Lyle, Neville, Ellie Ecureuil et Omar l'araignée ont désobéi à Richard et le verdict est sans appel: ils doivent quitter la vallée, sans espoir de retour. En quittant la vallée de Richard et en se dirigeant vers la ville, le petit groupe va faire moult rencontres - bonnes comme mauvaises - alors qu'en parallèle le lecteur en apprendra un peu plus sur le charismatique mais despotique Richard.Sur près de 480 pages, Michael DeForge décrit une étrange odyssée à hauteur d'animaux, et par là même dynamite la bande dessinée animalière. Construit partiellement comme une enquête autour du mystérieux Richard, Par-delà la vallée de Richard décortique et met en lumière, non sans humour, les mécanismes sectaires qui mènent à la manipulation mentale, à l'asservissement et à la perte de liberté. Mais DeForge ne s'arrête pas là, et en confrontant les animaux à la ville, il dresse le portrait des grands centres urbains d'aujourd'hui (et plus particulièrement de Toronto, la ville dans laquelle il vit toujours aujourd'hui) : disparition des commerces de proximité et des lieux culturels, transformation et déshumanisation des quartiers, gentrification galopante, etc.Livre après livre, Michael DeForge construit une oeuvre parmi les plus intrigantes, surprenantes et originales de la bande dessinée contemporaine.
Attention : un livre peut en cacher mille autres !Lettres d'amours infinies, le nouveau livre de Thomas Gosselin, se compose de plusieurs lettres et histoires d'amour, autant de pistes et de récits laissés en suspens, inachevés et donc « infinis ». A travers une narration qui fait la part belle à la forme épistolaire, le livre nous entraîne dans un labyrinthe d'aventures à tiroirs, rempli de divagations sur des univers parallèles et des enquêtes fractales, où se bousculent et se chassent exotisme et quête d'exil, animaux artificiels, centre de tri postal, le tout enchâssé par des forces (orages, frustrations), traversé de motifs (feuillages, cachemire) et d'objets (cicatrices, amphores), dans un jaillissement ininterrompu d'idées, de concepts et de couleurs. De bout en bout, Lettres d'amours infinies offre une lecture aussi déstabilisante qu'excitante, un tour de force narratif bluffant sans réel équivalent - bien que l'on pourrait, sans doute, y trouver des échos à des oeuvres comme Si par une nuit d'hiver un voyageur d'Italo Calvino, Manuscrit trouvé à Saragosse de Jean Potocki ou Les Mille et Une Nuits. Derrière tout ça se cache ce que l'auteur appelle « l'ivresse des débuts incertains », cette ivresse qui nous envahit lors des premiers pas dans une histoire - et que l'on cherche à retenir par des jeux gigognes de tiroirs dans des tiroirs, mais des tiroirs qui, activement incomplets, peuvent être remplis et poursuivis à volonté.