en province, «Le petit rien tout neuf avec un ventre jaune». Ici tout est rigolade, poilade, farce... Mieux vaut faire abstraction du bon goût, les étrons en plastiques côtoient les tabliers de cuisines assortis de faux seins, sous le regard jubilatoire des masques de Johnny ou Sarkozy. La boutique est tenue par Patrick, clown devenu triste sire depuis le départ de son épouse (« Ma femme m'a quitté parce que je suis une vraie m***e qui vend des fausses en m***** en plastique »). La vie de Patrick va basculer au cours d'une soirée entre amis. Notre petit commerçant va faire connaissance d'une artiste, une acrobate travaillant pour le cirque Nuage, de passage en ville... Une étoile brillante dans la nuit sombre qui va de nouveau éclairer le chemin de sa vie.
Si la littérature n¹est pas avare de sagas familiales rurales, ce n¹est guère le cas en bande dessinée.À travers la vie de braves gens, au fin fond d¹une petite région agricole de l¹Ontario, Jeff Lemire dépeint un tableau universel, celui des histoires de village et des secrets de famille.Lester Papineau, un garçon d¹une dizaine d¹années, vit chez son oncle, un fermier, depuis la mort de sa maman survenue un an auparavant. Il s¹ennuie ferme, dessine des histoires naïves de super héros, est rêveur et mélancolique. Son seul ami est Jimmy Lebeuf. Ancien hockeyeur de talent, il tient la station-service qui fait aussi office d¹épicerie. Depuis le mauvais coup à la tête qu¹il a pris lors d¹un match, il semble ne plus avoir tous ses esprits ou, du moins est maintenant considéré comme différent. Mais est-ce l¹unique raison pour laquelle oncle Ken préfèrerait que Lester ne le fréquente pas ?Vince et Lou Lebeuf sont les vedettes de l¹équipe de hockey. Liés comme les doigts d¹une main, tout leur réussit, jusqu¹au jour où le mariage de Lou avec la très jolie Beth Morgan les sépare. Pourquoi la vie de Vince ne devient plus que remords et regrets et solitude. Pourquoi 25 ans sans se voir ? Pourquoi, même quand vieillards, les deux frères habiteront à nouveau ensemble, suite à un dramatique accident de voiture, rien ne pourra les réconcilier ? Et pourquoi, Jimmy, leur petit-fils et petit-neveu ne vient-il que si rarement leur rendre visite ?Infirmière à domicile, Anne Byrne-Quenneville côtoie les protagonistes des différents récits qui composent ce livre. Elle connaît tous les secrets qui les relient et les éloignent et les font souffrir. Pourtant, à quoi ça sert la famille, sinon à donner de l¹amour.
« Emmanuel Guibert, japonais. Le titre est culotté. Si je mets bout à bout mes trois séjours au Japon, j'obtiens à peine quatre malheureux mois. À côté de l'autochtone qui descend de la déesse Amaterasu, à côté de Lafcadio Hearn, de Nicolas Bouvier, des copains et copines qui vivent au Japon depuis des années, je suis la grenouille qui veut se faire plus grosse que le sumotori. Pourtant, pas à tortiller, Emmanuel Guibert est bien japonais.Débarquant à Tokyo la première fois, j'ai essayé de me convaincre que j'étais dépaysé, c'était faux. À part quelques aliments dans mon bol, je reconnaissais tout. Il faut dire que Tokyo n'est pas mon lieu de naissance. Mon lieu de naissance, c'est Kyoto. C'est à Kyoto que j'ai fait les primes expériences du chaud et du froid, du jour et de la nuit, que j'ai dit mon premier mot (« fude »), que je suis allé à l'école, que j'ai perdu ma fleur de cerisier, que je me suis marié, que j'ai engendré, que j'ai frénétiquement bossé, que j'ai été malade, que j'ai pris un coup de vieux, c'est à Kyoto que j'ai été japonais. » C'est ainsi qu'Emmanuel Guibert présente son livre. Et, bien sûr, tout est faux et tout est vrai.Chaque livre d'Emmanuel Guibert est un éblouissement. Guibert, japonais n'échappe pasà cette règle absolue. De son dessin, qu'il plie aux exigences des univers, humoristiques, fantasmatiques ou réalistes, qu'il explore, transpirent l'originalité, l'intelligence et l'émotion, jamais apprêtées car toujours retenues à la juste expression. Son trait glisse directement de son cerveau et de son coeur sur la feuille. Il ne faut pas croire pour autant à la seule facilité d'un dessinateur surdoué, tombé dans la marmite de l'excellence quand il était petit. Oui, l'enfance, le bonheur de l'enfance toujours présent, l'accompagne constamment, mais des heures de dessin, chaque jour ou presque, depuis tant d'années, croquis pris sur le vif, véritable fringale, le maintiennent en éveil et aiguisent sa main-outil.Par son trait même, il dit le goût des autres et le sens de l'amitié. Emmanuel Guibert est un auteur du bonheur. Il faut tout lire d'Emmanuel Guibert, tout regarder. On en garde à jamais le sentiment d'être vivant.