Am, Stram, gram, pic et pic et colégram...Toutes les histoires d'Amandine Meyer pourraient commencer comme une comptine enfantine. Des garçons et des filles qui font la ronde, jouent à cache-cache, s'attrapent et fabriquent des couronnes de fleurs... Ils vivent loin des adultes, sur une île paradisiaque à la flore luxuriante, dans un monde onirique rempli de gentils animaux.Mais en s'enfonçant plus profondément dans cette jungle, on s'aperçoit que cet univers est loin d'être doux comme un agneau. Les enfants, sans visage, ont les yeux bandés pour ne pas affronter la réalité. Ils s'égratignent, se tirent les cheveux, se noient et tombent des arbres. L'innocence fait place au silence coupable. Les plantes se couvrent d'épines, elles envahissent le moindre espace, l'atmosphère devient asphyxiante et tout ce microcosme improvisé fond et dégouline comme neige au soleil.
« C'est moi gros ours, c'est toi petit lapin, c'est moi le gros et toi le petit... » Voilà qui pourrait être la chanson de générique parfaite pour l'histoire d'amitié qui va suivre. Petit lapin est vif, loquace, provocateur, égoïste et cupide. Il se prend pour un génie, mais détale comme un lièvre dès qu'il s'agit de sauver sa peau. Gros ours, lui, est un ours bien léché, posé, pas très bavard et peu sûr de lui. Imperturbable, il peut arpenter la forêt pendant de longues heures à la recherche d'un peu de miel. Les deux animaux que tout oppose sont seuls au monde, échoués dans une nature affranchie de toute civilisation. Alors, ils n'ont rien de mieux à faire que de se promener dans les bois, pêcher, se baigner dans les ruisseaux, lézarder au soleil... et philosopher ! Les saisons passent, ponctuées de pensées et de grandes réflexions sur le sens de la vie. Le lapin se prend pour un ours et l'ours voudrait bien devenir un lapin, et, sans s'en rendre compte, tous deux marchent main dans la main sur le chemin de la vérité.