Providence regroupe une cinquantaine de planches, autour d'une certaine idée de l'Amérique, chaque planche ayant pour titre le nom d'une petite ville perdue au fin fond des États-Unis et dont le nom, par ce qu'il évoque ou simplement par sa sonorité, a su inspirer l'auteur. Conçue comme un exercice de style et débutée il y a plus de dix ans, cette série de dessins est faite de variations à partir d'un scénario très simple : un bandit, un policier, de la nourriture.Des saynètes, toujours composées en intérieur, dans le salon d'un appartement, un bar ou encore une chambre d'hôtel, qui donnent à voir une série de personnages parfois mafieux, parfois décadents, toujours hauts en couleurs. Symbole d'une Amérique moderne et métissée, on retrouve une boîte de pizza ou un flingue, émaillés ici et là, au fil des pages. Le dessin d'Hugues Micol, mélange d'aquarelle et de gouache, fait figure de palimpseste, les couches légères ou opaques se superposant au fil de la construction de ces scènes lumineuses.Page après page, ces scènes s'assemblent et prennent vie, les personnages s'animent sous nos yeux, nous bousculant et nous éclaboussant au passage.
Novateur, décadent et sans concession, et si la pensée de Charles Baudelaire était à l'origine du mouvement punk ?À Bari, petite ville du sud de l'Italie, un groupe de jeunes punks tue son ennui dans un parc à coup de Rohypnol et de gin tonic. Au centre de la bande, un curieux personnage semble capter toutes les attentions. Habillé d'une redingote ornée d'un noeud papillon, son style tranche avec les vestes en cuir cloutées et les crêtes colorées. Charles Baudelaire, débarqué tout droit de son 19 e siècle, s'intègre rapidement à la petite troupe jusqu'à en devenir un véritable leader. Son caractère, profondément rebelle et antisocial, trouve une résonance dans l'esprit contestataire des jeunes italiens.Ainsi, l'histoire transpose avec humour la figure du poète - telle qu'on se l'imagine à la lecture de ses journaux intimes - dans une société contemporaine en proie au scepticisme et à la désillusion. La fascination troublante du groupe pour ce person- nage anachronique vient souligner les contradictions d'une génération en manque de repères et d'icônes auxquels s'identifier.Réalisés sur des carnets de croquis, les dessins à l'aquarelle offrent un rendu lé- ger et voluptueux en parfait accord avec le thème. À sa manière, Alessandro Tota livre un touchant hommage à Baudelaire en montrant que sa pensée est toujours aussi vivante et actuelle 150 ans après sa mort.