« L'Arbre de mon père » est le premier volume d'un récit familial en trois tomes, qui retrace l'enfance de Kosta, le père de l'auteure. À travers son histoire, on découvre celle de la communauté des Égyptiotes, les Grecs d'Égypte. En quelques pages d'introduction très claires, on en apprend plus sur cette communauté majoritairement bourgeoise, enrichie par le commerce du coton et vivant tous dans le même quartier, à l'écart du reste de la population égyptienne. Entre anecdotes d'enfance et réflexions sur la communauté, son récit nous plonge aussi dans l'Égypte de l'après Seconde Guerre mondiale, période décisive au cours de laquelle le pays s'affranchit du protectorat britannique avec l'arrivée au pouvoir de Nasser. Émilie Saitas compose un livre aux couleurs remarquables entre récit intimiste et fresque historique.
Lorsque sa fille revient de l'école et lui demande de l'aider à dresser son arbre généalogique, Birgit Weyhe s'aperçoit qu'elle ne sait que bien peu de choses au sujet de sa famille. De Munich à Berlin, l'auteur entreprend alors de reconstituer le parcours de ses grands-parents à travers l'Allemagne tourmentée du XXe siècle. Une chronique familiale tantôt intimiste, tantôt épique, où destins personnels et événements historiques s'entremêlent.
Paul a perdu sa mère il y a quelques années. Sa disparition demeure mystérieuse et ne cesse de hanter le jeune garçon. Aussi s'efforce-t-il de rassembler les indices qui pourraient lui permettre de trouver une explication.Entre ses propres souvenirs, brumeux et lacunaires, la version de sa grande soeur perpétuellement distante, la conviction de son père, les silences, les tabous, et la découverte de photos et lettres de sa mère, Paul va retracer le fil de son histoire personnelle, nous livrant son interprétation des événements passés. Car si certaines familles célèbrent leur histoire avec un arbre généalogique et d'innombrables albums photos, d'autres couvent un secret autour duquel les vérités divergent et s'entrechoquent.Dans ce premier roman graphique, Antonia Kühn rend compte avec sensibilité des émotions de chacun et questionne avec justesse ce qui détermine et façonne l'histoire des individus, ce qui unit ou pas les membres d'une famille les uns aux autres.
Dans ce deuxième volume du récit qu'elle consacre à sa famille, emilie Saitas continue de retracer la trajectoire de son père, Kosta, désormais adolescent. Après l'arrivée au pouvoir de Nasser, et à la demande de ses parents, le jeune Kosta, âgé de 16 ans, est contraint de quitter l'Égypte seul pour rejoindre son frère en Grèce, en attendant que le reste de la famille les rejoigne plus tard...Dix ans après la guerre civile, le pays est exsangue et la famille de Kosta, habituée à un mode de vie privilégié, peine à trouver sa place. Lorsque débute la dictature des Colonels, Kosta décide de partir à l'étranger, pour se forger sa propre identité et trouver sa voie. Ce récit de formation sensible nous entraîne entre Grèce, Angleterre, France, Libye et Australie, offrant un panorama mondial des événements des années 1960, 1970 et 1980 ainsi que de la diaspora grecque à travers le monde.
À travers une série de rencontres parfois surprenantes et décalées - avec un trader de la défense ou un féru d'alchimie.- Vincent Gravé nous invite à une découverte de l'univers de Gilles Clément, inventeur du concept de « jardin en mouvement ». Du parc André Citroën à l'île Derborence, oasis verte et sauvage en plein coeur de Lille, en passant par le Musée des arts premiers du quai Branly, le dessinateur - enquêteur - figuré sous les traits d'un chat noir armé de son carnet de croquis - s'initie aux principes et à la symbolique qui président à quelques unes des créations majeures du jardinier devenu professeur au collège de France. L'album se termine par une conversation avec le maître lui-même, dans l'intimité de son jardin personnel, créé autour de sa maison de campagne creusoise, véritable matrice et terrain d'expérimentation nourrissant ses grandes créations publiques.
Chiens et chat à tête d'homme, Petey et Pussy forment un duo clownesque et immoral, compagnons de soif obsédés et cyniques lancés dans de dérisoires et fumeuses aventures. Ils vivent aux crochets d'une horrible bonne femme sénile etalcoolique, mamie peu ragoutante qui martyrise Bernie, canari déplumé, ultime souffre douleur de la maisonnée. Enfermé dans sa cage, l'oiseau ne demande qu'une chose : qu'on l'aide à se suicider, mais le spectacle de ses souffrances réjouit trop Petey et Pussy pour qu'ils s'avisent d'y mettre fin. Un boa en cavale va peut-être faire basculer la situation.John Kerschbaum s'en donne à coeur joie dans cette farce énorme et survoltée qui dynamite les codes habituels de la bd. Ses dialogues sont hilarants : dans la bouche de ces animaux anthropomorphes, des paroles d'une vulgarité tristement humaine acquièrent une indéniable force comique.Un concentré d'humour grinçant d'une terrible efficacité graphique.
Publié selon les voeux de l'auteur à l'exacte réplique de l'édition américaine, un très grand format tout en couleurs, ce quatrième volume de Schizo donne un nouvel aperçu du génie comique et de la profondeur du désespoir d'Ivan Brunetti. Après l'échec de son mariage, il vit seul, avec un chat et un mannequin, Iris, en guise de substitut de présence féminine. En marge des planches autobiographiques, Brunetti cultive sa nostalgie en évoquant des artistes dont le destin funeste ou les tendances mélancoliques le touchent particulièrement tels que Louise Brooks, Françoise Hardy, Mondrian, Satie ou Kierkegaard. Des variations sur l'absurdité de l'activité artistique qui se poursuivent à travers une dernière série de planches, entièrement muettes, dans un style épuré et stylisé. Le livre s'ouvre sur un hommage à Charles Schulz : jamais Brunetti n'aura été aussi proche de l'humour élégant de son maître que dans ce Schizo # 4, moins rageur et violent dans l'expression que ses opus précédents, mais toujours aussi percutant dans sa vision acide de l'existence humaine.