Keith Jarrett piano Gary Peacock contrebasse Jack DeJohnette batterie L'année 2001 fut une année exceptionnelle pour le trio de Keith Jarrett : trois albums live enregistrés au cours de cette année - The Out-of-Towner, Always Let Me Go, My Foolish Heart - sont déjà parus sur ECM. Yesterdays, enregistré au Metropolitan Festival Hall de Tokyo est un quatrième opus. Le programme est composé de standards avec une forte emphase be-bop, avec notamment Scrapple From the Apple de Charlie Parler, Shaw Nuff de Parker et Gillespie, Strollin de Horace Silver. Y figure également un moment grisant de ragtime avec le You Took Advantage Of Me et de belles ballades incluant Yesterdays et Smoke Gets in Your Eyes toutes deux écrites par Jérome Kern. En bonus, l'album se termine sur une version éclatante de Stella by Starlight captée en répétition alors que Jarrett, Peacock et DeJohnette ne la jouaient que par pur plaisir.
Il y a dans cet album une modernité qui évoque volontiers la pop de Santigold et Goldfrapp mais aussi les derniers développements de la carrière de Fiona Apple, exigeants et inventifs derrière leurs atours pop. L'écriture est toujours aussi personnelle, la voix toujours aussi sensuelle et juvénile, mais les orchestrations explosent en un feu d'artifice inventif, qui fait la part belle aux rythmiques et à des sonorités plus synthétiques. L'étonnante reprise du Hash Pipe de Weezer s'impose comme la touche rock d'un album à l'éclectisme élégant : rythmique afrobeat pour le premier single (Postman), soul chantée d'une voix de velours (Dew Breaker), pépites énergétiques et élancées (Pretty Girls, Sweet Wood) ou tubes pop parfaitement balancés entre sonorités organiques et synthétiques (les incroyables Triggers et Generous Bones). Un album audacieux : orchestrations modernes, mélodies imparables et textes personnels traversés d'interrogations sur la foi, Dying Is A Wild Night est de la trempe des grands disques pop, qui touchent à la fois le coeur, la tête et le plexus.