Une impressionnante série de saynètes graphiques et musicales. Quand le son des instruments est matérialisé par ce qu'on peut raisonnablement appeler des étrons, on a là un des livres les plus drôles de Mahler.
un an après Safari Monseigneur, Florent Ruppert & Jerome Mulot publient à l'Association ce second livre composé d'histoires courtes (dont certaines ont été vues dans Ferraille). Entre compositions photographiques à base de prostituées mutilées et scènes de zoophilie nocturnes, ce livre ravira les âmes sensibles de tous bords. Il satisfaira aussi les amateurs d'OuBaPo et de jeux graphiques, le livre comportant diverses stereoscopies et autres phenakistoscopes. Un livre qui confirme l'importance de ce duo d'auteurs au sein de la nouvelle génération.
En 108 dessins, Andréas Kündig décrit, d'un trait minimaliste, un monde étrange qui prend forme au fil des pages. Andréas Kündig égrène ses pensées au gré de son crayon, prenant des notes sur les associations d'idées qui traversent son cerveau et forment un inventaire de l'absurde, du saugrenu ou de l'impossible.Merveilles d'inventions graphiques, humour unique, réflexions métaphy-siques : Un coup de vent contre un bout de viande est avant tout un livre de dessin, et des chemins qu'il peut tracer.
Troisième livre collectif de voyage après l'Egypte et le Mexique, L'Association en Inde propose le regard de deux Finlandais, un Suisse, un Québecois et un Français sur ce Pays. Tourisme, Workshops, Mousson et Dyssenteries sont au programme de ces visites mouvementées. Delisle et Thiriet ont partagé une invitation du centre culturel français ; Hagelberg et Tukiainen, couple dans la vie, racontent deux voyages différents et qui s'entrecoupent ; et Frederik Peeters lui, raconte un souvenir plus ancien, à base d'accident d'autobus en pleine campagne indienne... Cinq récits et cinq approches graphiques très différentes.
Le Mon Lapin de Jérôme Mulot est sans thématique et sans Florent Ruppert !La personnalité de cet auteur que l'on connait peu en solo, est ici éclairée par les contributeurs qu'il a réunis. Jérôme Mulot a réuni des auteurs déjà convoqués dans de précédents Mon Lapin, et d'autres encore novices dans cette nouvelle formule : Benoît Jacques, Tom Gauld (page ci-contre), Olivier Schrauwen, Vincent Sardon, Caroline Sury, José Parrondo, Stanislas et Benjamin Chaumaz.Renouant avec les versions précédentes de Lapin, cet opus 7 de Mon Lapin est placé sous le signe de l'improvisation, et Jérôme Mulot, guidé par ses seules affinités graphiques, est le premier rédacteur en chef à donner carte blanche à ses contributeurs.
Il n'y a qu'un seul Tampographe. C'est une des particularités de cette profession. C'est comme pour le Pape, ou le Père Noël, ou le Monstre du Loch Ness. Il n'y a qu'un seul poste à pourvoir.Vincent Sardon est tampographe. Il crée des tampons et il rouspète. C'est ce qu'il fait de mieux. Ses tampons sont des jeux graphiques qui renouvellent de fond en comble le genre moribond et ringard de la gravure, ses poussées de haine sont le prétexte à des textes autobiographiques hilarants qui traitent de la vie d'artiste en milieu hostile.L'Association a la fierté d'annoncer qu'elle publiera en janvier le journal de création du Tampographe Sardon, qui raconte quatre années de production artistique, de mauvaises vibrations et de vie d'atelier avec : tous ses tampons créés depuis 2007, ses billets d'humeur, et son blog.
Marjane Satrapi est née en 1969 à Rasht, dans la région de Guilan, sur les bords de la mer caspienne. Iranienne, elle grandit à Téhéran où elle étudie au lycée français et aux Beaux-Arts, avant de partir à Strasbourg poursuive les Arts Déco. Dans ce premier épisode, elle retrace une partie de l'histoire de sa famille ainsi que ses dix premières années, jusqu'à la chute du régime du shah.
Si l'annonce d'un livre de Pakito Bolino est un événement en soi, la véritable surprise est qu'il s'agit d'un véritable album de bande dessinée. Certes, il s'agit d'une sorte d'ectoplasme de bande dessinée d'aventures de série Z, dans sa version originale faite d'un mélange d'anglais dégénéré et d'onomatopées japonaises ; bien sûr il s'agit d'un travail de détournement d'un immense corpus d'éléments graphiques de toutes natures, mais cette base est absolument redessinée, en 82 formidables planches au trait rehaussées d'une bichromie jaune. Il ne s'agit pas uniquement d'un magnifique livre-objet hors format : le lecteur pourra lire (en V.O. donc) une quintessence de comics où les savants fous et les espions nazis réacquièrent enfin de leur superbe et de leur pouvoir malfaisant et angoissant. Spermanga est le livre idéal pour réconcilier oubapiens, néo-situationnistes, esthètes et simples fans de BD.
Avec ce nouveau projet, Alex Baladi creuse encore un cran plus loin l'exploration du langage de la Bande Dessinée, prouvant de nouveau qu'il est bien l'un des Auteurs à en maîtriser le mieux les ressorts et les ressources. Car même en dehors de l'OuBaPo, Baladi se place toujours résolument sur le terrain de l'expérimentation. Gribouillis semble partir d'une gageure : offrir une suite au Patte de mouche abstrait Petit Trait... mais une suite en guise d'explication narrative : nous sommes bien ici dans une fiction. Où comment le petit trait devient l'un des personnages de cette histoire, en compagnie de deux soeurs qui sont témoins d'une sorte de phénomène paranormal, qu'elles tenteront de décrire et de dessiner, et qui s'avèrera ressembler à un... gribouillis.Car l'auteur nous prévient d'emblée : nous sommes ici dans un monde à deux dimensions. Et nul mieux que Baladi ne parvient à faire exister et ressentir ce monde à deux dimensions, et à le pousser dans ses retranchements graphiques et narratifs.
L'Association poursuit l'édition du travail de Jochen Gerner, qui creuse toujours de plus en plus l'érosion des frontières entre Bande Dessinée et Art Contemporain. Après Branchages et Panorama du Feu, Abstraction (1941-1968) représente la version livre d'un travail exposé à la biennale d'Art Contemporain du Havre (mais contrairement aux deux ouvrages précédents, il ne s'agit pas là d'un tirage numéroté).Abstraction (1941-1968) poursuit les réflexions de Gerner autour des bandes dessinées populaires de l'époque de la Guerre Froide, et ajoute à cette exploration une question esthétique qui rejoint les enjeux de l'expressionnisme abstrait américain de ces mêmes années 50-60.Ainsi, en extrapolant des détails graphiques propres à chaque case de ce récit de Guerre anonyme (Sueurs froides, paru en 1968 dans le pocket NAVY n°124 ), en recouvrant avec ces motifs devenus abstraits la totalité des cases, et en ne conservant que quelques mots choisis, Jochen Gerner pousse-t-il dans ses retranchements ses interrogations fondamentales sur la Bande Dessinée, la figuration, et, posant à sa manière les enjeux et les filigranes de la période historique de la Guerre Froide, passe un nouveau cap dans sa démarche artistique unique et exemplaire.
Jochen Gerner, arpenteur hors-pair de la bande dessinée et de ses marges, réunit ici un collectif d’artistes inhabituel pour un Lapin qui ne ressemblera à aucun autre.Bettina Henni, Vanessa Dziuba, Kitty Crowther, David Poullard : tous ont en commun d’avoir une pratique artistique en dehors de la bande dessinée. Plasticiens, typographes, auteur de livres pour enfants, ils pratiquent ici, sous l’égide de Jochen Gerner, un art de la bande dessinée qui leur est personnel, et qui entre en résonance avec leur parcours.Alliés à quelques franc-tireurs de talent tels que Simon Roussin et Gala Vanson, ce numéro propose un parcours entre ville et forêt, entre abstraction et figuration, qui recèle de trésors et d’images à explorer.L’ensemble définit un atlas, une cartographie de la bande dessinée et de ses marges graphiques, que Jochen Gerner, a composé avec un soin et une science qui n’appartient qu’à lui.Avec les participations de : Laurent Cilluffo, Kitty Crowther, Aurélien Débat, Vanessa Dziuba, Jochen Gerner, Bettina Henni, Laurence Lagier, Kévin Lucbert, Nicolas Nadé, David Poullard, Mathieu Renard, Simon Roussin, Gala Vanson & Mehdi Zannad.
On connaît Haïti, malheureusement, par son omniprésence dans l'actualité, toutes les catastrophes politiques et naturelles auxquelles le pays a du^ faire face ces dernières années.Ici, pas de drame, c'est autre chose que nous proposent Grégoire Carlé et Sylvestre Bouquet. Animés tous deux d'une passion pour les mythologies et les cultures primitives des quatre coins du globe, ils ont obtenu en 2012 le soutien financier du Centre Européen d'Actions Artistiques Contemporaines de Strasbourg pour une résidence à Jacmel, en Haïti. Dans Trou Zombi (qui est le nom d'un lieu-dit haïtien), ils nous racontent par une série d'anecdotes souvent drôles leur quête mystique, qui les mènera jusqu' à une véritable cérémonie vaudou. Ils décrivent le quotidien le plus trivial de deux blancs-becs en Haïti, évoquent les odeurs, les sons et les images qui les assaillent, révèlent la manière très particulière dont les haïtiens, du moins ceux qu'ils croisent, vivent leur foi.Le récit est ponctué de magnifiques dessins pleine page, à mi-chemin entre icône religieuse et arcane de tarot, comme pour illustrer l'évangile de leur cheminement vers l'expérience ultime.Les styles graphiques très différents des deux auteurs se croisent et se répondent, chacun enrichissant de son point de vue la narration de l'autre. C'est une oeuvre ambitieuse qui mêle récit de voyage et témoignage humanitaire alimentée d'une vision onirique, poétique et d'autodérision.
Les strips de José Parrondo fonctionnent comme des énigmes. Le trait est simple, les images épurées, le style minimaliste, l'attraction instantanée. Mais face à ces pages à priori muettes, les questions affluent : cette fenêtre est-elle un tableau ? Ce paysage est-il factice ou réel ? Cet arbre est-il plat ou en volume ? Y a-t-il un Eggman ou plusieurs ? Est-il ici ou ailleurs ? L'action se déroule-t-elle à l'extérieur ou à l'intérieur ? Ce qui nous regardons est-il vraiment ce que nous voyons ? Autant de questions que chaque lecteur devra négocier avec son moi profond pour en découvrir le non-sens qui mène au rire véritable.Eggman, petit oeuf doté de courtes pattes et de yeux ronds comme des billes, nous entraîne dans un univers insolite où les jeux d'échelle, le trompe-l'oeil et l'illusion règnent en maîtres. Tableau, longue-vue, fenêtre, escalier, serrure, bulles de bande dessinée, ronds, carrés, tirets parsèment ses aventures. En mêlant objets identifiables et éléments purement graphiques, José Parrondo s'amuse avec les signes et les codes de la bande dessinée pour créer un univers délicieusement absurde et plein de dissonances poétiques, tout en jonglant sans retenue avec la rétine et l'intelligence de ses lecteurs.Pour cet album, José Parrondo alterne à nouveau les techniques : aux strips muets en noir et blanc viennent s'ajouter une série de peintures à l'acrylique mélangeant dessins, jeux de mots ainsi que quelques photographies.
Inconnue trois ans avant la fin de la saga, notre Prophète préférée est devenue entretemps un phénomène littéraire et médiatique qui dépasse les frontières habituelles de la bande dessinée. Ce quatrième Tome relate le retour de Marjane Satrapi dans l'Iran islamique et ses années de Beaux-Arts, jusqu'au moment de son exil en France.
Dans cet album autobiographique, l'auteur, qui n'a pas été diplômé des Arts déco de Strasbourg et qui est toujours célibataire, est contraint de retourner chez ses parents, dans une petite ville de Vendée. Comme sa carrière de dessinateur ne décolle pas et que ses parents lui reprochent son manque d'activité, il accepte de devenir le correspondant local de L'Hebdo.
Tonic aime à grande vitesse. Amoureux pressant et éconduit, accompagné de son ami Fail, il poursuit sa bien-aimée qui n'a de cesse de s'échapper. Dans ce récit virevoltant et enlevé qui emprunte l'esthétique des jeux d'arcades, les planches s'enchaînent à vive allure, à chaque fois ponctuées par l'apparition de cette fameuse fille qui joue à « suis moi, je te fuis ».Jérémy Piningre et Mathieu Lefèvre, diplômés des Arts Décoratifs de Strasbourg et que l'on a pu déjà apercevoir dans la revue Belles Illustrations, signent un récit haletant qui ne devrait pas manquer de marquer les esprits.
Dans ce recueil de 5 histoires, certaines précédemment publiées dans la revue éponyme de Breakdown Press, Joe Kessler dépeint un monde riche en quêtes, en sensations, en surprises. Les couleurs, franches voire flamboyantes, épaulent la narration d'un point de vue subjectif : l'environnement apparaît et disparaît en fonction de ce que vivent les personnages.Les odeurs, la peur, le plaisir, l'urgence sont représentées comme autant d'explosions chromatiques.Lucarne, Windowpane en anglais mêle le récit de l'auteur et la perception de ses protagonistes.Lucarne, c'est aussi la vision depuis une case de bande dessinée. Une narration innovante et envoûtante, qui mérite plusieurs lectures, pour dépasser l'émerveillement esthétique qu'il suscite la première fois.Lauréat en 2017 du prix Audience Award à l'East London Comics & Arts Festival, Joe Kessler vit et travaille en Grande-Bretagne.
Premier volume d'une série de trois Mimolettes, Baku représente la première publication de Grégoire Carlé, jeune auteur de la nouvelle génération qui rejoint depuis quelques temps L'Association. Né en 1984, Grégoire Carlé, diplômé des Arts Décoratifs de Strasbourg, a publié dans le fanzine Ecarquillettes et les productions du collectif Troglodyte. Sa maîtrise graphique et narrative en font d'emblée un des auteurs sur lesquels l'avenir pourra compter. Baku dépeint la rêverie d'Ichô, enfant isolé sur une île avec sa famille dans le Japon du XIXe siècle. Crabes maudits, esprits moqueurs et fantômes ont beau être de la partie, on est ici loin de l'esthétique du manga. S'inspirant partiellement des nouvelles de l'écrivain Lafcadio Hearn (1850-1904), Grégoire Carlé restitue les mythologies japonaises avec un brio évident et une sensibilité toute personnelle.
Avec Famille royale, Ruppert et Mulot reviennent avec une histoire au substrat psychanalytique où Eros et Thanatos s'immiscent dans l'univers feutré des têtes couronnées.Une princesse danoise délaissée par son prince, profite de son passage à Paris pour consulter, avec son amant qui ne la délaisse pas moins, un célèbre sexologue. On ne tarde pas à découvrir que le sexologue et l'amant sont de mèche pour se faire offrir par la riche princesse, pistolet incrusté de diamants et autre canne en or sertie d'émeraudes, autant d'accessoires ostentatoires et suggestifs qui donnent le ton de l'analyse entreprise par le couple. Mais bientôt l'irruption vaudevillesque du prince en pleine séance met brutalement fin à la thérapie. S'ensuivront prises d'otage, meurtres, kidnapping et se mêleront à cette histoire un bijoutier installé dans un théâtre qui veut faire régler ses factures, une jeune princesse aux pouvoirs étranges, une ribambelle de danseuses, tout cela sous la vigilance de la police secrète royale.Dans ce récit où le sexe et l'argent sont les ressorts d'une intrigue fantasmagorique, Ruppert et Mulot font de cette famille royale tenaillée par les conventions, des héros de la transgression. Tout est mise en scène, métaphore et symbole, et le lecteur goûtera aussi bien l'humour corrosif du duo que son sens des compositions qui lui est si caractéristique.
Incontestablement l'une des plus fortes découvertes de la nouvelle formule de Lapin lors de sa publication en feuilleton (n° 37 à 42), le volume définitif en collecti on Ciboulette du Jeanine de Matthias Picard (qui comporte une quarantaine de planches inédites) va représenter l'une des publications majeures de ce printemps.Matthias Picard, alors qu'il était étudiant à l'Ecole des Arts-Déco de Strasbourg, a fait la connaissance de Jeanine, sa voisine, prostituée, la soixantaine, qui a entrepris de lui raconter sa vie. La vie de Jeanine se révèle tellement incroyable et passionnante qu'il décide vite de la retranscrire en bande dessinée. Jeanine a grandi en Algérie : plutôt garçon manqué, elle n'était pas prédisposée vis-à-vis des hommes et se destinait à la compétition de natation. Entre autres exploits de son étrange destinée, elle sauve un militaire de la noyade, puis deux petits Algériens des balles de la police française qui tire sur la foule d'Alger en mars 1962. Après diverses tribulations et une déception amoureuse, Jeanine devient Isa la Suédoise, la plus grande prostituée de Strasbourg, et participe activement au mouvement politique de reconnaissance du plus vieux métier du Monde.C'est la rencontre avec cette vie héroïque que Matthias Picard raconte, avec tact et sensibilité, dans un livre majeur à ranger aux côtés de Pascin et de La Guerre d'Alan.