« C'est un arbre qui a comme des mains au bout. Des mains qui offrent. C'est un des arbres les plus vieux de la planète. » L'arbre décrit ici par Baudoin, c'est l'araucaria, un arbre originaire du Chili, pays qu'il va découvrir un mois durant, en 2003.Invité par la bibliothèque de l'institut franco-chilien, il est là pour donner des cours de dessin, et pourtant, il découvre et apprend autant qu'il enseigne. Dans les pages de ce carnet, on le retrouve en voyageur insatiable, curieux de tout, des paysages et des autres. Il est avide de mieux connaître ce pays encore meurtri par les terribles années de la dictature de Pinochet, lui qui avait tant cru à la promesse du socialisme chilien et pleuré Allende. De Santiago à Valparaiso, Baudoin garde aussi trace de ses rencontres chiliennes avec les étudiants, les indiens mapuche, ou d'anciens dissidents du régime militaire, autant d'amitiés qui l'aident à comprendre le Chili, pays de Pablo Neruda, ce poète qui lui est si cher et qu'il avait pu rencontrer des années auparavant.
Cette édition reprend les trois volumes que Fabio Viscogliosi avait publié au Seuil entre 1995 et 1998 : 'L' Oeil du chat', 'Du plomb dans l'aile' et 'Morte saison pour les poissons'. Silhouette filiforme, le chat en perpétuelle dérive, à la recherche d'un repas ou aux prises avec la police, évolue comme un hiéroglyphe dans un univers graphique minimaliste dont Fabio Viscogliosi tire le plus grand parti.
Le Mon Lapin de Killoffer se passera entièrement dans les bois, aura pour décor une mystérieuse et labyrin-thique forêt du fond de laquelle peut surgir quelque chose à chaque instant, dans laquelle se cache un loup derrière chaque arbre. Une série de collaborations sur tous les modes, décors/personnages, ping-pong, enchevêtre-ment, etc. Killoffer avec plein d'autres auteurs, Killoffer partout et partout mais autre chose que Killoffer.Ont répondu présent ! : Ruppert et Mulot, Sébastien Lu-mineau, Morgan Navarro, Jean-Yves Duhoo, Laurent André, et Ludovic Debeurme.
Les strips de José Parrondo fonctionnent comme des énigmes. Le trait est simple, les images épurées, le style minimaliste, l'attraction instantanée. Mais face à ces pages à priori muettes, les questions affluent : cette fenêtre est-elle un tableau ? Ce paysage est-il factice ou réel ? Cet arbre est-il plat ou en volume ? Y a-t-il un Eggman ou plusieurs ? Est-il ici ou ailleurs ? L'action se déroule-t-elle à l'extérieur ou à l'intérieur ? Ce qui nous regardons est-il vraiment ce que nous voyons ? Autant de questions que chaque lecteur devra négocier avec son moi profond pour en découvrir le non-sens qui mène au rire véritable.Eggman, petit oeuf doté de courtes pattes et de yeux ronds comme des billes, nous entraîne dans un univers insolite où les jeux d'échelle, le trompe-l'oeil et l'illusion règnent en maîtres. Tableau, longue-vue, fenêtre, escalier, serrure, bulles de bande dessinée, ronds, carrés, tirets parsèment ses aventures. En mêlant objets identifiables et éléments purement graphiques, José Parrondo s'amuse avec les signes et les codes de la bande dessinée pour créer un univers délicieusement absurde et plein de dissonances poétiques, tout en jonglant sans retenue avec la rétine et l'intelligence de ses lecteurs.Pour cet album, José Parrondo alterne à nouveau les techniques : aux strips muets en noir et blanc viennent s'ajouter une série de peintures à l'acrylique mélangeant dessins, jeux de mots ainsi que quelques photographies.
Ce très attendu second recueil de Frank réunira l'ensemble des pages encore inédites en livre du chat le plus psychédélique de la bande dessinée, parues en France dans Lapin et aux USA chez Fantagraphics ; notamment toutes les histoires en quadrichromie, ainsi que des histoires inédites. Jim Woodring, l'un des auteurs américains les plus importants des deux dernières décennies, sera par ailleurs invité et exposé au prochain Festival d'Angoulême.
Bien avant Da Capo (paru en 2010), le fameux chat vagabond de Fabio Viscogliosi errait de poubelle en poubelle et voguait de trouvailles en mauvaises rencontres dans un monde désabusé où il était bien difficile de trouver un peu de chaleur « humaine ». Initialement publié en 1996, ici réédité, et signé du nom complet de son auteur aujourd'hui bien connu, le lecteur plongera ou re-replongera avec bonheur au coeur de ce monde silencieux et minimaliste.
Frank et le congrès des bêtes, prix spécial du jury d'Angoulême 2012, s'achevait sur Frank enlaçant tendrement Fran, son âme soeur fraîchement rencontrée, sous un ciel d'étoiles hallucinées.Fran, la deuxième partie, s'ouvre sur leur couple désormaisen ménage. Mais le parfait amour ne peut se filer dans le monde faussement paisible du chat psychédélique. Tout s'enraille à la découverte d'un étrange casque-projecteur qui projette le passé de celui qui le porte, Fran refusant de le porter, s'enfuit. Voilà Frank éploré qui part à sa recherche. Intrus fantasques et inquiétants, saillies du bizarre surgissent alors et brèches ouvrant sur des dimensions parallèles s'enchâssent dans le chassé-croisé des amoureux brouillés. À n'en pas douter, les meilleurs ressorts du cartoon, feront comme toujours régner l'éphémère dans le monde de Frank, personnage au destin immuable.
Nicolas Mahler poursuit ses adaptations en bande dessinée des oeuvres du patrimoine littéraire européen. Dans Alice dans le Sussex, il célèbre Lewis Carrol et H. C. Artmann (Frankenstein in Sussex, jamais traduit en français), mais aussi Mary Shelley, Jules Verne, Voltaire, Cioran... Alice suit encore le lapin blanc qui plonge cette fois-ci dans une cheminée au ras du sol dans laquelle personne ne saute jamais. Il l'entraîne dans sa nouvelle maison sous terre à la recherche d'une édition illustrée de Frankenstein dans le Sussex. Un voyage labyrinthique dans la « somptueuse maison dans le meilleur des mondes possibles » où Alice rencontre la Chenille, le Chat de Cheschire, le Chapelier fou et Frankenstein... Nicolas Mahler nous offre un collage subtil et bondissant, un condensé de textes classiques où l'économie de moyen, la ligne épurée et l'humour rencontrent la mélancolie subtile, la poésie et d'autodérision.
Lewis Trondheim et Brigitte Findakly forment en bande dessinée comme à la ville un duo depuis de nombreuses années. Si la bibliographie pléthorique de Lewis Trondheim n'a plus de secret pour personne, celle de Brigitte Findakly, son épouse et coloriste, quoique toute aussi importante, reste pourtant moins connue. De Pif Gadget, à ses débuts, au Chat du Rabbin, des Formidables aventures de Lapinot au Retour à la terre, on lui doit la mise en couleurs d'une centaine d'albums. Avec ce livre à quatre mains, pré-publié en partie dans « Les strips de la matinale » du Monde, Lewis Trondheim délaisse pour la première fois les animaux anthropomorphisés pour raconter l'histoire de celle qui partage sa vie, née en Irak, d'un père irakien et d'une mère française à l'orée des années 1960. Coquelicots d'Irak retrace son enfance passée à Mossoul, ville du nord de l'Irak, à une époque où, bien avant l'arrivée au pouvoir de Saddam Hussein, se succèdent coups d'État et dictatures militaires. Déroulant le fil de ses souvenirs, on découvre alors une vie de famille affectée par les aberrations de la dictature et leurs répercussions sur la vie quotidienne, jusqu'à un inéluctable exil vers la France au début des années 1970.Une arrivée en France elle aussi difficile, une expérience migratoire faite de difficultés administratives, sociales et culturelles. Dans ce récit qui prend pour toile de fond une triste actualité, Lewis Trondheim et Brigitte Findakly brossent en saynètes percutantes et sans ambages, mais pas moins sensibles pour autant, la trajectoire singulière de la coloriste qui, pour la première fois, occupe le premier rôle dans un livre. Ponctué de photos et de parenthèses sur les coutumes, la culture irakienne et les souvenirs de l'Irak de Brigitte Findakly, on partage avec elle la nostalgie de ceux qui ont laissé derrière eux leur pays d'origine, et les liens fugaces qui subsistent, tout à l'image des coquelicots devenus si fragiles une fois déracinés.